[n° ou bulletin]
Titre : |
188 - juin 2020 - Déconfiner les luttes |
Type de document : |
document électronique |
Auteurs : |
Émilie Seto, Illustrateur |
Année de publication : |
2020 |
Note générale : |
Articles
> L’hélicoptère, la caméra thermique et les « chasseurs de morilles » par Jean-Sébastien Mora
Les campagnes et les espaces naturels n’ont pas échappé à la surveillance qui a déferlé pendant le confinement. Cluster du coronavirus, Izaut-de-l’Hôtel a même pris des allures de laboratoire répressif. Dans ce village du piémont pyrénéen, au motif de l’injonction à « rester chez soi », les autorités ont encore accentué la militarisation du maintien de l’ordre public. Du pas de leur porte, les voisins se cherchent du regard, interloqués, presque tétanisés. Tout proche, un hélicoptère militaire kaki surplombe, (...)
> Qui gardera les gardiens ? par Iffik Le Guen
Quis custodiet ipsos custodes ? L’interrogation du poète antique Juvénal n’a pas pris une ride en ces temps de fièvre sécuritaire. Deux récentes condamnations de « gardiens de la paix » pour des faits de violence à Marseille pourraient constituer un début de réponse. Hélas fort exceptionnelle… En écho médiatique aux déclarations de la chanteuse Camélia Jordana , l’ancien patron de la Fédération autonome des syndicats de police, Jean-Louis Arajol, rappelait le 24 mai dans une tribune au JDD que « si l’emploi (...)
> « Si l’État a des besoins de main-d’oeuvre, qu’il nous embauche » par Tiphaine Guéret, illustré par Caroline Sury
Après avoir passé plus de deux mois à confectionner masques et surblouses bénévolement, de nombreuses couturières ont pris conscience que leur élan de solidarité était en passe d’être récupéré. Des mairies qui font œuvrer des professionnelles sans les rémunérer et des entreprises qui les paient moins de 3 € de l’heure : bienvenue dans le monde merveilleux du travail gratuit au féminin, mis en lumière par la crise sanitaire. « Je ne suis pas syndiquée, je n’ai jamais manifesté, mais là, trop c’est trop, il (...)
> Dans l’enfer de la psychiatrie covidienne par Cécile Kiefer, illustré par JMB
Tout autant que les autres services médicaux, l’hôpital psychiatrique est à l’agonie depuis des années. Il n’a pas non plus été épargné par le Covid-19. Pourtant, tout au long de la crise sanitaire, il est resté cantonné au silence. Pire, les murs de l’asile n’attendaient que cet épisode pour se redresser, condamnant les patients à encore plus d’enfermement dans l’enfermement. Ce dimanche 14 mars aurait pu avoir un avant-goût de printemps. Pourtant, l’ambiance est électrique. Limite anxiogène. En vérité, il (...)
> La « race », la classe et le Covid-19 par John Marcotte, illustré par Gabriel Pissondes
Aux États-Unis, les Amérindiens, les Latinos et les Afro-Américains meurent du Covid-19 à un taux beaucoup plus élevé que la population blanche. Cette surmortalité a des raisons historiques : inégalités d’accès à la santé, exposition accrue à la pollution, pauvreté et stress lié à la vie dans une société raciste. En 1848, alors que la classe ouvrière européenne faisait la révolution, la classe ouvrière américaine massacrait des Indiens, des Chinois et des Mexicains. C’était la ruée vers l’or de Californie. Tuer (...)
> Au Congo-Kinshasa, c’est le remède qui risque de tuer le malade par Alexis Huguet, illustré par Alexis Huguet
En République démocratique du Congo, le Covid-19 reste encore discret. Mais les mesures prises pour éviter sa propagation ont des effets secondaires néfastes. Entre autres phénomènes, la fermeture des frontières, le ralentissement de l’économie et la réduction des budgets humanitaires dédiés à d’autres maladies pourraient faire bien plus de morts que le coronavirus. Photojournaliste basé à Goma, dans l’Est du pays, Alexis Huguet raconte ici la crise sanitaire dans sa version congolaise, sans oublier de (...)
> Pour l’hôpital : de la maille, pas des médailles ! par Clair Rivière, Francesco Nocera, Iffik Le Guen, Tiphaine Guéret, illustré par Serge D’Ignazio
Dans notre numéro d’avril, nous donnions la parole à plusieurs travailleuses et travailleurs hospitaliers. C’était le début de la crise sanitaire et nos interlocuteurs se préparaient au pire, tout en maudissant les gouvernements successifs responsables du piteux état de l’hôpital public. Deux mois plus tard, nous récidivons. En cette fin mai, le pic de l’épidémie semble passé ; suivant les régions, il a été plus ou moins intense. Mais chez les soignant·es d’un peu partout, restent la fatigue, le (...)
> Gwen Fauchois : « Les citoyens ne décident de rien mais sont responsables de tout » par Aude Vidal, illustré par Eugène Riousse
Ancienne vice-présidente d’Act Up-Paris, Gwen Fauchois a participé en première ligne aux luttes de la « communauté Sida » dans les années 1990. À l’aune de cette expérience militante, elle décortique l’incurie des autorités dans la gestion de la crise sanitaire actuelle. Entretien. C’était il y a long temps, très longtemps. Le 12 mars dernier, quelques jours avant le début du confinement. Dans un billet intitulé « Coronavirus : la réduction des risques et la solidarité, c’est nous », Gwen Fauchois s’agaçait (...)
> « Les policiers sont dressés à différencier les proies dont ils peuvent abîmer les corps » par Emilien Bernard, illustré par Etienne Savoye
Depuis son premier ouvrage, L’ennemi intérieur : la généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine , le sociologue Mathieu Rigouste décortique les faces cachées du maintien de l’ordre et des marchands de peur . Dans cet entretien, il replace dans le temps long l’explosion des violences policières qui touche les quartiers populaires au temps du Covid-19. La pandémie semble avoir encore accru les violences policières... « Pendant le confinement, il y a eu au moins (...)
> Covid-ORTF par Samuel Gontier, illustré par Gautier Ducatez
Samuel Gontier est journaliste à Télérama, pour lequel il tient notamment une chronique caustique de l’incurie télévisuelle, « Ma vie au poste » . Un travail à la fois désopilant et navrant, permettant de saisir l’ampleur de la soumission des grandes chaînes d’information aux pouvoirs en place. Pour CQFD, il décrit ici leur servilité par temps de Covid. Le coronavirus a-t-il changé le monde de l’audiovisuel ? Non. Sur les chaînes d’info comme dans les journaux télévisés, la révérence envers le(s) (...) |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
> « Dans les faits, l’école n’a toujours pas rouvert » par Mickael Correia, illustré par Elzazimut
Entretien avec Karim Bacha, directeur de l’école élémentaire Samira-Bellil à l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU 93. Quelle était la situation de l’école primaire juste avant le début de la pandémie ? « La spécificité du premier degré, c’est que nous avons une totale liberté en termes de choix des méthodes d’apprentissage – d’où par exemple les réguliers débats médiatiques autour de l’enseignement de la lecture. À son arrivée au ministère de l’Éducation nationale, (...)
> « On est toujours assignés au statut de colonisés » par Clair Rivière, illustré par Etienne Savoye
Pendant le confinement, un concentré de brutalité policière s’est abattu sur les quartiers populaires de l’Hexagone, des propos d’un racisme crasse accompagnant bien souvent les coups. Pourtant, la France officielle continue de nier l’évidence. Entretien avec le militant antiraciste Omar Slaouti. Dans la nuit du 25 au 26 avril, un homme se jette dans la Seine pour échapper à des policiers. Ils le repêchent et l’arrêtent. En cheminant vers le panier à salade, les agents se bidonnent sec : « Il sait pas (...)
> Fuck da Minneapolice par Mathieu Léonard, illustré par Mc McGill
Dans un contexte de crise sociale sans précédent depuis 1929, la colère provoquée par l’étranglement de George Floyd par un flic à Minneapolis est en train de mettre le feu aux poudres de l’Amérique de Trump. Selon l’autopsie officielle, rien ne prouve que la mort de George Floyd puisse être attribuée à une strangulation, mais plus probablement « à une combinaison de maladies cardiaques et de substances potentiellement toxiques dans son organisme »... Qu’importe les images qui ont révélé au monde entier (...)
> Le mépris en prime, rubrique Chien méchant, illustré par Soulcié
> Au sommaire du n°188 (en kiosque), rubrique Sommaire par l’équipe de CQFD, illustré par Emilie Seto, illustré par Mc McGill, illustré par Serge D’Ignazio
En couverture : « Déconfiner les luttes » (illustré par Émilie Seto). Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d’aller saluer votre kiosquier ou de vous abonner... Actu d’ici Violences policières racistes : « On est toujours assignés au statut de colonisés » – Pendant le confinement, un concentré de brutalité policière s’est abattu sur les quartiers populaires (...)
> Pénurie de décence, rubrique Édito par l’équipe de CQFD
« Le gouvernement interdit les manifs. Mais alors pour l’égalité des armes, il faudrait aussi interdire les réformes. Une sorte de moratoire, de pause... et le Parlement se remettra au travail quand on aura de nouveau le droit de manifester. » Difficile de donner tort à l’avocat Raphaël Kempf quand il écrit ces mots sur Twitter le samedi 17 mai. Coronavirus oblige, le mouvement social, bouillant depuis des mois, s’est largement mis à l’arrêt pendant le confinement. En partie par soumission aux (. |
Note de contenu : |
Sommaire :
- Violences policières racistes : « On est toujours assignés au statut de colonisés » – Pendant le confinement, un concentré de brutalité policière s’est abattu sur les quartiers populaires de l’Hexagone, des propos d’un racisme crasse accompagnant bien souvent les coups. Pourtant, la France officielle continue de nier l’évidence. Entretien avec le militant antiraciste Omar Slaouti.
- Mathieu Rigouste : « Les policiers sont dressés à différencier les proies dont ils peuvent abîmer les corps » – Depuis son premier ouvrage, L’ennemi intérieur : la généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, le sociologue Mathieu Rigouste décortique les faces cachées du maintien de l’ordre et des marchands de peur. Dans cet entretien, il replace dans le temps long l’explosion des violences policières qui touche les quartiers populaires au temps du Covid-19.
- Impunité policière : qui gardera les gardiens ? – Quis custodiet ipsos custodes ? L’interrogation du poète antique Juvénal n’a pas pris une ride en ces temps de fièvre sécuritaire. Deux récentes condamnations de « gardiens de la paix » pour des faits de violence à Marseille pourraient constituer un début de réponse. Hélas fort exceptionnelle…
- L’hélicoptère, la caméra thermique et les « chasseurs de morilles » – Les campagnes et les espaces naturels n’ont pas échappé à la surveillance qui a déferlé pendant le confinement. Cluster du coronavirus, Izaut-de-l’Hôtel a même pris des allures de laboratoire répressif. Dans ce village du piémont pyrénéen, au motif de l’injonction à « rester chez soi », les autorités ont encore accentué la militarisation du maintien de l’ordre public.
- Le virus de la télé servile : Covid-ORTF – Samuel Gontier est journaliste à Télérama, pour lequel il tient notamment une chronique caustique de l’incurie télévisuelle, « Ma vie au poste ». Un travail à la fois désopilant et navrant, permettant de saisir l’ampleur de la soumission des grandes chaînes d’information aux pouvoirs en place. Pour CQFD, il décrit ici leur servilité par temps de Covid.
- Gwen Fauchois : « Les citoyens ne décident de rien mais sont responsables de tout » – Ancienne vice-présidente d’Act Up-Paris, Gwen Fauchois a participé en première ligne aux luttes de la « communauté Sida » dans les années 1990. À l’aune de cette expérience militante, elle décortique l’incurie des autorités dans la gestion de la crise sanitaire actuelle. Entretien.
Photo Serge D'Ignazio {JPEG}
- Pour l’hôpital : de la maille, pas des médailles ! – Dans notre numéro d’avril, nous donnions la parole à plusieurs travailleuses et travailleurs hospitaliers. C’était le début de la crise sanitaire et nos interlocuteurs se préparaient au pire, tout en maudissant les gouvernements successifs responsables du piteux état de l’hôpital public. Deux mois plus tard, nous récidivons. Une évidence : les problèmes structurels du service public de la santé demeurent. Une certitude : dans le « monde d’après », rien ne sera obtenu sans lutte.
- Dans l’enfer de la psychiatrie covidienne – Tout autant que les autres services médicaux, l’hôpital psychiatrique est à l’agonie depuis des années. Il n’a pas non plus été épargné par le Covid-19. Pourtant, tout au long de la crise sanitaire, il est resté cantonné au silence. Pire, les murs de l’asile n’attendaient que cet épisode pour se redresser, condamnant les patients à encore plus d’enfermement dans l’enfermement.
- Couturières déter’ : « Si l’État a des besoins de main-d’oeuvre, qu’il nous embauche » – Après avoir passé plus de deux mois à confectionner masques et surblouses bénévolement, de nombreuses couturières ont pris conscience que leur élan de solidarité était en passe d’être récupéré. Des mairies qui font œuvrer des professionnelles sans les rémunérer et des entreprises qui les paient moins de 3 € de l’heure : bienvenue dans le monde merveilleux du travail gratuit au féminin, mis en lumière par la crise sanitaire.
- « Dans les faits, l’école n’a toujours pas rouvert » – Entretien avec Karim Bacha, directeur de l’école élémentaire Samira-Bellil à l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU 93.
Actu d’ailleurs
- Au Congo-Kinshasa, c’est le remède qui risque de tuer le malade – En République démocratique du Congo, le Covid-19 reste encore discret. Mais les mesures prises pour éviter sa propagation ont des effets secondaires néfastes. Entre autres phénomènes, la fermeture des frontières, le ralentissement de l’économie et la réduction des budgets humanitaires dédiés à d’autres maladies pourraient faire bien plus de morts que le coronavirus.
- Courrier d’une autre Amérique : « La “race”, la classe et le Covid-19 » – Aux États-Unis, les Amérindiens, les Latinos et les Afro-Américains meurent du Covid-19 à un taux beaucoup plus élevé que la population blanche. Cette surmortalité a des raisons historiques : inégalités d’accès à la santé, exposition accrue à la pollution, pauvreté et stress lié à la vie dans une société raciste.
Par Mc McGill {JPEG}
- Fuck da Minneapolice – Dans un contexte de crise sociale sans précédent depuis 1929, la colère provoquée par l’étranglement de George Floyd par un flic à Minneapolis est en train de mettre le feu aux poudres de l’Amérique de Trump.
Bouquins et idées...
- « Tout est à inventer pour un service bancaire au service de la population » – Dans le fort punchy Force de vente : dans la peau d’un conseiller financier, publié aux belles éditions du Monde à l’envers, Damien Lelièvre (un pseudo) raconte son quotidien d’employé de banque et décrypte son malaise grandissant face aux rôles qu’on lui fait jouer. Une certitude : son témoignage, pourtant touchant et sensible, ne va pas aider à réhabiliter l’image du secteur bancaire.
- Des féminismes islamiques – « Retourner les textes sacrés contre le patriarcat ». C’est le plan audacieux mis sur pied par des musulmanes qui refusent de laisser aux promoteurs d’un islam résolument misogyne le monopole de l’interprétation des textes. Ce mouvement de pensée aux contours variés est présenté par Zahra Ali dans son livre Féminismes islamiques, publié initialement en 2012 et récemment réédité. Aperçu express d’un propos qui interpelle, quand il ne dérange pas.
- Cap sur l’utopie : à l’assaut des saints offices – Les éditions Alia ressortent l’ensemble, colossal, des écrits anthumes (1922-1967) du surréaliste de combat belge Paul Nougé. Ça s’appelle Au palais des images les spectres sont rois et c’est, dans leur ordre chronologique, une tempête force 10 de tracts, articles, préfaces, manifestes, notes, poèmes, exégèses ou invectives s’étant abattue sur les chafouineries dominantes.
Et aussi...
- Queen Kong : l’espoir est une discipline – Avec son film Halte, sorti en juillet 2019, soit il y a plusieurs années-lumière, le réalisateur philippin Lav Diaz faisait de la science-fiction. Dans un territoire laminé par des épidémies justifiant un contrôle permanent et intrusif de la population, survolé de drones inquisiteurs, plongé dans une nuit permanente évoquant l’absence de perspective et le confinement, un président schizophrène régnait avec un autoritarisme croissant sur une population habituée à raser les murs. L’action n’était certes située qu’en 2034, mais tout est allé un peu plus vite que prévu...
- Fiction : « Ta gueule, Olaf ! » – Le Chien Noir a récidivé. Comme le mois dernier, il nous a envoyé une nouvelle, en l’occurrence une petite improvisation sur un futur qui s’annonce méchamment bétonné, à faire flipper Tonton Orwell. Et comme personne ne s’appelle Olaf à la rédac’, on a décidé de la publier.
- L’édito : Pénurie de décence / Ça brûle ! / Les bonnes nouvelles du mois
- Horoscope / Abonnement (par ici) / Mots croisés |
En ligne : |
http://cqfd-journal.org/CQFD-no188-juin-2020 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=56587 |
[n° ou bulletin]
188 - juin 2020 - Déconfiner les luttes [document électronique] / Émilie Seto, Illustrateur . - 2020. Articles
> L’hélicoptère, la caméra thermique et les « chasseurs de morilles » par Jean-Sébastien Mora
Les campagnes et les espaces naturels n’ont pas échappé à la surveillance qui a déferlé pendant le confinement. Cluster du coronavirus, Izaut-de-l’Hôtel a même pris des allures de laboratoire répressif. Dans ce village du piémont pyrénéen, au motif de l’injonction à « rester chez soi », les autorités ont encore accentué la militarisation du maintien de l’ordre public. Du pas de leur porte, les voisins se cherchent du regard, interloqués, presque tétanisés. Tout proche, un hélicoptère militaire kaki surplombe, (...)
> Qui gardera les gardiens ? par Iffik Le Guen
Quis custodiet ipsos custodes ? L’interrogation du poète antique Juvénal n’a pas pris une ride en ces temps de fièvre sécuritaire. Deux récentes condamnations de « gardiens de la paix » pour des faits de violence à Marseille pourraient constituer un début de réponse. Hélas fort exceptionnelle… En écho médiatique aux déclarations de la chanteuse Camélia Jordana , l’ancien patron de la Fédération autonome des syndicats de police, Jean-Louis Arajol, rappelait le 24 mai dans une tribune au JDD que « si l’emploi (...)
> « Si l’État a des besoins de main-d’oeuvre, qu’il nous embauche » par Tiphaine Guéret, illustré par Caroline Sury
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En couverture : « Déconfiner les luttes » (illustré par Émilie Seto). Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d’aller saluer votre kiosquier ou de vous abonner... Actu d’ici Violences policières racistes : « On est toujours assignés au statut de colonisés » – Pendant le confinement, un concentré de brutalité policière s’est abattu sur les quartiers populaires (...)
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« Le gouvernement interdit les manifs. Mais alors pour l’égalité des armes, il faudrait aussi interdire les réformes. Une sorte de moratoire, de pause... et le Parlement se remettra au travail quand on aura de nouveau le droit de manifester. » Difficile de donner tort à l’avocat Raphaël Kempf quand il écrit ces mots sur Twitter le samedi 17 mai. Coronavirus oblige, le mouvement social, bouillant depuis des mois, s’est largement mis à l’arrêt pendant le confinement. En partie par soumission aux (. |
Note de contenu : |
Sommaire :
- Violences policières racistes : « On est toujours assignés au statut de colonisés » – Pendant le confinement, un concentré de brutalité policière s’est abattu sur les quartiers populaires de l’Hexagone, des propos d’un racisme crasse accompagnant bien souvent les coups. Pourtant, la France officielle continue de nier l’évidence. Entretien avec le militant antiraciste Omar Slaouti.
- Mathieu Rigouste : « Les policiers sont dressés à différencier les proies dont ils peuvent abîmer les corps » – Depuis son premier ouvrage, L’ennemi intérieur : la généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, le sociologue Mathieu Rigouste décortique les faces cachées du maintien de l’ordre et des marchands de peur. Dans cet entretien, il replace dans le temps long l’explosion des violences policières qui touche les quartiers populaires au temps du Covid-19.
- Impunité policière : qui gardera les gardiens ? – Quis custodiet ipsos custodes ? L’interrogation du poète antique Juvénal n’a pas pris une ride en ces temps de fièvre sécuritaire. Deux récentes condamnations de « gardiens de la paix » pour des faits de violence à Marseille pourraient constituer un début de réponse. Hélas fort exceptionnelle…
- L’hélicoptère, la caméra thermique et les « chasseurs de morilles » – Les campagnes et les espaces naturels n’ont pas échappé à la surveillance qui a déferlé pendant le confinement. Cluster du coronavirus, Izaut-de-l’Hôtel a même pris des allures de laboratoire répressif. Dans ce village du piémont pyrénéen, au motif de l’injonction à « rester chez soi », les autorités ont encore accentué la militarisation du maintien de l’ordre public.
- Le virus de la télé servile : Covid-ORTF – Samuel Gontier est journaliste à Télérama, pour lequel il tient notamment une chronique caustique de l’incurie télévisuelle, « Ma vie au poste ». Un travail à la fois désopilant et navrant, permettant de saisir l’ampleur de la soumission des grandes chaînes d’information aux pouvoirs en place. Pour CQFD, il décrit ici leur servilité par temps de Covid.
- Gwen Fauchois : « Les citoyens ne décident de rien mais sont responsables de tout » – Ancienne vice-présidente d’Act Up-Paris, Gwen Fauchois a participé en première ligne aux luttes de la « communauté Sida » dans les années 1990. À l’aune de cette expérience militante, elle décortique l’incurie des autorités dans la gestion de la crise sanitaire actuelle. Entretien.
Photo Serge D'Ignazio {JPEG}
- Pour l’hôpital : de la maille, pas des médailles ! – Dans notre numéro d’avril, nous donnions la parole à plusieurs travailleuses et travailleurs hospitaliers. C’était le début de la crise sanitaire et nos interlocuteurs se préparaient au pire, tout en maudissant les gouvernements successifs responsables du piteux état de l’hôpital public. Deux mois plus tard, nous récidivons. Une évidence : les problèmes structurels du service public de la santé demeurent. Une certitude : dans le « monde d’après », rien ne sera obtenu sans lutte.
- Dans l’enfer de la psychiatrie covidienne – Tout autant que les autres services médicaux, l’hôpital psychiatrique est à l’agonie depuis des années. Il n’a pas non plus été épargné par le Covid-19. Pourtant, tout au long de la crise sanitaire, il est resté cantonné au silence. Pire, les murs de l’asile n’attendaient que cet épisode pour se redresser, condamnant les patients à encore plus d’enfermement dans l’enfermement.
- Couturières déter’ : « Si l’État a des besoins de main-d’oeuvre, qu’il nous embauche » – Après avoir passé plus de deux mois à confectionner masques et surblouses bénévolement, de nombreuses couturières ont pris conscience que leur élan de solidarité était en passe d’être récupéré. Des mairies qui font œuvrer des professionnelles sans les rémunérer et des entreprises qui les paient moins de 3 € de l’heure : bienvenue dans le monde merveilleux du travail gratuit au féminin, mis en lumière par la crise sanitaire.
- « Dans les faits, l’école n’a toujours pas rouvert » – Entretien avec Karim Bacha, directeur de l’école élémentaire Samira-Bellil à l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU 93.
Actu d’ailleurs
- Au Congo-Kinshasa, c’est le remède qui risque de tuer le malade – En République démocratique du Congo, le Covid-19 reste encore discret. Mais les mesures prises pour éviter sa propagation ont des effets secondaires néfastes. Entre autres phénomènes, la fermeture des frontières, le ralentissement de l’économie et la réduction des budgets humanitaires dédiés à d’autres maladies pourraient faire bien plus de morts que le coronavirus.
- Courrier d’une autre Amérique : « La “race”, la classe et le Covid-19 » – Aux États-Unis, les Amérindiens, les Latinos et les Afro-Américains meurent du Covid-19 à un taux beaucoup plus élevé que la population blanche. Cette surmortalité a des raisons historiques : inégalités d’accès à la santé, exposition accrue à la pollution, pauvreté et stress lié à la vie dans une société raciste.
Par Mc McGill {JPEG}
- Fuck da Minneapolice – Dans un contexte de crise sociale sans précédent depuis 1929, la colère provoquée par l’étranglement de George Floyd par un flic à Minneapolis est en train de mettre le feu aux poudres de l’Amérique de Trump.
Bouquins et idées...
- « Tout est à inventer pour un service bancaire au service de la population » – Dans le fort punchy Force de vente : dans la peau d’un conseiller financier, publié aux belles éditions du Monde à l’envers, Damien Lelièvre (un pseudo) raconte son quotidien d’employé de banque et décrypte son malaise grandissant face aux rôles qu’on lui fait jouer. Une certitude : son témoignage, pourtant touchant et sensible, ne va pas aider à réhabiliter l’image du secteur bancaire.
- Des féminismes islamiques – « Retourner les textes sacrés contre le patriarcat ». C’est le plan audacieux mis sur pied par des musulmanes qui refusent de laisser aux promoteurs d’un islam résolument misogyne le monopole de l’interprétation des textes. Ce mouvement de pensée aux contours variés est présenté par Zahra Ali dans son livre Féminismes islamiques, publié initialement en 2012 et récemment réédité. Aperçu express d’un propos qui interpelle, quand il ne dérange pas.
- Cap sur l’utopie : à l’assaut des saints offices – Les éditions Alia ressortent l’ensemble, colossal, des écrits anthumes (1922-1967) du surréaliste de combat belge Paul Nougé. Ça s’appelle Au palais des images les spectres sont rois et c’est, dans leur ordre chronologique, une tempête force 10 de tracts, articles, préfaces, manifestes, notes, poèmes, exégèses ou invectives s’étant abattue sur les chafouineries dominantes.
Et aussi...
- Queen Kong : l’espoir est une discipline – Avec son film Halte, sorti en juillet 2019, soit il y a plusieurs années-lumière, le réalisateur philippin Lav Diaz faisait de la science-fiction. Dans un territoire laminé par des épidémies justifiant un contrôle permanent et intrusif de la population, survolé de drones inquisiteurs, plongé dans une nuit permanente évoquant l’absence de perspective et le confinement, un président schizophrène régnait avec un autoritarisme croissant sur une population habituée à raser les murs. L’action n’était certes située qu’en 2034, mais tout est allé un peu plus vite que prévu...
- Fiction : « Ta gueule, Olaf ! » – Le Chien Noir a récidivé. Comme le mois dernier, il nous a envoyé une nouvelle, en l’occurrence une petite improvisation sur un futur qui s’annonce méchamment bétonné, à faire flipper Tonton Orwell. Et comme personne ne s’appelle Olaf à la rédac’, on a décidé de la publier.
- L’édito : Pénurie de décence / Ça brûle ! / Les bonnes nouvelles du mois
- Horoscope / Abonnement (par ici) / Mots croisés |
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