Titre : |
La couleur et le sang : doctrines racistes à la française |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Pierre-André Taguieff (1946-...) , Auteur |
Mention d'édition : |
Muller Pierre-Eugène. Pierre-André Taguieff, La couleur et le sang. Doctrines racistes à la française. In: Mots, n°58, mars 1999. Argumentations d'extrême-droite, sous la direction de Simone Bonnafous et Pierre Fiala. pp. 177-179, en hyperlien |
Editeur : |
Paris : Éditions Mille et une nuits |
Année de publication : |
1998 |
Collection : |
Les Petits libres (Paris), ISSN 1254-9495 num. n°15 |
Importance : |
204 p. |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-84205-194-5 |
Note générale : |
Le racialisme pseudo-scientifique
Dans ce livre, P.A. Taguieff rappelle d'abord que la notion de race, correspond à l'idée d'une division de l'humanité en groupes dont les éléments partagent des traits et des moeurs héréditairement transmis. Cette idée est ancienne et notable dès le début le dix-huitième siècle, de même pour la croyance en une hiérarchie pour classer ces groupes. L'originalité du dix-neuvième siècle en ce domaine vient pour lui de ce qu'il voit surgir des discours qui, mobilisant les ressources de la "science normale", tentent de promouvoir des modes d'explication du monde social dont l'idée d'une hiérarchie des races serait la clé de voûte , ce que Taguieff définit sous le terme de racialisme. Il existe également des doctrines, qui sont aussi des plans politiques, visant à transformer la race en une catégorie mobilisable dans le champ politique et prise en compte par l'action publique ce que le politologue appelle la “pensée raciste” et qui doit établir entre les races des discriminations.
L'ouvrage, de Taguieff est dédié à la mémoire de Léon Poliakov, historien de l'antisémitisme, est consacré à l'histoire de trois auteurs fondamentaux du racisme en France : Gobineau ("racialisme pessimiste"), Le Bon (racialisme évolutionniste et darwinisme social), Vacher de Lapouge ("racialisme eugéniste"). La filiation historique entre les trois auteurs est abordée tout au long du livre. Il semble que les auteurs racistes du XIXe et XXe siècles s’inspirent régulièrement de Gobineau sans toujours être d’accord avec lui. P.-A. Taguieff démonte cette filiation en soulignant que les différences essentielles de doctrine ne permettant pas d'établir
une continuité entre Gobineau et ceux qui s'en réclament. Il semble vouloir défendre Gobineau qui, pour le grand public, est fréquemment considéré comme l'un des inspirateurs du nazisme.Taguieff estime que cette idée a été établie par les nazis eux-mêmes, puis par les collaborationnistes. Montrer Gobineau, comme le père du racisme français permettait aux collaborationnistes de prouver qu'il ne s'agissait nullement d'une doctrine étrangère. Taguieff s’attache à démontrer que Gobineau n’était pas antisémite contrairement à Le Bon et à Vacher de Lapouge, tout deux antisémites. Le politologue pense que le pessimisme de Gobineau est " incompatible avec la formulation d'un quelconque projet politique" (p. 18). A contrario de "l'orientation pro-capitaliste et libérale-conservatrice" de Le Bon, tout autant qu’au «socialisme étatiste" de Vacher de Lapouge. La lecture de cet ouvrage laisse malgré tout une étrange impression. On ne sait pas si Taguieff est très clair dans son analyse des écrits de Gobineau, il semble parfois qu’il les dédramatise. Un court passage sur Drumont permet d’avoir une petite idée sur les théories antijuives de l’auteur de La France Juive mais hélas Taguieff ne développe pas. |
Catégories : |
D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE
|
Mots-clés : |
GENOCIDE EUGENISME SOCIOLOGIE SOCIETE Le Bon, Gustave (1841-1931) -- Critique et interprétation .Vacher de Lapouge, Georges (1854-1936) -- Racisme -- France |
Index. décimale : |
D-20 Racisme - Discriminations |
Résumé : |
Depuis environ cinq siècles, le mythe du " sang pur ", l'imaginaire autour de la couleur de la peau, les croyances sur la transmission héréditaire à l'identique des caractères physiques et mentaux, la hantise des mésalliances et des métissages, les tentatives de classer et de hiérarchiser les " variétés " de l'espèce humaine, les représentations et les légitimations de l'exploitation, de la ségrégation ou de l'élimination, se sont à la fois succédé et croisés. Mais c'est au cours du XIXe siècle qu'apparaissent des doctrines racistes, véritables conceptions racialistes du monde, inscrivant le schème de la " lutte des races " dans la philosophie de l'Histoire et dans la science sociale naissante. La " race " fonctionne comme un dépôt idéal que l'on se donne pour tâche de préserver ou de conserver, de transmettre ou de " purifier ", d'améliorer ou de " régénérer " , quand on ne le considère pas comme perdu. Pierre-André Taguieff distingue et analyse ici les quatre principaux types de systèmes de pensée fondés sur l'idée de race, qui furent élaborés en France au XIXe siècle et au début du XXe : le racialisme pessimiste fondateur d'une philosophie décadentielle de l'Histoire (Arthur de Gobineau), le racialisme évolutionniste couplé avec le " darwinisme social " de style " libéral " (Gustave Le Bon), le nationalisme ethno-racial inséparable de l'antisémitisme politique moderne (Edouard Drumont, Jules Soury et Maurice Barrès), et le racialisme eugéniste à visée " socialiste " (Georges Vacher de Lapouge). La mise en œuvre de certains de leurs projets de défense et de conservation, d'amélioration ou de refonte de l'ordre socio-politique atteindra son stade suprême de barbarie dans les années trente et quarante du XXe siècle. |
Note de contenu : |
Notes bibliogr. |
En ligne : |
http://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1999_num_58_1_2537 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=7238 |
La couleur et le sang : doctrines racistes à la française [texte imprimé] / Pierre-André Taguieff (1946-...)  , Auteur . - Muller Pierre-Eugène. Pierre-André Taguieff, La couleur et le sang. Doctrines racistes à la française. In: Mots, n°58, mars 1999. Argumentations d'extrême-droite, sous la direction de Simone Bonnafous et Pierre Fiala. pp. 177-179, en hyperlien . - Paris : Éditions Mille et une nuits, 1998 . - 204 p.. - ( Les Petits libres (Paris), ISSN 1254-9495; n°15) . ISBN : 978-2-84205-194-5 Le racialisme pseudo-scientifique
Dans ce livre, P.A. Taguieff rappelle d'abord que la notion de race, correspond à l'idée d'une division de l'humanité en groupes dont les éléments partagent des traits et des moeurs héréditairement transmis. Cette idée est ancienne et notable dès le début le dix-huitième siècle, de même pour la croyance en une hiérarchie pour classer ces groupes. L'originalité du dix-neuvième siècle en ce domaine vient pour lui de ce qu'il voit surgir des discours qui, mobilisant les ressources de la "science normale", tentent de promouvoir des modes d'explication du monde social dont l'idée d'une hiérarchie des races serait la clé de voûte , ce que Taguieff définit sous le terme de racialisme. Il existe également des doctrines, qui sont aussi des plans politiques, visant à transformer la race en une catégorie mobilisable dans le champ politique et prise en compte par l'action publique ce que le politologue appelle la “pensée raciste” et qui doit établir entre les races des discriminations.
L'ouvrage, de Taguieff est dédié à la mémoire de Léon Poliakov, historien de l'antisémitisme, est consacré à l'histoire de trois auteurs fondamentaux du racisme en France : Gobineau ("racialisme pessimiste"), Le Bon (racialisme évolutionniste et darwinisme social), Vacher de Lapouge ("racialisme eugéniste"). La filiation historique entre les trois auteurs est abordée tout au long du livre. Il semble que les auteurs racistes du XIXe et XXe siècles s’inspirent régulièrement de Gobineau sans toujours être d’accord avec lui. P.-A. Taguieff démonte cette filiation en soulignant que les différences essentielles de doctrine ne permettant pas d'établir
une continuité entre Gobineau et ceux qui s'en réclament. Il semble vouloir défendre Gobineau qui, pour le grand public, est fréquemment considéré comme l'un des inspirateurs du nazisme.Taguieff estime que cette idée a été établie par les nazis eux-mêmes, puis par les collaborationnistes. Montrer Gobineau, comme le père du racisme français permettait aux collaborationnistes de prouver qu'il ne s'agissait nullement d'une doctrine étrangère. Taguieff s’attache à démontrer que Gobineau n’était pas antisémite contrairement à Le Bon et à Vacher de Lapouge, tout deux antisémites. Le politologue pense que le pessimisme de Gobineau est " incompatible avec la formulation d'un quelconque projet politique" (p. 18). A contrario de "l'orientation pro-capitaliste et libérale-conservatrice" de Le Bon, tout autant qu’au «socialisme étatiste" de Vacher de Lapouge. La lecture de cet ouvrage laisse malgré tout une étrange impression. On ne sait pas si Taguieff est très clair dans son analyse des écrits de Gobineau, il semble parfois qu’il les dédramatise. Un court passage sur Drumont permet d’avoir une petite idée sur les théories antijuives de l’auteur de La France Juive mais hélas Taguieff ne développe pas.
Catégories : |
D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE
|
Mots-clés : |
GENOCIDE EUGENISME SOCIOLOGIE SOCIETE Le Bon, Gustave (1841-1931) -- Critique et interprétation .Vacher de Lapouge, Georges (1854-1936) -- Racisme -- France |
Index. décimale : |
D-20 Racisme - Discriminations |
Résumé : |
Depuis environ cinq siècles, le mythe du " sang pur ", l'imaginaire autour de la couleur de la peau, les croyances sur la transmission héréditaire à l'identique des caractères physiques et mentaux, la hantise des mésalliances et des métissages, les tentatives de classer et de hiérarchiser les " variétés " de l'espèce humaine, les représentations et les légitimations de l'exploitation, de la ségrégation ou de l'élimination, se sont à la fois succédé et croisés. Mais c'est au cours du XIXe siècle qu'apparaissent des doctrines racistes, véritables conceptions racialistes du monde, inscrivant le schème de la " lutte des races " dans la philosophie de l'Histoire et dans la science sociale naissante. La " race " fonctionne comme un dépôt idéal que l'on se donne pour tâche de préserver ou de conserver, de transmettre ou de " purifier ", d'améliorer ou de " régénérer " , quand on ne le considère pas comme perdu. Pierre-André Taguieff distingue et analyse ici les quatre principaux types de systèmes de pensée fondés sur l'idée de race, qui furent élaborés en France au XIXe siècle et au début du XXe : le racialisme pessimiste fondateur d'une philosophie décadentielle de l'Histoire (Arthur de Gobineau), le racialisme évolutionniste couplé avec le " darwinisme social " de style " libéral " (Gustave Le Bon), le nationalisme ethno-racial inséparable de l'antisémitisme politique moderne (Edouard Drumont, Jules Soury et Maurice Barrès), et le racialisme eugéniste à visée " socialiste " (Georges Vacher de Lapouge). La mise en œuvre de certains de leurs projets de défense et de conservation, d'amélioration ou de refonte de l'ordre socio-politique atteindra son stade suprême de barbarie dans les années trente et quarante du XXe siècle. |
Note de contenu : |
Notes bibliogr. |
En ligne : |
http://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1999_num_58_1_2537 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=7238 |
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Parmi les nombreux livres qu’il a publiés (une trentaine), dont certains sont traduits en plusieurs langues étrangères, on peut citer La Force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles (Gallimard, 1990), Les Fins de l’antiracisme (Michalon, 1995), Le Racisme (Flammarion, 1997), L’Effacement de l’avenir (Galilée, 2000), La Nouvelle Judéophobie (Mille et une nuits, 2002), La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française (Mille et une nuits, 2002), Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux (Berg International/Fayard, 2004), Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire (Fayard, 2004), Le Sens du progrès (Flammarion, 2004), La République enlisée. Pluralisme, « communautarisme » et citoyenneté (Éditions des Syrtes, 2005), La Foire aux « Illuminés ». Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme (Mille et une nuits, 2005), L’Imaginaire du complot mondial. Aspects d’un mythe moderne (Mille et une nuits, 2006), L’Illusion populiste. Essai sur les démagogies de l’âge démocratique (Flammarion, 2007), La Bioéthique ou le juste milieu. Une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien (Fayard, 2007), Julien Freund. Au cœur du politique (La Table Ronde, 2008), La Judéophobie des Modernes. Des Lumières au jihad mondial (Odile Jacob, 2008), La Nouvelle propagande antijuive (PUF, 2010).
pierreandre.taguieff@sciences-po.org
THÈMES DE RECHERCHE
Extrême-droite , Extrême-gauche , Nation & nationalismes , Opinion publique , Populisme , Racisme et antisémitisme , Religion , Valeurs, Extrême-gauche , Nation & nationalismes , Opinion publique , Populisme , Racisme et antisémitisme , Religion , Valeurs < https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/chercheur/pierre-andre-taguieff.html >