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Auteur Pascal Aubert
Commentaire :
Président de l’ADELS et vice-président de la FCSSF
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Une dynamique interassociative pour l'empowerment à la française / Pascal Aubert in Territoires : le mensuel de la démocratie locale, 518 (mai 2011)
[article]
Titre : Une dynamique interassociative pour l'empowerment à la française Type de document : texte imprimé Auteurs : Pascal Aubert, Auteur Article en page(s) : p.44-45 Langues : Français (fre) Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE:Administration et gestion:Organisation:Association Mots-clés : Empowerment Mise en réseau Résumé : Présentation du collectif "Pouvoir d'agir", initié par la Fonda et composé de réseaux très divers (dont l'IRDSU), et texte de l'Appel de ce collectif.
Un site internet dédié a été ouvert le 21 mai 2011.Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=36183
in Territoires : le mensuel de la démocratie locale > 518 (mai 2011) . - p.44-45[article] Une dynamique interassociative pour l'empowerment à la française [texte imprimé] / Pascal Aubert, Auteur . - p.44-45.
Langues : Français (fre)
in Territoires : le mensuel de la démocratie locale > 518 (mai 2011) . - p.44-45
Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE:Administration et gestion:Organisation:Association Mots-clés : Empowerment Mise en réseau Résumé : Présentation du collectif "Pouvoir d'agir", initié par la Fonda et composé de réseaux très divers (dont l'IRDSU), et texte de l'Appel de ce collectif.
Un site internet dédié a été ouvert le 21 mai 2011.Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=36183 Faire ensemble (Dossier) / Michel Wieviorka ; Didier Lapeyronnie ; et al. ; Pascal Aubert in La tribune FONDA / SUDOC, 208 (avril 2011)
La France et ses quartiers populaires / Didier Lapeyronnie in La tribune FONDA / SUDOC, 208 (avril 2011)
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[article]
Titre : La France et ses quartiers populaires Type de document : texte imprimé Auteurs : Didier Lapeyronnie (1956-12/09/2020) , Personne honorée ; Pascal Aubert, Personne honorée
Année de publication : 2011 Article en page(s) : p. 5-16 Note générale : Enregistrement du petit déjeuner conférence du 13 janvier 2011 avec Didier Lapeyronnie et Pascal Aubert Langues : Français (fre) Catégories : PER Résumé : Ce petit déjeuner de la fonda, organisé le 13 janvier 2011 dans le cadre de l’exercice de prospective « Faire ensemble 2020 », accueillait Didier Lapeyronnie, professeur de sociologie à l’université Paris-Sorbonne et Pascal Aubert, président de l’ADELS et vice-président de la FCSSF. En introduction, Jean-Pierre Worms, vice-président de la fonda, constate l’enfermement des banlieues, et en réaction l’enfermement sur elles- mêmes des populations qui crée ainsi une société particulière. Or, affirme-t-il, la banlieue n’est pas seulement source de problèmes mais aussi un lieu de ressources, d’initiatives citoyennes, certes difficiles à appréhender mais nombreuses et qui témoignent du pouvoir d’agir de leurs habitants. Didier Lapeyronnie précise déjà qu’il a travaillé dans ces banlieues auprès des populations jeunes et migrantes jusqu’en 1990 pour comprendre à la fois le problème général et les trajectoires individuelles, et qu’en 2002 la ville de Paris lui a demandé un diagnostic sur la sécurité de l’est parisien. Il a été frappé des changements constatés alors entre ces deux périodes qu’il résume en 4 points : L’enfermement et le sentiment d’abandon : on ne va pas dehors, on ne connaît personne dehors, on ne connaît même pas la Seine, et l’on parle de l’international et du local, pas du national. L’accroissement du niveau de violence dans la vie quotidienne et la pression de la violence sur tous entre quartiers. Une culture anti institutionnelle avec une rancœur contre les institutions, les travailleurs sociaux, etc… Et le plus important : la rupture de communication entre les gens, entre hommes et femmes : pas d’espaces communs, violence contre les femmes, dans les discours, interdiction de la présence des femmes dans le public et dans le privé. Tout cela est-il global ou particulier ? C’est global avec la constitution du ghetto qui n’est pas un quartier mais une forme d’organisation sociale qui peut se territorialiser. Cette société est organisée économiquement, avec ses normes et son système politique. Elle travaille à sa stabilité et protège ses gens du monde extérieur. Le ghetto est ainsi à la fois cage et cocon. Avec la particularité de la situation des femmes à la fois dedans et dehors. Le ghetto est un monde d’interconnaissance générale qui assure la sécurité collective et crée des liens forts : tout le monde se connaît et sait tout sur tout le monde. C’est aussi une sécurité morale qui s’exprime par sa fidélité aux gens, et non par sa capacité de faire. C’est aussi un monde d’ « embrouilles » qui, paradoxalement sont un facteur de cohésion : des conflits internes démarrent sur tout et n’importe quoi, et vous devez réagir. On a besoin de ces « embrouilles », elles font partie de l’histoire commune et augmentent la solidarité. Les gens en sont très conscients. Didier Lapeyronnie décrit un monde « théâtral » où chacun joue son rôle, ce qui instaure une distance entre les personnes et leurs mots. Cela crée des tensions dans les identités personnelles, dans la vie privée comme dans la vie publique. A ce sujet on constate une très grande différence entre les hommes et les femmes qui vivent dans le ghetto : l’homme y construit son identité familiale d’homme/père tandis que la femme souffre de désexualisation, mais sait mieux échapper au rôle social qui lui est prescrit. Pascal Aubert se présente ensuite comme un « rescapé » de l’assistance sociale : il a vécu dans une cité du Val d’Oise et a pu poursuivre des études et entrer dans la vie active à l’époque où l’ascenseur social fonctionnait encore. La politique de la ville telle qu’elle est menée depuis trente ans est à ses yeux catastrophique : « on s’est occupé des murs et pas des gens ». Il partage une très forte inquiétude sur la situation de ces quartiers, de l’école, de l’explosion de l’abstention, des inégalités économiques et de l’incapacité des institutions de notre république d’y assurer l’égalité des chances. Le débat qui a suivi a porté sur le ghetto qui n’est pas une culture mais un monde vide, notamment politiquement : nous avons besoin de refabriquer de la communauté politique dans ces quartiers. Les associations y sont de moins en moins présentes, l’économie souterraine soutient le ghetto et va bien au-delà du trafic de drogue. Notre société a besoin de bâtir une réponse citoyenne aux problèmes que connaissent les quartiers populaires, puisque le politique n’en est pas capable. Pour cela des ressources importantes, d’initiatives, de convictions, de compétences existent dans ces quartiers et sont à mobiliser. L’initiative à laquelle participe la Fonda a été évoquée : le collectif « Pouvoir d’agir » dont c’est le cœur de message." Jacques Remond 20 janvier 2011. Note de contenu : [Fichier audio disponible sur http://www.fonda.asso.fr/La-France-et-ses-quartiers,499.html?var_recherche=quartiers%20populaires et synthèse de D. Lapeyronnie
(PDF - 354.7 ko) en hyperlien]En ligne : http://www.fonda.asso.fr/La-France-et-ses-quartiers.html?var_recherche=quartiers [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=37221
in La tribune FONDA / SUDOC > 208 (avril 2011) . - p. 5-16[article] La France et ses quartiers populaires [texte imprimé] / Didier Lapeyronnie (1956-12/09/2020), Personne honorée ; Pascal Aubert, Personne honorée . - 2011 . - p. 5-16.
Enregistrement du petit déjeuner conférence du 13 janvier 2011 avec Didier Lapeyronnie et Pascal Aubert
Langues : Français (fre)
in La tribune FONDA / SUDOC > 208 (avril 2011) . - p. 5-16
Catégories : PER Résumé : Ce petit déjeuner de la fonda, organisé le 13 janvier 2011 dans le cadre de l’exercice de prospective « Faire ensemble 2020 », accueillait Didier Lapeyronnie, professeur de sociologie à l’université Paris-Sorbonne et Pascal Aubert, président de l’ADELS et vice-président de la FCSSF. En introduction, Jean-Pierre Worms, vice-président de la fonda, constate l’enfermement des banlieues, et en réaction l’enfermement sur elles- mêmes des populations qui crée ainsi une société particulière. Or, affirme-t-il, la banlieue n’est pas seulement source de problèmes mais aussi un lieu de ressources, d’initiatives citoyennes, certes difficiles à appréhender mais nombreuses et qui témoignent du pouvoir d’agir de leurs habitants. Didier Lapeyronnie précise déjà qu’il a travaillé dans ces banlieues auprès des populations jeunes et migrantes jusqu’en 1990 pour comprendre à la fois le problème général et les trajectoires individuelles, et qu’en 2002 la ville de Paris lui a demandé un diagnostic sur la sécurité de l’est parisien. Il a été frappé des changements constatés alors entre ces deux périodes qu’il résume en 4 points : L’enfermement et le sentiment d’abandon : on ne va pas dehors, on ne connaît personne dehors, on ne connaît même pas la Seine, et l’on parle de l’international et du local, pas du national. L’accroissement du niveau de violence dans la vie quotidienne et la pression de la violence sur tous entre quartiers. Une culture anti institutionnelle avec une rancœur contre les institutions, les travailleurs sociaux, etc… Et le plus important : la rupture de communication entre les gens, entre hommes et femmes : pas d’espaces communs, violence contre les femmes, dans les discours, interdiction de la présence des femmes dans le public et dans le privé. Tout cela est-il global ou particulier ? C’est global avec la constitution du ghetto qui n’est pas un quartier mais une forme d’organisation sociale qui peut se territorialiser. Cette société est organisée économiquement, avec ses normes et son système politique. Elle travaille à sa stabilité et protège ses gens du monde extérieur. Le ghetto est ainsi à la fois cage et cocon. Avec la particularité de la situation des femmes à la fois dedans et dehors. Le ghetto est un monde d’interconnaissance générale qui assure la sécurité collective et crée des liens forts : tout le monde se connaît et sait tout sur tout le monde. C’est aussi une sécurité morale qui s’exprime par sa fidélité aux gens, et non par sa capacité de faire. C’est aussi un monde d’ « embrouilles » qui, paradoxalement sont un facteur de cohésion : des conflits internes démarrent sur tout et n’importe quoi, et vous devez réagir. On a besoin de ces « embrouilles », elles font partie de l’histoire commune et augmentent la solidarité. Les gens en sont très conscients. Didier Lapeyronnie décrit un monde « théâtral » où chacun joue son rôle, ce qui instaure une distance entre les personnes et leurs mots. Cela crée des tensions dans les identités personnelles, dans la vie privée comme dans la vie publique. A ce sujet on constate une très grande différence entre les hommes et les femmes qui vivent dans le ghetto : l’homme y construit son identité familiale d’homme/père tandis que la femme souffre de désexualisation, mais sait mieux échapper au rôle social qui lui est prescrit. Pascal Aubert se présente ensuite comme un « rescapé » de l’assistance sociale : il a vécu dans une cité du Val d’Oise et a pu poursuivre des études et entrer dans la vie active à l’époque où l’ascenseur social fonctionnait encore. La politique de la ville telle qu’elle est menée depuis trente ans est à ses yeux catastrophique : « on s’est occupé des murs et pas des gens ». Il partage une très forte inquiétude sur la situation de ces quartiers, de l’école, de l’explosion de l’abstention, des inégalités économiques et de l’incapacité des institutions de notre république d’y assurer l’égalité des chances. Le débat qui a suivi a porté sur le ghetto qui n’est pas une culture mais un monde vide, notamment politiquement : nous avons besoin de refabriquer de la communauté politique dans ces quartiers. Les associations y sont de moins en moins présentes, l’économie souterraine soutient le ghetto et va bien au-delà du trafic de drogue. Notre société a besoin de bâtir une réponse citoyenne aux problèmes que connaissent les quartiers populaires, puisque le politique n’en est pas capable. Pour cela des ressources importantes, d’initiatives, de convictions, de compétences existent dans ces quartiers et sont à mobiliser. L’initiative à laquelle participe la Fonda a été évoquée : le collectif « Pouvoir d’agir » dont c’est le cœur de message." Jacques Remond 20 janvier 2011. Note de contenu : [Fichier audio disponible sur http://www.fonda.asso.fr/La-France-et-ses-quartiers,499.html?var_recherche=quartiers%20populaires et synthèse de D. Lapeyronnie
(PDF - 354.7 ko) en hyperlien]En ligne : http://www.fonda.asso.fr/La-France-et-ses-quartiers.html?var_recherche=quartiers [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=37221 Vers la démocratie participative / Pascal Aubert in Lien Social : quinzomadaire indépendant d'actualité sociale, 859 (1er novembre 2007)
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[article]
Titre : Vers la démocratie participative Type de document : texte imprimé Auteurs : Pascal Aubert, Personne interviewée ; Katia Rouff-Fiorenzi, Intervieweur Année de publication : 2007 Langues : Français (fre) Résumé : Pour Pascal Aubert, administrateur de la Fédération des centres sociaux de la Seine-Saint-Denis, l’éducation populaire doit soutenir le développement de la démocratie participative. S’il n’aime pas trop parler de lui, Pascal Aubert, quarante-six ans, est intarissable dès qu’il s’agit de la participation de tous à la vie locale. Cheveux ras, allure sportive (il est semi-marathonien), vêtements décontractés, il travaille et milite en Seine-Saint-Denis depuis de nombreuses années et a présidé la Fédération des centres sociaux du département jusqu’à l’an dernier. Membre du Réseau éducation populaire du 93, la fédération réfléchit à la mise en place d’outils et de démarches facilitant la prise de parole des milieux populaires pour leur participation plus directe et continue à l’élaboration des politiques publiques [1].
Automne 2005
La « révolte urbaine » est particulièrement forte en Seine-Saint-Denis et les centres sociaux sont bien souvent aux premières loges. Au Blanc-Mesnil, plutôt que de fermer les portes de la structure qui a été dégradée, l’équipe de permanents et de bénévoles installe un barnum dehors, offre des cafés jusque tard dans la nuit, suscite la discussion avec les jeunes, les familles et les habitants du quartier. Ensemble, ils cherchent à comprendre le sens de ces violences. Sans les justifier, les adultes les comprennent. « Si ça brûle, c’est que nous sommes incapables de faire de la place aux jeunes, de leur donner des conditions pour réussir. Nous marchons sur la tête. Une société incapable de considérer la jeunesse comme son avenir, ne va nulle part », estiment-ils. « Sans tenir des propos révolutionnaires, les habitants posent un diagnostic très intéressant, avec leurs mots et leur ressenti », apprécie Pascal Aubert. Les premiers échanges portent sur les relations entres les jeunes et la police, la responsabilité de celle-ci dans le déclenchement des révoltes, puis très vite les discussions s’orientent vers les questions de réussite éducative, les inégalités subies par les jeunes des quartiers populaires, le manque de perspectives pour eux. Elles abordent aussi l’accès au logement et la non-représentation des habitants des quartiers populaires dans le débat public. Quatre autres centres sociaux du département s’emparent de ces questions et organisent des débats. L’ensemble de ces témoignages fera l’objet d’un film et, après les élections municipales, les éléments diagnostics et les axes forts dégagés par ce travail seront présentés par la population aux porteurs des politiques publiques du département. L’idée étant de partir de ces diagnostics et analyses pour réinterroger les politiques publiques.
En marche
Pour Pascal Aubert, le chemin vers la démocratie participative est inéluctable. Il juge obsolète le modèle très délégataire de la démocratie représentative française. « Depuis la Révolution, le pouvoir a très peur du peuple et le tient à distance, mais je pense que ce cycle se termine. Ce que nous percevons dans les centres sociaux, par exemple, laisse penser que nous sommes davantage confrontés à une crise de l’offre qu’à une crise de la demande de participation citoyenne. » Pour lui, les mouvements d’éducation populaire et les élus doivent travailler en concertation, même si les résistances sont fortes des deux côtés. « Dans nos mouvements, nous défendons l’idée de permettre aux gens de prendre la parole… sans pouvoir nous empêcher de la prendre à leur place !, rigole-t-il. Il nous faut pourtant rompre avec l’idée d’une avant-garde éclairée et nous situer réellement dans une fonction d’appui méthodologique permettant l’élaboration du point de vue de chacun. » Les mouvements d’éducation populaire – et notamment les grands réseaux qui se sont « institutionnalisés » – doivent apprendre à négocier avec les collectivités territoriales, tout en gardant leur identité et leur autonomie, une sorte d’autonomie négociée. Du côté des pouvoirs publics, si des efforts restent à faire pour travailler avec les mouvements associatifs et la population, Pascal Aubert, se déclare « foncièrement optimiste ». Depuis une quinzaine d’années, ce fonctionnaire territorial travaille au côté des élus et les a vus « bouger » sur la question de la démocratie participative. Voici quinze ans, seule une poignée de villes la mettaient en œuvre : à la Roche-sur-Yon, les habitants géraient les enveloppes budgétaires de leur quartier, à Grande-Synthe (Nord), l’association d’architectes Les Arpenteurs faisaient participer les habitants à l’élaboration des projets urbains… « Ces précurseurs passaient pour des quasi-hurluberlus. Or, aujourd’hui, pour un élu, ne pas parler de démocratie participative est presque une preuve de courage ! Depuis deux mandats électoraux, cette préoccupation monte fortement, en lien sans doute avec le taux d’abstention et la crise des institutions. » Voici donc venu pour les mouvements d’éducation populaire le temps de s’emparer de la question, d’être offensifs pour mettre en place la démocratie participative de façon plus continue, en valorisant les potentiels citoyens de la société locale.
On le voit, la question du développement de la participation des habitants, de leur prise de parole, passionne Pascal Aubert. Il est d’ailleurs l’un des initiateurs de Riv’Nord, un média local participatif installé à Saint-Denis, qui réalise et diffuse des documentaires avec les habitants des quartiers du département. « Ce qui m’intéresse est l’idée de participer au fondement d’un nouvel équilibre entre la société civile et le pouvoir central. Quoi qu’on en pense, les choses bougent en ce sens, nous sommes au cœur d’une mutation politique. » Et de citer un texte de l’historien Immanuel Wallerstein, soulignant que « dans les périodes de grande stabilité, bouger un tout petit peu les choses nécessite une énergie colossale alors que, dans les périodes d’instabilité – à condition de savoir clairement ce que l’on veut –, une énergie raisonnable permet de faire bouger le système. »En ligne : http://www.lien-social.com/Vers-la-democratie-participative Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=152487
in Lien Social : quinzomadaire indépendant d'actualité sociale > 859 (1er novembre 2007)[article] Vers la démocratie participative [texte imprimé] / Pascal Aubert, Personne interviewée ; Katia Rouff-Fiorenzi, Intervieweur . - 2007.
Langues : Français (fre)
in Lien Social : quinzomadaire indépendant d'actualité sociale > 859 (1er novembre 2007)
Résumé : Pour Pascal Aubert, administrateur de la Fédération des centres sociaux de la Seine-Saint-Denis, l’éducation populaire doit soutenir le développement de la démocratie participative. S’il n’aime pas trop parler de lui, Pascal Aubert, quarante-six ans, est intarissable dès qu’il s’agit de la participation de tous à la vie locale. Cheveux ras, allure sportive (il est semi-marathonien), vêtements décontractés, il travaille et milite en Seine-Saint-Denis depuis de nombreuses années et a présidé la Fédération des centres sociaux du département jusqu’à l’an dernier. Membre du Réseau éducation populaire du 93, la fédération réfléchit à la mise en place d’outils et de démarches facilitant la prise de parole des milieux populaires pour leur participation plus directe et continue à l’élaboration des politiques publiques [1].
Automne 2005
La « révolte urbaine » est particulièrement forte en Seine-Saint-Denis et les centres sociaux sont bien souvent aux premières loges. Au Blanc-Mesnil, plutôt que de fermer les portes de la structure qui a été dégradée, l’équipe de permanents et de bénévoles installe un barnum dehors, offre des cafés jusque tard dans la nuit, suscite la discussion avec les jeunes, les familles et les habitants du quartier. Ensemble, ils cherchent à comprendre le sens de ces violences. Sans les justifier, les adultes les comprennent. « Si ça brûle, c’est que nous sommes incapables de faire de la place aux jeunes, de leur donner des conditions pour réussir. Nous marchons sur la tête. Une société incapable de considérer la jeunesse comme son avenir, ne va nulle part », estiment-ils. « Sans tenir des propos révolutionnaires, les habitants posent un diagnostic très intéressant, avec leurs mots et leur ressenti », apprécie Pascal Aubert. Les premiers échanges portent sur les relations entres les jeunes et la police, la responsabilité de celle-ci dans le déclenchement des révoltes, puis très vite les discussions s’orientent vers les questions de réussite éducative, les inégalités subies par les jeunes des quartiers populaires, le manque de perspectives pour eux. Elles abordent aussi l’accès au logement et la non-représentation des habitants des quartiers populaires dans le débat public. Quatre autres centres sociaux du département s’emparent de ces questions et organisent des débats. L’ensemble de ces témoignages fera l’objet d’un film et, après les élections municipales, les éléments diagnostics et les axes forts dégagés par ce travail seront présentés par la population aux porteurs des politiques publiques du département. L’idée étant de partir de ces diagnostics et analyses pour réinterroger les politiques publiques.
En marche
Pour Pascal Aubert, le chemin vers la démocratie participative est inéluctable. Il juge obsolète le modèle très délégataire de la démocratie représentative française. « Depuis la Révolution, le pouvoir a très peur du peuple et le tient à distance, mais je pense que ce cycle se termine. Ce que nous percevons dans les centres sociaux, par exemple, laisse penser que nous sommes davantage confrontés à une crise de l’offre qu’à une crise de la demande de participation citoyenne. » Pour lui, les mouvements d’éducation populaire et les élus doivent travailler en concertation, même si les résistances sont fortes des deux côtés. « Dans nos mouvements, nous défendons l’idée de permettre aux gens de prendre la parole… sans pouvoir nous empêcher de la prendre à leur place !, rigole-t-il. Il nous faut pourtant rompre avec l’idée d’une avant-garde éclairée et nous situer réellement dans une fonction d’appui méthodologique permettant l’élaboration du point de vue de chacun. » Les mouvements d’éducation populaire – et notamment les grands réseaux qui se sont « institutionnalisés » – doivent apprendre à négocier avec les collectivités territoriales, tout en gardant leur identité et leur autonomie, une sorte d’autonomie négociée. Du côté des pouvoirs publics, si des efforts restent à faire pour travailler avec les mouvements associatifs et la population, Pascal Aubert, se déclare « foncièrement optimiste ». Depuis une quinzaine d’années, ce fonctionnaire territorial travaille au côté des élus et les a vus « bouger » sur la question de la démocratie participative. Voici quinze ans, seule une poignée de villes la mettaient en œuvre : à la Roche-sur-Yon, les habitants géraient les enveloppes budgétaires de leur quartier, à Grande-Synthe (Nord), l’association d’architectes Les Arpenteurs faisaient participer les habitants à l’élaboration des projets urbains… « Ces précurseurs passaient pour des quasi-hurluberlus. Or, aujourd’hui, pour un élu, ne pas parler de démocratie participative est presque une preuve de courage ! Depuis deux mandats électoraux, cette préoccupation monte fortement, en lien sans doute avec le taux d’abstention et la crise des institutions. » Voici donc venu pour les mouvements d’éducation populaire le temps de s’emparer de la question, d’être offensifs pour mettre en place la démocratie participative de façon plus continue, en valorisant les potentiels citoyens de la société locale.
On le voit, la question du développement de la participation des habitants, de leur prise de parole, passionne Pascal Aubert. Il est d’ailleurs l’un des initiateurs de Riv’Nord, un média local participatif installé à Saint-Denis, qui réalise et diffuse des documentaires avec les habitants des quartiers du département. « Ce qui m’intéresse est l’idée de participer au fondement d’un nouvel équilibre entre la société civile et le pouvoir central. Quoi qu’on en pense, les choses bougent en ce sens, nous sommes au cœur d’une mutation politique. » Et de citer un texte de l’historien Immanuel Wallerstein, soulignant que « dans les périodes de grande stabilité, bouger un tout petit peu les choses nécessite une énergie colossale alors que, dans les périodes d’instabilité – à condition de savoir clairement ce que l’on veut –, une énergie raisonnable permet de faire bouger le système. »En ligne : http://www.lien-social.com/Vers-la-democratie-participative Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=152487