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46 - octobre 2011 - Apprendre le travail (Bulletin de Agone : Histoire, Politique & Sociologie / Cairn.info) / Sylvain Laurens
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Titre : 46 - octobre 2011 - Apprendre le travail Type de document : texte imprimé Auteurs : Sylvain Laurens , Editeur scientifique ; Julian Mischi (1974-...)
, Editeur scientifique
Année de publication : 2011 Note générale : Résumés en anglais. Voir aussi, en hyperlien, "Les (futurs) ouvriers contre l’école..." / Sylvain Laurens et Julian Mischi, directeurs de la collection « L’ordre des choses », Éditions Agone Langues : Français (fre) Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Mots-clés : Economie entreprises Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise Systèmes d'organisation du travail Structure sociale Changement social Sociologie du travail classe sociale structure sociale Index. décimale : C-50 Travail Résumé : A l'occasion de la parution du livre de P. Willis, "L'école des ouvriers : comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers", ce dossier analyse le rôle de l'école dans la reproduction de l'ordre social ainsi que le rôle de la culture anti-école des élèves issus des classes populaires. La question des rapports dits de domination est également observée. Note de contenu : Table des matières : Éditorial : L'école & la clôture des destins sociaux
Sylvain Laurens et Julian Mischi 9
L'ensemble de l'expérience scolaire mérite d'être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d'insubordination qui s'y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s'exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d'autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l'autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L'ordre technique et l'ordre des choses, Claude Grignon 15
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l'opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l'homme cultivé, l'homme « véritablement homme », c'est qu'il est censé ne jamais agir - et ne jamais subir - à la manière d'un animal ou d'une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c'est mettre en oeuvre ce qui est censé appartenir en propre à l'homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d'agir et de penser reflètent nécessairement leur type d'activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l'exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975-1981)
Sylvain Laurens & Julian Mischi 33
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! » C'est sous ce slogan qu'une politique gouvernementale s'engage en janvier 1976 sous l'impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d'Estaing secrétaire d'État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au coeur d'une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l'occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d'un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d'opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciens ; mais ils semblent toutefois subitement (re)devenir d'actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel/manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, entretien avec Paul Willis
Sylvain Laurens & Julian Mischi 65
Je n'en appelle pas à porter attention aux « frémissements d'en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l'espoir de répondre à la question de Howard Becker : « De quel côté sommes-nous ? » J'en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d'une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d'une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n'avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l'étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu'à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C'est à ce prix que l'on comprendra que ce qui s'apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d'origine populaire dans l'école massifiée, Ugo Palheta 87
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd'hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L'argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d'origine populaire d'accéder à l'enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d'une mobilité sociale par l'école, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n'est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d'une étude sur l'enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d'enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l'oeuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette 113
Ce que les membres de l'institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s'éclaire de manière différente à l'aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anticonformistes » non réductibles à la notion d'« échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l'école ouvrière, la « culture anti-école » aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles ». La mise en équivalence entre arrêt d'études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l'institution scolaire, de même que « l'orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion même d'échec nécessite dès lors d'être déconstruite (voire refusée) parce qu'elle impose l'idée que les jeunes concernées seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l'institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l'accès et la valorisation de l'indépendance.
Les enjeux de l'apprentissage du métier d'agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon 137
À la famille et l'école, s'ajoute un troisième acteur placé en situation d'intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l'enseignement agricole et plus largement dans l'enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d'établissement. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d'agriculture, interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d'information qu'ils proposent. On le pressent : le métier d'agriculteur tel qu'il est transmis dans les familles, les centres de formation et les stages pratiques n'est peut-être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d'appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L'ajustement progressif au travail d'ouvrier qualifié, Séverine Misset 159
Si, dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l'enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l'apparition de discours positifs sur l'école ainsi que par l'affirmation récurrente d'une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d'« élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu'au sein de l'atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d'analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d'entre eux le rapport positif à l'enseignement professionnel, en montrant comment s'opère un ajustement progressif à la condition d'ouvrier qualifié.
Résumés en anglais - Summaries 187
Histoire radicale
Vittorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution
Claudio Albertani 193
Traduit de l'espagnol par Miguel Chueca et présenté par Charles Jacquier
La Leçon des choses
Dossier « Actualité de Perry Anderson. Portrait d'un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique
Philippe Olivera 221
Sur la réaction en chaîne dans le monde arabe, Perry Anderson 229
Traduit de l'anglais par Étienne DobenesqueEn ligne : http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Les-futurs-ouvriers-contre-l-ecole,1175 Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=39279 [n° ou bulletin] 46 - octobre 2011 - Apprendre le travail [texte imprimé] / Sylvain Laurens, Editeur scientifique ; Julian Mischi (1974-...)
, Editeur scientifique . - 2011.
Résumés en anglais. Voir aussi, en hyperlien, "Les (futurs) ouvriers contre l’école..." / Sylvain Laurens et Julian Mischi, directeurs de la collection « L’ordre des choses », Éditions Agone
Langues : Français (fre)
Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Mots-clés : Economie entreprises Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise Systèmes d'organisation du travail Structure sociale Changement social Sociologie du travail classe sociale structure sociale Index. décimale : C-50 Travail Résumé : A l'occasion de la parution du livre de P. Willis, "L'école des ouvriers : comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers", ce dossier analyse le rôle de l'école dans la reproduction de l'ordre social ainsi que le rôle de la culture anti-école des élèves issus des classes populaires. La question des rapports dits de domination est également observée. Note de contenu : Table des matières : Éditorial : L'école & la clôture des destins sociaux
Sylvain Laurens et Julian Mischi 9
L'ensemble de l'expérience scolaire mérite d'être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d'insubordination qui s'y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s'exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d'autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l'autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L'ordre technique et l'ordre des choses, Claude Grignon 15
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l'opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l'homme cultivé, l'homme « véritablement homme », c'est qu'il est censé ne jamais agir - et ne jamais subir - à la manière d'un animal ou d'une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c'est mettre en oeuvre ce qui est censé appartenir en propre à l'homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d'agir et de penser reflètent nécessairement leur type d'activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l'exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975-1981)
Sylvain Laurens & Julian Mischi 33
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! » C'est sous ce slogan qu'une politique gouvernementale s'engage en janvier 1976 sous l'impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d'Estaing secrétaire d'État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au coeur d'une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l'occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d'un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d'opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciens ; mais ils semblent toutefois subitement (re)devenir d'actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel/manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, entretien avec Paul Willis
Sylvain Laurens & Julian Mischi 65
Je n'en appelle pas à porter attention aux « frémissements d'en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l'espoir de répondre à la question de Howard Becker : « De quel côté sommes-nous ? » J'en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d'une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d'une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n'avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l'étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu'à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C'est à ce prix que l'on comprendra que ce qui s'apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d'origine populaire dans l'école massifiée, Ugo Palheta 87
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd'hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L'argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d'origine populaire d'accéder à l'enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d'une mobilité sociale par l'école, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n'est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d'une étude sur l'enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d'enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l'oeuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette 113
Ce que les membres de l'institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s'éclaire de manière différente à l'aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anticonformistes » non réductibles à la notion d'« échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l'école ouvrière, la « culture anti-école » aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles ». La mise en équivalence entre arrêt d'études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l'institution scolaire, de même que « l'orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion même d'échec nécessite dès lors d'être déconstruite (voire refusée) parce qu'elle impose l'idée que les jeunes concernées seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l'institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l'accès et la valorisation de l'indépendance.
Les enjeux de l'apprentissage du métier d'agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon 137
À la famille et l'école, s'ajoute un troisième acteur placé en situation d'intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l'enseignement agricole et plus largement dans l'enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d'établissement. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d'agriculture, interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d'information qu'ils proposent. On le pressent : le métier d'agriculteur tel qu'il est transmis dans les familles, les centres de formation et les stages pratiques n'est peut-être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d'appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L'ajustement progressif au travail d'ouvrier qualifié, Séverine Misset 159
Si, dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l'enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l'apparition de discours positifs sur l'école ainsi que par l'affirmation récurrente d'une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d'« élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu'au sein de l'atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d'analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d'entre eux le rapport positif à l'enseignement professionnel, en montrant comment s'opère un ajustement progressif à la condition d'ouvrier qualifié.
Résumés en anglais - Summaries 187
Histoire radicale
Vittorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution
Claudio Albertani 193
Traduit de l'espagnol par Miguel Chueca et présenté par Charles Jacquier
La Leçon des choses
Dossier « Actualité de Perry Anderson. Portrait d'un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique
Philippe Olivera 221
Sur la réaction en chaîne dans le monde arabe, Perry Anderson 229
Traduit de l'anglais par Étienne DobenesqueEn ligne : http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Les-futurs-ouvriers-contre-l-ecole,1175 Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=39279 ContientRéservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 6651 C-50 LAU Périodiques Centre de Documentation Carrières Sociales Economie - Economie Sociale et Solidaire Disponible Des agents de l’État interchangeables ? / Sylvain Laurens in Politix, revue des sciences sociales du politique / Cairn et Persée, n° 115 (2016/3)
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Apprendre le travail : Dossier / Sylvain Laurens in Agone : Histoire, Politique & Sociologie / Cairn.info, 46 (octobre 2011)
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[article]
Titre : Apprendre le travail : Dossier Type de document : texte imprimé Auteurs : Sylvain Laurens , Directeur de la recherche ; Julian Mischi (1974-...)
, Directeur de la recherche
Année de publication : 2011 Article en page(s) : pp. 3-190 Langues : Français (fre) Catégories : D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE:Systèmes sociaux:Comportement social:Socialisation Process through which individuals internalize the values, beliefs and norms of a society and learn to function as its members.; F POPULATIONS - ETUDES DE CAS:D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE :4.45 Etablissements humains et utilisation des terres:Zone rurale:Population rurale:Agriculteur ; G ENSEIGNEMENT - EDUCATION:Etablissements d'enseignement:École ; G ENSEIGNEMENT - EDUCATION:Evaluation de l'éducation:Rendement scolaire:Échec scolaireMots-clés : SOZIALISATION SOCIALIZACION SCHULE SCHOOL ESCUELA ARBEITER WORKER OBRERO OUVRIER SOZIALE BEZIEHUNG SOCIAL RELATIONSHIP RELACION SOCIAL RELATION SOCIALE SOZIALE HERKUNFT SOCIAL ORIGIN ORIGEN SOCIAL ORIGINE SOCIALE ARBEITERKLASSE WORKING CLASS CLASE OBRERA CLASSE POPULAIRE AUSWAHL SELECTION SELECCION WILLIS FACHGYMNASIUM VOCATIONAL UPPER SECONDARY SCHOOL ESCUELA SECUNDARIA TECNICA LYCEE PROFESSIONNEL SCHULVERSAGEN FAILURE AT SCHOOL FRACASO ESCOLAR LANDWIRT FARMER AGRICULTOR BILDUNGSWESEN LANDWIRTSCHAFT EDUCATION BY THE MINISTRY OF AGRICULTURE ENSENANZA AGRICULTURA ENSEIGNEMENT AGRICULTURE FACHARBEITER SKILLED WORKER OBRERO CALIFICADO OUVRIER QUALIFIE GEWERBLICH-TECHNISCHES AUSBILDUNGSWESEN TECHNICAL AND VOCATIONAL EDUCATION ENSENANZA TECNICO-PROFESIONAL ENSEIGNEMENT TECHNIQUE-PROFESSIONNEL Résumé : SOMMAIRE
Éditorial : L’école & la clôture des destins sociaux, Sylvain Laurens & Julian Mischi
L’ensemble de l’expérience scolaire mérite d’être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d’insubordination qui s’y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s’exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d’autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l’autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L’ordre technique et l’ordre des choses, Claude Grignon
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l’opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l’homme cultivé, l’homme « véritablement homme », c’est qu’il est censé ne jamais agir – et ne jamais subir – à la manière d’un animal ou d’une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c’est mettre en œuvre ce qui est censé appartenir en propre à l’homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d’agir et de penser reflètent nécessairement leur type d’activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l’exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975–1981), Sylvain Laurens & Julian Mischi
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! ». C’est sous ce slogan qu’une politique gouvernementale s’engage en janvier 1976 sous l’impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d’Estaing secrétaire d’État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au cœur d’une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l’occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d’un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d’opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciennes ; mais elles semblent toutefois subitement (re)devenir d’actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel / manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, Entretien avec Paul Willis, Sylvain Laurens & Julian Mischi
Je n’en appelle pas à porter attention aux « frémissements d’en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l’espoir de répondre à la question d’Howard Becker « De quel côté sommes nous ? » J’en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d’une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d’une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n’avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l’étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu’à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C’est à ce prix que l’on comprendra que ce qui s’apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d’origine populaire dans l’École massifiée, Ugo Palheta
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd’hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L’argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d’origine populaire d’accéder à l’enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d’une mobilité sociale par l’École, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n’est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d’une étude sur l’enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d’enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l’œuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette
Ce que les membres de l’institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s’éclairent de manière différente à l’aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anti-conformistes » non réductibles à la notion d’ « échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l’école ouvrière, la “culture anti-école” aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles. » La mise en équivalence entre arrêt d’études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l’institution scolaire, de même que « l’orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion elle-même d’échec nécessite dès lors d’être déconstruite (voire refusée) parce qu’elle impose l’idée que les jeunes concernés seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l’institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l’accès et la valorisation de l’indépendance.
Les enjeux de l’apprentissage du métier d’agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon
À la famille et l’école, s’ajoute un troisième acteur placé en situation d’intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l’enseignement agricole et plus largement dans l’enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d’établissements. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d’agriculture interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d’information qu’ils proposent. On le pressent : le métier d’agriculteur tel qu’il est transmis dans les familles, les centres de formations et les stages pratiques n’est peut être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d’appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L’ajustement progressif au travail d’ouvrier qualifié, Séverine Misset
Si dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l’enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l’apparition de discours positifs sur l’école ainsi que par l’affirmation récurrente d’une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d’ « élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu’au sein de l’atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d’analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d’entre eux le rapport positif à l’enseignement professionnel, en montrant comment s’opère un ajustement progressif à la condition d’ouvrier qualifié.
HISTOIRE RADICALE
Victorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution, Claudio Albertani, traduit de l’italien par Miguel Chueca, présentation de Charles Jacquier
LA LEÇON DES CHOSES
Dossier « Actualités de Perry Anderson. Portrait d’un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique, Philippe Olivera
Sur la réaction en chaîne dans le monde Arabe, Perry Anderson, traduit de l’anglais par Étienne DobenesqueNote de contenu : Version PDF, en hyperlien
En ligne : https://agone.org/libre/ebook_2432.pdf Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=147200
in Agone : Histoire, Politique & Sociologie / Cairn.info > 46 (octobre 2011) . - pp. 3-190[article] Apprendre le travail : Dossier [texte imprimé] / Sylvain Laurens, Directeur de la recherche ; Julian Mischi (1974-...)
, Directeur de la recherche . - 2011 . - pp. 3-190.
Langues : Français (fre)
in Agone : Histoire, Politique & Sociologie / Cairn.info > 46 (octobre 2011) . - pp. 3-190
Catégories : D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE:Systèmes sociaux:Comportement social:Socialisation Process through which individuals internalize the values, beliefs and norms of a society and learn to function as its members.; F POPULATIONS - ETUDES DE CAS:D SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE - ANTHROPOLOGIE :4.45 Etablissements humains et utilisation des terres:Zone rurale:Population rurale:Agriculteur ; G ENSEIGNEMENT - EDUCATION:Etablissements d'enseignement:École ; G ENSEIGNEMENT - EDUCATION:Evaluation de l'éducation:Rendement scolaire:Échec scolaireMots-clés : SOZIALISATION SOCIALIZACION SCHULE SCHOOL ESCUELA ARBEITER WORKER OBRERO OUVRIER SOZIALE BEZIEHUNG SOCIAL RELATIONSHIP RELACION SOCIAL RELATION SOCIALE SOZIALE HERKUNFT SOCIAL ORIGIN ORIGEN SOCIAL ORIGINE SOCIALE ARBEITERKLASSE WORKING CLASS CLASE OBRERA CLASSE POPULAIRE AUSWAHL SELECTION SELECCION WILLIS FACHGYMNASIUM VOCATIONAL UPPER SECONDARY SCHOOL ESCUELA SECUNDARIA TECNICA LYCEE PROFESSIONNEL SCHULVERSAGEN FAILURE AT SCHOOL FRACASO ESCOLAR LANDWIRT FARMER AGRICULTOR BILDUNGSWESEN LANDWIRTSCHAFT EDUCATION BY THE MINISTRY OF AGRICULTURE ENSENANZA AGRICULTURA ENSEIGNEMENT AGRICULTURE FACHARBEITER SKILLED WORKER OBRERO CALIFICADO OUVRIER QUALIFIE GEWERBLICH-TECHNISCHES AUSBILDUNGSWESEN TECHNICAL AND VOCATIONAL EDUCATION ENSENANZA TECNICO-PROFESIONAL ENSEIGNEMENT TECHNIQUE-PROFESSIONNEL Résumé : SOMMAIRE
Éditorial : L’école & la clôture des destins sociaux, Sylvain Laurens & Julian Mischi
L’ensemble de l’expérience scolaire mérite d’être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d’insubordination qui s’y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s’exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d’autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l’autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L’ordre technique et l’ordre des choses, Claude Grignon
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l’opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l’homme cultivé, l’homme « véritablement homme », c’est qu’il est censé ne jamais agir – et ne jamais subir – à la manière d’un animal ou d’une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c’est mettre en œuvre ce qui est censé appartenir en propre à l’homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d’agir et de penser reflètent nécessairement leur type d’activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l’exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975–1981), Sylvain Laurens & Julian Mischi
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! ». C’est sous ce slogan qu’une politique gouvernementale s’engage en janvier 1976 sous l’impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d’Estaing secrétaire d’État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au cœur d’une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l’occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d’un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d’opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciennes ; mais elles semblent toutefois subitement (re)devenir d’actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel / manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, Entretien avec Paul Willis, Sylvain Laurens & Julian Mischi
Je n’en appelle pas à porter attention aux « frémissements d’en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l’espoir de répondre à la question d’Howard Becker « De quel côté sommes nous ? » J’en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d’une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d’une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n’avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l’étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu’à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C’est à ce prix que l’on comprendra que ce qui s’apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d’origine populaire dans l’École massifiée, Ugo Palheta
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd’hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L’argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d’origine populaire d’accéder à l’enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d’une mobilité sociale par l’École, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n’est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d’une étude sur l’enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d’enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l’œuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette
Ce que les membres de l’institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s’éclairent de manière différente à l’aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anti-conformistes » non réductibles à la notion d’ « échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l’école ouvrière, la “culture anti-école” aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles. » La mise en équivalence entre arrêt d’études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l’institution scolaire, de même que « l’orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion elle-même d’échec nécessite dès lors d’être déconstruite (voire refusée) parce qu’elle impose l’idée que les jeunes concernés seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l’institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l’accès et la valorisation de l’indépendance.
Les enjeux de l’apprentissage du métier d’agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon
À la famille et l’école, s’ajoute un troisième acteur placé en situation d’intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l’enseignement agricole et plus largement dans l’enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d’établissements. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d’agriculture interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d’information qu’ils proposent. On le pressent : le métier d’agriculteur tel qu’il est transmis dans les familles, les centres de formations et les stages pratiques n’est peut être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d’appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L’ajustement progressif au travail d’ouvrier qualifié, Séverine Misset
Si dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l’enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l’apparition de discours positifs sur l’école ainsi que par l’affirmation récurrente d’une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d’ « élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu’au sein de l’atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d’analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d’entre eux le rapport positif à l’enseignement professionnel, en montrant comment s’opère un ajustement progressif à la condition d’ouvrier qualifié.
HISTOIRE RADICALE
Victorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution, Claudio Albertani, traduit de l’italien par Miguel Chueca, présentation de Charles Jacquier
LA LEÇON DES CHOSES
Dossier « Actualités de Perry Anderson. Portrait d’un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique, Philippe Olivera
Sur la réaction en chaîne dans le monde Arabe, Perry Anderson, traduit de l’anglais par Étienne DobenesqueNote de contenu : Version PDF, en hyperlien
En ligne : https://agone.org/libre/ebook_2432.pdf Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=147200 Les entrepreneurs de la « nouvelle entreprise » : Acteurs, pratiques et dispositifs d'une écriture institutionnelle : Introduction au dossier / Isabel Boni-Le Goff in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info, 89 (2013/1)
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[article]
Titre : Les entrepreneurs de la « nouvelle entreprise » : Acteurs, pratiques et dispositifs d'une écriture institutionnelle : Introduction au dossier Type de document : document électronique Auteurs : Isabel Boni-Le Goff, Auteur ; Sylvain Laurens , Auteur
Année de publication : 2013 Langues : Français (fre) Note de contenu : Plan de l'article :
CE QUE LES FIGURES DE LA « NOUVELLE ENTREPRISE » DOIVENT AUX CATÉGORIES D'ÉTAT
UNE SOCIOLOGIE DE LA PRODUCTION SYMBOLIQUE DES ENTREPRISES
ENTRE CONTRAINTES ÉCONOMIQUES ET MONOPOLES INSTITUÉS DANS LE CHAMP POLITIQUEEn ligne : https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2013-1-page-5.htm Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=195008
in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info > 89 (2013/1)[article] Les entrepreneurs de la « nouvelle entreprise » : Acteurs, pratiques et dispositifs d'une écriture institutionnelle : Introduction au dossier [document électronique] / Isabel Boni-Le Goff, Auteur ; Sylvain Laurens, Auteur . - 2013.
Langues : Français (fre)
in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info > 89 (2013/1)
Note de contenu : Plan de l'article :
CE QUE LES FIGURES DE LA « NOUVELLE ENTREPRISE » DOIVENT AUX CATÉGORIES D'ÉTAT
UNE SOCIOLOGIE DE LA PRODUCTION SYMBOLIQUE DES ENTREPRISES
ENTRE CONTRAINTES ÉCONOMIQUES ET MONOPOLES INSTITUÉS DANS LE CHAMP POLITIQUEEn ligne : https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2013-1-page-5.htm Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=195008
[article]
Titre : Figures patronales Type de document : texte imprimé Auteurs : Pluralité d'auteurs ; Émilie Aunis, Auteur ; Sébastien Michon (1976-....) , Auteur ; Lila Chouli, Auteur ; Laurent Willemez (1970-...)
, Auteur ; Louis Weber, Auteur ; Frédéric Lebaron (1969-...)
, Auteur ; Etienne Douat (1974-...), Auteur ; Nicolas Jounin (1981-...)
, Auteur ; Gérard Mauger (1943-...)
, Auteur ; Hélène Michel (1970-...), Auteur ; Sylvain Laurens
, Auteur ; Frédéric Pierru (1971-...)
, Auteur ; Nathalie Ethuin (1976-...), Auteur ; Willy Beauvallet, Auteur ; Louise Paternoster, Auteur ; Pierre Mayance, Auteur ; François-Xavier Dudouet, Auteur ; Éric Grémont, Auteur ; Sabine Rozier, Auteur ; Michel Offerlé (1947-...)
, Personne interviewée
Année de publication : Décembre 2009 Article en page(s) : pp. 5-149 Langues : Français (fre) Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE:Gestion du personnel:Personnel:Employeur Mots-clés : Management Patronat Résumé : "Le «patronat» n’est souvent connu qu’à travers quelques noms et quelques sigles. Ce qui masque les réalités contrastées d’un groupe social très hétérogène. Quoi de commun entre le patron autodidacte d’une PME, le PDG d’une multinationale sorti d’une grande école, l’agriculteur d’une petite exploitation, ou encore le directeur militant d’un établissement médicosocial? Ni leurs formations ni leurs revenus ne sont comparables. Leurs carrières professionnelles sont disparates. Pourtant, ils sont des «employeurs» pour le code du travail. Ils se définissent comme «patrons» et s’identifient à l’entreprise et à «l’esprit d’entreprise» qui l’accompagne, même si tous n’en ont pas la même conception.
Ce numéro de Savoir/Agir se propose de revenir en détail sur les figures multiformes des patrons. Premier pas vers une actualisation de la critique politique ou militante, les contributions de ce dossier entendent faciliter la connaissance de ce monde patronal et des organisations à travers lesquelles se structure une représentation des intérêts financiers, industriels mais aussi des employeurs agricoles ou des entrepreneurs artisans. Elles montrent non seulement comment sont produits des collectifs et des positions politiques homogènes et cohérentes, mais aussi de quelle manière ces productions acquièrent une force sociale et politique."Note de contenu : Sommaire
Éditorial - Retour à la normale? (Fr. Lebaron)
Dossier - Figures patronales (H. Michel, S. Laurens) / Un patron peut en cacher un autre (N. Jounin, L. Paternoster) / Défendre «l’agriculture» ou les «employeurs agricoles»? (P. Mayance) / Les employeurs de l’économie sociale: des patrons comme les autres? (H. Michel, L. Willemez) / Les grands patrons français et la crise financière (Fr.-X. Dudouet, É. Grémont) / Les clercs du génie patronal (Fr. Pierru) / Une «piqûre d’économie» (S. Rozier)
Grand entretien - Un patronat entre unité et divisions (M. Offerlé)
Paroles - Le monde ouvrier revient dans l’actualité (É. Aunis)
La rhétorique réactionnaire - Mérite (G. Mauger)
Chronique de la gauche de gauche - Régionales 2010: un remake pour la gauche de gauche? (L. Weber)
Actualité - De l’amende à la cagnotte: «innovations» et lieux communs autour de l’absentéisme scolaire (É. Douat)
Europe - Les élections européennes de juin 2009 (W. Beauvallet, S. Michon)
Politiques d’ailleurs - Le néolibéralisme dans l’enseignement supérieur burkinabé (L. Chouli)
Alterindicateurs - Le rapport Stiglitz: vers une révolution statistique? (Fr. Lebaron)
Culture - Fortunes et infortunes des familles du Nord (N. Ethuin) / Après «la classe ouvrière» (G. Mauger)
Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=108730
in Savoir/Agir / Cairn.info > 10 (Décembre 2009) . - pp. 5-149[article] Figures patronales [texte imprimé] / Pluralité d'auteurs ; Émilie Aunis, Auteur ; Sébastien Michon (1976-....), Auteur ; Lila Chouli, Auteur ; Laurent Willemez (1970-...)
, Auteur ; Louis Weber, Auteur ; Frédéric Lebaron (1969-...)
, Auteur ; Etienne Douat (1974-...), Auteur ; Nicolas Jounin (1981-...)
, Auteur ; Gérard Mauger (1943-...)
, Auteur ; Hélène Michel (1970-...), Auteur ; Sylvain Laurens
, Auteur ; Frédéric Pierru (1971-...)
, Auteur ; Nathalie Ethuin (1976-...), Auteur ; Willy Beauvallet, Auteur ; Louise Paternoster, Auteur ; Pierre Mayance, Auteur ; François-Xavier Dudouet, Auteur ; Éric Grémont, Auteur ; Sabine Rozier, Auteur ; Michel Offerlé (1947-...)
, Personne interviewée . - Décembre 2009 . - pp. 5-149.
Langues : Français (fre)
in Savoir/Agir / Cairn.info > 10 (Décembre 2009) . - pp. 5-149
Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE:Gestion du personnel:Personnel:Employeur Mots-clés : Management Patronat Résumé : "Le «patronat» n’est souvent connu qu’à travers quelques noms et quelques sigles. Ce qui masque les réalités contrastées d’un groupe social très hétérogène. Quoi de commun entre le patron autodidacte d’une PME, le PDG d’une multinationale sorti d’une grande école, l’agriculteur d’une petite exploitation, ou encore le directeur militant d’un établissement médicosocial? Ni leurs formations ni leurs revenus ne sont comparables. Leurs carrières professionnelles sont disparates. Pourtant, ils sont des «employeurs» pour le code du travail. Ils se définissent comme «patrons» et s’identifient à l’entreprise et à «l’esprit d’entreprise» qui l’accompagne, même si tous n’en ont pas la même conception.
Ce numéro de Savoir/Agir se propose de revenir en détail sur les figures multiformes des patrons. Premier pas vers une actualisation de la critique politique ou militante, les contributions de ce dossier entendent faciliter la connaissance de ce monde patronal et des organisations à travers lesquelles se structure une représentation des intérêts financiers, industriels mais aussi des employeurs agricoles ou des entrepreneurs artisans. Elles montrent non seulement comment sont produits des collectifs et des positions politiques homogènes et cohérentes, mais aussi de quelle manière ces productions acquièrent une force sociale et politique."Note de contenu : Sommaire
Éditorial - Retour à la normale? (Fr. Lebaron)
Dossier - Figures patronales (H. Michel, S. Laurens) / Un patron peut en cacher un autre (N. Jounin, L. Paternoster) / Défendre «l’agriculture» ou les «employeurs agricoles»? (P. Mayance) / Les employeurs de l’économie sociale: des patrons comme les autres? (H. Michel, L. Willemez) / Les grands patrons français et la crise financière (Fr.-X. Dudouet, É. Grémont) / Les clercs du génie patronal (Fr. Pierru) / Une «piqûre d’économie» (S. Rozier)
Grand entretien - Un patronat entre unité et divisions (M. Offerlé)
Paroles - Le monde ouvrier revient dans l’actualité (É. Aunis)
La rhétorique réactionnaire - Mérite (G. Mauger)
Chronique de la gauche de gauche - Régionales 2010: un remake pour la gauche de gauche? (L. Weber)
Actualité - De l’amende à la cagnotte: «innovations» et lieux communs autour de l’absentéisme scolaire (É. Douat)
Europe - Les élections européennes de juin 2009 (W. Beauvallet, S. Michon)
Politiques d’ailleurs - Le néolibéralisme dans l’enseignement supérieur burkinabé (L. Chouli)
Alterindicateurs - Le rapport Stiglitz: vers une révolution statistique? (Fr. Lebaron)
Culture - Fortunes et infortunes des familles du Nord (N. Ethuin) / Après «la classe ouvrière» (G. Mauger)
Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=108730 PermalinkPermalink« Il faut de tout pour faire un monde clos » / Sylvain Laurens in Actes de la recherche en sciences sociales / BU de l'IUT et Cairn.info, 195 (2012/5 - 14 janvier 2013)
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PermalinkPermalinkPourquoi et comment poser les questions qui fâchent ? : réflexions sur les dilemmes récurents que posent les entretiens avec des imposants / Sylvain Laurens in Genèses : sciences sociales et histoire / Cairn.info et Persée, Genèses n° 69 décembre 2007 p.112-127 (15/01/2008)
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