Titre : |
L'École une bonne affaire ? : institutions éducatives, marché scolaire et entreprises, XVIe siècle-XXe siècle |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Jean-François Condette (1965-...), Directeur de la recherche |
Editeur : |
Villeneuve d'Ascq : Revue du Nord |
Année de publication : |
2013 |
Collection : |
Histoire (Villeneuve d'Ascq), ISSN 0983-2327 num. 29 |
Importance : |
394 p. |
Présentation : |
ill. en noir et en coul., cartes, couv. ill. en coul. |
Format : |
24 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-9538216-7-3 |
Prix : |
29 € |
Catégories : |
G ENSEIGNEMENT - EDUCATION
|
Mots-clés : |
Écoles -- Aspect économique -- France -- Histoire |
Index. décimale : |
G-01 Histoire sur l'enseignement (subdiv. par siècles) |
Résumé : |
Dans la continuité des journées d’études organisées au sein du CREHS (EA 4027) de l’Université d’Artois en 2010 et qui ont porté sur Le coût des études, ses implications scolaires, sociales et politiques, montrant l’importance et la diversité des contributeurs à la dépense d’éducation, la complexité des montages financiers et des modalités de financement des réalités scolaires, tout en analysant les politiques d’aide ou d’exemption des droits pour les élèves et les étudiants ainsi que leurs implications sociales multiples, il s’agit cette fois d’étudier les liens qui existent entre les structures éducatives et les réalités économiques mais en faisant le choix de décaler l’angle d’approche pour l’externaliser, adoptant le regard du fournisseur de services pour lequel l’éducation est un marché à satisfaire. L’acte éducatif en effet, même s’il a pour finalité un but désintéressé – qui peut être le développement maximal des aptitudes de tout être humain – exige un certain nombre de locaux, de supports et de matériels pédagogiques que doivent fournir diverses entreprises spécialisées ou généralistes. Sur la longue durée, au travers des dix-huit contributions proposées dans ce numéro spécial de la Revue du Nord, et qui reprennent les journées arrageoises de 2011, se dégagent certaines constances. La présence d’une institution scolaire ou universitaire apparaît bien pour l’espace qui l’accueille comme un enjeu économique majeur par l’importance et la variété du “marché éducatif” à satisfaire que l’on songe simplement ici aux bâtiments à construire ou à loger. L’édition scolaire et les objets pédagogiques, sous toutes leurs formes, alimentent également un commerce important. Entre “l’État et le marché”, le secteur scolaire et universitaire apparaît parfois assez spécifique par les contraintes imposées par le Ministère, même si les logiques mercantiles existent assurément. L’existence d’une offre éducative marchande privée face aux établissements publics, les possibles “guerres tarifaires”, le développement des entreprises de soutien scolaire témoignent de la force de ce marché éducatif. Le monde patronal, les entreprises, les chambres de commerce ne sont pas indifférents, loin de là, à cette nécessité éducative et investissent souvent le champ scolaire et universitaire, en créant leurs propres structures de formation ou en soutenant les institutions existantes comme le firent longtemps les compagnies minières en lien avec la faculté des sciences de Lille. Des liens étroits, pas toujours dénués d’ambiguïté, se tissent alors, même si la mesure du “retour sur investissement” est souvent difficile à mesurer. On perçoit ici toute l’actualité des évolutions historiques dégagées. |
Note de contenu : |
Note de lecture, en hyperlien : "Le titre du livre doit se comprendre par référence à un autre volume récemment publié, qui traitait de l’histoire du financement de l’école par l’Église, les communes, les familles et l’État1. C’est en quelque sorte le versant externe de l’économie de l’école qui forme le sujet du présent ouvrage, la question posée étant celle des bénéfices que des entreprises privées ont pu retirer du fonctionnement de l’école publique, que ce soit au niveau local, régional ou national. De ce point de vue, les communications réunies par J.-F. Condette, issues de deux journées d’études tenues à l’université d’Artois en 2011, constituent un ensemble très neuf, qui intéresse de diverses façons l’histoire économique et sociale, au delà même du Nord de la France, qui est légitimement privilégiée avec neuf contributions, sur les dix-huit qui composent le recueil.
Est donc évoquée une large gamme d’entreprises, petites ou grandes, qui ont pu tirer profit du fonctionnement des établissements d’enseignement. Entreprises du bâtiment (F. Robert, J.-F. Condette, S. Zenouda), fournisseurs de matériel didactique (M. Fontaine, J.-G. Egginger), libraires (P. Moulis, V. Castagnet), auteurs et éditeurs de livres scolaires (F. Marcoin) et, pour la période la plus récente, entreprises de ramassage scolaire (J.-F. Grevet) ou assurant des cours particuliers (D. Glasman). Des établissements d’enseignement privés, catholiques ou non-confessionnels, peuvent eux-mêmes apparaître comme des bénéficiaires collatéraux de l’existence du système d’enseignement public, soit qu’ils aient suppléé à ses insuffisances (J. Krop), soit qu’ils aient plutôt répondu à des demandes spécifiques des familles (P. Marchand).
Toutes ces entreprises font-elles réellement une « bonne affaire » en travaillant pour l’école ? L’expression suggère des profits particulièrement plantureux, mais la réponse donnée par les auteurs est le plus souvent dubitative, faute de sources permettant d’évaluer ces profits. Le négatif semble parfois l’importer sur le positif, en raison des contraintes budgétaires fortes et des rigidités réglementaires que connaissent souvent les établissements ou les autorités qui les financent. En tout cas, l’ouvrage montre que, sur les marges ou la périphérie d’un enseignement public plus ou moins gratuit, a toujours existé et continue à exister une zone d’intérêts marchands où s’activent des acteurs de toutes tailles.
Par ailleurs, plusieurs des contributions analysent des formes d’investissement qui dépassent largement les intérêts purement financiers ou marchands. Tels les fonds accordés à la faculté des sciences de Lille par les compagnies minières de la région, qui attendent des retombées utilisables des recherches géologiques qui y sont menées (A. Matrion) ; le développement des cours de sténographie et de dactylographie sous la IIIe République, dû à la conjonction d’un lobbying à la fois patronal, associatif et philanthropique (S. Lembré) ; l’engagement des chambres de commerce dans l’orientation et l’enseignement professionnels, dans le contexte difficile de l’Entre-deux-guerres (J. Martin) ; ou encore l’histoire de l’école d’apprentissage de Renault (1919-1989), qui permet d’évaluer l’intérêt que l’entreprise a vu à assurer elle-même la formation de ses ouvriers, puis à se satisfaire de celle qu’offraient les lycées techniques (E. Quenson).
Entre les acteurs économiques locaux sollicités par le simple fonctionnement des établissements d’enseignement – il faut bien les construire, puis les entretenir…-, les investissements à moyen ou long terme que les entreprises ou le patronat opèrent, de leur propre initiative, dans la formation ou la recherche, et la production marchande de services dont l’école publique offre l’opportunité, à sa périphérie, la gamme des « affaires » étudiées ici est donc fort large. On doit souligner en tout cas la grande qualité des textes réunis par J.–F. Condette, qui résultent de solides recherches, originales ou re-problématisées en fonction de la question posée dans le titre." Pierre CASPARD |
En ligne : |
http://www.lemouvementsocial.net/comptes-rendus/jean-francois-condette-dir-lecol [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=149993 |
L'École une bonne affaire ? : institutions éducatives, marché scolaire et entreprises, XVIe siècle-XXe siècle [texte imprimé] / Jean-François Condette (1965-...), Directeur de la recherche . - Villeneuve d'Ascq : Revue du Nord, 2013 . - 394 p. : ill. en noir et en coul., cartes, couv. ill. en coul. ; 24 cm. - ( Histoire (Villeneuve d'Ascq), ISSN 0983-2327; 29) . ISBN : 978-2-9538216-7-3 : 29 €
Catégories : |
G ENSEIGNEMENT - EDUCATION
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Mots-clés : |
Écoles -- Aspect économique -- France -- Histoire |
Index. décimale : |
G-01 Histoire sur l'enseignement (subdiv. par siècles) |
Résumé : |
Dans la continuité des journées d’études organisées au sein du CREHS (EA 4027) de l’Université d’Artois en 2010 et qui ont porté sur Le coût des études, ses implications scolaires, sociales et politiques, montrant l’importance et la diversité des contributeurs à la dépense d’éducation, la complexité des montages financiers et des modalités de financement des réalités scolaires, tout en analysant les politiques d’aide ou d’exemption des droits pour les élèves et les étudiants ainsi que leurs implications sociales multiples, il s’agit cette fois d’étudier les liens qui existent entre les structures éducatives et les réalités économiques mais en faisant le choix de décaler l’angle d’approche pour l’externaliser, adoptant le regard du fournisseur de services pour lequel l’éducation est un marché à satisfaire. L’acte éducatif en effet, même s’il a pour finalité un but désintéressé – qui peut être le développement maximal des aptitudes de tout être humain – exige un certain nombre de locaux, de supports et de matériels pédagogiques que doivent fournir diverses entreprises spécialisées ou généralistes. Sur la longue durée, au travers des dix-huit contributions proposées dans ce numéro spécial de la Revue du Nord, et qui reprennent les journées arrageoises de 2011, se dégagent certaines constances. La présence d’une institution scolaire ou universitaire apparaît bien pour l’espace qui l’accueille comme un enjeu économique majeur par l’importance et la variété du “marché éducatif” à satisfaire que l’on songe simplement ici aux bâtiments à construire ou à loger. L’édition scolaire et les objets pédagogiques, sous toutes leurs formes, alimentent également un commerce important. Entre “l’État et le marché”, le secteur scolaire et universitaire apparaît parfois assez spécifique par les contraintes imposées par le Ministère, même si les logiques mercantiles existent assurément. L’existence d’une offre éducative marchande privée face aux établissements publics, les possibles “guerres tarifaires”, le développement des entreprises de soutien scolaire témoignent de la force de ce marché éducatif. Le monde patronal, les entreprises, les chambres de commerce ne sont pas indifférents, loin de là, à cette nécessité éducative et investissent souvent le champ scolaire et universitaire, en créant leurs propres structures de formation ou en soutenant les institutions existantes comme le firent longtemps les compagnies minières en lien avec la faculté des sciences de Lille. Des liens étroits, pas toujours dénués d’ambiguïté, se tissent alors, même si la mesure du “retour sur investissement” est souvent difficile à mesurer. On perçoit ici toute l’actualité des évolutions historiques dégagées. |
Note de contenu : |
Note de lecture, en hyperlien : "Le titre du livre doit se comprendre par référence à un autre volume récemment publié, qui traitait de l’histoire du financement de l’école par l’Église, les communes, les familles et l’État1. C’est en quelque sorte le versant externe de l’économie de l’école qui forme le sujet du présent ouvrage, la question posée étant celle des bénéfices que des entreprises privées ont pu retirer du fonctionnement de l’école publique, que ce soit au niveau local, régional ou national. De ce point de vue, les communications réunies par J.-F. Condette, issues de deux journées d’études tenues à l’université d’Artois en 2011, constituent un ensemble très neuf, qui intéresse de diverses façons l’histoire économique et sociale, au delà même du Nord de la France, qui est légitimement privilégiée avec neuf contributions, sur les dix-huit qui composent le recueil.
Est donc évoquée une large gamme d’entreprises, petites ou grandes, qui ont pu tirer profit du fonctionnement des établissements d’enseignement. Entreprises du bâtiment (F. Robert, J.-F. Condette, S. Zenouda), fournisseurs de matériel didactique (M. Fontaine, J.-G. Egginger), libraires (P. Moulis, V. Castagnet), auteurs et éditeurs de livres scolaires (F. Marcoin) et, pour la période la plus récente, entreprises de ramassage scolaire (J.-F. Grevet) ou assurant des cours particuliers (D. Glasman). Des établissements d’enseignement privés, catholiques ou non-confessionnels, peuvent eux-mêmes apparaître comme des bénéficiaires collatéraux de l’existence du système d’enseignement public, soit qu’ils aient suppléé à ses insuffisances (J. Krop), soit qu’ils aient plutôt répondu à des demandes spécifiques des familles (P. Marchand).
Toutes ces entreprises font-elles réellement une « bonne affaire » en travaillant pour l’école ? L’expression suggère des profits particulièrement plantureux, mais la réponse donnée par les auteurs est le plus souvent dubitative, faute de sources permettant d’évaluer ces profits. Le négatif semble parfois l’importer sur le positif, en raison des contraintes budgétaires fortes et des rigidités réglementaires que connaissent souvent les établissements ou les autorités qui les financent. En tout cas, l’ouvrage montre que, sur les marges ou la périphérie d’un enseignement public plus ou moins gratuit, a toujours existé et continue à exister une zone d’intérêts marchands où s’activent des acteurs de toutes tailles.
Par ailleurs, plusieurs des contributions analysent des formes d’investissement qui dépassent largement les intérêts purement financiers ou marchands. Tels les fonds accordés à la faculté des sciences de Lille par les compagnies minières de la région, qui attendent des retombées utilisables des recherches géologiques qui y sont menées (A. Matrion) ; le développement des cours de sténographie et de dactylographie sous la IIIe République, dû à la conjonction d’un lobbying à la fois patronal, associatif et philanthropique (S. Lembré) ; l’engagement des chambres de commerce dans l’orientation et l’enseignement professionnels, dans le contexte difficile de l’Entre-deux-guerres (J. Martin) ; ou encore l’histoire de l’école d’apprentissage de Renault (1919-1989), qui permet d’évaluer l’intérêt que l’entreprise a vu à assurer elle-même la formation de ses ouvriers, puis à se satisfaire de celle qu’offraient les lycées techniques (E. Quenson).
Entre les acteurs économiques locaux sollicités par le simple fonctionnement des établissements d’enseignement – il faut bien les construire, puis les entretenir…-, les investissements à moyen ou long terme que les entreprises ou le patronat opèrent, de leur propre initiative, dans la formation ou la recherche, et la production marchande de services dont l’école publique offre l’opportunité, à sa périphérie, la gamme des « affaires » étudiées ici est donc fort large. On doit souligner en tout cas la grande qualité des textes réunis par J.–F. Condette, qui résultent de solides recherches, originales ou re-problématisées en fonction de la question posée dans le titre." Pierre CASPARD |
En ligne : |
http://www.lemouvementsocial.net/comptes-rendus/jean-francois-condette-dir-lecol [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=149993 |
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