Titre : |
"Rêve générale" : ceux d'en bas et l'émancipation : pour une politique de la singularité / SUDOC |
Type de document : |
document électronique |
Auteurs : |
Denis Paillard , Auteur |
Editeur : |
Paris : Éditions Syllepse |
Année de publication : |
2022 |
Collection : |
Mille marxismes, ISSN 1778-4662 |
Importance : |
210 p. |
Présentation : |
couv. ill. |
Format : |
11,5 x 19 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
979-10-399-0041-6 |
Prix : |
12 [xe2][x82][xac] |
Note générale : |
Ce livre est le résultat d’un long cheminement-réflexion sur l’émancipation individuelle et collective aujourd’hui, dans une période incertaine, de transition, de doute, de remise en cause. Notre conviction [1] : face à la crise comme donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tous genres, il y a une urgence de pensée qui doit se nourrir des résistances, infiniment diverses, qui aujourd’hui à travers le monde invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner, à « libérer l’avenir de ce qui aujourd’hui le défigure » (Walter Benjamin).- Rêve générale. L'autocollant a été arboré par des dizaines de milliers de personnes. Ce n'est ni un slogan – on ne le crie pas – ni une revendication particulière. "Rêve", mot masculin, combiné à l'adjectif "générale" au féminin est une formule qui dérangeante. C'est à la fois une provocation politique et une provocation grammaticale. ++++ Le livre met en avant la dimension individuelle et collective de l'émancipation. La réflexion s'organise autour de deux thèmes principaux ? : 1- "Ceux d'en bas et l'émancipation", qui vise à redonner tout son sens à l'émancipation individuelle et collective telle qu'elle se joue dans les luttes et les résistances dans le monde ? : diversité des acteurs, des lieux, des enjeux, en évitant toute catégorisation et hiérarchisation. 2- "Pour une politique de la singularité", qui souligne le fait que chaque lutte est singulière en tant qu'elle singularise un universel. Cette singularité est celle des individus, hommes et femmes, qui, à un moment donné, s'engagent, individuellement et collectivement, dans la construction d'un espace commun de résistance et de lutte. C'est là une rupture, nous dit l'auteur, avec la politique traditionnelle qui formate les luttes à travers de grandes catégories posées comme universelles. L'ouvrage convoque Karl Marx, Pierre Bourdieu, Jean-Marie Vincent, Jacques Rancière, Etienne Balibar, l'historien anglais Edward P. Thompson et de nombreux auteurs qui contribuent à penser l'émancipation aujourd'hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé. Ce livre est l'aboutissement du long cheminement d'une réflexion sur l'émancipation individuelle et collective aujourd'hui. Face à la crise devenue une donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tout genre, il y a urgence à élaborer une pensée qui se nourrirait des résistances, infiniment diverses, qui aujourd'hui, à travers le monde, invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner. L'auteur se propose d'y contribuer. |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
"Rêve générale” met en avant la dimension individuelle et collective de l’émancipation. La réflexion s’organise autour de deux thèmes principaux :
1- « Ceux d’en bas et l’émancipation », qui vise à redonner tout son sens à l’émancipation individuelle et collective telle qu’elle se joue dans les luttes et les résistances dans le monde : diversité des acteurs, des lieux, des enjeux, en évitant toute catégorisation et hiérarchisation.
2- « Pour une politique de la singularité », qui souligne le fait que chaque lutte est singulière en tant qu’elle singularise un universel. Cette singularité est celle des individus, hommes et femmes, qui, à un moment donné, s’engagent, individuellement et collectivement, dans la construction d’un espace commun de résistance et de lutte. C’est là une rupture, nous dit l’auteur, avec la politique traditionnelle qui formate les luttes à travers de grandes catégories posées comme universelles.
L’ouvrage convoque Karl Marx, Pierre Bourdieu, Jean-Marie Vincent, Jacques Rancière, Étienne Balibar, l’historien anglais Edward P. Thompson et de nombreux auteurs qui contribuent à penser l’émancipation aujourd’hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé.
Ce livre est l’aboutissement du long cheminement d’une réflexion sur l’émancipation individuelle et collective aujourd’hui. Face à la crise devenue une donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tout genre, il y a urgence à élaborer une pensée qui se nourrirait des résistances, infiniment diverses, qui aujourd’hui, à travers le monde, invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner. L’auteur se propose d’y contribuer. |
Note de contenu : |
"Le livre, divisé en trois parties, est composé de sept chapitres.
1 re partie
Dans le chapitre 1, « Ceux d’en bas : les invisibles de la politique ? » et le chapitre 2, « Les mouvements sociaux comme totalité différenciée », l’enjeu est d’arriver à comprendre ce qui se joue aujourd’hui, à travers le monde, dans ce foisonnement de résistances et de luttes, lorsque chaque résistance, chaque lutte témoigne de façon singulière d’une capacité collective d’action, inscrivant ici-maintenant le combat pour une autre vie, pour une vie non mutilée. Mais aussi, car il n’est plus possible de fermer les yeux, de prendre en compte les défis immenses, humains mais aussi de pensée, que posent les migrants et tous ceux qui se trouvent rejetés hors du système, les « exclus ».
Dans leur infinie diversité et leur singularité, ces résistances et ces expériences collectives de lutte participent d’un processus que l’on peut, à la suite de Jean-Marie Vincent, définir comme une « individuation socialisante » et une « socialisation individuante » visant à construire une nouvelle socialité.
2e partie
Elle comprend trois chapitres, avec un retour sur les textes de Karl Marx, Jean-Marie Vincent et Jacques Rancière, trois auteurs qui contribuent à penser l’émancipation aujourd’hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé.
Le chapitre 3 est intitulé « Retour à Marx » à partir de deux livres du philosophe Luca Basso, Marx and Singularity (2012) et Marx and the Common (2016). Dans Marx and Singularity, la question centrale est celle des rapports entre société et individus. Luca Basso s’attache à montrer que la question de la réalisation individuelle pleine et entière occupe une place centrale dans l’itinéraire intellectuel de Marx, des écrits de jeunesse au Capital, et cela en rupture avec l’interprétation la plus répandue de Marx, selon laquelle la société domine et écrase l’individu en tant que personne. Plus précisément, il étudie l’évolution de Marx passant d’une conception anthropologique de l’homme (l’humanité en tant que catégorie générale, désignant l’ensemble des humains) à celle d’individu social. Cette première étude s’arrête aux Grundrisse. Dans le second, Marx and the Common, centré sur Le Capital et les derniers écrits de Marx, Luca Basso montre que l’on ne peut pas déduire mécaniquement de la critique de l’économie politique les conditions de la lutte pour abolir l’état de choses existant : toute lutte est une construction singulière, définie comme « être et agir en commun ». En d’autres termes, il ne saurait y avoir de théorie générale, prédéfinie une fois pour toutes.
Le chapitre 4 est consacré à Jean-Marie Vincent (1934-2004) [2]. Sur la base d’une lecture exigeante de Marx centrée sur la critique de l’économie politique, Jean-Marie Vincent a développé une réflexion critique sur la société capitaliste, insistant sur le fait qu’on ne saurait réduire le capitalisme à la seule exploitation du travail salarié. La loi de la valorisation touche tous les domaines de la vie, et il est crucial d’en tirer toutes les conséquences pour une politique de l’émancipation. Cette présentation est centrée sur trois questions : a) le formatage des individus par le Capital : une socialisation dissociante ; b) une critique du mouvement ouvrier et la fétichisation du travail ; c) quelle politique de l’émancipation ? Jean-Marie Vincent insiste longuement : pas de transformation sociale sans auto-transformation des individus.
Le chapitre 5 est consacré à Jacques Rancière. Dans le système actuel, l’égalité formelle postulée entre tous est mise au service d’une inégalité fondamentale, entre ceux qui possèdent les moyens de production, d’une part, les prolétaires, d’autre part. Face à cette inégalité constitutive du système, deux attitudes politiques sont possibles :
* soit on part de l’inégalité et de la domination qui la fonde et la maintient. Dans la lutte politique, l’inégalité se reproduit entre ceux (parti, avant-garde et autres « émancipateurs ») à même de définir les voies et la stratégie pour lutter contre le système, et la grande masse ignorante des véritables enjeux. L’égalité est repoussée après la prise du pouvoir.
* soit on part de la présupposition d’égalité : « La présupposition d’égalité est qu’il existe une instance collective, une intelligence collective partagée par tous, par n’importe qui » (Rancière, 2013 : 149). Les gens ne se battent pas seuls contre l’inégalité dont ils sont victimes mais se définissent comme appartenant à un monde d’égaux. Cette égalité revient à construire ce monde à travers des actes en commun, lorsque des sujets créent un espace partagé pour contester le système qui les nie.
3e partie
Selon le chapitre 6, « Émancipation individuelle et collective », celle-ci ne peut pas être pensée comme un affrontement entre deux camps prédéfinis de façon générale, celui des exploités d’une part, celui du Capital d’autre part. Si l’antagonisme Capital/exploités est premier et irréductible, on ne peut en déduire mécaniquement l’espace des luttes et des résistances émancipatrices. Les luttes sont appréhendées comme une tension entre le « contre » de l’affrontement et le « pour » qui définit en positif leur enjeu. Dans cette tension le « pour » est premier et définit le « contre ». Sur la base de la discussion des positions de Karl Marx, de Jean-Marie Vincent et de Jacques Rancière, nous revenons sur une série de notions clef : la subjectivation, le commun au sens d’être et agir ensemble, le manque à vivre où vivre définit le manque.
Le chapitre 7, « Construire l’espace des luttes et des résistances », est consacré à la question de l’émancipation aujourd’hui, au 21e siècle, telle qu’elle se joue à travers les luttes et les résistances dans le monde. L’émancipation, définie comme « le mouvement réel qui abolit l’état de choses existant », suppose une logique de rupture avec le système d’exploitation et de domination du Capital, rupture qui se joue « ici-maintenant » dans des luttes singulières, menées par des acteurs singuliers.
Dans le prolongement des chapitres précédents, nous défendons l’idée que l’espace des luttes et des résistances doit être construit comme un espace autonome, avec sa visibilité propre, en rupture avec l’objectivité sociale. L’universalité des luttes et des résistances ne doit pas être postulée au départ – cela reviendrait à minimiser la singularité des luttes et à en invisibiliser une partie. Les luttes doivent être pensées comme formant une totalité différenciée, afin de prendre en compte et la diversité infinie des luttes, et la singularité de chaque lutte. C’est en ce sens que nous parlons de construction de l’espace des luttes et des résistances."
Bibliogr. p. 203-210. Notes bibliogr. en bas de pages. Index |
En ligne : |
http://institut.fsu.fr/Introduction-de-Denis-Paillard-a-son-livre-Reve-generale. [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=285954 |
"Rêve générale" : ceux d'en bas et l'émancipation : pour une politique de la singularité / SUDOC [document électronique] / Denis Paillard  , Auteur . - Paris (69, rue des Rigoles, 75020) : Éditions Syllepse, 2022 . - 210 p. : couv. ill. ; 11,5 x 19 cm. - ( Mille marxismes, ISSN 1778-4662) . ISBN : 979-10-399-0041-6 : 12 [xe2][x82][xac] Ce livre est le résultat d’un long cheminement-réflexion sur l’émancipation individuelle et collective aujourd’hui, dans une période incertaine, de transition, de doute, de remise en cause. Notre conviction [1] : face à la crise comme donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tous genres, il y a une urgence de pensée qui doit se nourrir des résistances, infiniment diverses, qui aujourd’hui à travers le monde invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner, à « libérer l’avenir de ce qui aujourd’hui le défigure » (Walter Benjamin).- Rêve générale. L'autocollant a été arboré par des dizaines de milliers de personnes. Ce n'est ni un slogan – on ne le crie pas – ni une revendication particulière. "Rêve", mot masculin, combiné à l'adjectif "générale" au féminin est une formule qui dérangeante. C'est à la fois une provocation politique et une provocation grammaticale. ++++ Le livre met en avant la dimension individuelle et collective de l'émancipation. La réflexion s'organise autour de deux thèmes principaux ? : 1- "Ceux d'en bas et l'émancipation", qui vise à redonner tout son sens à l'émancipation individuelle et collective telle qu'elle se joue dans les luttes et les résistances dans le monde ? : diversité des acteurs, des lieux, des enjeux, en évitant toute catégorisation et hiérarchisation. 2- "Pour une politique de la singularité", qui souligne le fait que chaque lutte est singulière en tant qu'elle singularise un universel. Cette singularité est celle des individus, hommes et femmes, qui, à un moment donné, s'engagent, individuellement et collectivement, dans la construction d'un espace commun de résistance et de lutte. C'est là une rupture, nous dit l'auteur, avec la politique traditionnelle qui formate les luttes à travers de grandes catégories posées comme universelles. L'ouvrage convoque Karl Marx, Pierre Bourdieu, Jean-Marie Vincent, Jacques Rancière, Etienne Balibar, l'historien anglais Edward P. Thompson et de nombreux auteurs qui contribuent à penser l'émancipation aujourd'hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé. Ce livre est l'aboutissement du long cheminement d'une réflexion sur l'émancipation individuelle et collective aujourd'hui. Face à la crise devenue une donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tout genre, il y a urgence à élaborer une pensée qui se nourrirait des résistances, infiniment diverses, qui aujourd'hui, à travers le monde, invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner. L'auteur se propose d'y contribuer. Langues : Français ( fre)
Résumé : |
"Rêve générale” met en avant la dimension individuelle et collective de l’émancipation. La réflexion s’organise autour de deux thèmes principaux :
1- « Ceux d’en bas et l’émancipation », qui vise à redonner tout son sens à l’émancipation individuelle et collective telle qu’elle se joue dans les luttes et les résistances dans le monde : diversité des acteurs, des lieux, des enjeux, en évitant toute catégorisation et hiérarchisation.
2- « Pour une politique de la singularité », qui souligne le fait que chaque lutte est singulière en tant qu’elle singularise un universel. Cette singularité est celle des individus, hommes et femmes, qui, à un moment donné, s’engagent, individuellement et collectivement, dans la construction d’un espace commun de résistance et de lutte. C’est là une rupture, nous dit l’auteur, avec la politique traditionnelle qui formate les luttes à travers de grandes catégories posées comme universelles.
L’ouvrage convoque Karl Marx, Pierre Bourdieu, Jean-Marie Vincent, Jacques Rancière, Étienne Balibar, l’historien anglais Edward P. Thompson et de nombreux auteurs qui contribuent à penser l’émancipation aujourd’hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé.
Ce livre est l’aboutissement du long cheminement d’une réflexion sur l’émancipation individuelle et collective aujourd’hui. Face à la crise devenue une donnée permanente, face à la barbarie du monde et aux replis identitaires en tout genre, il y a urgence à élaborer une pensée qui se nourrirait des résistances, infiniment diverses, qui aujourd’hui, à travers le monde, invitent à ne pas désespérer, à ne pas se résigner. L’auteur se propose d’y contribuer. |
Note de contenu : |
"Le livre, divisé en trois parties, est composé de sept chapitres.
1 re partie
Dans le chapitre 1, « Ceux d’en bas : les invisibles de la politique ? » et le chapitre 2, « Les mouvements sociaux comme totalité différenciée », l’enjeu est d’arriver à comprendre ce qui se joue aujourd’hui, à travers le monde, dans ce foisonnement de résistances et de luttes, lorsque chaque résistance, chaque lutte témoigne de façon singulière d’une capacité collective d’action, inscrivant ici-maintenant le combat pour une autre vie, pour une vie non mutilée. Mais aussi, car il n’est plus possible de fermer les yeux, de prendre en compte les défis immenses, humains mais aussi de pensée, que posent les migrants et tous ceux qui se trouvent rejetés hors du système, les « exclus ».
Dans leur infinie diversité et leur singularité, ces résistances et ces expériences collectives de lutte participent d’un processus que l’on peut, à la suite de Jean-Marie Vincent, définir comme une « individuation socialisante » et une « socialisation individuante » visant à construire une nouvelle socialité.
2e partie
Elle comprend trois chapitres, avec un retour sur les textes de Karl Marx, Jean-Marie Vincent et Jacques Rancière, trois auteurs qui contribuent à penser l’émancipation aujourd’hui, dans un rapport de continuité-discontinuité avec le passé.
Le chapitre 3 est intitulé « Retour à Marx » à partir de deux livres du philosophe Luca Basso, Marx and Singularity (2012) et Marx and the Common (2016). Dans Marx and Singularity, la question centrale est celle des rapports entre société et individus. Luca Basso s’attache à montrer que la question de la réalisation individuelle pleine et entière occupe une place centrale dans l’itinéraire intellectuel de Marx, des écrits de jeunesse au Capital, et cela en rupture avec l’interprétation la plus répandue de Marx, selon laquelle la société domine et écrase l’individu en tant que personne. Plus précisément, il étudie l’évolution de Marx passant d’une conception anthropologique de l’homme (l’humanité en tant que catégorie générale, désignant l’ensemble des humains) à celle d’individu social. Cette première étude s’arrête aux Grundrisse. Dans le second, Marx and the Common, centré sur Le Capital et les derniers écrits de Marx, Luca Basso montre que l’on ne peut pas déduire mécaniquement de la critique de l’économie politique les conditions de la lutte pour abolir l’état de choses existant : toute lutte est une construction singulière, définie comme « être et agir en commun ». En d’autres termes, il ne saurait y avoir de théorie générale, prédéfinie une fois pour toutes.
Le chapitre 4 est consacré à Jean-Marie Vincent (1934-2004) [2]. Sur la base d’une lecture exigeante de Marx centrée sur la critique de l’économie politique, Jean-Marie Vincent a développé une réflexion critique sur la société capitaliste, insistant sur le fait qu’on ne saurait réduire le capitalisme à la seule exploitation du travail salarié. La loi de la valorisation touche tous les domaines de la vie, et il est crucial d’en tirer toutes les conséquences pour une politique de l’émancipation. Cette présentation est centrée sur trois questions : a) le formatage des individus par le Capital : une socialisation dissociante ; b) une critique du mouvement ouvrier et la fétichisation du travail ; c) quelle politique de l’émancipation ? Jean-Marie Vincent insiste longuement : pas de transformation sociale sans auto-transformation des individus.
Le chapitre 5 est consacré à Jacques Rancière. Dans le système actuel, l’égalité formelle postulée entre tous est mise au service d’une inégalité fondamentale, entre ceux qui possèdent les moyens de production, d’une part, les prolétaires, d’autre part. Face à cette inégalité constitutive du système, deux attitudes politiques sont possibles :
* soit on part de l’inégalité et de la domination qui la fonde et la maintient. Dans la lutte politique, l’inégalité se reproduit entre ceux (parti, avant-garde et autres « émancipateurs ») à même de définir les voies et la stratégie pour lutter contre le système, et la grande masse ignorante des véritables enjeux. L’égalité est repoussée après la prise du pouvoir.
* soit on part de la présupposition d’égalité : « La présupposition d’égalité est qu’il existe une instance collective, une intelligence collective partagée par tous, par n’importe qui » (Rancière, 2013 : 149). Les gens ne se battent pas seuls contre l’inégalité dont ils sont victimes mais se définissent comme appartenant à un monde d’égaux. Cette égalité revient à construire ce monde à travers des actes en commun, lorsque des sujets créent un espace partagé pour contester le système qui les nie.
3e partie
Selon le chapitre 6, « Émancipation individuelle et collective », celle-ci ne peut pas être pensée comme un affrontement entre deux camps prédéfinis de façon générale, celui des exploités d’une part, celui du Capital d’autre part. Si l’antagonisme Capital/exploités est premier et irréductible, on ne peut en déduire mécaniquement l’espace des luttes et des résistances émancipatrices. Les luttes sont appréhendées comme une tension entre le « contre » de l’affrontement et le « pour » qui définit en positif leur enjeu. Dans cette tension le « pour » est premier et définit le « contre ». Sur la base de la discussion des positions de Karl Marx, de Jean-Marie Vincent et de Jacques Rancière, nous revenons sur une série de notions clef : la subjectivation, le commun au sens d’être et agir ensemble, le manque à vivre où vivre définit le manque.
Le chapitre 7, « Construire l’espace des luttes et des résistances », est consacré à la question de l’émancipation aujourd’hui, au 21e siècle, telle qu’elle se joue à travers les luttes et les résistances dans le monde. L’émancipation, définie comme « le mouvement réel qui abolit l’état de choses existant », suppose une logique de rupture avec le système d’exploitation et de domination du Capital, rupture qui se joue « ici-maintenant » dans des luttes singulières, menées par des acteurs singuliers.
Dans le prolongement des chapitres précédents, nous défendons l’idée que l’espace des luttes et des résistances doit être construit comme un espace autonome, avec sa visibilité propre, en rupture avec l’objectivité sociale. L’universalité des luttes et des résistances ne doit pas être postulée au départ – cela reviendrait à minimiser la singularité des luttes et à en invisibiliser une partie. Les luttes doivent être pensées comme formant une totalité différenciée, afin de prendre en compte et la diversité infinie des luttes, et la singularité de chaque lutte. C’est en ce sens que nous parlons de construction de l’espace des luttes et des résistances."
Bibliogr. p. 203-210. Notes bibliogr. en bas de pages. Index |
En ligne : |
http://institut.fsu.fr/Introduction-de-Denis-Paillard-a-son-livre-Reve-generale. [...] |
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