[article]
Titre : |
Bibliothèques et Information Literacy. Un état de l'art |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Sylvie Chevillotte, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Note générale : |
Information Literacy
L’Information Literacy 1 est une notion anglo-saxonne, difficilement traduisible, définie par l’Office québécois de la langue française comme un « ensemble de compétences permettant de reconnaître l’existence d’un besoin d’information, d’identifier l’information adéquate, de la trouver, de l’évaluer et de l’exploiter en relation avec une situation donnée, dans une perspective de résolution de problème. La culture de l’information doit permettre aux personnes de prendre conscience de leurs besoins d’information et leur fournir des compétences d’identification, d’évaluation et d’utilisation pertinente des résultats de leur recherche. La culture informationnelle nous permettra, grâce à ces compétences, de survivre et d’avoir du succès dans la société de l’information, notamment par la maîtrise des technologies donnant accès à cette information ».
De nombreuses définitions sont données dans la littérature professionnelle. E.-K. Owusu-Ansah dresse un panorama des débats et questions principales (17)et S. Campbell tente de « définir l’Information Literacy au XXIe siècle » (10).
En 1989, l’expression « Information Literacy » est officialisée par la définition qu’en donne l’American Library Association : « Être compétent dans l’usage de l’information signifie que l’on sait reconnaître quand émerge un besoin d’information et que l’on est capable de trouver l’information adéquate, ainsi que de l’évaluer et de l’exploiter » 2.
Pour S. Behrens, cette définition recueille un relatif consensus (3). Les accords portent sur les points suivants :
les différentes étapes de la recherche (partir d’un besoin, chercher, localiser, évaluer, exploiter, utiliser…)
et, pour certains, qui vont plus loin :
ajout des notions de pensée critique, d’éthique, de droit ;
question du lien avec les disciplines ;
notions de citoyenneté, formation au long de la vie, lien entre les bibliothèques scolaires et les autres bibliothèques. Importance de ne pas limiter l’IL aux étudiants et de ne pas couper cette activité de la vie quotidienne.
Il faut souligner l’apport théorique de la thèse de C. Bruce sur les « sept faces de l’Information Literacy » (7) et insister sur le fait que l’expression « Information Literacy » couvre un champ beaucoup plus vaste que la seule « formation documentaire ».
(retour)↑ Dans l’attente d’une expression française unanimement utilisée, l’auteur a employé le terme d’Information Literacy abrégé parfois en IL.
(retour)↑ Traduction de P. Bernhard.
Final Report of the American Library Association Presidential Committee on Information Literacy : http://www.infolit.org/documents/89Report.htm |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
De nombreuses publications analysent le développement de la Société de l’information en lien avec les évolutions technologiques depuis les années 1960 (microprocesseurs, réseaux numériques, ordinateurs et surtout Internet). Ces « nouvelles technologies » permettent et induisent une mise en réseau de données dans un cadre mondial depuis une bonne dizaine d’années. Nous nous trouvons dans une situation d’offre exponentielle d’information. Mais, paradoxalement, alors qu’une grande attention et de forts moyens sont accordés à la mise en place des infrastructures permettant l’accès à cette information, peu de personnes en dehors des professionnels de l’information semblent prendre conscience que rien n’est, en fait, directement accessible.
La profusion de savoirs et d’informations véhiculés suppose des citoyens ayant la capacité d’identifier leur besoin d’information, de sélectionner celle-ci, de l’évaluer pour enfin l’utiliser.
Le savoir a toujours eu une place centrale dans les bibliothèques et dans le métier de bibliothécaire lui-même 1. Que l’on se réfère aux bibliothécaires-clercs du Nom de la Rose d’Umberto Eco, ou à la visée éducative des bibliothèques au XIXe siècle, le bibliothécaire est celui qui permet l’accès au savoir 2. Passeur autrefois vers des ressources rares, aujourd’hui médiateur vers une information pléthorique. Pour Patrick Bazin, « dans une société menacée par le trop-plein et le chaos de l’information, guettée par l’empilement consumériste des pratiques culturelles, les bibliothèques […] jouent un rôle central dans l’émergence d’une nouvelle culture de la complexité, c’est-à-dire dans l’accès maîtrisé, tout au long de la vie, à la multiplicité croissante des connaissances » 3. Aujourd’hui, la fonction éducative se renforce dans tous les types de bibliothèques. Offrir aux usagers des réponses à leurs questions, un accès aux collections ou à l’information sans les accompagner d’une explication méthodologique ni les doter d’une formation documentaire est en effet insuffisant.
L’Information Literacy a pour objectif de donner à l’usager les moyens d’acquérir une réelle maîtrise de l’information, au-delà d’un accès à la technologie, comme le souligne P. Bernhard « […] L’un des gages de réussite dans nos sociétés dites “de l’information” et “du savoir” est de […] viser l’acquisition […] de compétences informationnelles par le plus grand nombre possible de personnes – des habiletés de plus en plus considérées comme faisant partie du bagage scolaire minimal, au même titre que les habiletés en lecture, en écriture, en calcul » (1).
Le concept de « literacy » ne semble souvent pas perçu dans toute sa dimension. En effet, l’« IL » ne doit pas se limiter au seul domaine universitaire. Il dépasse la seule « éducation à l’information » et ne s’adresse pas uniquement au public étudiant, même si ses terrains d’origine sont l’enseignement secondaire et universitaire. Les compétences informationnelles sont nécessaires pour rechercher tout type d’information dans les domaines du loisir, des études, du travail ou de l’exercice de la citoyenneté (des chiffres de la concurrence ou des brevets à des images pour illustrer une communication, en passant par la biographie d’un auteur ou des informations sur « l’effet de serre »). |
Note de contenu : |
Standards et référentiels
Quelles sont les compétences informationnelles à acquérir par les étudiants ? Cette question est essentielle. P. Bernhard a effectué un travail récapitulatif très complet sur ce sujet 12. Dans les années 1990, de nombreux travaux ont porté sur les modèles du processus de recherche d’information : « [Ils] ont été développés avec l’intention de rendre évident le déroulement d’un processus ou d’une démarche qui dépasse la recherche d’information prise dans un sens restreint… La plupart ont pour but d’intégrer aux objectifs des programmes d’études des objectifs spécifiques visant le développement systématique et progressif d’habiletés d’information » (1). On peut également citer C. Kulthau, et C. Bruce 13.
Ces modèles préconisent un certain nombre d’étapes, de processus ou de questions (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9). |
En ligne : |
https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2005-02-0042-007 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=248282 |
in Bulletin des bibliothèques de France, BBF / ENSSIB > 2005-2 (2005-2)
[article] Bibliothèques et Information Literacy. Un état de l'art [texte imprimé] / Sylvie Chevillotte, Auteur . - 2005. Information Literacy
L’Information Literacy 1 est une notion anglo-saxonne, difficilement traduisible, définie par l’Office québécois de la langue française comme un « ensemble de compétences permettant de reconnaître l’existence d’un besoin d’information, d’identifier l’information adéquate, de la trouver, de l’évaluer et de l’exploiter en relation avec une situation donnée, dans une perspective de résolution de problème. La culture de l’information doit permettre aux personnes de prendre conscience de leurs besoins d’information et leur fournir des compétences d’identification, d’évaluation et d’utilisation pertinente des résultats de leur recherche. La culture informationnelle nous permettra, grâce à ces compétences, de survivre et d’avoir du succès dans la société de l’information, notamment par la maîtrise des technologies donnant accès à cette information ».
De nombreuses définitions sont données dans la littérature professionnelle. E.-K. Owusu-Ansah dresse un panorama des débats et questions principales (17)et S. Campbell tente de « définir l’Information Literacy au XXIe siècle » (10).
En 1989, l’expression « Information Literacy » est officialisée par la définition qu’en donne l’American Library Association : « Être compétent dans l’usage de l’information signifie que l’on sait reconnaître quand émerge un besoin d’information et que l’on est capable de trouver l’information adéquate, ainsi que de l’évaluer et de l’exploiter » 2.
Pour S. Behrens, cette définition recueille un relatif consensus (3). Les accords portent sur les points suivants :
les différentes étapes de la recherche (partir d’un besoin, chercher, localiser, évaluer, exploiter, utiliser…)
et, pour certains, qui vont plus loin :
ajout des notions de pensée critique, d’éthique, de droit ;
question du lien avec les disciplines ;
notions de citoyenneté, formation au long de la vie, lien entre les bibliothèques scolaires et les autres bibliothèques. Importance de ne pas limiter l’IL aux étudiants et de ne pas couper cette activité de la vie quotidienne.
Il faut souligner l’apport théorique de la thèse de C. Bruce sur les « sept faces de l’Information Literacy » (7) et insister sur le fait que l’expression « Information Literacy » couvre un champ beaucoup plus vaste que la seule « formation documentaire ».
(retour)↑ Dans l’attente d’une expression française unanimement utilisée, l’auteur a employé le terme d’Information Literacy abrégé parfois en IL.
(retour)↑ Traduction de P. Bernhard.
Final Report of the American Library Association Presidential Committee on Information Literacy : http://www.infolit.org/documents/89Report.htm Langues : Français ( fre) in Bulletin des bibliothèques de France, BBF / ENSSIB > 2005-2 (2005-2)
Résumé : |
De nombreuses publications analysent le développement de la Société de l’information en lien avec les évolutions technologiques depuis les années 1960 (microprocesseurs, réseaux numériques, ordinateurs et surtout Internet). Ces « nouvelles technologies » permettent et induisent une mise en réseau de données dans un cadre mondial depuis une bonne dizaine d’années. Nous nous trouvons dans une situation d’offre exponentielle d’information. Mais, paradoxalement, alors qu’une grande attention et de forts moyens sont accordés à la mise en place des infrastructures permettant l’accès à cette information, peu de personnes en dehors des professionnels de l’information semblent prendre conscience que rien n’est, en fait, directement accessible.
La profusion de savoirs et d’informations véhiculés suppose des citoyens ayant la capacité d’identifier leur besoin d’information, de sélectionner celle-ci, de l’évaluer pour enfin l’utiliser.
Le savoir a toujours eu une place centrale dans les bibliothèques et dans le métier de bibliothécaire lui-même 1. Que l’on se réfère aux bibliothécaires-clercs du Nom de la Rose d’Umberto Eco, ou à la visée éducative des bibliothèques au XIXe siècle, le bibliothécaire est celui qui permet l’accès au savoir 2. Passeur autrefois vers des ressources rares, aujourd’hui médiateur vers une information pléthorique. Pour Patrick Bazin, « dans une société menacée par le trop-plein et le chaos de l’information, guettée par l’empilement consumériste des pratiques culturelles, les bibliothèques […] jouent un rôle central dans l’émergence d’une nouvelle culture de la complexité, c’est-à-dire dans l’accès maîtrisé, tout au long de la vie, à la multiplicité croissante des connaissances » 3. Aujourd’hui, la fonction éducative se renforce dans tous les types de bibliothèques. Offrir aux usagers des réponses à leurs questions, un accès aux collections ou à l’information sans les accompagner d’une explication méthodologique ni les doter d’une formation documentaire est en effet insuffisant.
L’Information Literacy a pour objectif de donner à l’usager les moyens d’acquérir une réelle maîtrise de l’information, au-delà d’un accès à la technologie, comme le souligne P. Bernhard « […] L’un des gages de réussite dans nos sociétés dites “de l’information” et “du savoir” est de […] viser l’acquisition […] de compétences informationnelles par le plus grand nombre possible de personnes – des habiletés de plus en plus considérées comme faisant partie du bagage scolaire minimal, au même titre que les habiletés en lecture, en écriture, en calcul » (1).
Le concept de « literacy » ne semble souvent pas perçu dans toute sa dimension. En effet, l’« IL » ne doit pas se limiter au seul domaine universitaire. Il dépasse la seule « éducation à l’information » et ne s’adresse pas uniquement au public étudiant, même si ses terrains d’origine sont l’enseignement secondaire et universitaire. Les compétences informationnelles sont nécessaires pour rechercher tout type d’information dans les domaines du loisir, des études, du travail ou de l’exercice de la citoyenneté (des chiffres de la concurrence ou des brevets à des images pour illustrer une communication, en passant par la biographie d’un auteur ou des informations sur « l’effet de serre »). |
Note de contenu : |
Standards et référentiels
Quelles sont les compétences informationnelles à acquérir par les étudiants ? Cette question est essentielle. P. Bernhard a effectué un travail récapitulatif très complet sur ce sujet 12. Dans les années 1990, de nombreux travaux ont porté sur les modèles du processus de recherche d’information : « [Ils] ont été développés avec l’intention de rendre évident le déroulement d’un processus ou d’une démarche qui dépasse la recherche d’information prise dans un sens restreint… La plupart ont pour but d’intégrer aux objectifs des programmes d’études des objectifs spécifiques visant le développement systématique et progressif d’habiletés d’information » (1). On peut également citer C. Kulthau, et C. Bruce 13.
Ces modèles préconisent un certain nombre d’étapes, de processus ou de questions (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9). |
En ligne : |
https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2005-02-0042-007 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=248282 |
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