Titre : |
Espace et rapports de domination [colloque, 20-21 septembre 2012, Université de Marne-la-Vallée. Organisation du congrès] |
Titre original : |
Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Anne Clerval (1978-...) , Directeur de la recherche ; Antoine Fleury (1978-...) , Directeur de la recherche ; Julien Rebotier (1981-...), Directeur de la recherche ; Serge Weber (1972-...), Directeur de la recherche |
Mention d'édition : |
Disponible sur OpenEdition |
Editeur : |
Rennes : PUR, Presses Universitaires de Rennes |
Année de publication : |
2015 |
Collection : |
Géographie sociale, ISSN 1761-4457  |
Importance : |
399 p. |
Présentation : |
ill. en noir et blanc, cartes, graph., couv. ill. en coul. |
Format : |
24 x 17 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-7535-3693-7 |
Prix : |
22 € |
Note générale : |
4e de couv. : Dégagé de la plupart de ses contrepouvoirs depuis la fin des années 1980, le projet politique néolibéral et les inégalités qu'il renforce paraissent aujourd'hui sans remède. Est-il si difficile de ne pas céder à la résignation ou, pire, à l'indifférence ? Les outils pour identifier ces inégalités, les expliquer et les dénoncer ne manquent pas. La pensée critique connaît, en France comme ailleurs, un formidable renouveau. Dans toutes les disciplines des sciences sociales, l'apport de nos aînés est revisité et enrichi de nouvelles propositions pour se confronter aux injustices contemporaines, qui semblent rendues acceptables par des manipulations intellectuelles et des ficelles de plus en plus grossières. L'espace est, comme le temps et l'argent, un redoutable allié des dominants. Accaparé, exproprié, spolié, marchandisé, financiarisé, surveillé, refusé, l'espace se révèle être, à toutes les échelles et dans toutes ses configurations, une excellente clef de lecture de la situation des dominés. Confinement, relégation, enfermement en sont les modalités extrêmes, mais bien d'autres, plus subtiles et moins visibles, contribuent à pérenniser des rapports de force à ce point asymétriques qu'il n'est de meilleur terme pour les qualifier que celui de domination. Mais l'espace est aussi l'allié des dominés engagés dans des processus de résistance, de contestation ou de lutte contre l'ordre du capitalisme néolibéral. Dotés de ressources propres, les dominés construisent aussi des stratégies, individuelles ou collectives, qui prennent appui dans l'espace et peuvent faire de ce dernier une ressource pour se faire entendre ou se rendre visible. Dans un contexte académique mondial dominé par les travaux anglophones, en particulier ceux de la géographie radicale, cet ouvrage entend présenter la manière dont les chercheurs et chercheuses francophones travaillant sur les questions spatiales analysent les rapports sociaux de domination, qu'ils soient de classe, de race, de sexe, autant de rapports sociaux qui ont un fondement matériel. Plusieurs entrées thématiques sont explorées, qui renvoient à des champs de recherche bien identifiés : la question urbaine, les études sur le genre, le sexe, la sexualité et l'intersectionnalité, la question des migrations et celle des populations marginalisées et, enfin, l'environnement. Cet ouvrage témoigne donc de la grande vivacité des travaux francophones, tout en réaffirmant l'utilité de penser l'espace dans la critique sociale. |
Catégories : |
F POPULATIONS - ETUDES DE CAS
|
Mots-clés : |
Discrimination -- Société / Environnement social SHS Planification et développement Territorialité humaine -- France Géographie sociale -- France Domination espace urbain, anthropologie sociale, géographie de la population, sociologie urbaine, France Justice spatiale -- Actes de congrès domination sociale, espace, inégalité sociale Géographie géographie urbaine Culture idées Climat quartiers populaires Écologie quartier populaire environnement changement climatique |
Index. décimale : |
F-63 Habitat - sociologie de l'habitat |
Résumé : |
Textes issus du colloque, les 20-21 septembre 2012, organisé par l'Université de Marne-la-Vallée et présenté sous le titre "Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche". Une étude sur l'espace en tant que rapport de force entre dominateurs et dominés. Les contributeurs, des chercheurs francophones travaillant sur les questions spatiales, analysent les rapports sociaux de domination à travers les différents processus d'appropriation de l'espace, notamment celui permettant à des dominés engagés d'en faire une ressource pour résister et contester l'ordre néolibéral. |
Note de contenu : |
Sommaire :
1, L’approche radicale en géographie : des pratiques de recherche
2, Des formes et des échelles : un statut épistémologique de l’espace toujours en débat
3, Production de l’espace urbain et rapports sociaux de domination
4, Genre, espace et imbrication : des rapports de domination
5, « Gérer les indésirables » : dispositifs de mise à l’écart et tactiques de résistance
6, La domination à travers l’environnement
Bibliogr. dispersée. Notes bibliogr.
Table des matières
Anne Clerval, Antoine Fleury, Julien Rebotier et al.
Introduction
Héritage intellectuel et renouveau des pensées critiques sur l’espace
Genèse et intentions de l’ouvrage
Organisation de l’ouvrage
Première partie. L’approche radicale en géographie : des pratiques de recherche
Antoine Fleury et Serge Weber
Introduction
Federico Ferretti et Philippe Pelletier
Spatialités et rapports de domination dans l’œuvre des géographes anarchistes Reclus, Kropotkine et Metchnikoff
Les géographes anarchistes contre le social-darwinisme, pour l’entraide et la mésologie
Concentration du capital et dissémination industrielle
La théorie anarchiste du « développement inégal »
La géographie des anarchistes, la question des frontières et des nationalités
Neil Smith †
L’avenir est radicalement ouvert
Don Mitchell
Devenir et rester un géographe radical aux États-Unis
Cécile Gintrac
Quels positionnements pour quelle(s) géographie(s) critique(s) ?
L’impossible neutralité au cœur des débats anglophones
Être chercheur dans et au-delà de l’université néolibérale
Divisions et lignes de partage : géographie radicale vs géographie critique ?
Retour sur la situation française
Serait-on moins militant en France ?
Temporalités françaises ?
Pour un positionnement géographique critique qui dépasse les labels
Essentialisation et importation des labels
Apports bourdieusiens pour une géographie scientifique et militante
« Esquisse pour une auto-analyse » : de Bourdieu au squat
Conclusion
Pascale Metzger et Jérémy Robert
Environnement et risques : les sciences sociales piégées entre critique radicale et utilité sociale
Une recherche sur l’environnement et les risques dominée par les sciences de la nature
De la neutralisation de la critique à une géographie au service de la domination
Dé-naturaliser et re-politiser l’environnement et les risques
Conclusion
Pierpaolo Mudu
Devenir et rester un géographe radical en Italie et ailleurs
Quelques réflexions personnelles
« The Italian combination »
Les centres sociaux italiens
Conclusions
Deuxième partie. Des formes et des échelles : un statut épistémologique de l’espace toujours en débat
Fabrice Ripoll
Introduction
Sabine Planel
Structurations scalaires et exercice de la domination en Éthiopie
Hiérarchie des espaces et domination sociale
L’espace éthiopien : hiérarchie sociale et dépendance régionale
Dynamique et encadrement scalaire au niveau local : jeux d’échelles et jeux d’acteurs
L’enfermement scalaire
Glocal, fédéral et local : rescaling et disempowerment
« Les arènes locales d’une persuasion coercitive »
Conclusion : espaces locaux, espaces du « bureau »
Irène Pereira
La structuration de l’espace par les rapports sociaux
La structuration de l’espace comme effet des luttes de classes
Un exemple : l’opposition entre « centralisme » et « réseaux »
Analyse matérialiste, politique et culturelle des rapports sociaux
Pluralité, consubstantialité et coextensivité de l’espace des rapports sociaux
Conclusion
Robert Hérin
Modes de production et rapports sociaux de domination : une relecture de cinquante ans de recherches dans l’Espagne du Sud-Est
Jusque dans les années 1950, un mode de production précapitaliste agro-seigneurial
L’émergence du mode de production capitaliste : la phase agro-industrielle
Le mode de production capitaliste : la phase urbano-touristique
Conclusion
Troisième partie. Production de l’espace urbain et rapports sociaux de domination
Matthieu Giroud et Mathieu Van Criekingen
Introduction
Nicolas Raimbault
Perdants et gagnants du développement logistique de la métropole : quelle géographie de la domination ?
Le développement logistique : une fonction support pour des territoires servants ?
Activités indésirables pour territoires déshérités ?
Des trajectoires de « territoires servants » ?
Logiques immobilières : une domination de la finance globale ?
La plate-forme logistique comme produit financier pour investisseurs
Intégration de la chaîne immobilière
Coalitions de croissance logistique
Val Bréon : projet logistique local en recherche de capacités
Sénart : régime immobilier d’État contre méthode Prologis
Conclusion : le développement logistique dans les marges de l’action publique
Martine Drozdz
Londres, ville inégale. Capitalisme urbain, politiques de lutte contre l’exclusion urbaine et domination des gouvernements locaux
Gouvernement local et capitalisme urbain en Grande-Bretagne : de l’État dual keynésien à l’assemblage multi-niveaux
De l’État-providence keynésien fordiste au workfare schumpétérien post-fordiste : chronique de l’exclusion des gouvernements locaux
La transition conservateurs – néotravaillistes et la réintroduction de logiques partenariales avec les municipalités
New Deal for Communities ? Gouvernements locaux, cohésion socio-territoriale et logiques d’accumulation
Le contexte qui préside au NDC : l’adoption du référentiel de la « cohésion territoriale »
Le NDC à Londres
Le rôle des gouvernements locaux sous les néotravaillistes d’après l’analyse du NDC : un assemblage composite au service de la construction localisée des marchés
Conclusion
Stéphane Cadiou
La défense du « commerce de proximité » dans les villes : action collective et enjeux d’échelles
La « modernisation » commerciale en enjeu
Une représentation fragmentée
L’action publique en quête d’un partenaire
Conclusion
Max Rousseau
La paradoxale domination de la « nouvelle classe moyenne » sur les espaces urbains désindustrialisés
Introduction : l’évolution des rapports de domination dans les espaces urbains désindustrialisés
Le capital symbolique de la nouvelle classe moyenne
Les mutations de la classe moyenne urbaine : le paradoxe des villes post-industrielles
La consécration du capital culturel de la nouvelle classe moyenne : le rôle de l’« infrastructure critique » de la gentrification
La consécration du capital économique de la nouvelle classe moyenne : le rôle des nouvelles théories du développement économique urbain
Conclusion : un « pouvoir systémique » de la nouvelle classe moyenne dans les villes en déclin ?
Gilles Van Hamme et Mathieu Van Criekingen
Recompositions de classes et clivages politiques au sein des espaces urbains
Un bref retour théorique sur la question des « classes moyennes »
Les classes intermédiaires dans la ville : l’inscription spatiale différenciée des candidats aux élections régionales à Bruxelles
Classes intermédiaires et projet de ville : divergences autour de la « revitalisation urbaine » à Bruxelles
Conclusion
Jean-Pierre Garnier
L’espace urbain, l’État et la petite bourgeoisie intellectuelle : la radicalité critique en question
Quatrième partie. Genre, espace et imbrication : des rapports de domination
Anne Clerval et Amélie Le Renard
Introduction
Anne Clerval et Christine Delphy
Le féminisme matérialiste, une analyse du patriarcat comme système de domination autonome
Le patriarcat, un système de production et de domination autonome
Le patriarcat, un système pensé en analogie avec le capitalisme
Enjeux théoriques et politiques
Une déconstruction radicale du genre
Le genre produit le sexe
Le genre implique la contrainte à l’hétérosexualité
Perspectives pour une approche géographique de la domination
Espace privé/espace public
L’espace domestique comme espace de travail
Genre et rapports Nord-Sud
Géographie des sexualités minoritaires
Adelina Miranda
Troubles des frontières spatiales. Assignation à l’espace domestique et appropriation de l’espace public par les femmes immigrées à Naples
La segmentation sexuée du marché du travail migratoire
Travailler dans l’espace domestique
La présence des femmes étrangères dans l’espace public
Déjouer l’assignation et la stigmatisation
Conclusion
Raphaël Kouadio Oura
Crise de l’ananas et transformation de la division sexuée du travail en milieu rural en Côte d’Ivoire
Bonoua, un espace marqué par des rapports sociaux de domination
Les rapports fonciers autochtones/allogènes et hommes/femmes
Une domination financière des autochtones et le renforcement du clivage villages d’autochtones/villages d’allogènes
Les transformations des rapports de genre
Face à la crise, les femmes s’impliquent dans les activités agricoles ou commerciales
Malgré toutes les tentatives, l’autonomie des femmes reste limitée
Conclusion
Charlotte Prieur
Du quartier gay aux lieux queers parisiens : reproduction des rapports de domination et stratégies spatiales de résistance
Le quartier gay : de l’appropriation territoriale à la normalisation
Le Marais : un territoire transgressant la norme hétérosexuelle
Commercialisation et normalisation du quartier gay du Marais
De la normalisation à l’exclusion
Les lieux queers : des lieux éphémères à l’ancrage spatial
Constitution d’un réseau queer et transpédégouine hétérogène
Un ancrage queer dans le Marais
Conclusion : lieux queers et action collective
Cinquième partie. « Gérer les indésirables » : dispositifs de mise à l’écart et tactiques de résistance
Florence Bouillon, Armelle Choplin, Camille Schmoll et al.
Introduction
Tristan Bruslé
Loger pour exclure. Le camp de travailleurs, dispositif central d’un système de domination des migrants à bas revenus dans le Golfe arabique (exemples au Qatar)
Néolibéralisme, parrainage et le migrant sud asiatique
Production et domination de l’espace des travailleurs
Espaces dominés et enjeux biopolitiques
Enjeux éthiques, réponse technique
Camille Guenebeaud
À chacun sa place. Une étude des rapports de domination dans l’aire de distribution des repas aux migrants sans-papiers de Calais
Marquage de l’espace par les autorités politiques
Rester à sa place : l’organisation interne du lieu de distribution des repas
À chacun sa place
Judicaëlle Dietrich
Le traitement de la pauvreté au prisme des rapports sociaux de domination à Jakarta
La construction spatiale de la relégation
De la fabrique de « citadins indésirables » à l’invisibilisation de la pauvreté
Les politiques publiques au prisme de la justice spatiale
Conclusion
Marion Lecoquierre
« Tant qu’il y aura du thym et des olives… » Résister dans un espace sous contrainte : les villages bédouins non reconnus du Néguev
Du contrôle de l’espace au contrôle des minorités, perspective historique
Du mouvement sioniste à l’État d’Israël : le Néguev sous contrôle
Les villages non reconnus, cœur et objet de la résistance
Stratégies de résistance, de l’espace du village à l’espace public
Assurer les fondamentaux : protester dans et par l’espace
Changer d’échelle, élargir l’audience
Le territoire autochtone face au territoire de la nation
Conclusion
Sixième partie. La domination à travers l’environnement
Sophie Moreau et Julien Rebotier
Introduction
Alexis Sierra
Transformer l’incertitude en risque : un instrument de domination ?
Projeter Lima dans la mondialisation du risque sismique : un rapport de domination Nord-Sud ?
La médiatisation du risque sismique et l’insertion de Lima dans un risque mondial
Le rôle de la communauté épistémique nationale et internationale
Le risque sismique : un moyen d’affirmation de l’autorité publique et de mobilisation contre une forme de citadinité
Un plan d’action pour éviter une catastrophe potentielle
La construction d’un risque défini par l’aléa et la vulnérabilité conduit à traiter des espaces dominés
Conclusion
Mathieu Uhel
Les révolutions socialistes de l’eau en Bolivie et au Venezuela
La révolution « bolivarienne » de l’eau à Maracaibo
La « bolivarianisation » partielle du prestataire public
La politisation de la diffusion et de la formation des TTE dans l’espace urbain
Des projets communautaires politisés, ponctuels et localisés
La reconfiguration des rapports de pouvoir dans le conseil d’administration du prestataire à Cochabamba
Une participation citoyenne dans le CA de SEMAPA imposée par le mouvement social
L’intervention du ministère de l’Eau dans le CA de SEMAPA et l’échec du plan de restructuration de l’entreprise
La difficile autonomie locale des organisations du mouvement social dans le processus révolutionnaire national
Conclusion
Renaud Bécot
Les murs de l’usine et le dilemme syndical face à la pollution industrielle, 1945-1980
L’historicité de la frontière dans l’après-guerre
La frontière à l’épreuve des mutations industrielles, années 1960
Le brouillage de la frontière au cours des « années 1968 »
Conclusion : la rémanence de la frontière
Romain Felli et Raphaël Ramuz
L’environnement comme stratégie syndicale internationale : réflexions sur la « géographie ouvrière » à partir du changement climatique
Enjeux de la « Labour geography »
Reformulations analytiques
Quelques limites de la géographie ouvrière
Vers une approche stratégique-relationnelle
Un exemple : les stratégies environnementales des syndicats
Conclusion
Salvatore Engel-Di Mauro
Postface
Le comité éditorial
Les auteur-es
Bibliogr. en fin de contributions |
En ligne : |
https://proxy.scd.univ-tours.fr/login?url=http://books.openedition.org/pur/59225 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=133229 |
Espace et rapports de domination [colloque, 20-21 septembre 2012, Université de Marne-la-Vallée. Organisation du congrès] = Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche [texte imprimé] / Anne Clerval (1978-...)  , Directeur de la recherche ; Antoine Fleury (1978-...)  , Directeur de la recherche ; Julien Rebotier (1981-...), Directeur de la recherche ; Serge Weber (1972-...), Directeur de la recherche . - Disponible sur OpenEdition . - Rennes : PUR, Presses Universitaires de Rennes, 2015 . - 399 p. : ill. en noir et blanc, cartes, graph., couv. ill. en coul. ; 24 x 17 cm. - ( Géographie sociale, ISSN 1761-4457) . ISBN : 978-2-7535-3693-7 : 22 € 4e de couv. : Dégagé de la plupart de ses contrepouvoirs depuis la fin des années 1980, le projet politique néolibéral et les inégalités qu'il renforce paraissent aujourd'hui sans remède. Est-il si difficile de ne pas céder à la résignation ou, pire, à l'indifférence ? Les outils pour identifier ces inégalités, les expliquer et les dénoncer ne manquent pas. La pensée critique connaît, en France comme ailleurs, un formidable renouveau. Dans toutes les disciplines des sciences sociales, l'apport de nos aînés est revisité et enrichi de nouvelles propositions pour se confronter aux injustices contemporaines, qui semblent rendues acceptables par des manipulations intellectuelles et des ficelles de plus en plus grossières. L'espace est, comme le temps et l'argent, un redoutable allié des dominants. Accaparé, exproprié, spolié, marchandisé, financiarisé, surveillé, refusé, l'espace se révèle être, à toutes les échelles et dans toutes ses configurations, une excellente clef de lecture de la situation des dominés. Confinement, relégation, enfermement en sont les modalités extrêmes, mais bien d'autres, plus subtiles et moins visibles, contribuent à pérenniser des rapports de force à ce point asymétriques qu'il n'est de meilleur terme pour les qualifier que celui de domination. Mais l'espace est aussi l'allié des dominés engagés dans des processus de résistance, de contestation ou de lutte contre l'ordre du capitalisme néolibéral. Dotés de ressources propres, les dominés construisent aussi des stratégies, individuelles ou collectives, qui prennent appui dans l'espace et peuvent faire de ce dernier une ressource pour se faire entendre ou se rendre visible. Dans un contexte académique mondial dominé par les travaux anglophones, en particulier ceux de la géographie radicale, cet ouvrage entend présenter la manière dont les chercheurs et chercheuses francophones travaillant sur les questions spatiales analysent les rapports sociaux de domination, qu'ils soient de classe, de race, de sexe, autant de rapports sociaux qui ont un fondement matériel. Plusieurs entrées thématiques sont explorées, qui renvoient à des champs de recherche bien identifiés : la question urbaine, les études sur le genre, le sexe, la sexualité et l'intersectionnalité, la question des migrations et celle des populations marginalisées et, enfin, l'environnement. Cet ouvrage témoigne donc de la grande vivacité des travaux francophones, tout en réaffirmant l'utilité de penser l'espace dans la critique sociale.
Catégories : |
F POPULATIONS - ETUDES DE CAS
|
Mots-clés : |
Discrimination -- Société / Environnement social SHS Planification et développement Territorialité humaine -- France Géographie sociale -- France Domination espace urbain, anthropologie sociale, géographie de la population, sociologie urbaine, France Justice spatiale -- Actes de congrès domination sociale, espace, inégalité sociale Géographie géographie urbaine Culture idées Climat quartiers populaires Écologie quartier populaire environnement changement climatique |
Index. décimale : |
F-63 Habitat - sociologie de l'habitat |
Résumé : |
Textes issus du colloque, les 20-21 septembre 2012, organisé par l'Université de Marne-la-Vallée et présenté sous le titre "Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche". Une étude sur l'espace en tant que rapport de force entre dominateurs et dominés. Les contributeurs, des chercheurs francophones travaillant sur les questions spatiales, analysent les rapports sociaux de domination à travers les différents processus d'appropriation de l'espace, notamment celui permettant à des dominés engagés d'en faire une ressource pour résister et contester l'ordre néolibéral. |
Note de contenu : |
Sommaire :
1, L’approche radicale en géographie : des pratiques de recherche
2, Des formes et des échelles : un statut épistémologique de l’espace toujours en débat
3, Production de l’espace urbain et rapports sociaux de domination
4, Genre, espace et imbrication : des rapports de domination
5, « Gérer les indésirables » : dispositifs de mise à l’écart et tactiques de résistance
6, La domination à travers l’environnement
Bibliogr. dispersée. Notes bibliogr.
Table des matières
Anne Clerval, Antoine Fleury, Julien Rebotier et al.
Introduction
Héritage intellectuel et renouveau des pensées critiques sur l’espace
Genèse et intentions de l’ouvrage
Organisation de l’ouvrage
Première partie. L’approche radicale en géographie : des pratiques de recherche
Antoine Fleury et Serge Weber
Introduction
Federico Ferretti et Philippe Pelletier
Spatialités et rapports de domination dans l’œuvre des géographes anarchistes Reclus, Kropotkine et Metchnikoff
Les géographes anarchistes contre le social-darwinisme, pour l’entraide et la mésologie
Concentration du capital et dissémination industrielle
La théorie anarchiste du « développement inégal »
La géographie des anarchistes, la question des frontières et des nationalités
Neil Smith †
L’avenir est radicalement ouvert
Don Mitchell
Devenir et rester un géographe radical aux États-Unis
Cécile Gintrac
Quels positionnements pour quelle(s) géographie(s) critique(s) ?
L’impossible neutralité au cœur des débats anglophones
Être chercheur dans et au-delà de l’université néolibérale
Divisions et lignes de partage : géographie radicale vs géographie critique ?
Retour sur la situation française
Serait-on moins militant en France ?
Temporalités françaises ?
Pour un positionnement géographique critique qui dépasse les labels
Essentialisation et importation des labels
Apports bourdieusiens pour une géographie scientifique et militante
« Esquisse pour une auto-analyse » : de Bourdieu au squat
Conclusion
Pascale Metzger et Jérémy Robert
Environnement et risques : les sciences sociales piégées entre critique radicale et utilité sociale
Une recherche sur l’environnement et les risques dominée par les sciences de la nature
De la neutralisation de la critique à une géographie au service de la domination
Dé-naturaliser et re-politiser l’environnement et les risques
Conclusion
Pierpaolo Mudu
Devenir et rester un géographe radical en Italie et ailleurs
Quelques réflexions personnelles
« The Italian combination »
Les centres sociaux italiens
Conclusions
Deuxième partie. Des formes et des échelles : un statut épistémologique de l’espace toujours en débat
Fabrice Ripoll
Introduction
Sabine Planel
Structurations scalaires et exercice de la domination en Éthiopie
Hiérarchie des espaces et domination sociale
L’espace éthiopien : hiérarchie sociale et dépendance régionale
Dynamique et encadrement scalaire au niveau local : jeux d’échelles et jeux d’acteurs
L’enfermement scalaire
Glocal, fédéral et local : rescaling et disempowerment
« Les arènes locales d’une persuasion coercitive »
Conclusion : espaces locaux, espaces du « bureau »
Irène Pereira
La structuration de l’espace par les rapports sociaux
La structuration de l’espace comme effet des luttes de classes
Un exemple : l’opposition entre « centralisme » et « réseaux »
Analyse matérialiste, politique et culturelle des rapports sociaux
Pluralité, consubstantialité et coextensivité de l’espace des rapports sociaux
Conclusion
Robert Hérin
Modes de production et rapports sociaux de domination : une relecture de cinquante ans de recherches dans l’Espagne du Sud-Est
Jusque dans les années 1950, un mode de production précapitaliste agro-seigneurial
L’émergence du mode de production capitaliste : la phase agro-industrielle
Le mode de production capitaliste : la phase urbano-touristique
Conclusion
Troisième partie. Production de l’espace urbain et rapports sociaux de domination
Matthieu Giroud et Mathieu Van Criekingen
Introduction
Nicolas Raimbault
Perdants et gagnants du développement logistique de la métropole : quelle géographie de la domination ?
Le développement logistique : une fonction support pour des territoires servants ?
Activités indésirables pour territoires déshérités ?
Des trajectoires de « territoires servants » ?
Logiques immobilières : une domination de la finance globale ?
La plate-forme logistique comme produit financier pour investisseurs
Intégration de la chaîne immobilière
Coalitions de croissance logistique
Val Bréon : projet logistique local en recherche de capacités
Sénart : régime immobilier d’État contre méthode Prologis
Conclusion : le développement logistique dans les marges de l’action publique
Martine Drozdz
Londres, ville inégale. Capitalisme urbain, politiques de lutte contre l’exclusion urbaine et domination des gouvernements locaux
Gouvernement local et capitalisme urbain en Grande-Bretagne : de l’État dual keynésien à l’assemblage multi-niveaux
De l’État-providence keynésien fordiste au workfare schumpétérien post-fordiste : chronique de l’exclusion des gouvernements locaux
La transition conservateurs – néotravaillistes et la réintroduction de logiques partenariales avec les municipalités
New Deal for Communities ? Gouvernements locaux, cohésion socio-territoriale et logiques d’accumulation
Le contexte qui préside au NDC : l’adoption du référentiel de la « cohésion territoriale »
Le NDC à Londres
Le rôle des gouvernements locaux sous les néotravaillistes d’après l’analyse du NDC : un assemblage composite au service de la construction localisée des marchés
Conclusion
Stéphane Cadiou
La défense du « commerce de proximité » dans les villes : action collective et enjeux d’échelles
La « modernisation » commerciale en enjeu
Une représentation fragmentée
L’action publique en quête d’un partenaire
Conclusion
Max Rousseau
La paradoxale domination de la « nouvelle classe moyenne » sur les espaces urbains désindustrialisés
Introduction : l’évolution des rapports de domination dans les espaces urbains désindustrialisés
Le capital symbolique de la nouvelle classe moyenne
Les mutations de la classe moyenne urbaine : le paradoxe des villes post-industrielles
La consécration du capital culturel de la nouvelle classe moyenne : le rôle de l’« infrastructure critique » de la gentrification
La consécration du capital économique de la nouvelle classe moyenne : le rôle des nouvelles théories du développement économique urbain
Conclusion : un « pouvoir systémique » de la nouvelle classe moyenne dans les villes en déclin ?
Gilles Van Hamme et Mathieu Van Criekingen
Recompositions de classes et clivages politiques au sein des espaces urbains
Un bref retour théorique sur la question des « classes moyennes »
Les classes intermédiaires dans la ville : l’inscription spatiale différenciée des candidats aux élections régionales à Bruxelles
Classes intermédiaires et projet de ville : divergences autour de la « revitalisation urbaine » à Bruxelles
Conclusion
Jean-Pierre Garnier
L’espace urbain, l’État et la petite bourgeoisie intellectuelle : la radicalité critique en question
Quatrième partie. Genre, espace et imbrication : des rapports de domination
Anne Clerval et Amélie Le Renard
Introduction
Anne Clerval et Christine Delphy
Le féminisme matérialiste, une analyse du patriarcat comme système de domination autonome
Le patriarcat, un système de production et de domination autonome
Le patriarcat, un système pensé en analogie avec le capitalisme
Enjeux théoriques et politiques
Une déconstruction radicale du genre
Le genre produit le sexe
Le genre implique la contrainte à l’hétérosexualité
Perspectives pour une approche géographique de la domination
Espace privé/espace public
L’espace domestique comme espace de travail
Genre et rapports Nord-Sud
Géographie des sexualités minoritaires
Adelina Miranda
Troubles des frontières spatiales. Assignation à l’espace domestique et appropriation de l’espace public par les femmes immigrées à Naples
La segmentation sexuée du marché du travail migratoire
Travailler dans l’espace domestique
La présence des femmes étrangères dans l’espace public
Déjouer l’assignation et la stigmatisation
Conclusion
Raphaël Kouadio Oura
Crise de l’ananas et transformation de la division sexuée du travail en milieu rural en Côte d’Ivoire
Bonoua, un espace marqué par des rapports sociaux de domination
Les rapports fonciers autochtones/allogènes et hommes/femmes
Une domination financière des autochtones et le renforcement du clivage villages d’autochtones/villages d’allogènes
Les transformations des rapports de genre
Face à la crise, les femmes s’impliquent dans les activités agricoles ou commerciales
Malgré toutes les tentatives, l’autonomie des femmes reste limitée
Conclusion
Charlotte Prieur
Du quartier gay aux lieux queers parisiens : reproduction des rapports de domination et stratégies spatiales de résistance
Le quartier gay : de l’appropriation territoriale à la normalisation
Le Marais : un territoire transgressant la norme hétérosexuelle
Commercialisation et normalisation du quartier gay du Marais
De la normalisation à l’exclusion
Les lieux queers : des lieux éphémères à l’ancrage spatial
Constitution d’un réseau queer et transpédégouine hétérogène
Un ancrage queer dans le Marais
Conclusion : lieux queers et action collective
Cinquième partie. « Gérer les indésirables » : dispositifs de mise à l’écart et tactiques de résistance
Florence Bouillon, Armelle Choplin, Camille Schmoll et al.
Introduction
Tristan Bruslé
Loger pour exclure. Le camp de travailleurs, dispositif central d’un système de domination des migrants à bas revenus dans le Golfe arabique (exemples au Qatar)
Néolibéralisme, parrainage et le migrant sud asiatique
Production et domination de l’espace des travailleurs
Espaces dominés et enjeux biopolitiques
Enjeux éthiques, réponse technique
Camille Guenebeaud
À chacun sa place. Une étude des rapports de domination dans l’aire de distribution des repas aux migrants sans-papiers de Calais
Marquage de l’espace par les autorités politiques
Rester à sa place : l’organisation interne du lieu de distribution des repas
À chacun sa place
Judicaëlle Dietrich
Le traitement de la pauvreté au prisme des rapports sociaux de domination à Jakarta
La construction spatiale de la relégation
De la fabrique de « citadins indésirables » à l’invisibilisation de la pauvreté
Les politiques publiques au prisme de la justice spatiale
Conclusion
Marion Lecoquierre
« Tant qu’il y aura du thym et des olives… » Résister dans un espace sous contrainte : les villages bédouins non reconnus du Néguev
Du contrôle de l’espace au contrôle des minorités, perspective historique
Du mouvement sioniste à l’État d’Israël : le Néguev sous contrôle
Les villages non reconnus, cœur et objet de la résistance
Stratégies de résistance, de l’espace du village à l’espace public
Assurer les fondamentaux : protester dans et par l’espace
Changer d’échelle, élargir l’audience
Le territoire autochtone face au territoire de la nation
Conclusion
Sixième partie. La domination à travers l’environnement
Sophie Moreau et Julien Rebotier
Introduction
Alexis Sierra
Transformer l’incertitude en risque : un instrument de domination ?
Projeter Lima dans la mondialisation du risque sismique : un rapport de domination Nord-Sud ?
La médiatisation du risque sismique et l’insertion de Lima dans un risque mondial
Le rôle de la communauté épistémique nationale et internationale
Le risque sismique : un moyen d’affirmation de l’autorité publique et de mobilisation contre une forme de citadinité
Un plan d’action pour éviter une catastrophe potentielle
La construction d’un risque défini par l’aléa et la vulnérabilité conduit à traiter des espaces dominés
Conclusion
Mathieu Uhel
Les révolutions socialistes de l’eau en Bolivie et au Venezuela
La révolution « bolivarienne » de l’eau à Maracaibo
La « bolivarianisation » partielle du prestataire public
La politisation de la diffusion et de la formation des TTE dans l’espace urbain
Des projets communautaires politisés, ponctuels et localisés
La reconfiguration des rapports de pouvoir dans le conseil d’administration du prestataire à Cochabamba
Une participation citoyenne dans le CA de SEMAPA imposée par le mouvement social
L’intervention du ministère de l’Eau dans le CA de SEMAPA et l’échec du plan de restructuration de l’entreprise
La difficile autonomie locale des organisations du mouvement social dans le processus révolutionnaire national
Conclusion
Renaud Bécot
Les murs de l’usine et le dilemme syndical face à la pollution industrielle, 1945-1980
L’historicité de la frontière dans l’après-guerre
La frontière à l’épreuve des mutations industrielles, années 1960
Le brouillage de la frontière au cours des « années 1968 »
Conclusion : la rémanence de la frontière
Romain Felli et Raphaël Ramuz
L’environnement comme stratégie syndicale internationale : réflexions sur la « géographie ouvrière » à partir du changement climatique
Enjeux de la « Labour geography »
Reformulations analytiques
Quelques limites de la géographie ouvrière
Vers une approche stratégique-relationnelle
Un exemple : les stratégies environnementales des syndicats
Conclusion
Salvatore Engel-Di Mauro
Postface
Le comité éditorial
Les auteur-es
Bibliogr. en fin de contributions |
En ligne : |
https://proxy.scd.univ-tours.fr/login?url=http://books.openedition.org/pur/59225 |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=133229 |
| ![Espace et rapports de domination [colloque, 20-21 septembre 2012, Université de Marne-la-Vallée. Organisation du congrès] vignette](https://cs.iut.univ-tours.fr/images/vide.png) |