[article]
Titre : |
La 'mission'Cauvin : La propagande coloniale du gouvernement belge aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Florence Gillet, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 357-383 |
Note générale : |
Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
(73) USA 32.019 Propagande / Communication politique / Médias et politique (675) République Démocratique du Congo (RDC) 0(082) Critique / extrait document / citations 94(493)"1939/45" Résistance Belgique 929 Cauvin, André (1907-2004) |
Résumé : |
Le cinéaste belge André Cauvin s'est éteint le 2 avril 2004 à l'âge de 97 ans. Au cours de sa carrière, il réalisa de nombreux films sur le Congo, principalement pour le compte du gouvernement belge. Le premier d'entre eux fut destiné à montrer l'effort de guerre de la colonie dans le cadre d'une campagne de propagande sur le territoire américain entre 1942 et 1945. Durant ses deux dernières années de vie, André Cauvin nous a ouvert ses archives et ses souvenirs de cinéastes. Un travail qui nous a permis de retracer depuis ses origines l'histoire de la mission qui lui avait été confiée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dès le début du conflit, Cauvin se met au service de la résistance. Il fait ses premiers pas dans le service de renseignements Luc en septembre 1940. En décembre 1941, le réseau est infiltré et connaît une première grande crise. Cauvin est contraint de fuir à travers l'Europe et finit par atteindre Londres le 13 mars 1942. Au même moment, Paul-Henri Spaak rentre d'un séjour aux États-Unis. Il y a pris conscience du véritable poids économique et politique joué par la colonie belge au sein du conflit, de la nécessité de reconstruire l'Europe avec les États-Unis et du peu de crédit dont bénéficient la Belgique et le Congo auprès de l'opinion publique américaine. De nombreux articles et ouvrages publiés aux États-Unis ont notamment remis en cause la légitimité de la présence belge sur le territoire africain en rappelant les exactions commises dans la colonie sous le règne de Léopold II et en critiquant la politique belge à l'égard des indigènes.
Avant la guerre, Spaak ne s'était jamais particulièrement intéressé au Congo. Mais son rôle de carte maîtresse en matière de politique étrangère au sein du conflit le pousse à s'y intéresser de fort près. Au printemps 1942, le ministre des Affaires étrangères, alors en charge de la propagande, charge le cinéaste et résistant belge André Cauvin d'une mission qu'il considère de la plus haute importance. En effet, la 'mission' Cauvin aura pour fonction d'apporter aux États-Unis la preuve, d'abord écrite, puis photographique et cinématographique de l'effort de guerre du Congo et de l'ampleur des progrès accomplis par les Belges dans la colonie. L'organisation du travail de propagande se fera à partir de Londres, lieu d'exil des ministres belges, mais également des États-Unis où le marché cinématographique offre davantage de facilités pour le montage et la sonorisation du film. Outre-Atlantique, c'est Theunis, ambassadeur extraordinaire pour la Belgique, qui relayera les instructions de Spaak.
Mais les États-Unis constituent un terrain d'action complexe. À première vue pourtant, le choix du gouvernement belge de s'adresser à l'opinion publique américaine n'avait rien de téméraire. Bien au contraire. Les relations belgo-américaines avaient en effet jusque-là joui d'un vent favorable et les besoins de la puissance américaine en uranium du Congo allaient encore rapprocher davantage les deux États. Mais c'était sans compter sur divers facteurs à la fois psychologiques, historiques et contextuels : la méfiance générale de la population américaine à l'égard de la propagande, les réticences des États-Unis pour tout ce qui touche aux colonies européennes et le protectionnisme historique caractéristique de la puissance américaine.
Après avoir parcouru la colonie sur près de 15.000 kilomètres pendant 9 mois, André Cauvin rentre à New York pour assurer le montage, la sonorisation et la distribution de son film. Trois étapes qui ne se feront pas sans difficulté. Le scénario du film répond clairement aux exigences des autorités belges. Néanmoins, il est très difficile de définir l'impact qu'il a réellement pu avoir sur l'opinion publique américaine en l'absence d'éléments précis tirés de sondages d'opinion ou de statistiques. Quoi qu'il en soit, avec la réalisation du film Congo, André Cauvin amorce une carrière cinématographique qui fera de lui l'un des chefs de file du cinéma colonial en Belgique. |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=113854 |
in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) / BU de Lettres, salle des périodiques > 15 (2005) . - pp. 357-383
[article] La 'mission'Cauvin : La propagande coloniale du gouvernement belge aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale [texte imprimé] / Florence Gillet, Auteur . - 2005 . - pp. 357-383. Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais Langues : Français ( fre) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) / BU de Lettres, salle des périodiques > 15 (2005) . - pp. 357-383
Mots-clés : |
(73) USA 32.019 Propagande / Communication politique / Médias et politique (675) République Démocratique du Congo (RDC) 0(082) Critique / extrait document / citations 94(493)"1939/45" Résistance Belgique 929 Cauvin, André (1907-2004) |
Résumé : |
Le cinéaste belge André Cauvin s'est éteint le 2 avril 2004 à l'âge de 97 ans. Au cours de sa carrière, il réalisa de nombreux films sur le Congo, principalement pour le compte du gouvernement belge. Le premier d'entre eux fut destiné à montrer l'effort de guerre de la colonie dans le cadre d'une campagne de propagande sur le territoire américain entre 1942 et 1945. Durant ses deux dernières années de vie, André Cauvin nous a ouvert ses archives et ses souvenirs de cinéastes. Un travail qui nous a permis de retracer depuis ses origines l'histoire de la mission qui lui avait été confiée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dès le début du conflit, Cauvin se met au service de la résistance. Il fait ses premiers pas dans le service de renseignements Luc en septembre 1940. En décembre 1941, le réseau est infiltré et connaît une première grande crise. Cauvin est contraint de fuir à travers l'Europe et finit par atteindre Londres le 13 mars 1942. Au même moment, Paul-Henri Spaak rentre d'un séjour aux États-Unis. Il y a pris conscience du véritable poids économique et politique joué par la colonie belge au sein du conflit, de la nécessité de reconstruire l'Europe avec les États-Unis et du peu de crédit dont bénéficient la Belgique et le Congo auprès de l'opinion publique américaine. De nombreux articles et ouvrages publiés aux États-Unis ont notamment remis en cause la légitimité de la présence belge sur le territoire africain en rappelant les exactions commises dans la colonie sous le règne de Léopold II et en critiquant la politique belge à l'égard des indigènes.
Avant la guerre, Spaak ne s'était jamais particulièrement intéressé au Congo. Mais son rôle de carte maîtresse en matière de politique étrangère au sein du conflit le pousse à s'y intéresser de fort près. Au printemps 1942, le ministre des Affaires étrangères, alors en charge de la propagande, charge le cinéaste et résistant belge André Cauvin d'une mission qu'il considère de la plus haute importance. En effet, la 'mission' Cauvin aura pour fonction d'apporter aux États-Unis la preuve, d'abord écrite, puis photographique et cinématographique de l'effort de guerre du Congo et de l'ampleur des progrès accomplis par les Belges dans la colonie. L'organisation du travail de propagande se fera à partir de Londres, lieu d'exil des ministres belges, mais également des États-Unis où le marché cinématographique offre davantage de facilités pour le montage et la sonorisation du film. Outre-Atlantique, c'est Theunis, ambassadeur extraordinaire pour la Belgique, qui relayera les instructions de Spaak.
Mais les États-Unis constituent un terrain d'action complexe. À première vue pourtant, le choix du gouvernement belge de s'adresser à l'opinion publique américaine n'avait rien de téméraire. Bien au contraire. Les relations belgo-américaines avaient en effet jusque-là joui d'un vent favorable et les besoins de la puissance américaine en uranium du Congo allaient encore rapprocher davantage les deux États. Mais c'était sans compter sur divers facteurs à la fois psychologiques, historiques et contextuels : la méfiance générale de la population américaine à l'égard de la propagande, les réticences des États-Unis pour tout ce qui touche aux colonies européennes et le protectionnisme historique caractéristique de la puissance américaine.
Après avoir parcouru la colonie sur près de 15.000 kilomètres pendant 9 mois, André Cauvin rentre à New York pour assurer le montage, la sonorisation et la distribution de son film. Trois étapes qui ne se feront pas sans difficulté. Le scénario du film répond clairement aux exigences des autorités belges. Néanmoins, il est très difficile de définir l'impact qu'il a réellement pu avoir sur l'opinion publique américaine en l'absence d'éléments précis tirés de sondages d'opinion ou de statistiques. Quoi qu'il en soit, avec la réalisation du film Congo, André Cauvin amorce une carrière cinématographique qui fera de lui l'un des chefs de file du cinéma colonial en Belgique. |
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