[article]
Titre : |
René Noël et l'Union démocratique et progressiste, 1971-1982 : À la recherche d'un autre communisme dans un Borinage en crises |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Fabrice Maerten, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 435-459 |
Note générale : |
Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle 329.15 Tendance communiste / Communisme (politique) / extrême gauche 353(493) Hainaut, province 329.14(091) Histoire des partis de gauche, du socialisme |
Résumé : |
Le Borinage constitue a priori pendant la majeure partie du 20e siècle un terrain de prédilection pour la propagation du communisme. En effet, sa population est, en tout cas jusqu'au début des années 60, largement ouvrière. En outre, elle est contrainte à un niveau de vie peu élevé et soumise à des crises économiques répétées qui finiront par démanteler le tissu industriel local et provoquer un important chômage endémique. Pourtant, jamais le Parti communiste ne parviendra à ébranler de manière significative un Parti socialiste tout-puissant dans la région dès la fin du 19e siècle.
L'objet de l'article est de mettre en lumière ce qui constitue sans doute le dernier épisode marquant de cette lutte inégale. L'Union démocratique et progressiste, tentative spécifique de répandre le communisme dans le Borinage, y entama en effet pendant quelques années le crédit des socialistes. Le succès initial de l'UDP doit beaucoup à la personnalité de son fondateur, le sénateur communiste René Noël, qui sut tirer profit de son excellente réputation acquise à la tête de la commune de Cuesmes pour obtenir aux communales de 1971 le plébiscite d'une population montoise à la recherche d'un homme et d'un programme providentiels aptes à la faire sortir de la crise.
Mais la réussite fut de courte durée. Seule des quatre composantes censées constituer l'Union, le Parti communiste formait un ensemble vraiment solide. Les trois autres, notamment le groupe des démocrates-chrétiens dont l'état d'esprit marqua l'initiative, n'étaient pas assez robustes pour résister aux pressions extérieures. En outre, Noël était pratiquement à lui seul le ciment d'un mouvement plutôt hétéroclite. Ce dernier unissait en effet des éléments d'un monde ouvrier sur le déclin à une fraction des employés et des fonctionnaires ne se reconnaissant pas dans la société de consommation. Sans la présence effective de son homme orchestre, l'UDP fut de fait incapable de se développer en dehors du Borinage. Mais même là, la cohabitation s'avéra difficile lorsque survinrent les premiers échecs. Le mouvement était déjà bien malade lorsque s'abattit la grande crise des années 70. Celle-ci, en faisant disparaître l'ancienne classe ouvrière et se réfugier la population salariée des vieux bassins industriels sous la protection du puissant PSB, accéléra simplement le processus de désintégration de l'organisation.
Vu sous un certain angle – celui de l'acharnement à promouvoir des réformes de structures anticapitalistes et à rêver d'entreprises gérées par les ouvriers – l'UDP et son leader furent le reflet d'un groupe social en voie d'extinction, incapable ou refusant de percevoir les profondes mutations économiques, sociales et culturelles à l'œuvre à l'époque. Mais on ne peut nier la hardiesse et l'esprit novateur d'un projet faisant fi des véritables murailles idéologiques séparant alors les salariés de Wallonie, attentif aux dimensions non matérielles de la vie en société et promoteur d'une participation plus active des citoyens à la construction de leur Cité. En somme, le mouvement se situait à la croisée de deux chemins, étant à la fois symbolique du crépuscule des partis communistes et annonciateur de l'éclosion prochaine des formations écologistes. |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=113896 |
in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) / BU de Lettres, salle des périodiques > 15 (2005) . - pp. 435-459
[article] René Noël et l'Union démocratique et progressiste, 1971-1982 : À la recherche d'un autre communisme dans un Borinage en crises [texte imprimé] / Fabrice Maerten, Auteur . - 2005 . - pp. 435-459. Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais Langues : Français ( fre) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) / BU de Lettres, salle des périodiques > 15 (2005) . - pp. 435-459
Mots-clés : |
94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle 329.15 Tendance communiste / Communisme (politique) / extrême gauche 353(493) Hainaut, province 329.14(091) Histoire des partis de gauche, du socialisme |
Résumé : |
Le Borinage constitue a priori pendant la majeure partie du 20e siècle un terrain de prédilection pour la propagation du communisme. En effet, sa population est, en tout cas jusqu'au début des années 60, largement ouvrière. En outre, elle est contrainte à un niveau de vie peu élevé et soumise à des crises économiques répétées qui finiront par démanteler le tissu industriel local et provoquer un important chômage endémique. Pourtant, jamais le Parti communiste ne parviendra à ébranler de manière significative un Parti socialiste tout-puissant dans la région dès la fin du 19e siècle.
L'objet de l'article est de mettre en lumière ce qui constitue sans doute le dernier épisode marquant de cette lutte inégale. L'Union démocratique et progressiste, tentative spécifique de répandre le communisme dans le Borinage, y entama en effet pendant quelques années le crédit des socialistes. Le succès initial de l'UDP doit beaucoup à la personnalité de son fondateur, le sénateur communiste René Noël, qui sut tirer profit de son excellente réputation acquise à la tête de la commune de Cuesmes pour obtenir aux communales de 1971 le plébiscite d'une population montoise à la recherche d'un homme et d'un programme providentiels aptes à la faire sortir de la crise.
Mais la réussite fut de courte durée. Seule des quatre composantes censées constituer l'Union, le Parti communiste formait un ensemble vraiment solide. Les trois autres, notamment le groupe des démocrates-chrétiens dont l'état d'esprit marqua l'initiative, n'étaient pas assez robustes pour résister aux pressions extérieures. En outre, Noël était pratiquement à lui seul le ciment d'un mouvement plutôt hétéroclite. Ce dernier unissait en effet des éléments d'un monde ouvrier sur le déclin à une fraction des employés et des fonctionnaires ne se reconnaissant pas dans la société de consommation. Sans la présence effective de son homme orchestre, l'UDP fut de fait incapable de se développer en dehors du Borinage. Mais même là, la cohabitation s'avéra difficile lorsque survinrent les premiers échecs. Le mouvement était déjà bien malade lorsque s'abattit la grande crise des années 70. Celle-ci, en faisant disparaître l'ancienne classe ouvrière et se réfugier la population salariée des vieux bassins industriels sous la protection du puissant PSB, accéléra simplement le processus de désintégration de l'organisation.
Vu sous un certain angle – celui de l'acharnement à promouvoir des réformes de structures anticapitalistes et à rêver d'entreprises gérées par les ouvriers – l'UDP et son leader furent le reflet d'un groupe social en voie d'extinction, incapable ou refusant de percevoir les profondes mutations économiques, sociales et culturelles à l'œuvre à l'époque. Mais on ne peut nier la hardiesse et l'esprit novateur d'un projet faisant fi des véritables murailles idéologiques séparant alors les salariés de Wallonie, attentif aux dimensions non matérielles de la vie en société et promoteur d'une participation plus active des citoyens à la construction de leur Cité. En somme, le mouvement se situait à la croisée de deux chemins, étant à la fois symbolique du crépuscule des partis communistes et annonciateur de l'éclosion prochaine des formations écologistes. |
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