[n° ou bulletin]
Titre : |
1 - Janvier 2013 - Feuille de match (Opus 1) |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2013 |
Importance : |
296 p. |
Format : |
25 x 18 cm |
Prix : |
20 € |
Note générale : |
"Desports, qu’est-ce au juste ? « Le premier magazine de sport à lire avec un marque-page », répond d’emblée l’objet (trois numéros par an) qui ressemble davantage à un beau livre de contes qu’à L’Equipe mag. Couverture cartonnée, typographies un brin retro et illustrations variées qui balancent du reportage photo aux dessins parfois magiques… ce parti pris d’un livre esthétiquement remarquable n’a qu’une prétention : séduire par ses illustrations pour mieux nous plonger dans l’univers du grand reportage sportif. Un monde perdu réhabilité, donc. Et qu’il convient d’encourager. Pas tant pour faire un petit coup de pub à des confrères, mais surtout pour exprimer à quel point de tels ouvrages, intelligents, exigeants et à rebours du temps, sont nécessaires. Car ils ouvrent l’âme. Ouvrir nos esprits… l’objectif saute clairement aux yeux et de grandes plumes à l’instar de Maylis de Kerangal, Denis Podalydès ou encore Don Delillo sont là pour raconter le sport autrement. L’une dresse le portrait de trois « Braqueuses », ces basketteuses de l’équipe de France qui ont fait vibrer toute une nation lors des JO de Londres ; l’autre raconte une scène mémorable de corrida. Un point commun dans ces récits : la fuite du temps pour laisser place aux émotions, aux petits détails qui font toute la magie du sport. Les sports de combats, eux, ne sont pas en reste, bien au contraire. Jugez-en par le récit de vie que dresse Adrien Bosc du premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson. Le fil rouge de cette histoire ? Son combat à Barcelone, en 1916, contre Arthur Cravan, le « boxeur-poète » considéré comme un des précurseurs du surréalisme. Ce match peut prêter à sourire tant la différence de niveau est grande entre les deux hommes. Mais il exprime, dans le fond, toute la tragédie d’un homme qui voulait être roi de la boxe, victime d’une Amérique ségrégationniste. Surnommé « le crasseux » ou « l’Ethiopien » dans ce pays qui l’a vu naître, le boxeur dut se heurter à de nombreux refus avant de conquérir une ceinture mondiale. Pour affronter Tommy Burns (la star de l’époque), il le traque aux quatre coins du monde, des Etats-Unis à l’Australie, en passant par la Grande-Bretagne. Alors forcément, quand il le tient sur un ring, la rencontre tourne au pugilat. Mais l’Amérique blanche, celle qui ne reconnaît que les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) n’est pas prête à voir son colosse humilié. Au quatorzième round, alors que Johnson s’apprête à asséner le coup de grâce à son adversaire, la police intervient pour interrompre le combat. Victoire entachée, donc, pour un jour historique que l’Amérique ne cessera de lui faire payer. Accusé d’enlèvement, le boxeur doit s’exiler. En Grande-Bretagne d’abord, puis en Espagne où il croisera la route d’Arthur Cravan ce fameux 23 avril 1916. Semi-clochard, ivrogne dans les dernières années de sa vie, il se tue au volant de sa Continental Zephyr. « J’étais une brune dans une ville de blonde mais messieurs je n’ai pas arrêté d’avancer », déclara-t-il un jour. Des paroles qui ont eu un impact sur son successeur Mohamed Ali et le trompettiste Miles Davis –grand amoureux de la boxe- qui lui dédia son album A Tribute to Jack Johnson en 1971. Dans un registre différent, Desport consacre un portrait croisé entre deux judokas reconvertis dans la politique. Amis jadis, David Douillet et Thierry Rey (dont nous dressions le portrait sur Au Tapis ! à l’époque de sa nomination) ont pris des chemins différents. Ministre des sports sous l’ère Sarkozy pour le premier, conseiller spécial aux sports de François Hollande à L’Elysée pour le second, les deux hommes, malgré leurs sensibilités politiques opposées, ont des trajectoires en commun. « L’élection de François Hollande marque dans le petit monde du judo la victoire du chat sur le géant, rappelant au passage que cet art martial est plus affaire de tactique que de force », peut-on lire. Et dans ce genre de batailles-là, les clivages ont très peu d’importance comme en témoigne la chute de l’article : « Tatami de gauche, tatami de droite ». Après une conjugaison du verbe passé dans le langage courant « zlataner » et un florilège de déclarations du footballeur suédois aussi drôles que navrantes (« Zlatan, vous avez deux garçons ? » « Oui, les vrais hommes font des hommes » ; « J’aime humilier l’adversaire, ça fait partie de ma conception du jeu » ; « Tu crois en Dieu ? Oui, alors tu dois croire en moi ? »), Desport se referme sur un récit fabuleux. Celui d’un gamin qui rêvait d’être footballeur et qui, par amour pour une belle férue de poésie, délaissa le ballon rond pour les vers. A défaut d’être un buteur légendaire, il devint le prince des lettres chiliennes grâce notamment à son célébrissime roman Le Vieux qui lisait des romans d’amour. Cette histoire, c’est Luis Sepulveda qui la raconte. Et ça vaut le détour." http://combat.blog.lemonde.fr/2013/01/24/quand-le-sport-devient-conte-de-faits/ (24/01/2013) |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
PER
|
Mots-clés : |
cyclisme vélo Sports (les disciplines) Sports et jeux athlétiques et sports et jeux de plein air Sports |
Index. décimale : |
PER J-40 DES Desports |
Résumé : |
"Des préjugés tenaces voudraient contingenter, de manière étanche, littéraires et sportifs. Dépense cérébrale d’un côté, physique de l’autre. Desports («Le premier magazine de sport à lire avec un marque-page») devrait avoir la peau de ces représentations collectives. Le premier numéro — qui sort demain — affiche clairement et hautement ses ambitions : renouer avec les plus riches heures du journalisme sportif : la tribune signée Adrien Bosc et Richard Robert, fondateurs et rédacteurs en chef de Desports, l’énonce dès son titre, ils sont « les Enfants de Blondin ». Desports pourrait être un mook — néologisme forgé pour définir ces objets hybrides, entre livre (book) et magazine — mais ce serait lui faire injure. Couverture lourde et cartonnée, graphisme impeccable (qui faisait déjà la spécificité de Feuilleton, du même Adrien Bosc), papier épais, parfum d’encre, Desports s’annonce comme une encyclopédie en devenir des liens de la littérature, du journalisme et du sport. Dans ce premier numéro, 296 pages qui nous font passer de la petite reine au foot, de grands textes du genre à des inédits, de reportages en interviews. L’équipe qui compose le numéro 1 est prestigieuse : DeLillo, Sepúlveda, Maylis de Kerangal, Denis Podalydès, mais aussi Zlatan, Pierre-Louis Basse, Denis Grozdanovitch, Bernard Chambaz et, dans le cahier central — première approche d’une «Archéologie de la culture sportive» — les vignettes Panini. Lire ce premier numéro, c’est retrouver de grandes plumes, voir les disciplines sportives autrement, partir loin, jusqu’à sa propre enfance, les collections de joueurs, vignettes après vignettes. C’est le tennis avec Deleuze, le foot avec Pasolini, le water-polo avec Nanni Moretti ; mais aussi du basket, du hockey, Luz Long et Jesse Owens à Berlin en 1936 — des sujets attendus, d’autres surprenants, Beckett, Barthes. On apprend quels sont les liens du foot et de la poésie selon Sepúlveda, quels mots tout bon entraîneur doit trouver pour motiver ses troupes (DeLillo), on revient sur les pages les plus dures de l’histoire récente (les JO de 36, la ségrégation raciale avec le premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson, qui affronte à Barcelone Arthur Cravan, neveu d’Oscar Wilde). C’est aussi le sport automobile (grand portrait de Jean-Marie Balestre par Lionel Froissart) ou le plus décalé saut de chameau au Yémen ; la corne de taureau (lien de la beauté et du danger) par Denis Podalydès. Bob Dylan, à dada sur mon minerai, du cricket, les échecs. Etc. Le sport est un roman du monde comme il va. Un spectacle qui, écrit, revient à analyser des cultures, des pratiques, un ethos. Un jeu sérieux. Adrien Bosc et Victor Robert disent, dans leur édito vouloir abolir « les frontières entre sujets dignes et futiles » : l’ambition est grande. Le pari totalement réussi. Pour avoir passé l’été à défricher ce continent pour les lecteurs de Mediapart, on mesure l’exploit. Et on attend avec impatience et gourmandise le prochain numéro, annoncé pour le 23 mai. A vos marques (pages), prêts, lisez !" http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/230113/il-va-y-avoir-desports (23/01/2013) |
Note de contenu : |
Revue de sports au format livre avec des contributions de B. Chambaz, D. Podalydès, Don DeLillo, L. Sepulveda... Sommaire en hyperlien : Avant-Match 11
Les Folles Buttes 12
L'Abécédaire de Gilles Deleuze
T Comme Tennis 16
Le Football selon Pier Paolo Pasolini 21
Nanni Moretti 25
(...) le water-polo
Les Gamelles du baby-foot 29
Florilège Ali 32
Rétrospective 37
Pierre-Louis Basse
Luz Long (...) Jesse Owens, et les amis de 36 38
Les Jeux olympiques de Berlin en 1936 devaient célébrer le régime nazi et la haine raciale, mais deux sportifs audacieux en décidèrent autrement. L'amitié scellée, sous le nez d'Hitler, entre l'athlète allemand Luz Long et l'Américain Jesse Owens apparut comme un défi lancé à l'avenir. Ils firent de cette épreuve de saut en longueur un exemple pour l'Histoire et, trente-deux ans plus tard, aux Jeux de Mexico, d'autres s'en souviendront : quand l'Histoire résonne, le sport sait souvent lui faire écho.
Adrien Bosc
Arthur Cravan versus Jack Johnson 51
Considéré tant par les dadaïstes que par les surréalistes comme un des précurseurs de leur mouvement, Arthur Cravan, neveu prétendu d'Oscar Wilde, affronte en 1916 à Barcelone le premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson. Le récit de ce combat, entre histoire littéraire et histoire de la ségrégation, se lit comme un roman.
À domicile 65
Maylis de Kerangal
Les Trois Braqueuses 67
Les joueuses de l'équipe de France de basket ont remporté la médaille d'argent aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Maylis de Kerangal dresse le portrait de trois d'entre elles : Emmeline Ndongue, Endéné Miyem et Céline Dumerc. Elle s'attache à leurs corps, capables de discipliner l'espace alentour ; et déroule les destins de ces « braqueuses », maîtrisés à force de rigueur et de courage.
Samuel Forey
Saute-Chameau 73
Sur les bords de la mer Rouge, dans la plaine de la Tihama au Yémen, malgré la chaleur écrasante, on pratique un sport périlleux qui n'existe nulle part ailleurs : le saut de chameau. C'est l'apanage de la tribu des Zaraniqs, fière d'assumer ainsi sa singularité. Ces anciens guerriers malmenés par les Yéménites renouent, grâce à ce sport, avec leur gloire passée. Adam Reynolds les a photographiés et Samuel Forey a assisté à une rencontre amicale entre les deux principales villes de la plaine.
Bernard Chambaz
Abécédaire de la petite reine belge 97
Doté de belles classiques et de grandes dynasties de coureurs, le vélo belge demeure une religion en son pays. Là-bas, on vénère la petite reine depuis près d'un siècle. Du cycliste ukranien naturalisé belge, Abakoumov, au Zigzag de la route de l'Histoire, en passant par Eddy Merckx, le champion du siècle, Bernard Chambaz retrace l'épopée glorieuse du cyclisme en Belgique. Il s'agit de sport bien sûr, mais aussi de fratries héroïques, de destins tragiques et de folklore local.
Nicolas Lancelier
Vive le hockey libre !
Sport national, langue commune, le hockey sur glace passionne les Canadiens. À compter des années 1960, ce sport joua aussi un rôle politique essentiel pour la minorité francophone déconsidérée. L'équipe mythique des Canadiens de Montréal incarna durant vingt ans ce combat : leurs victoires préfigurèrent et accompagnèrent la « révolution tranquille » de la société québécoise francophone.
Le grand portrait 123
Lionel Froissart
La Résistible Ascension de Jean-Marie Balestre 125
Avant de devenir président de la Fédération internationale du sport automobile, Jean-Marie Balestre s'autorisa quelques détours embarrassants, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. Outre sa collaboration active à des journaux d'extrême droite, il appartint aussi, selon des documents officiels, à une section de la SS. Ce parcours, de compromissions en revirements grossiers, ne l'empêchera pas, plus tard, de recevoir les honneurs de la République. Symptomatique d'une indulgence bien française pour l'imposture, le cas Balestre en rappelle quelques autres.
Entretien 141
« Faire peur à la peur » Conversation avec Denis Podalydès 143
Le 16 septembre 2012, José Tomás offrit au public nîmois une corrida historique : onze oreilles, une queue, un taureau gracié. Denis Podalydès se trouvait dans les arènes ce jour-là et revient dans cet entretien sur l'exploit du torero. L'auteur de La Peur Matamore appréhende la grâce indicible qui accompagne une prouesse. Qu'il s'agisse de corrida, de football ou de théâtre, une telle beauté advient lorsque, dans le calme et le silence, la peur vient défier le courage.
Balle au centre 163
Louis Dumoulin
&201;quipe type Desports 165
Depuis plus de cinquante ans, Panini fabrique des vignettes : les fameuses « icônes » autocollantes du football. Choisie dans cet immense fonds d'archives, voici une équipe inédite dont la composition s'affranchit de l'histoire et de la géographie. Sous la présidence de Giuseppe Panini, le fondateur de l'entreprise familiale, cette sélection réunit onze joueurs légendaires et inclassables comme Eduard Streltsov le martyr soviétique, le facteur Meroni, ou Paul Breitner, l'anti-Kaiser.
Littérature sportive 193
Ryszard Kapu(...)ci(...)ski
La Guerre du foot 195
En Amérique latine, football et politique se confondent souvent en un mélange instable. En juin 1969, deux matchs opposant le Salvador et le Honduras déchaînent les foules : les deux voisins ne vont alors pas tarder à entrer en guerre. Aux aguets, le journaliste et écrivain Ryszard Kapu(...)ci(...)ski se précipite à Tegucigalpa, capitale du Honduras. Quand la guerre de Cent heures éclate en juillet, il se trouve plongé dans l'obscurité aveugle d'une nuit de bombardement.
À l'extérieur 219
Don Delillo
Stratégie de match 220
La qualité d'un bon entraîneur sportif tient à son langage. Il sait trouver les mots, formuler une vision, ménager des silences : question d'efficacité, de beauté et de rythme. Voilà pourquoi les joueurs l'écoutent et s'approprient son langage. D'images poétiques ou triviales en noms d'oiseaux inventifs, Don DeLillo offre ici son phrasé puissant, celui qui galvanise une équipe aussi bien qu'un lecteur.
Bienvenue aux clubs 229
Caroline six - Gwenn Dubourthoumieu
À dada sur mon minerai 231
La plus riche province de la République démocratique du Congo, le Katanga est aussi le fief de Georges Forrest. Cet industriel belge y bâtit un empire sur les ruines de la Gécamines, la société nationale d'extraction minière. Omniprésent, il dirige également le Cercle hippique de Lubumbashi. Dans le secteur minier, les choses se déroulent d'ailleurs comme lors d'un jumping : de grades fortunes étrangères sont invitées à concourir sous les yeux des spectateurs autochtones.
Prolongations 247
« Meilleur en sport qu'en anglais » 248
Samuel Beckett (...) le cricket
Politique du tatami 252
David Douillet versus Thierry Rey
D'Helsinki à Helsinki 255
L'histoire des Jeux olympiques artistiques
André 258
Zlatan dans le texte 262
Rubin « Hurricane » Carter 266
Bob Dylan
Entraîneurs de la plus mauvaise équipe du monde 270
En regard 274
Rolland Barthes
Parties d'échecs à Sarajevo 276
Sérendipité Échecs 280
La confessions
Luis Sepúlveda 285
J'avoue que j'étais un buteur
À treize ans, Luis Sepúlveda jouait avant-centre dans l'équipe minime de Vivaceta, son quartier de Santiago du Chili. Le football occupait alors toute sa vie ; mais il rencontra Gloria. La plus jolie des filles aimait plutôt la poésie que le ballon rond. Elle offrit au jeune homme sa première déception amoureuse en même temps qu'une grande désillusion quant au pouvoir du football. Des années plus tard, la littérature chilienne y gagnerait une écrivain.
Auteurs 288
Illustrateurs & photographes 290
Prochain numéro 292
Ours |
En ligne : |
http://revuedesports.com/tagged/sommaire |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=23035 |
[n° ou bulletin]
1 - Janvier 2013 - Feuille de match (Opus 1) [texte imprimé] . - 2013 . - 296 p. ; 25 x 18 cm. 20 € "Desports, qu’est-ce au juste ? « Le premier magazine de sport à lire avec un marque-page », répond d’emblée l’objet (trois numéros par an) qui ressemble davantage à un beau livre de contes qu’à L’Equipe mag. Couverture cartonnée, typographies un brin retro et illustrations variées qui balancent du reportage photo aux dessins parfois magiques… ce parti pris d’un livre esthétiquement remarquable n’a qu’une prétention : séduire par ses illustrations pour mieux nous plonger dans l’univers du grand reportage sportif. Un monde perdu réhabilité, donc. Et qu’il convient d’encourager. Pas tant pour faire un petit coup de pub à des confrères, mais surtout pour exprimer à quel point de tels ouvrages, intelligents, exigeants et à rebours du temps, sont nécessaires. Car ils ouvrent l’âme. Ouvrir nos esprits… l’objectif saute clairement aux yeux et de grandes plumes à l’instar de Maylis de Kerangal, Denis Podalydès ou encore Don Delillo sont là pour raconter le sport autrement. L’une dresse le portrait de trois « Braqueuses », ces basketteuses de l’équipe de France qui ont fait vibrer toute une nation lors des JO de Londres ; l’autre raconte une scène mémorable de corrida. Un point commun dans ces récits : la fuite du temps pour laisser place aux émotions, aux petits détails qui font toute la magie du sport. Les sports de combats, eux, ne sont pas en reste, bien au contraire. Jugez-en par le récit de vie que dresse Adrien Bosc du premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson. Le fil rouge de cette histoire ? Son combat à Barcelone, en 1916, contre Arthur Cravan, le « boxeur-poète » considéré comme un des précurseurs du surréalisme. Ce match peut prêter à sourire tant la différence de niveau est grande entre les deux hommes. Mais il exprime, dans le fond, toute la tragédie d’un homme qui voulait être roi de la boxe, victime d’une Amérique ségrégationniste. Surnommé « le crasseux » ou « l’Ethiopien » dans ce pays qui l’a vu naître, le boxeur dut se heurter à de nombreux refus avant de conquérir une ceinture mondiale. Pour affronter Tommy Burns (la star de l’époque), il le traque aux quatre coins du monde, des Etats-Unis à l’Australie, en passant par la Grande-Bretagne. Alors forcément, quand il le tient sur un ring, la rencontre tourne au pugilat. Mais l’Amérique blanche, celle qui ne reconnaît que les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) n’est pas prête à voir son colosse humilié. Au quatorzième round, alors que Johnson s’apprête à asséner le coup de grâce à son adversaire, la police intervient pour interrompre le combat. Victoire entachée, donc, pour un jour historique que l’Amérique ne cessera de lui faire payer. Accusé d’enlèvement, le boxeur doit s’exiler. En Grande-Bretagne d’abord, puis en Espagne où il croisera la route d’Arthur Cravan ce fameux 23 avril 1916. Semi-clochard, ivrogne dans les dernières années de sa vie, il se tue au volant de sa Continental Zephyr. « J’étais une brune dans une ville de blonde mais messieurs je n’ai pas arrêté d’avancer », déclara-t-il un jour. Des paroles qui ont eu un impact sur son successeur Mohamed Ali et le trompettiste Miles Davis –grand amoureux de la boxe- qui lui dédia son album A Tribute to Jack Johnson en 1971. Dans un registre différent, Desport consacre un portrait croisé entre deux judokas reconvertis dans la politique. Amis jadis, David Douillet et Thierry Rey (dont nous dressions le portrait sur Au Tapis ! à l’époque de sa nomination) ont pris des chemins différents. Ministre des sports sous l’ère Sarkozy pour le premier, conseiller spécial aux sports de François Hollande à L’Elysée pour le second, les deux hommes, malgré leurs sensibilités politiques opposées, ont des trajectoires en commun. « L’élection de François Hollande marque dans le petit monde du judo la victoire du chat sur le géant, rappelant au passage que cet art martial est plus affaire de tactique que de force », peut-on lire. Et dans ce genre de batailles-là, les clivages ont très peu d’importance comme en témoigne la chute de l’article : « Tatami de gauche, tatami de droite ». Après une conjugaison du verbe passé dans le langage courant « zlataner » et un florilège de déclarations du footballeur suédois aussi drôles que navrantes (« Zlatan, vous avez deux garçons ? » « Oui, les vrais hommes font des hommes » ; « J’aime humilier l’adversaire, ça fait partie de ma conception du jeu » ; « Tu crois en Dieu ? Oui, alors tu dois croire en moi ? »), Desport se referme sur un récit fabuleux. Celui d’un gamin qui rêvait d’être footballeur et qui, par amour pour une belle férue de poésie, délaissa le ballon rond pour les vers. A défaut d’être un buteur légendaire, il devint le prince des lettres chiliennes grâce notamment à son célébrissime roman Le Vieux qui lisait des romans d’amour. Cette histoire, c’est Luis Sepulveda qui la raconte. Et ça vaut le détour." http://combat.blog.lemonde.fr/2013/01/24/quand-le-sport-devient-conte-de-faits/ (24/01/2013) Langues : Français ( fre)
Catégories : |
PER
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Mots-clés : |
cyclisme vélo Sports (les disciplines) Sports et jeux athlétiques et sports et jeux de plein air Sports |
Index. décimale : |
PER J-40 DES Desports |
Résumé : |
"Des préjugés tenaces voudraient contingenter, de manière étanche, littéraires et sportifs. Dépense cérébrale d’un côté, physique de l’autre. Desports («Le premier magazine de sport à lire avec un marque-page») devrait avoir la peau de ces représentations collectives. Le premier numéro — qui sort demain — affiche clairement et hautement ses ambitions : renouer avec les plus riches heures du journalisme sportif : la tribune signée Adrien Bosc et Richard Robert, fondateurs et rédacteurs en chef de Desports, l’énonce dès son titre, ils sont « les Enfants de Blondin ». Desports pourrait être un mook — néologisme forgé pour définir ces objets hybrides, entre livre (book) et magazine — mais ce serait lui faire injure. Couverture lourde et cartonnée, graphisme impeccable (qui faisait déjà la spécificité de Feuilleton, du même Adrien Bosc), papier épais, parfum d’encre, Desports s’annonce comme une encyclopédie en devenir des liens de la littérature, du journalisme et du sport. Dans ce premier numéro, 296 pages qui nous font passer de la petite reine au foot, de grands textes du genre à des inédits, de reportages en interviews. L’équipe qui compose le numéro 1 est prestigieuse : DeLillo, Sepúlveda, Maylis de Kerangal, Denis Podalydès, mais aussi Zlatan, Pierre-Louis Basse, Denis Grozdanovitch, Bernard Chambaz et, dans le cahier central — première approche d’une «Archéologie de la culture sportive» — les vignettes Panini. Lire ce premier numéro, c’est retrouver de grandes plumes, voir les disciplines sportives autrement, partir loin, jusqu’à sa propre enfance, les collections de joueurs, vignettes après vignettes. C’est le tennis avec Deleuze, le foot avec Pasolini, le water-polo avec Nanni Moretti ; mais aussi du basket, du hockey, Luz Long et Jesse Owens à Berlin en 1936 — des sujets attendus, d’autres surprenants, Beckett, Barthes. On apprend quels sont les liens du foot et de la poésie selon Sepúlveda, quels mots tout bon entraîneur doit trouver pour motiver ses troupes (DeLillo), on revient sur les pages les plus dures de l’histoire récente (les JO de 36, la ségrégation raciale avec le premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson, qui affronte à Barcelone Arthur Cravan, neveu d’Oscar Wilde). C’est aussi le sport automobile (grand portrait de Jean-Marie Balestre par Lionel Froissart) ou le plus décalé saut de chameau au Yémen ; la corne de taureau (lien de la beauté et du danger) par Denis Podalydès. Bob Dylan, à dada sur mon minerai, du cricket, les échecs. Etc. Le sport est un roman du monde comme il va. Un spectacle qui, écrit, revient à analyser des cultures, des pratiques, un ethos. Un jeu sérieux. Adrien Bosc et Victor Robert disent, dans leur édito vouloir abolir « les frontières entre sujets dignes et futiles » : l’ambition est grande. Le pari totalement réussi. Pour avoir passé l’été à défricher ce continent pour les lecteurs de Mediapart, on mesure l’exploit. Et on attend avec impatience et gourmandise le prochain numéro, annoncé pour le 23 mai. A vos marques (pages), prêts, lisez !" http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/230113/il-va-y-avoir-desports (23/01/2013) |
Note de contenu : |
Revue de sports au format livre avec des contributions de B. Chambaz, D. Podalydès, Don DeLillo, L. Sepulveda... Sommaire en hyperlien : Avant-Match 11
Les Folles Buttes 12
L'Abécédaire de Gilles Deleuze
T Comme Tennis 16
Le Football selon Pier Paolo Pasolini 21
Nanni Moretti 25
(...) le water-polo
Les Gamelles du baby-foot 29
Florilège Ali 32
Rétrospective 37
Pierre-Louis Basse
Luz Long (...) Jesse Owens, et les amis de 36 38
Les Jeux olympiques de Berlin en 1936 devaient célébrer le régime nazi et la haine raciale, mais deux sportifs audacieux en décidèrent autrement. L'amitié scellée, sous le nez d'Hitler, entre l'athlète allemand Luz Long et l'Américain Jesse Owens apparut comme un défi lancé à l'avenir. Ils firent de cette épreuve de saut en longueur un exemple pour l'Histoire et, trente-deux ans plus tard, aux Jeux de Mexico, d'autres s'en souviendront : quand l'Histoire résonne, le sport sait souvent lui faire écho.
Adrien Bosc
Arthur Cravan versus Jack Johnson 51
Considéré tant par les dadaïstes que par les surréalistes comme un des précurseurs de leur mouvement, Arthur Cravan, neveu prétendu d'Oscar Wilde, affronte en 1916 à Barcelone le premier boxeur noir champion du monde, Jack Johnson. Le récit de ce combat, entre histoire littéraire et histoire de la ségrégation, se lit comme un roman.
À domicile 65
Maylis de Kerangal
Les Trois Braqueuses 67
Les joueuses de l'équipe de France de basket ont remporté la médaille d'argent aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Maylis de Kerangal dresse le portrait de trois d'entre elles : Emmeline Ndongue, Endéné Miyem et Céline Dumerc. Elle s'attache à leurs corps, capables de discipliner l'espace alentour ; et déroule les destins de ces « braqueuses », maîtrisés à force de rigueur et de courage.
Samuel Forey
Saute-Chameau 73
Sur les bords de la mer Rouge, dans la plaine de la Tihama au Yémen, malgré la chaleur écrasante, on pratique un sport périlleux qui n'existe nulle part ailleurs : le saut de chameau. C'est l'apanage de la tribu des Zaraniqs, fière d'assumer ainsi sa singularité. Ces anciens guerriers malmenés par les Yéménites renouent, grâce à ce sport, avec leur gloire passée. Adam Reynolds les a photographiés et Samuel Forey a assisté à une rencontre amicale entre les deux principales villes de la plaine.
Bernard Chambaz
Abécédaire de la petite reine belge 97
Doté de belles classiques et de grandes dynasties de coureurs, le vélo belge demeure une religion en son pays. Là-bas, on vénère la petite reine depuis près d'un siècle. Du cycliste ukranien naturalisé belge, Abakoumov, au Zigzag de la route de l'Histoire, en passant par Eddy Merckx, le champion du siècle, Bernard Chambaz retrace l'épopée glorieuse du cyclisme en Belgique. Il s'agit de sport bien sûr, mais aussi de fratries héroïques, de destins tragiques et de folklore local.
Nicolas Lancelier
Vive le hockey libre !
Sport national, langue commune, le hockey sur glace passionne les Canadiens. À compter des années 1960, ce sport joua aussi un rôle politique essentiel pour la minorité francophone déconsidérée. L'équipe mythique des Canadiens de Montréal incarna durant vingt ans ce combat : leurs victoires préfigurèrent et accompagnèrent la « révolution tranquille » de la société québécoise francophone.
Le grand portrait 123
Lionel Froissart
La Résistible Ascension de Jean-Marie Balestre 125
Avant de devenir président de la Fédération internationale du sport automobile, Jean-Marie Balestre s'autorisa quelques détours embarrassants, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. Outre sa collaboration active à des journaux d'extrême droite, il appartint aussi, selon des documents officiels, à une section de la SS. Ce parcours, de compromissions en revirements grossiers, ne l'empêchera pas, plus tard, de recevoir les honneurs de la République. Symptomatique d'une indulgence bien française pour l'imposture, le cas Balestre en rappelle quelques autres.
Entretien 141
« Faire peur à la peur » Conversation avec Denis Podalydès 143
Le 16 septembre 2012, José Tomás offrit au public nîmois une corrida historique : onze oreilles, une queue, un taureau gracié. Denis Podalydès se trouvait dans les arènes ce jour-là et revient dans cet entretien sur l'exploit du torero. L'auteur de La Peur Matamore appréhende la grâce indicible qui accompagne une prouesse. Qu'il s'agisse de corrida, de football ou de théâtre, une telle beauté advient lorsque, dans le calme et le silence, la peur vient défier le courage.
Balle au centre 163
Louis Dumoulin
&201;quipe type Desports 165
Depuis plus de cinquante ans, Panini fabrique des vignettes : les fameuses « icônes » autocollantes du football. Choisie dans cet immense fonds d'archives, voici une équipe inédite dont la composition s'affranchit de l'histoire et de la géographie. Sous la présidence de Giuseppe Panini, le fondateur de l'entreprise familiale, cette sélection réunit onze joueurs légendaires et inclassables comme Eduard Streltsov le martyr soviétique, le facteur Meroni, ou Paul Breitner, l'anti-Kaiser.
Littérature sportive 193
Ryszard Kapu(...)ci(...)ski
La Guerre du foot 195
En Amérique latine, football et politique se confondent souvent en un mélange instable. En juin 1969, deux matchs opposant le Salvador et le Honduras déchaînent les foules : les deux voisins ne vont alors pas tarder à entrer en guerre. Aux aguets, le journaliste et écrivain Ryszard Kapu(...)ci(...)ski se précipite à Tegucigalpa, capitale du Honduras. Quand la guerre de Cent heures éclate en juillet, il se trouve plongé dans l'obscurité aveugle d'une nuit de bombardement.
À l'extérieur 219
Don Delillo
Stratégie de match 220
La qualité d'un bon entraîneur sportif tient à son langage. Il sait trouver les mots, formuler une vision, ménager des silences : question d'efficacité, de beauté et de rythme. Voilà pourquoi les joueurs l'écoutent et s'approprient son langage. D'images poétiques ou triviales en noms d'oiseaux inventifs, Don DeLillo offre ici son phrasé puissant, celui qui galvanise une équipe aussi bien qu'un lecteur.
Bienvenue aux clubs 229
Caroline six - Gwenn Dubourthoumieu
À dada sur mon minerai 231
La plus riche province de la République démocratique du Congo, le Katanga est aussi le fief de Georges Forrest. Cet industriel belge y bâtit un empire sur les ruines de la Gécamines, la société nationale d'extraction minière. Omniprésent, il dirige également le Cercle hippique de Lubumbashi. Dans le secteur minier, les choses se déroulent d'ailleurs comme lors d'un jumping : de grades fortunes étrangères sont invitées à concourir sous les yeux des spectateurs autochtones.
Prolongations 247
« Meilleur en sport qu'en anglais » 248
Samuel Beckett (...) le cricket
Politique du tatami 252
David Douillet versus Thierry Rey
D'Helsinki à Helsinki 255
L'histoire des Jeux olympiques artistiques
André 258
Zlatan dans le texte 262
Rubin « Hurricane » Carter 266
Bob Dylan
Entraîneurs de la plus mauvaise équipe du monde 270
En regard 274
Rolland Barthes
Parties d'échecs à Sarajevo 276
Sérendipité Échecs 280
La confessions
Luis Sepúlveda 285
J'avoue que j'étais un buteur
À treize ans, Luis Sepúlveda jouait avant-centre dans l'équipe minime de Vivaceta, son quartier de Santiago du Chili. Le football occupait alors toute sa vie ; mais il rencontra Gloria. La plus jolie des filles aimait plutôt la poésie que le ballon rond. Elle offrit au jeune homme sa première déception amoureuse en même temps qu'une grande désillusion quant au pouvoir du football. Des années plus tard, la littérature chilienne y gagnerait une écrivain.
Auteurs 288
Illustrateurs & photographes 290
Prochain numéro 292
Ours |
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