Titre : |
L'éducation non formelle : chance ou défi pour le travail de jeunesse ? [Journées d’étude franco-allemandes OFAJ/INJEP/DJI – 14/16 octobre 2015 - Lyon] |
Titre original : |
Deutsch-französische Fachtagungen : conclusions des journées d'étude franco-allemandes [OFAJ/INJEP/DJI – 14/16 octobre 2015 - Lyon] |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Elisabeth Berger, Directeur de la recherche ; Francine Labadie , Directeur de la recherche ; Svendy Wittmann, Directeur de la recherche |
Mention d'édition : |
Avec : Yaëlle Amsellem-Mainguy ; Anne Berngruber ; Laurent Besse ; Régis Cortéséro ; Wolfgang Gaiser ; Nora Gaupp ; Marius Harring ; Patricia Loncle-Moriceau ; Aurélie Maurin ; Liane Pluto |
Editeur : |
Paris Cedex 13 - Marly-le-Roi (78) : INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire) |
Année de publication : |
2018 |
Autre Editeur : |
Paris : OFAJ, Office franco-allemand pour la jeunesse / DFJW, Deutsch-Französisches Jugendwerk |
Collection : |
Texte de travail num. 30 |
Importance : |
260 p. |
Accompagnement : |
Sommaire, pp. 11-14 |
Note générale : |
En collaboration avec l’INJEP (Institut National pour la Jeunesse et l’Éducation populaire) et le DJI (Deutsches Jugendinstitut, Institut allemand pour la Jeunesse) deux Journées d’étude franco-allemandes ont été organisées ces dernières années à Berlin et à Lyon.
Le but de cette coopération entre ces deux instituts était d’offrir une plateforme d’échange aux acteurs du travail de jeunesse leur donnant la possibilité de réfléchir sur les réalités et conditions de vie des jeunes dans les deux pays en croisant les regards et les analyses. Permettre à la recherche et à la pratique de se rapprocher, c’est initier une dynamique durable et effective entre les acteurs qui se poursuivra au-delà de ces journées d’étude. Apprendre, s’inspirer des autres, expliquer, découvrir de nouveaux concepts : ces idées maîtresses furent à la base de la conception de ces journées.
La présente publication témoigne de la fécondité de l’échange entre les participants. Les thèmes furent abordés en forums binationaux avant d’être discutés en séances plénières. Les ateliers rassemblant les praticiens étaient fondés sur des exemples concrets issus du travail de jeunesse local et ont permis de rendre compte des différences structurelles des systèmes en Allemagne et en France.
Ce texte de travail rassemble les résultats de recherche pour donner à tous ceux qui s’y intéressent la possibilité d’approfondir leurs connaissances et l’envie de s’engager au service de la relation franco-allemande ! |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
F POPULATIONS - ETUDES DE CAS
|
Mots-clés : |
Éducation populaire Éducation non-formelle ANIMATION SOCIOCULTURELLE travail de jeunesse JEUNE ADULTE QUARTIER POPULAIRE INSERTION PROFESSIONNELLE Education périscolaire FRANCE AllemagneJEUNE CHEMINEMENT SCOLAIRE SYSTEME EDUCATIF POLITIQUE DE L'EDUCATION EMPLOI DES JEUNES CHOMAGE DES JEUNES STATISTIQUE D'EMPLOI POPULATION D'ORIGINE ETRANGERE INEGALITE SOCIALE CONDITION DE VIE CLASSE POPULAIRE INSERTION SOCIALE SOCIALISATION RESEAU SOCIAL IDENTITE SOCIALE ACTION SOCIALE METIER DE L'ACTION SOCIALE MOUVEMENT ASSOCIATIF PROCESSUS D'APPRENTISSAGE COMPARAISON INTERNATIONALE ALLEMAGNE EUROPE COLLOQUE BOURDIEU Pierre |
Index. décimale : |
F-30 Sociologie de la Jeunesse |
Résumé : |
Dans un contexte d’éducation tout au long de la vie, le rôle joué par l’éducation non formelle apparaît revalorisé. En France comme en Allemagne, le champ de la jeunesse est de longue date un terrain de mise en oeuvre de démarches éducatives non formelles, hors de l’école. Les objectifs poursuivis par le travail de jeunesse visent à contribuer à la formation de la personnalité du jeune, à la conquête de son autonomie, à sa construction citoyenne. De ce point de vue, le travail de jeunesse, et ses évolutions, constitue un prisme d’analyse privilégié des transformations de l’éducation non-formelle contemporaine.
Quatre axes de réflexions collectives seront proposés lors de quatre sessions plénières et deux ateliers de travail. Dans le premier forum, les journées d’études s’intéresseront au travail de jeunesse en France et en Allemagne, leurs traditions respectives, leurs fondements cognitifs ou juridiques, leurs finalités, leurs acteurs. Le deuxième forum se concentrera sur les publics, les offres qui leurs sont proposées et l’accès à celles-ci. Dans un troisième temps, ce sont les impacts de l’articulation entre éducation formelle et éducation non-formelle qui seront évalués : le rapport personnel enseignant/travailleur jeunesse, l’impact des politiques des « Rythmes éducatifs » en France et de la « Ganztagschule » en Allemagne sur le travail de jeunesse. Dans le quatrième et dernier forum, c’est la place de l’éducation non-formelle dans le travail de jeunesse dans chacun des deux pays qui sera étudiée ainsi que son articulation avec les processus informels, notamment en regard avec le « peer-learning ». De plus, deux ateliers de travail permettront de se concentrer de façon plus spécifique sur le travail de jeunesse et sur les innovations dans le secteur éducatif au niveau local. |
Note de contenu : |
Etat (école) versus société civile : une histoire contrastée des relations entre éducation non formelle et travail de jeunesse
Le premier a interrogé à la fois les relations existantes entre éducation non formelle et travail de jeunesse au fil du temps ainsi que les évolutions récentes du travail de jeunesse, conceptuelles et factuelles. On retiendra des présentations de Liane Pluto (Deutsches Jugend Institut) et de Laurent Besse (Université de Tours) une genèse différente de l’éducation non formelle dans les deux pays : les mouvements de jeunesse ont historiquement joué un rôle déterminant dans son émergence en Allemagne et aujourd’hui dans sa configuration locale, tandis qu’en France, l’école et l’Etat ont occupé une place centrale, et souvent méconnue, dans sa diffusion jusqu’aux années 60. Le développement de l’animation (concept préféré à celui de travail de jeunesse) marque alors une rupture : l’animation se construit contre l’univers scolaire et hors de lui ; les communes prennent alors le relais dans la structuration d’une offre éducative à destination des jeunes. Depuis les années 1980, dans les deux pays, cette offre tend d’ailleurs de plus en plus à répondre à la question sociale.
Cette histoire contrastée débouche sur des liens quelque peu différenciés entre éducation non formelle - Ensemble de principes, de méthodes actives, de démarches éducatives non formelles et informelles développant les motivations à apprendre, la participation volontaire, l'esprit critique et la citoyenneté - et travail de jeunesse : même si en France comme en Allemagne, le travail de jeunesse consiste dans une activité éducative en direction des jeunes hors de l’école, qui favorise une pluralité d’apprentissages contribuant au développement personnel, il reste cependant que la valorisation de l’éducation non formelle définie alors comme approche pédagogique1, (trouvant au demeurant, un champ d’application privilégié dans l’accompagnement de la socialisation juvénile), paraît, de longue date, plus forte en Allemagne. Si la promotion actuelle de l’éducation non formelle par l’Union européenne peut apparaître comme une chance pour le développement et la reconnaissance du travail de jeunesse, force est d’observer un retour de l’école dans l’organisation des temps périscolaires dans les deux pays, qui pourrait constituer un réel défi pour le travail de jeunesse, celui lié à la gestion de « la tension entre les enjeux découlant des transformations de la société et les attentes des jeunes », comme l’a souligné Liane Pluto.
Education et inégalités sociales : quel rôle pour le travail de jeunesse ?
Pour apprécier si une remise en cause des fondements du travail de jeunesse est susceptible d’advenir du fait de l’institutionnalisation de l’éducation non formelle, encore fallait-il dresser un état de sa situation actuelle. C’était l’objet du second forum qui s’est intéressé à l’offre et aux cibles du travail de jeunesse, à partir des communications de Patricia Loncle (EHESP, Chaire Jeunesse) et d’Eric Van Santen (DJI). Cette problématique a amené à s’interroger sur les finalités des actions relevant du travail de jeunesse : favoriser l’autonomie, l’émancipation de la personne et/ou répondre à des attentes institutionnelles comme celles liées à la lutte contre le chômage des jeunes et le développement de leur employabilité. Des différences substantielles sont apparues entre les deux pays : en Allemagne des interventions professionnelles centrées sur les besoins des jeunes, même si deux types d’offres (travail de jeunesse fédératif/travail de jeunesse ouvert) se distinguent ; en France une offre de travail de jeunesse répondant aux attentes institutionnelles et en particulier aux attentes exprimées par les collectivités territoriales. Pour autant, la question de la prise en compte des publics « précarisés », « en difficulté » tend à s’imposer dans les deux pays, qui ne manque pas d’impacter les métiers et missions du travail de jeunesse. La lutte contre les inégalités est de plus en plus affirmée comme une priorité du travail de jeunesse. Les exemples de Pirmasens (Allen Brinza) et de Romans sur Isère (Christian Bouché) ont été mobilisés en atelier pour illustrer des approches, qui, bien que différentes, se rejoignent sur le souci de considérer les jeunes comme acteurs de leur socialisation et de mettre en œuvre des démarches qui favorisent l’expression de leurs demandes comme porte d’entrée dans des processus d’apprentissage. Néanmoins ils se différencient fortement sur le rôle des pouvoirs locaux.
Education formelle et travail de jeunesse, des perspectives de coopération et un langage commun encore à construire
Tiraillé entre des logiques sociales et éducatives, le travail de jeunesse est désormais confronté au nouvel enjeu du développement d’activités périscolaires dans et/ou près de l’école dans les deux pays. C’était l’objet du troisième forum que d’analyser les impacts produits par la coopération entre acteurs de l’éducation formelle et ceux du travail de jeunesse dans ce cadre. Les communications respectives d’Ivo Züchner (Université de Marburg) et de Sidonie Rançon (IFE) ont permis de distinguer un certain nombre de convergences. Amorcées par des expérimentations depuis la fin des années 1990 en France et le début des années 2000 en Allemagne, on assiste dans la période récente à des phénomènes assez similaires : la progression du nombre d’écoles ouvertes toute la journée (Ganztagschulen) (67% des écoles primaires et 52% des établissements de l’enseignement secondaire du 1er degré, mais environ seulement 30% des élèves) offrant une gamme d’activités diversifiée durant le temps non scolaire ; généralisation en cours de projets éducatifs de territoires, coextensifs de la loi de la refondation de l’école, autour de la question des rythmes scolaires (plus de 80% des communes). Avec un constat commun, celui de l’absence d’un modèle unique de mise en œuvre mais au contraire une forte différenciation des projets, découlant, notamment en France, de la prise en compte d’enjeux et de contextes locaux.
Cette actualité génère dans les deux cas une amplification des « coopérations » entre travail de jeunesse et école pour la mise en place d’activités périscolaires et pose donc la question de la division du travail éducatif. Les résultats de recherche présentés ont mis l’accent sur le fait que ces rapports de coopération ne sont pas majoritairement sur un pied d’égalité et se cantonnent très fréquemment dans des relations de service. De ce fait, on observe pour l’heure peu d’impacts sur les logiques et pratiques du travail de jeunesse. Comment dès lors aller vers une plus grande complémentarité entre professionnels de l’enseignement et du travail de jeunesse ? La présentation en atelier du Projet Educatif de Territoire de la ville de Nantes (M.C. Delaunay-Felix), a insisté sur le travail collaboratif et la négociation qui ont mobilisé tous les acteurs autour d’une charte qui définit les valeurs et principes pour l’action. S’accorder préalablement sur les finalités, les objectifs et la contribution de chacun permet de passer d’une logique de juxtaposition de dispositifs à un travail sur les complémentarités des uns et des autres pour aller vers une coopération effective et vers de véritables interactions entre approche formelle, non formelle et informelle. L’autre exemple étudié en atelier, celui de la gestion locale de l’éducation à Munich (H. Summer-Juhnke), façonne le paysage éducatif local par la création de communautés de responsabilité, composées des acteurs éducatifs locaux et permet de définir des stratégies éducatives de proximité dans une perspective d’éducation tout au long de la vie.
Education informelle et travail de jeunesse, à la recherche d’innovations pédagogiques…
Dans le champ éducatif, d’autres évolutions sont à l’œuvre qui soulignent un regain d’intérêt pour les transmissions horizontales entre jeunes, en dehors des temps d’apprentissages formels et non formels. Quelle place et valeur le travail de jeunesse accorde-t-il à ces apprentissages informels, au peer learning ? Les forums précédents ont permis d’apporter de premiers éléments de réponse à cette question en soulignant des approches françaises et allemandes du travail de jeunesse assez polarisées : schématiquement, ici des formes d’accompagnement privilégiant une grande autonomie des jeunes et une prise en compte de leurs besoins, là des formes plus « encadrées » inspirées souvent des formes scolaires. Il importait dans le dernier forum d’approfondir la compréhension des modalités d’apprentissages informels, comme source potentielle d’innovation pour le travail de jeunesse. La première communication (Marius. Harring, Université de Mainz) portant sur les loisirs d’adolescents a mis en exergue les liens forts entre le capital social et économique des jeunes et la portée éducative de leurs loisirs, soulignant ainsi la reproduction et non la compensation des inégalités sociales entre jeunes dans le temps de loisirs ; tandis que la seconde (Aurélie Maurin, Université Paris 13) s’est intéressée aux apprentissages réalisés durant les voyages scolaires : entre rite et rituel, le voyage apparaît comme un évènement institutionnel, organisationnel, groupal et subjectif qui renouvelle pour l’ensemble des sujets qu’il implique la question du rapport au Savoir et aux savoirs, de l’autre et des autres. ; découverte de soi et de l’autre, ouverture de nouveaux horizons, nouveau rapport au sens des apprentissages scolaires, partage des émotions, des savoirs : le voyage scolaire apparaît comme un pôle important d’innovation pédagogique.
Une publication des actes de ces rencontres est prévue en 2016. Mais les communications sont d’ores et déjà disponibles sur le site de l’OFAJ. |
En ligne : |
https://www.ofaj.org/media/n-30-education-non-formelle-chance-ou-d-fi-pour-le-tr [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=194852 |
L'éducation non formelle : chance ou défi pour le travail de jeunesse ? [Journées d’étude franco-allemandes OFAJ/INJEP/DJI – 14/16 octobre 2015 - Lyon] = Deutsch-französische Fachtagungen : conclusions des journées d'étude franco-allemandes [OFAJ/INJEP/DJI – 14/16 octobre 2015 - Lyon] [texte imprimé] / Elisabeth Berger, Directeur de la recherche ; Francine Labadie  , Directeur de la recherche ; Svendy Wittmann, Directeur de la recherche . - Avec : Yaëlle Amsellem-Mainguy ; Anne Berngruber ; Laurent Besse ; Régis Cortéséro ; Wolfgang Gaiser ; Nora Gaupp ; Marius Harring ; Patricia Loncle-Moriceau ; Aurélie Maurin ; Liane Pluto . - Paris Cedex 13 - Marly-le-Roi (78) (95, avenue de France, 75650) : INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire) : Paris (51, rue de l'Amiral Mouchez, 75013) : OFAJ, Office franco-allemand pour la jeunesse / DFJW, Deutsch-Französisches Jugendwerk, 2018 . - 260 p. + Sommaire, pp. 11-14. - ( Texte de travail; 30) . En collaboration avec l’INJEP (Institut National pour la Jeunesse et l’Éducation populaire) et le DJI (Deutsches Jugendinstitut, Institut allemand pour la Jeunesse) deux Journées d’étude franco-allemandes ont été organisées ces dernières années à Berlin et à Lyon.
Le but de cette coopération entre ces deux instituts était d’offrir une plateforme d’échange aux acteurs du travail de jeunesse leur donnant la possibilité de réfléchir sur les réalités et conditions de vie des jeunes dans les deux pays en croisant les regards et les analyses. Permettre à la recherche et à la pratique de se rapprocher, c’est initier une dynamique durable et effective entre les acteurs qui se poursuivra au-delà de ces journées d’étude. Apprendre, s’inspirer des autres, expliquer, découvrir de nouveaux concepts : ces idées maîtresses furent à la base de la conception de ces journées.
La présente publication témoigne de la fécondité de l’échange entre les participants. Les thèmes furent abordés en forums binationaux avant d’être discutés en séances plénières. Les ateliers rassemblant les praticiens étaient fondés sur des exemples concrets issus du travail de jeunesse local et ont permis de rendre compte des différences structurelles des systèmes en Allemagne et en France.
Ce texte de travail rassemble les résultats de recherche pour donner à tous ceux qui s’y intéressent la possibilité d’approfondir leurs connaissances et l’envie de s’engager au service de la relation franco-allemande ! Langues : Français ( fre)
Catégories : |
F POPULATIONS - ETUDES DE CAS
|
Mots-clés : |
Éducation populaire Éducation non-formelle ANIMATION SOCIOCULTURELLE travail de jeunesse JEUNE ADULTE QUARTIER POPULAIRE INSERTION PROFESSIONNELLE Education périscolaire FRANCE AllemagneJEUNE CHEMINEMENT SCOLAIRE SYSTEME EDUCATIF POLITIQUE DE L'EDUCATION EMPLOI DES JEUNES CHOMAGE DES JEUNES STATISTIQUE D'EMPLOI POPULATION D'ORIGINE ETRANGERE INEGALITE SOCIALE CONDITION DE VIE CLASSE POPULAIRE INSERTION SOCIALE SOCIALISATION RESEAU SOCIAL IDENTITE SOCIALE ACTION SOCIALE METIER DE L'ACTION SOCIALE MOUVEMENT ASSOCIATIF PROCESSUS D'APPRENTISSAGE COMPARAISON INTERNATIONALE ALLEMAGNE EUROPE COLLOQUE BOURDIEU Pierre |
Index. décimale : |
F-30 Sociologie de la Jeunesse |
Résumé : |
Dans un contexte d’éducation tout au long de la vie, le rôle joué par l’éducation non formelle apparaît revalorisé. En France comme en Allemagne, le champ de la jeunesse est de longue date un terrain de mise en oeuvre de démarches éducatives non formelles, hors de l’école. Les objectifs poursuivis par le travail de jeunesse visent à contribuer à la formation de la personnalité du jeune, à la conquête de son autonomie, à sa construction citoyenne. De ce point de vue, le travail de jeunesse, et ses évolutions, constitue un prisme d’analyse privilégié des transformations de l’éducation non-formelle contemporaine.
Quatre axes de réflexions collectives seront proposés lors de quatre sessions plénières et deux ateliers de travail. Dans le premier forum, les journées d’études s’intéresseront au travail de jeunesse en France et en Allemagne, leurs traditions respectives, leurs fondements cognitifs ou juridiques, leurs finalités, leurs acteurs. Le deuxième forum se concentrera sur les publics, les offres qui leurs sont proposées et l’accès à celles-ci. Dans un troisième temps, ce sont les impacts de l’articulation entre éducation formelle et éducation non-formelle qui seront évalués : le rapport personnel enseignant/travailleur jeunesse, l’impact des politiques des « Rythmes éducatifs » en France et de la « Ganztagschule » en Allemagne sur le travail de jeunesse. Dans le quatrième et dernier forum, c’est la place de l’éducation non-formelle dans le travail de jeunesse dans chacun des deux pays qui sera étudiée ainsi que son articulation avec les processus informels, notamment en regard avec le « peer-learning ». De plus, deux ateliers de travail permettront de se concentrer de façon plus spécifique sur le travail de jeunesse et sur les innovations dans le secteur éducatif au niveau local. |
Note de contenu : |
Etat (école) versus société civile : une histoire contrastée des relations entre éducation non formelle et travail de jeunesse
Le premier a interrogé à la fois les relations existantes entre éducation non formelle et travail de jeunesse au fil du temps ainsi que les évolutions récentes du travail de jeunesse, conceptuelles et factuelles. On retiendra des présentations de Liane Pluto (Deutsches Jugend Institut) et de Laurent Besse (Université de Tours) une genèse différente de l’éducation non formelle dans les deux pays : les mouvements de jeunesse ont historiquement joué un rôle déterminant dans son émergence en Allemagne et aujourd’hui dans sa configuration locale, tandis qu’en France, l’école et l’Etat ont occupé une place centrale, et souvent méconnue, dans sa diffusion jusqu’aux années 60. Le développement de l’animation (concept préféré à celui de travail de jeunesse) marque alors une rupture : l’animation se construit contre l’univers scolaire et hors de lui ; les communes prennent alors le relais dans la structuration d’une offre éducative à destination des jeunes. Depuis les années 1980, dans les deux pays, cette offre tend d’ailleurs de plus en plus à répondre à la question sociale.
Cette histoire contrastée débouche sur des liens quelque peu différenciés entre éducation non formelle - Ensemble de principes, de méthodes actives, de démarches éducatives non formelles et informelles développant les motivations à apprendre, la participation volontaire, l'esprit critique et la citoyenneté - et travail de jeunesse : même si en France comme en Allemagne, le travail de jeunesse consiste dans une activité éducative en direction des jeunes hors de l’école, qui favorise une pluralité d’apprentissages contribuant au développement personnel, il reste cependant que la valorisation de l’éducation non formelle définie alors comme approche pédagogique1, (trouvant au demeurant, un champ d’application privilégié dans l’accompagnement de la socialisation juvénile), paraît, de longue date, plus forte en Allemagne. Si la promotion actuelle de l’éducation non formelle par l’Union européenne peut apparaître comme une chance pour le développement et la reconnaissance du travail de jeunesse, force est d’observer un retour de l’école dans l’organisation des temps périscolaires dans les deux pays, qui pourrait constituer un réel défi pour le travail de jeunesse, celui lié à la gestion de « la tension entre les enjeux découlant des transformations de la société et les attentes des jeunes », comme l’a souligné Liane Pluto.
Education et inégalités sociales : quel rôle pour le travail de jeunesse ?
Pour apprécier si une remise en cause des fondements du travail de jeunesse est susceptible d’advenir du fait de l’institutionnalisation de l’éducation non formelle, encore fallait-il dresser un état de sa situation actuelle. C’était l’objet du second forum qui s’est intéressé à l’offre et aux cibles du travail de jeunesse, à partir des communications de Patricia Loncle (EHESP, Chaire Jeunesse) et d’Eric Van Santen (DJI). Cette problématique a amené à s’interroger sur les finalités des actions relevant du travail de jeunesse : favoriser l’autonomie, l’émancipation de la personne et/ou répondre à des attentes institutionnelles comme celles liées à la lutte contre le chômage des jeunes et le développement de leur employabilité. Des différences substantielles sont apparues entre les deux pays : en Allemagne des interventions professionnelles centrées sur les besoins des jeunes, même si deux types d’offres (travail de jeunesse fédératif/travail de jeunesse ouvert) se distinguent ; en France une offre de travail de jeunesse répondant aux attentes institutionnelles et en particulier aux attentes exprimées par les collectivités territoriales. Pour autant, la question de la prise en compte des publics « précarisés », « en difficulté » tend à s’imposer dans les deux pays, qui ne manque pas d’impacter les métiers et missions du travail de jeunesse. La lutte contre les inégalités est de plus en plus affirmée comme une priorité du travail de jeunesse. Les exemples de Pirmasens (Allen Brinza) et de Romans sur Isère (Christian Bouché) ont été mobilisés en atelier pour illustrer des approches, qui, bien que différentes, se rejoignent sur le souci de considérer les jeunes comme acteurs de leur socialisation et de mettre en œuvre des démarches qui favorisent l’expression de leurs demandes comme porte d’entrée dans des processus d’apprentissage. Néanmoins ils se différencient fortement sur le rôle des pouvoirs locaux.
Education formelle et travail de jeunesse, des perspectives de coopération et un langage commun encore à construire
Tiraillé entre des logiques sociales et éducatives, le travail de jeunesse est désormais confronté au nouvel enjeu du développement d’activités périscolaires dans et/ou près de l’école dans les deux pays. C’était l’objet du troisième forum que d’analyser les impacts produits par la coopération entre acteurs de l’éducation formelle et ceux du travail de jeunesse dans ce cadre. Les communications respectives d’Ivo Züchner (Université de Marburg) et de Sidonie Rançon (IFE) ont permis de distinguer un certain nombre de convergences. Amorcées par des expérimentations depuis la fin des années 1990 en France et le début des années 2000 en Allemagne, on assiste dans la période récente à des phénomènes assez similaires : la progression du nombre d’écoles ouvertes toute la journée (Ganztagschulen) (67% des écoles primaires et 52% des établissements de l’enseignement secondaire du 1er degré, mais environ seulement 30% des élèves) offrant une gamme d’activités diversifiée durant le temps non scolaire ; généralisation en cours de projets éducatifs de territoires, coextensifs de la loi de la refondation de l’école, autour de la question des rythmes scolaires (plus de 80% des communes). Avec un constat commun, celui de l’absence d’un modèle unique de mise en œuvre mais au contraire une forte différenciation des projets, découlant, notamment en France, de la prise en compte d’enjeux et de contextes locaux.
Cette actualité génère dans les deux cas une amplification des « coopérations » entre travail de jeunesse et école pour la mise en place d’activités périscolaires et pose donc la question de la division du travail éducatif. Les résultats de recherche présentés ont mis l’accent sur le fait que ces rapports de coopération ne sont pas majoritairement sur un pied d’égalité et se cantonnent très fréquemment dans des relations de service. De ce fait, on observe pour l’heure peu d’impacts sur les logiques et pratiques du travail de jeunesse. Comment dès lors aller vers une plus grande complémentarité entre professionnels de l’enseignement et du travail de jeunesse ? La présentation en atelier du Projet Educatif de Territoire de la ville de Nantes (M.C. Delaunay-Felix), a insisté sur le travail collaboratif et la négociation qui ont mobilisé tous les acteurs autour d’une charte qui définit les valeurs et principes pour l’action. S’accorder préalablement sur les finalités, les objectifs et la contribution de chacun permet de passer d’une logique de juxtaposition de dispositifs à un travail sur les complémentarités des uns et des autres pour aller vers une coopération effective et vers de véritables interactions entre approche formelle, non formelle et informelle. L’autre exemple étudié en atelier, celui de la gestion locale de l’éducation à Munich (H. Summer-Juhnke), façonne le paysage éducatif local par la création de communautés de responsabilité, composées des acteurs éducatifs locaux et permet de définir des stratégies éducatives de proximité dans une perspective d’éducation tout au long de la vie.
Education informelle et travail de jeunesse, à la recherche d’innovations pédagogiques…
Dans le champ éducatif, d’autres évolutions sont à l’œuvre qui soulignent un regain d’intérêt pour les transmissions horizontales entre jeunes, en dehors des temps d’apprentissages formels et non formels. Quelle place et valeur le travail de jeunesse accorde-t-il à ces apprentissages informels, au peer learning ? Les forums précédents ont permis d’apporter de premiers éléments de réponse à cette question en soulignant des approches françaises et allemandes du travail de jeunesse assez polarisées : schématiquement, ici des formes d’accompagnement privilégiant une grande autonomie des jeunes et une prise en compte de leurs besoins, là des formes plus « encadrées » inspirées souvent des formes scolaires. Il importait dans le dernier forum d’approfondir la compréhension des modalités d’apprentissages informels, comme source potentielle d’innovation pour le travail de jeunesse. La première communication (Marius. Harring, Université de Mainz) portant sur les loisirs d’adolescents a mis en exergue les liens forts entre le capital social et économique des jeunes et la portée éducative de leurs loisirs, soulignant ainsi la reproduction et non la compensation des inégalités sociales entre jeunes dans le temps de loisirs ; tandis que la seconde (Aurélie Maurin, Université Paris 13) s’est intéressée aux apprentissages réalisés durant les voyages scolaires : entre rite et rituel, le voyage apparaît comme un évènement institutionnel, organisationnel, groupal et subjectif qui renouvelle pour l’ensemble des sujets qu’il implique la question du rapport au Savoir et aux savoirs, de l’autre et des autres. ; découverte de soi et de l’autre, ouverture de nouveaux horizons, nouveau rapport au sens des apprentissages scolaires, partage des émotions, des savoirs : le voyage scolaire apparaît comme un pôle important d’innovation pédagogique.
Une publication des actes de ces rencontres est prévue en 2016. Mais les communications sont d’ores et déjà disponibles sur le site de l’OFAJ. |
En ligne : |
https://www.ofaj.org/media/n-30-education-non-formelle-chance-ou-d-fi-pour-le-tr [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=194852 |
|