Titre : |
Les dimensions cachées de la pauvreté : recherche participative internationale |
Type de document : |
document électronique |
Mention d'édition : |
Équipe de coordination internationale Rachel BRAY, Marianne DE LAAT, Xavier GODINOT, Alberto UGARTE, Robert WALKER. |
Editeur : |
OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques |
Année de publication : |
2019 |
Importance : |
36 p. |
Format : |
PDF |
Note générale : |
Afin de mieux comprendre la pauvreté, une équipe de recherche internationale – menée par l’Université d’Oxford et ATD Quart Monde – a travaillé durant trois ans pour déterminer un ensemble de dimensions permettant de définir la pauvreté. Les résultats de cette recherche, qui repose sur une méthodologie innovante, associant les personnes en situation de grande pauvreté en tant que co-chercheurs, seront présentés le 10 mai à l’OCDE. |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
pauvreté Dépossession pouvoir d’agir Combat résistance Dynamiques relationnelles Privations Modificateurs Souffrance corps esprit cœur Maltraitance institutionnelle Maltraitance sociale Manque travail décent Revenu insuffisant et précaire Privations matérielles et sociales dimensions cachées intensité facteurs identité temps durée lieu environnement politique environnementale croyances culturelles |
Résumé : |
La pauvreté ne se caractérise pas uniquement par un manque de revenus,
elle est multidimensionnelle. Mais comment ces différentes facettes
interagissent-elles ? Une étude internationale, rendue publique le 10 mai
par ATD quart monde et menée avec l’université d’Oxford, lève le voile.
Intitulée "Les dimensions cachées de la pauvreté", la recherche a impliqué
des équipes françaises, américaines, britanniques, boliviennes,
tanzaniennes et bangladaises. Son originalité est d’avoir croisé les
savoirs et les pratiques en faisant collaborer ensemble des chercheurs,
des professionnels et des personnes en situation de pauvreté dans chacun
de ces pays.
Cette coopération a permis de distinguer trois thématiques
interdépendantes :
1/ La dépossession du pouvoir d’agir, ou "disempowerment", qui se
caractérise par l‘impossibilité de contrôler sa vie, l’absence de choix et
le fait de dépendre des autres. Une dépendance forcée (par exemple, aux
minimas sociaux), au point de toujours dire "oui" de peur de tout perdre,
et une demande d’aide pouvant engendrer une perte de dignité... "Souvent,
elles n’ont pas leur mot à dire dans les décisions prises à leur place par
des personnes qui ont autorité sur elles", pointe le rapport. Ce que, au
Royaume-Uni, une personne démunie résume ainsi : "La pauvreté, c’est comme
une toile qui t’englue dont tu ne peux jamais t’échapper." Elle empêche
tout simplement de se projeter.
Alimentation et habitat de mauvaise qualité, manque de prévention, retard
dans l’accès aux soins… La pauvreté a une incidence sur la santé physique
et mentale. Non seulement elle entraîne plus d’obésité, de maladies
chroniques, d’addictions à l’alcool ou au tabac, de décès prématuré,s mais
elle est pourvoyeuse de stress, de peur face aux incertitudes, de honte
face au regard des autres. "C’est un fardeau sur les épaules, c’est
compliqué d’assumer toutes les difficultés, les reproches de la société et
de ceux qui vous entourent", souligne un professionnel. Pour survivre, les
pauvres se battent en permanence, mais leur combat est invisible pour le
reste de la société.
2/ Les dynamiques relationnelles qui recoupent aussi bien la maltraitance
institutionnelle que sociale. Certes, le rapport aux institutions dépend
des pays concernés. Mais, globalement, les personnes en situation de
pauvreté se sentent jugées, dominées, humiliées parfois, et pas toujours
reconnues dans leurs droits. "Les gens n’osent plus aller à la mairie
tellement ils y ont été mal reçus", constate un professionnel français.
Les pauvres ont également le sentiment d’être ignorés, inaudibles, exclus
du reste de la population. Un phénomène de stigmatisation qui "mène à
l’incapacité de reconnaître ce que les personnes en situation de pauvreté
peuvent apporter à la société", affirme les chercheurs. D’autant que leurs
compétences sont rarement recherchées et valorisées. Pourtant, leur
expérience de la pauvreté leur a fait acquérir de nombreuses capacités, ne
serait-ce qu’apprendre à se débrouiller, à résister, à s’adapter. Exemple
: « Moi, quand j’ai des vieux habits, j’en refais d’autres dedans. Je me
débrouille comme cela ». Faute de pouvoir inviter sa famille, ses voisins,
la pauvreté isole aussi.
3/ Les privations, qui passent par l’absence de travail décent et à long
terme, maintenant les personnes dans la précarité à plusieurs niveaux
(logement, non-accès aux études supérieures et aux loisirs, obligation
d’emprunter de l’argent au risque de ne pas pouvoir rembourser ses dettes,
etc.). L’inquiétude face à l’argent est majeure : elle ronge, culpabilise,
décourage… "On n’est pas en mesure de payer le loyer et les charges",
souligne un Français. Difficile, dans ces conditions, de subvenir aux
besoins quotidiens de sa famille et aux demandes des enfants, comme
l’explique cet Américain : "Il vous faut choisir ce pourquoi il est le
plus important de donner de l’argent : la maison, l’électricité et l’eau
viennent d’abord ; les autres choses matérielles en second." C’est encore
pire dans les pays du Sud : "En tant que femmes qui vendent du poisson au
marché, nous avons de la difficulté à garder nos clients masculins.
Certains exigent des rapports sexuels. Quand vous refusez, vous finissez
par les perdre", déclare une Tanzanienne. |
Note de contenu : |
Un rapport international sur les faces cachées de la pauvreté : "Lutter
efficacement contre la pauvreté, c’est d’abord la comprendre", estime ATD
quart monde, qui a participé à une enquête menée sur le sujet dans six
pays, publiée ce 10 mai, et qui montre que la pauvreté a plusieurs
visages, liés entre eux. |
En ligne : |
http://www.atd-quartmonde.org/wp-content/uploads/2019/05/Dim_Pauvr_fr_FINAL1.pdf |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=220547 |
Les dimensions cachées de la pauvreté : recherche participative internationale [document électronique] . - Équipe de coordination internationale Rachel BRAY, Marianne DE LAAT, Xavier GODINOT, Alberto UGARTE, Robert WALKER. . - [S.l.] : OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques, 2019 . - 36 p. ; PDF. Afin de mieux comprendre la pauvreté, une équipe de recherche internationale – menée par l’Université d’Oxford et ATD Quart Monde – a travaillé durant trois ans pour déterminer un ensemble de dimensions permettant de définir la pauvreté. Les résultats de cette recherche, qui repose sur une méthodologie innovante, associant les personnes en situation de grande pauvreté en tant que co-chercheurs, seront présentés le 10 mai à l’OCDE. Langues : Français ( fre)
Mots-clés : |
pauvreté Dépossession pouvoir d’agir Combat résistance Dynamiques relationnelles Privations Modificateurs Souffrance corps esprit cœur Maltraitance institutionnelle Maltraitance sociale Manque travail décent Revenu insuffisant et précaire Privations matérielles et sociales dimensions cachées intensité facteurs identité temps durée lieu environnement politique environnementale croyances culturelles |
Résumé : |
La pauvreté ne se caractérise pas uniquement par un manque de revenus,
elle est multidimensionnelle. Mais comment ces différentes facettes
interagissent-elles ? Une étude internationale, rendue publique le 10 mai
par ATD quart monde et menée avec l’université d’Oxford, lève le voile.
Intitulée "Les dimensions cachées de la pauvreté", la recherche a impliqué
des équipes françaises, américaines, britanniques, boliviennes,
tanzaniennes et bangladaises. Son originalité est d’avoir croisé les
savoirs et les pratiques en faisant collaborer ensemble des chercheurs,
des professionnels et des personnes en situation de pauvreté dans chacun
de ces pays.
Cette coopération a permis de distinguer trois thématiques
interdépendantes :
1/ La dépossession du pouvoir d’agir, ou "disempowerment", qui se
caractérise par l‘impossibilité de contrôler sa vie, l’absence de choix et
le fait de dépendre des autres. Une dépendance forcée (par exemple, aux
minimas sociaux), au point de toujours dire "oui" de peur de tout perdre,
et une demande d’aide pouvant engendrer une perte de dignité... "Souvent,
elles n’ont pas leur mot à dire dans les décisions prises à leur place par
des personnes qui ont autorité sur elles", pointe le rapport. Ce que, au
Royaume-Uni, une personne démunie résume ainsi : "La pauvreté, c’est comme
une toile qui t’englue dont tu ne peux jamais t’échapper." Elle empêche
tout simplement de se projeter.
Alimentation et habitat de mauvaise qualité, manque de prévention, retard
dans l’accès aux soins… La pauvreté a une incidence sur la santé physique
et mentale. Non seulement elle entraîne plus d’obésité, de maladies
chroniques, d’addictions à l’alcool ou au tabac, de décès prématuré,s mais
elle est pourvoyeuse de stress, de peur face aux incertitudes, de honte
face au regard des autres. "C’est un fardeau sur les épaules, c’est
compliqué d’assumer toutes les difficultés, les reproches de la société et
de ceux qui vous entourent", souligne un professionnel. Pour survivre, les
pauvres se battent en permanence, mais leur combat est invisible pour le
reste de la société.
2/ Les dynamiques relationnelles qui recoupent aussi bien la maltraitance
institutionnelle que sociale. Certes, le rapport aux institutions dépend
des pays concernés. Mais, globalement, les personnes en situation de
pauvreté se sentent jugées, dominées, humiliées parfois, et pas toujours
reconnues dans leurs droits. "Les gens n’osent plus aller à la mairie
tellement ils y ont été mal reçus", constate un professionnel français.
Les pauvres ont également le sentiment d’être ignorés, inaudibles, exclus
du reste de la population. Un phénomène de stigmatisation qui "mène à
l’incapacité de reconnaître ce que les personnes en situation de pauvreté
peuvent apporter à la société", affirme les chercheurs. D’autant que leurs
compétences sont rarement recherchées et valorisées. Pourtant, leur
expérience de la pauvreté leur a fait acquérir de nombreuses capacités, ne
serait-ce qu’apprendre à se débrouiller, à résister, à s’adapter. Exemple
: « Moi, quand j’ai des vieux habits, j’en refais d’autres dedans. Je me
débrouille comme cela ». Faute de pouvoir inviter sa famille, ses voisins,
la pauvreté isole aussi.
3/ Les privations, qui passent par l’absence de travail décent et à long
terme, maintenant les personnes dans la précarité à plusieurs niveaux
(logement, non-accès aux études supérieures et aux loisirs, obligation
d’emprunter de l’argent au risque de ne pas pouvoir rembourser ses dettes,
etc.). L’inquiétude face à l’argent est majeure : elle ronge, culpabilise,
décourage… "On n’est pas en mesure de payer le loyer et les charges",
souligne un Français. Difficile, dans ces conditions, de subvenir aux
besoins quotidiens de sa famille et aux demandes des enfants, comme
l’explique cet Américain : "Il vous faut choisir ce pourquoi il est le
plus important de donner de l’argent : la maison, l’électricité et l’eau
viennent d’abord ; les autres choses matérielles en second." C’est encore
pire dans les pays du Sud : "En tant que femmes qui vendent du poisson au
marché, nous avons de la difficulté à garder nos clients masculins.
Certains exigent des rapports sexuels. Quand vous refusez, vous finissez
par les perdre", déclare une Tanzanienne. |
Note de contenu : |
Un rapport international sur les faces cachées de la pauvreté : "Lutter
efficacement contre la pauvreté, c’est d’abord la comprendre", estime ATD
quart monde, qui a participé à une enquête menée sur le sujet dans six
pays, publiée ce 10 mai, et qui montre que la pauvreté a plusieurs
visages, liés entre eux. |
En ligne : |
http://www.atd-quartmonde.org/wp-content/uploads/2019/05/Dim_Pauvr_fr_FINAL1.pdf |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=220547 |
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