Titre : |
Toujours ou jamais : travail photographique dans l'unité pédopsychiatrique de l'Hôpital Esquirol à Limoges / SUDOC |
Type de document : |
document électronique |
Auteurs : |
Marc Pataut (1952-...) , Auteur |
Mention d'édition : |
Lienart Editions, avec l’Arthotèque du Limousin - textes de Jean-François Chevrier, Maurice Corcos, Véronique Nahoum-Grappe, Jean Poussin et Jean-François Roche |
Editeur : |
Paris : Panama musées |
Année de publication : |
2008 |
Importance : |
1 vol. (non paginé [174] p.) |
Présentation : |
nombreuses ill., couv. ill. en coul. |
Format : |
24 x 30 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-35906-008-9 |
Prix : |
39 € |
Note générale : |
"C’est l’expérience délicate d’un travail photographique collectif, mené par Marc Pataut et réalisée entre 2003 et 2006 dans une unité de soins institutionnelle pour adolescents (Usipa). Elle est racontée dans un livre paru récemment aux éditions Lienart, « Toujours ou jamais ».Marc Pataut se définit comme artiste photographe. Depuis plus de vingt ans, il intervient sur des sur des territoires « de handicaps, de paroles empêchées, d’échecs ou d’exclusions, de souffrances ». Sa méthode s’approche de l’enquête documentaire de longue durée.
« Un témoignage n’existe pas : il se fabrique. »
Le portrait est le terrain muet sur lequel il emmène, après l’écoute et le dialogue, les participants à se déclarer, à affirmer leur existence. Cité dans le livre, le critique d’art et historien Jean-François Chevrier précise :
« La position de l’artiste n’est ni celle du journaliste ni celle du sociologue. En soi, un témoignage n’existe pas : il se fabrique. La parole est pour moi de la matière et de la terre. Je m’autorise à l’utiliser comme la lumière ou l’image. Les images sont des paroles. »
Portrait de Mathilde par Marc Pataut
Portrait de Mathilde par Marc Pataut
Portrait de Morgane par Marc Pataut
Portrait de Morgane par Marc Pataut
Autoportrait de Mathilde
Autoportrait de Mathilde
Là, dans cet Usipa de l’hôpital Esquirol de Limoges (aujourd’hui restructurée), face à des adolescents hospitalisés (beaucoup pour troubles du comportement alimentaire et d’autres pour troubles psychologiques), la parole et la notion d’image sont relatives. On est au centre du corps et de son identité, de sa représentation.
Comment, dans un univers asilaire, emmener des jeunes patients (majoritairement des filles) à se représenter ? Comment le photographe va t-il s’y prendre ? Maurice Corcos, psychanalyste, psychiatre, spécialiste des troubles
psychologiques des adolescents, commente ainsi les images de Pataut :
« Lui... Un corps masculin imposant, contre des corps féminins qui, pour des raisons compliquées, ont choisi de ne pas avoir de corps -d’imaginer, en tout cas, de ne pas en avoir. »
« L’artiste sait, comme les psychiatres, que la modestie est la condition de l’efficacité »
« Pataut privilégie la durée, avec tous les risques que cela implique . Il suspend l’obligation de résultat », explicite de son côté Jean-François Chevrier, tandis que Philippe Vigouroux, directeur du CHU de Limoges entre 2004 et 2008 compare sa démarche à celle des soignants :
« Trois années de résidence... L’artiste choisit une approche modeste. Il sait, comme les psychiatres eux-mêmes, que la modestie est la condition de l’efficacité. »
Le photographe commence ses ateliers par le conseil de « ne pas faire de belles images », mais de produire des photos (à la fin de l’expérience, il y en aura 9 000 environ).
Pour cela il confie aux adolescent(e)s des appareils reflex 24x36 argentique (le maniement de l’appareil et la prise de vue avec une pellicule demandent plus d’attention et incitent à limiter le nombre de clichés).
En contre-point, les portraits que réalisera le photographe. Ce sera en noir et blanc.
Le temps et le sujet des prises de vues sont libres. Les adolescent(e)s vont se photographier dans leur coin, leur chambre, et à l’extérieur, ils se tournent vers des paysages. L’autoportrait est privilégié. Ce sera tout en couleur.
Le lieu de l’échange, du dialogue, du choix, de la comparaison se fait sur des murs d’images dans une pièce polyvalente alternant la salle de consultation et le studio photo. On y crée des montages.
Le mur de l'hôpital où sont affichées les travaux des participantes
Le mur de l’hôpital où sont affichées les travaux des participantes
Jean-François Roche, pédopsychiatre, chef de service au centre hospitalier Esquirol de Limoges, commente ce travail au long cours :
« Un des aspects passionnants du travail de Marc Pataut est la réalisation des murs d’images. Il semble ne rien faire d’autres que de mettre des photographies les unes à côté des autres. Mais c’est justement la juxtaposition, la mise en liaison, qui permet de sortir de l’image et d’entrer dans la représentation. Si je regarde le montage réalisé avec les photos de Virginie, ce qui m’intéresse c’est qu’elle se photographie non pas en train de se mutiler, mais en train de faire le geste de se mutiler. Ce qui n’est pas la même chose. »
Virginie par elle-même
Virginie par elle-même
Dalila et Elodie
Dalila et Elodie
Faut-il parler d’art-thérapie ? « L’art-thérapie n’existe pas » Jean-François Roche. « L’art ne soigne rien, jamais-je parle de la maladie mentale sévère-. ».Maurice Corcos.
Simplement, « quelque chose s’est passé » . Selon le directeur du CHU, les hospitaliers ont découvert « une nouvelle forme de langage chez leurs patients, », et ces derniers une forme d’écriture -souvent poétique - pour une découverte de leurs corps et de sa représentation." |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Enfants malades mentaux -- Photographies Art-thérapie pour adolescents -- France -- Limoges (Haute-Vienne) unité pédopsychiatrique pédopsychiatrie photos photo photographie anorexie |
Résumé : |
Travail photographique dans l’unité pédopsychiatrique de l’hôpital Esquirol à Limoges Dans le cadre du programme « Culture à l’hôpital », l’artiste-photographe Marc Pataut a travaillé pendant près de trois ans dans une unité de soin pour adolescents, souffrant de pathologies telles l’anorexie. Vingt-quatre « séjours » durant lesquels l’appareil photographique circule entre les mains de chaque adolescent. Les images sont produites dans la salle allouée par l’institution, mais l’appareil s’emporte également à l’extérieur et se rapporte. Les jeunes sont libres de choisir leurs moments, leurs objets, leurs cadres. Moisson d’images cueillies, fauchées, récoltées ; au total quelque 9 000 photographies, portraits, autoportraits, paysages, natures mortes... Le plus souvent ces photographies sont assemblées les unes aux autres. Les montages ainsi constitués et accrochés aux murs donnent naissance à de nouvelles œuvres, étranges, drôles, parfois inquiétantes. En parallèle, les portraits réalisés en noir et blanc par Marc Pataut, sans fard mais avec pudeur et délicatesse, témoignent de la qualité des liens tissés. Au fil du temps, un vrai échange naît : on se parle, on regarde, on se regarde, on se cache, on se donne à voir… Avec le concours du Centre national des arts plastiques, ministère de la Culture et de la Communication (aide à l'édition) |
Note de contenu : |
“Quel est le plus long entre toujours ou jamais ?“
Telle est la question posée par un adolescent psychotique hospitalisé à l’USIPA lors d’une des premières visites de Marc Pataut. L’USIPA est (ou plutôt était puisqu’elle n’existe plus sous ce nom là) l’unité d’hospitalisation pour adolescents de l’hôpital psychiatrique de Limoges. C’est donc une unité de psychiatrie, qui accueille des adolescents en grande souffrance, un lieu fermé à clef, d’où on ne sort pas toujours comme on le veut. On y rencontre des infirmiers, des médecins. On peut y recevoir des médicaments.
Les adolescents qui sont accueillis là vont mal : anorexie graves, psychoses, automutilations, séquelles d’enfances fracassées, etc. Il peut y avoir de la violence, des fugues, des conduites auto-agressives.
C’est là que pendant deux ans et demi, deux à trois jours par mois, Marc Pataut est allé poser son appareil photo et confier quelques appareils aux adolescents présents. Il en est résulté plus de 70 000 clichés réalisés par le photographe et les adolescents. Marc Pataud en a fait un livre où il relate ses visites, ce qui s’y est passé, ses émotions, les rencontres avec les adolescents et les soignants.
Il en a surtout fait un recueil de 150 photos pleine page et c’est superbe. Portraits, autoportraits, noir et blanc et couleurs où les adolescents se mettent en scène et en images, photos montages à la façon de ces livres pour enfants où une partie de la page figure la tête, le corps, les jambes, décalages, etc.
L’ensemble est profondément émouvant, drôle et poignant. Je retiendrai les regards des portraits, ces trois anorexiques hilares drapées dans le manteau de Marc, chacune porteuse de sa sonde gastrique, Virginie faisant le simulacre de taillader son bras… déjà couvert de cicatrices, l’adolescent dansant, les vêtements de Mathilde sur son lit, vides d’elle, le regard de Florian, les portraits de Joseph. Il est difficile de choisir, en fait elles sont toutes belles." |
En ligne : |
https://www.journal-ipns.org/lectures/732-toujours-ou-jamais |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=237106 |
Toujours ou jamais : travail photographique dans l'unité pédopsychiatrique de l'Hôpital Esquirol à Limoges / SUDOC [document électronique] / Marc Pataut (1952-...)  , Auteur . - Lienart Editions, avec l’Arthotèque du Limousin - textes de Jean-François Chevrier, Maurice Corcos, Véronique Nahoum-Grappe, Jean Poussin et Jean-François Roche . - Paris : Panama musées, 2008 . - 1 vol. (non paginé [174] p.) : nombreuses ill., couv. ill. en coul. ; 24 x 30 cm. ISBN : 978-2-35906-008-9 : 39 € "C’est l’expérience délicate d’un travail photographique collectif, mené par Marc Pataut et réalisée entre 2003 et 2006 dans une unité de soins institutionnelle pour adolescents (Usipa). Elle est racontée dans un livre paru récemment aux éditions Lienart, « Toujours ou jamais ».Marc Pataut se définit comme artiste photographe. Depuis plus de vingt ans, il intervient sur des sur des territoires « de handicaps, de paroles empêchées, d’échecs ou d’exclusions, de souffrances ». Sa méthode s’approche de l’enquête documentaire de longue durée.
« Un témoignage n’existe pas : il se fabrique. »
Le portrait est le terrain muet sur lequel il emmène, après l’écoute et le dialogue, les participants à se déclarer, à affirmer leur existence. Cité dans le livre, le critique d’art et historien Jean-François Chevrier précise :
« La position de l’artiste n’est ni celle du journaliste ni celle du sociologue. En soi, un témoignage n’existe pas : il se fabrique. La parole est pour moi de la matière et de la terre. Je m’autorise à l’utiliser comme la lumière ou l’image. Les images sont des paroles. »
Portrait de Mathilde par Marc Pataut
Portrait de Mathilde par Marc Pataut
Portrait de Morgane par Marc Pataut
Portrait de Morgane par Marc Pataut
Autoportrait de Mathilde
Autoportrait de Mathilde
Là, dans cet Usipa de l’hôpital Esquirol de Limoges (aujourd’hui restructurée), face à des adolescents hospitalisés (beaucoup pour troubles du comportement alimentaire et d’autres pour troubles psychologiques), la parole et la notion d’image sont relatives. On est au centre du corps et de son identité, de sa représentation.
Comment, dans un univers asilaire, emmener des jeunes patients (majoritairement des filles) à se représenter ? Comment le photographe va t-il s’y prendre ? Maurice Corcos, psychanalyste, psychiatre, spécialiste des troubles
psychologiques des adolescents, commente ainsi les images de Pataut :
« Lui... Un corps masculin imposant, contre des corps féminins qui, pour des raisons compliquées, ont choisi de ne pas avoir de corps -d’imaginer, en tout cas, de ne pas en avoir. »
« L’artiste sait, comme les psychiatres, que la modestie est la condition de l’efficacité »
« Pataut privilégie la durée, avec tous les risques que cela implique . Il suspend l’obligation de résultat », explicite de son côté Jean-François Chevrier, tandis que Philippe Vigouroux, directeur du CHU de Limoges entre 2004 et 2008 compare sa démarche à celle des soignants :
« Trois années de résidence... L’artiste choisit une approche modeste. Il sait, comme les psychiatres eux-mêmes, que la modestie est la condition de l’efficacité. »
Le photographe commence ses ateliers par le conseil de « ne pas faire de belles images », mais de produire des photos (à la fin de l’expérience, il y en aura 9 000 environ).
Pour cela il confie aux adolescent(e)s des appareils reflex 24x36 argentique (le maniement de l’appareil et la prise de vue avec une pellicule demandent plus d’attention et incitent à limiter le nombre de clichés).
En contre-point, les portraits que réalisera le photographe. Ce sera en noir et blanc.
Le temps et le sujet des prises de vues sont libres. Les adolescent(e)s vont se photographier dans leur coin, leur chambre, et à l’extérieur, ils se tournent vers des paysages. L’autoportrait est privilégié. Ce sera tout en couleur.
Le lieu de l’échange, du dialogue, du choix, de la comparaison se fait sur des murs d’images dans une pièce polyvalente alternant la salle de consultation et le studio photo. On y crée des montages.
Le mur de l'hôpital où sont affichées les travaux des participantes
Le mur de l’hôpital où sont affichées les travaux des participantes
Jean-François Roche, pédopsychiatre, chef de service au centre hospitalier Esquirol de Limoges, commente ce travail au long cours :
« Un des aspects passionnants du travail de Marc Pataut est la réalisation des murs d’images. Il semble ne rien faire d’autres que de mettre des photographies les unes à côté des autres. Mais c’est justement la juxtaposition, la mise en liaison, qui permet de sortir de l’image et d’entrer dans la représentation. Si je regarde le montage réalisé avec les photos de Virginie, ce qui m’intéresse c’est qu’elle se photographie non pas en train de se mutiler, mais en train de faire le geste de se mutiler. Ce qui n’est pas la même chose. »
Virginie par elle-même
Virginie par elle-même
Dalila et Elodie
Dalila et Elodie
Faut-il parler d’art-thérapie ? « L’art-thérapie n’existe pas » Jean-François Roche. « L’art ne soigne rien, jamais-je parle de la maladie mentale sévère-. ».Maurice Corcos.
Simplement, « quelque chose s’est passé » . Selon le directeur du CHU, les hospitaliers ont découvert « une nouvelle forme de langage chez leurs patients, », et ces derniers une forme d’écriture -souvent poétique - pour une découverte de leurs corps et de sa représentation." Langues : Français ( fre)
Mots-clés : |
Enfants malades mentaux -- Photographies Art-thérapie pour adolescents -- France -- Limoges (Haute-Vienne) unité pédopsychiatrique pédopsychiatrie photos photo photographie anorexie |
Résumé : |
Travail photographique dans l’unité pédopsychiatrique de l’hôpital Esquirol à Limoges Dans le cadre du programme « Culture à l’hôpital », l’artiste-photographe Marc Pataut a travaillé pendant près de trois ans dans une unité de soin pour adolescents, souffrant de pathologies telles l’anorexie. Vingt-quatre « séjours » durant lesquels l’appareil photographique circule entre les mains de chaque adolescent. Les images sont produites dans la salle allouée par l’institution, mais l’appareil s’emporte également à l’extérieur et se rapporte. Les jeunes sont libres de choisir leurs moments, leurs objets, leurs cadres. Moisson d’images cueillies, fauchées, récoltées ; au total quelque 9 000 photographies, portraits, autoportraits, paysages, natures mortes... Le plus souvent ces photographies sont assemblées les unes aux autres. Les montages ainsi constitués et accrochés aux murs donnent naissance à de nouvelles œuvres, étranges, drôles, parfois inquiétantes. En parallèle, les portraits réalisés en noir et blanc par Marc Pataut, sans fard mais avec pudeur et délicatesse, témoignent de la qualité des liens tissés. Au fil du temps, un vrai échange naît : on se parle, on regarde, on se regarde, on se cache, on se donne à voir… Avec le concours du Centre national des arts plastiques, ministère de la Culture et de la Communication (aide à l'édition) |
Note de contenu : |
“Quel est le plus long entre toujours ou jamais ?“
Telle est la question posée par un adolescent psychotique hospitalisé à l’USIPA lors d’une des premières visites de Marc Pataut. L’USIPA est (ou plutôt était puisqu’elle n’existe plus sous ce nom là) l’unité d’hospitalisation pour adolescents de l’hôpital psychiatrique de Limoges. C’est donc une unité de psychiatrie, qui accueille des adolescents en grande souffrance, un lieu fermé à clef, d’où on ne sort pas toujours comme on le veut. On y rencontre des infirmiers, des médecins. On peut y recevoir des médicaments.
Les adolescents qui sont accueillis là vont mal : anorexie graves, psychoses, automutilations, séquelles d’enfances fracassées, etc. Il peut y avoir de la violence, des fugues, des conduites auto-agressives.
C’est là que pendant deux ans et demi, deux à trois jours par mois, Marc Pataut est allé poser son appareil photo et confier quelques appareils aux adolescents présents. Il en est résulté plus de 70 000 clichés réalisés par le photographe et les adolescents. Marc Pataud en a fait un livre où il relate ses visites, ce qui s’y est passé, ses émotions, les rencontres avec les adolescents et les soignants.
Il en a surtout fait un recueil de 150 photos pleine page et c’est superbe. Portraits, autoportraits, noir et blanc et couleurs où les adolescents se mettent en scène et en images, photos montages à la façon de ces livres pour enfants où une partie de la page figure la tête, le corps, les jambes, décalages, etc.
L’ensemble est profondément émouvant, drôle et poignant. Je retiendrai les regards des portraits, ces trois anorexiques hilares drapées dans le manteau de Marc, chacune porteuse de sa sonde gastrique, Virginie faisant le simulacre de taillader son bras… déjà couvert de cicatrices, l’adolescent dansant, les vêtements de Mathilde sur son lit, vides d’elle, le regard de Florian, les portraits de Joseph. Il est difficile de choisir, en fait elles sont toutes belles." |
En ligne : |
https://www.journal-ipns.org/lectures/732-toujours-ou-jamais |
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