Titre : |
« Les filles du coin » Enquête sur les jeunes femmes en milieu rural. Sociabilités dans l’espace local rural populaire |
Titre original : |
« Les filles du coin », Premiers résultats de l’enquête sur les sociabilités des jeunes femmes en milieu rural : Enquête à paraître au printemps 2019 dans la rubrique publications du site l’INJEP |
Type de document : |
document électronique |
Auteurs : |
Yaëlle Amsellem-Mainguy (1980-...) , Auteur ; Sacha Gaspar Voisin, Auteur |
Mention d'édition : |
26/09/2019 |
Editeur : |
Paris Cedex 13 - Marly-le-Roi (78) : INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire) |
Année de publication : |
2019 |
Collection : |
INJEP Notes & Rapports/Rapport d’étude num. 2019/7  |
Importance : |
188 p. |
Format : |
PDF |
Note générale : |
« Les filles du coin » est une recherche qui fait écho à l’enquête majeure sur la jeunesse rurale réalisée il y a 20 ans par Nicolas Renahy et intitulée « Les gars du coin ». Elle a pour objectif de rendre compte des trajectoires, conditions de vie et expériences juvéniles des jeunes femmes vivant en milieu rural et de poursuivre les travaux de sociologie sur les jeunesses rurales, en documentant les éventuelles spécificités rencontrées par les jeunes femmes résidant hors des grandes agglomérations en France hexagonale.
À partir de leurs récits, il s’agit de saisir comment des jeunes femmes âgées essentiellement de 15 à 26 ans vivent « leur jeunesse » en milieu rural, où elles ont pour la plupart grandi et où elles vivent toujours au moment de l’enquête. Pour décrire leur territoire, elles évoquent des problématiques soulignées dans les enquêtes antérieures sur les jeunes ruraux : absence d’offre et d’activités de loisirs et d’animation socioculturelle, forte interconnaissance, orientation scolaire par le bas, précarité du marché du travail, des conditions de travail et emplois sous-qualifiés… La question de la mobilité est transversale, se pose à tous les instants de la vie quotidienne et à tous les âges de la vie: l’inadaptation de l’offre de transports en commun est largement pointée du doigt par toutes les enquêtées, indépendamment de leur âge et du territoire où elles résident.
Cette enquête montre aussi comment elles se « débrouillent » et font face aux difficultés qui sont les leurs en cherchant à s’adapter, à « faire avec », à les contourner ou à s’en échapper. L’analyse de leurs pratiques quotidiennes permet d’appréhender les spécificités des sociabilités des jeunes femmes dans le monde rural et les rapports de genre qui sont à l’oeuvre. Pour ce faire, l’enquête s’est intéressée à l’orientation scolaire, à la formation, à l’insertion professionnelle, à la composition des groupes de pairs, aux sociabilités féminines ou encore aux pratiques de loisirs, révélant au passage comment les jeunes femmes se conforment à leur rôle de genre, mais parviennent aussi à investir des bastions masculins. |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
milieu rural fille filles femmes jeune jeunes jeunesse rurale sociabilité loisirs emploi emplois amitié loisir territoire charge mentale formation orientation scolaire stratégie stratégies parentale parentales:stigmatisation relation relations amoureuse amoureuses contrôle social foyer de jeunes foyer transport mobilité attachement |
Résumé : |
Des travaux récents sont venus éclairer les conditions de vie des jeunes ruraux, mais nombre d’entre eux ne concernent que les jeunes hommes et très peu se concentrent sur les femmes. La recherche menée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) et l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP – chaire jeunesse) a pour ambition de mieux comprendre les conditions de vie des jeunes filles et jeunes femmes dans le monde rural. Les auteurs Yaëlle Amsellem Mainguy, sociologue, chargée d’études et de recherche à l’INJEP et Sacha Voisin, sociologue, ingénieur de recherche à l’Ehesp / associé à l’Injep livrent les premiers résultats.
Aujourd’hui, près d’un jeune sur cinq vit en milieu rural, ce qui représente près de 4,5 millions de personnes (dont 3 millions ont moins de 18 ans). Des travaux récents sont venus éclairer les conditions de vie des jeunes ruraux, pour autant ils se concentrent avant tout sur les jeunes hommes, les jeunes femmes y apparaissent au second plan. Cette étude a pour ambition de mieux comprendre les conditions de vie des jeunes filles et jeunes femmes dans le monde rural. Qui sont-elles ? Qu’est ce qu’être une fille « du coin » ? Comment se jouent et se rejouent les réseaux d’amitié ? Quels sont les lieux de sociabilités sur les territoires ruraux ? Quels sont les rôles attendus et à quoi doivent-elles se conformer ? Existe t-il un « entre soi » féminin ? Quelles sont leurs place dans les sociabilités mixtes ? Plus largement, quelles places prennent les jeunes femmes et jeunes filles dans les activités de loisirs et dans l’animation de la vie locale ?
Autant de questions pour explorer les différentes facettes de l’expérience contemporaine de la ruralité, dans ses constantes comme dans ses variations locales, du point de vue des jeunes filles et jeunes femmes qui l’habitent.
Pour y répondre, 173 jeunes filles et jeunes femmes, âgées de 14 à 29 ans ont accepté de se prêter au jeu d’entretiens sociologiques de manière individuelle ou en petits groupes au cours de l’année 2018. Lorsque nous les rencontrons, elles habitent dans des hameaux, villages ou petites villes (<8000 hab), et se définissent comme vivant « loin » ou « hors » des grandes villes « dans la campagne », « en milieu rural » ou « dans un trou perdu » « au milieu de rien ». Plus précisément elles viennent de la pointe du Finistère, de la vallée de la Meuse, des Deux Sèvres ou encore entre l’Isère et la Savoie en cœur de Chartreuse.
« Être d’ici » : les filles et leurs familles
Être du coin, ce n’est pas qu’une question de lieu de naissance. Différentes dimensions participent à définir les filles comme pleinement « d’ici » ou au contraire à les tenir en marge, comme « cassos » ou « babos » : le milieu social, l’histoire familiale et surtout la participation des parents aux institutions de la sociabilité locale « traditionnelle » et populaire (club de foot, associations…) ou « néo-rurale » (cafés culturels…). C’est aussi la fréquentation d’un groupe de pairs visible et reconnu dans l’espace local comme formant la jeunesse locale. Or être considérée et se considérer comme pleinement du coin joue en retour sur les relations sociales des filles, sur leurs opportunités de loisirs comme sur leur accès aux stages, jobs et emplois.
Avoir des ami·e·s : constitution et reconstitution de groupes d’amitié
En milieu rural, l’orientation scolaire vient largement impacter la constitution des groupes d’ami·e·s (où les filles sont surreprésentées). Après les stratégies parentales sur le choix du collège (l’offre et l’éloignement faisant ressortir les arguments entre l’établissement public ou privé) c’est à l’arrivée au lycée que les groupes se recomposent surtout. Les groupes se font davantage par « affinités » (partager des choses en commun) que par « ancienneté » ou par lieu de résidence (venir du même village, du même hameau). Au delà à travers la constitution des groupes, on saisit la construction de l’altérité et le poids de la stigmatisation : s’il y a les jeunes avec qui l’on peut être, il y a surtout et avant tout un travail d’étiquetage des jeunes qu’il ne faut pas fréquenter (les indicateurs socioéconomiques sont alors mobilisés). Par ailleurs, dans un espace d’interaction où les récits sont marqués par le fait que « tout se sait » et « tout se voit » l’évolution de la constitution des groupes de pairs au fil des âges et du temps est largement commenté par les filles elles-mêmes. Les relations amoureuses sont alors un exemple parlant pour faire émerger le contrôle social et les rappels à l’ordre de genre entre filles mais également entre filles et garçons.
Les filles et leurs loisirs : « En grandissant, ça devient plus compliqué »
Ce n’est pas parce qu’on habite près de la mer qu’on fait du surf ou qu’on va se baigner, ni parce qu’on habite à la montagne qu’on fait du ski et de la randonnée. Les différences sociales dans les loisirs sont importantes et quand les filles de petites classes moyennes multiplient les activités (non sans s’y confronter à du sexisme), celles de milieux populaires privilégient le temps libre non encadré. Ces dernières pâtissent particulièrement de la rareté des lieux de sortie pour les jeunes (il n’y a presque plus de boîtes de nuits et il manque de foyers de jeunes) et du manque de transports publics. Or les filles sont plus contrôlées sur leurs sorties que les garçons et ont moins accès à des formes de transport autonome (scooters, stop) avant leurs 18 ans. Elles sont aussi soumises à plus de contrôle social dans l’espace public et se sentent ainsi rarement à l’aise dans les quelques cafés et bars locaux. A défaut de pouvoir aller en ville, elles retrouvent leurs ami·e·s dans les lieux de l’espace public où se rassemblent les adolescent·e·s (stade, skatepark, city….) ou passent le temps chez elles, seules, avec leurs proches, ou à s’occuper des plus jeunes.
« On fait avec, ici il faut s’adapter » : formation et insertion socioprofessionnelle sous tensions
Comme l’ont montré des travaux antérieurs, les jeunes filles et jeunes femmes rencontrées relatent les tensions dans les stratégies de construction de leur parcours de formation et d’activité professionnelle : l’offre locale est relativement faible et peu diversifiée (elles sont bien souvent dans les secteurs de la vente, des services et de l’aide à la personne), les emplois occupés sont précaires, marqués par des temps partiel subis et des horaires fractionnés. Rester sur le territoire et travailler implique parfois de revoir ses ambitions à la baisse, et de reconstruire ses projets d’indépendance au gré des postes disponibles. S’éloigner du domicile « pour trouver » une formation ou un emploi révèle le poids du coût économique, de la charge mentale qui pèse de manière très inégale sur les filles et les femmes (conséquences sur la vie familiale, relations avec la mère), ainsi que des représentations de la ville et du territoire. Sur deux des territoires enquêtés l’emploi saisonnier (car zone touristique) est cité comme moyen de pouvoir « gagner de l’argent » à condition d’avoir du réseau et de ne pas être trop regardante sur les conditions de travail.
Un attachement ambigu : les filles et l’image de leur territoire
Les filles sont très attachées à un territoire où elles ont grandi et où vivent leurs proches. Un attachement qui ne s’exprime toutefois pas avec la même évidence selon qu’elles habitent un territoire touristique valorisé ou un territoire en déclin. Un attachement qui se construit aussi dans l’opposition à la ville. Si la ville attire et fascine, elle est aussi associée à la solitude, au harcèlement et la violence. Les filles décrivent celles « de la ville » comme soit « bourges » et superficielles, soit « racailles » ou « cassos ». Les filles ne sont pas non plus tendres envers leur territoire et elles renvoient volontiers les autres jeunes du coin à l’image des « bouseux ». Toutefois si elles veulent partir – pour les loisirs, les études, le travail, ou tout simplement pour voir autres chose – c’est souvent pour revenir plus tard, ou garder une attache locale. Ou alors pour un entre-deux, un cadre qui aurait les avantages de la campagne (calme, naturel) mais qui, plus proche de la ville, des transports et des loisirs, n’en n’aurait pas les inconvénients.
En conclusion : Questions de mobilité
La question n’est pas tant de vouloir partir, rester ou revenir de/sur « son » territoire que d’en avoir la possibilité. Or la capacité à être mobile et à pouvoir envisager quitter son territoire se construit au croisement de l’âge, du milieu social, des ressources et de l’histoire familiales, du parcours scolaire et des dynamiques propres au territoire, en termes de transport public comme de représentations. D’autant plus que les distances ne se comptent pas en termes de kilomètres mais en temps de transport, et le proche peut être très lointain selon les modes de transports accessibles. Ces fortes contraintes de mobilité n’empêchent pourtant pas les filles de milieu rural de connaître paradoxalement une autonomie très jeune, quittant leurs parents vers 14, 15 ans (voir avant) pour l’internat. Une expérience pour elles banale mais qui reste exceptionnelle à l’échelle de leur génération. |
Note de contenu : |
SOMMAIRE :
INTRODUCTION ........................................................................................................................................... 7
Questionnements initiaux .............................................................................................................................................................. 9
I. PRESENTATION GENERALE DES DONNEES ET METHODOLOGIE................................... 13
1. Prendre en compte l’hétérogénéité des territoires ruraux................................................................................... 13
Présentation générale des quatre territoires d’enquête ................................................................................................................................ 14
Ruralité subjective et réalités sociales .........................................................................................................................................................................18
2. Présentation du corpus d’entretiens.................................................................................................................................19
Les matériaux...................................................................................................................................................................................................................................19
Présentation générale des jeunes femmes rencontrées.............................................................................................................................. 20
II. TERRITOIRE ET FAMILLES ................................................................................................................29
1. Construction subjective de la ruralité et de ses caractéristiques ....................................................................29
La « campagne », une acception variable................................................................................................................................................................ 30
Avoir des voisins ou pas : l’expression de l’isolement......................................................................................................................................32
Le bourg, le village et les petites villes : centralités et rivalités................................................................................................................35
« La cité à la campagne »...................................................................................................................................................................................................... 39
2. Construction du rapport à l’« ici » au gré des inscriptions familiales ........................................................... 40
« Je suis pure beurre » : familles « hyper locales » et interconnaissance .......................................................................................41
Venir d’une famille « pas vraiment d’ici » et pourtant…................................................................................................................................... 44
Familles mobiles et précaires .............................................................................................................................................................................................47
« Partir seule » et « se poser » en milieu rural...................................................................................................................................................... 49
3. « Être la fille de… » :
quand la notoriété des familles participe à l’intégration des jeunes femmes .............................................. 51
Les institutions « traditionnelles » de la sociabilité locale............................................................................................................................52
Sociabilités locales alternatives et entre soi : la place faite aux « nouveaux ».............................................................................57
III. COMPOSITION ET RECOMPOSITION DES GROUPES D’AMI·E·S
AU FIL DE L’ADOLESCENCE..................................................................................................................59
1. « Dans ma bande de copines il y a… » ..............................................................................................................................59
Les sociabilités masculines, un repère dans la définition du groupe de copines.....................................................................60
Décrire son groupe par opposition : « nous et les autres filles ».............................................................................................................61
Imaginaire de la « racaille » : « les autres jeunes » ...........................................................................................................................................63
2. Avoir une bande de copines « pilier »............................................................................................................................. 64
Mixité sexuée dans les groupes de pairs ..................................................................................................................................................................65
Des relations amicales « choisies », mais liées aux sociabilités familiales .....................................................................................66
Évolution de la composition du groupe d’ami·e·s au rythme du parcours scolaire .................................................................67
3. Quand les accidents de la route donnent à voir les réseaux d’amitié...........................................................72
Mila et Steeven, un couple local et populaire que la route est venue séparer............................................................................73
Laure et Mickaël, un couple « pas d’ici » peu populaire, et un accident « pas étonnant » ................................................74
4. « Moi, j’ai besoin de personne, je suis bien seule » ..................................................................................................76
« Si, si, je peux rester toute seule… avec mon copain ».................................................................................................................................. 76
« Qui n’invite pas, n’est pas invitée » : quand la pauvreté isole des autres jeunes.................................................................. 78
Des pratiques minoritaires qui marginalisent du groupe des jeunes femmes du coin.........................................................80
IV. PARCOURS SCOLAIRES, PREMIERS BOULOTS ET SOCIABILITES ................................81
1. Primaire et collège : une expérience commune et locale...................................................................................81
Dans les villages, des écoles petites, tournées vers le territoire et avec une forte interconnaissance....................81
Le collège du coin : première étape dans l’agrandissement du territoire « proche » ........................................................... 83
2. Le passage au lycée, l’orientation et la redéfinition de son territoire « proche » ...................................87
Partir du coin : « l’internat, une expérience à vivre » ........................................................................................................................................88
« En partant à l’internat… forcément, tu te demandes comment va faire ta mère » ................................................................89
L’internat : « un truc à vivre » qui peut devenir « l’horreur » ...................................................................................................................... 92
3. Orientation scolaire, offre locale :
« faire avec » les conseils des mères et le groupe de pairs ....................................................................................94
Des compétences acquises dans la famille à l’orientation vers des filières genrées ............................................................ 95
La mère, les potes et le petit ami : implication de l’entourage dans l’orientation .....................................................................99
« T’as déjà vu un poste “recrute philosophe” ? » : le pari des filières courtes .............................................................................101
Expérimenter l’université, la ville et la solitude ..................................................................................................................................................102
4. Marché du travail versus offre disponible................................................................................................................... 103
« Partir » pour trouver un emploi : injonction à la mobilité........................................................................................................................103
Des parcours d’insertion marqués par l’intérim, les contrats cours et des conditions de travail difficiles...........107
Une division genrée des emplois pourvus constatée par les jeunes femmes..........................................................................109
L’impossibilité à trouver dans sa branche : se « retourner » vers l’aide à la personne,
la grande distribution, l’animation et les métiers de la sécurité............................................................................................................. 111
Faire une pause dans la formation, enchaîner les petits boulots… entre choix et contrainte ..........................................114
Des premiers jobs liés au tourisme aux territoires sans touristes et « sinistrés » .....................................................................116
Être patronne de soi-même : un rêve épuisant...................................................................................................................................................117
La création comme débrouille dans l’espace domestique........................................................................................................................119
Ce que devient l’argent du travail..................................................................................................................................................................................121
V. OCCUPER SON « TEMPS LIBRE » EN MILIEU RURAL ........................................................123
1. « Ici, il n’y a rien à faire pour les jeunes » : des loisirs contraints par une faible mobilité.................123
La nature : un idéal pour l’enfance qui ne suffit plus dans la jeunesse ........................................................................................... 123
Le bourg et ses magasins qui « servent à rien » ............................................................................................................................................... 125
« Faire avec » : des ruses en attendant le permis de conduire ............................................................................................................. 126
Le permis, la voiture… une autonomie au service du groupe .................................................................................................................. 129
« Les deux-roues, c’est pas trop pour les filles » .............................................................................................................................................130
L’auto-stop, un interdit de genre et de classe .....................................................................................................................................................131
2. Être sportive en milieu rural : expérience des inégalités de genre...............................................................133
Équipements et entraîneur·se·s : implication des familles et ruptures dans les pratiques............................................... 134
3. Des activités populaires inscrites dans les sociabilités locales ..................................................................... 136
« Retourner » pour « faire vivre » le foyer des jeunes : participation à la vie locale .............................................................136
De la zumba au loto : l’entre-soi féminin hors des maisons .....................................................................................................................138
Investir des bastions « masculins » sur le temps des loisirs.................................................................................................................... 139
4. « Profiter » de son temps libre : des réalités contrastées....................................................................................... 140
Des pratiques numériques des jeunesses populaires ...................................................................................................................................141
Rester chez soi, aller chez l’autre : le domicile au cœur des pratiques juvéniles féminines .......................................... 142
Un espace domestique élargi : les domiciles des autres « pour faire la société » ................................................................. 143
Retrouver les ami·e·s « dehors » : l’espace public au village................................................................................................................... 145
5. Sorties en ville : (re)faire partie de la jeunesse ........................................................................................................ 146
Aller au bar quand on est une fille : stratégies dans les choix des lieux fréquentables.....................................................148
Les « bonnes boites de nuit » ..........................................................................................................................................................................................149
n n n 5
VI. RELATIONS AMOUREUSES, VIE SEXUELLE, ENTREE DANS LA VIE
CONJUGALE ET POIDS DE L’INTERCONNAISSANCE.............................................................151
1. « Être avec » : choix du partenaire et biais de l’interconnaissance...............................................................152
« Ici tout se sait » ........................................................................................................................................................................................................................ 152
« Celle qui aime les Noirs » : racisme et rappel à l’ordre de genre ....................................................................................................158
Ne pas être hétérosexuelle… les filles LBT en milieu rural .........................................................................................................................161
2. « Célibataire » ou « en couple » : force de la norme conjugale .................................................................... 164
Quand le célibat devient « gênant » ...........................................................................................................................................................................165
Mise en couple et installation : entrer dans la conjugalité.........................................................................................................................167
Habiter chez son copain, vivre dans sa « belle famille » ............................................................................................................................167
3. Aspiration à l’avenir : « Quand je vais me poser » .................................................................................................. 169
« Et toi, c’est pour quand ? » l’injonction à la maternité dans les parcours biographiques...............................................171
Quand le couple renferme les jeunes femmes à l’intérieur..................................................................................................................... 172
Violences conjugales : « tout le monde sait, personne ne parle jusqu’à ce que… » .............................................................. 173
CONCLUSION............................................................................................................................................177
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................. |
En ligne : |
http://injep.fr/analyser/les-filles-du-coin-premiers-resultats-de-lenquete-sur-l [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=213898 |
« Les filles du coin » Enquête sur les jeunes femmes en milieu rural. Sociabilités dans l’espace local rural populaire = « Les filles du coin », Premiers résultats de l’enquête sur les sociabilités des jeunes femmes en milieu rural : Enquête à paraître au printemps 2019 dans la rubrique publications du site l’INJEP [document électronique] / Yaëlle Amsellem-Mainguy (1980-...)  , Auteur ; Sacha Gaspar Voisin, Auteur . - 26/09/2019 . - Paris Cedex 13 - Marly-le-Roi (78) (95, avenue de France, 75650) : INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire), 2019 . - 188 p. ; PDF. - ( INJEP Notes & Rapports/Rapport d’étude; 2019/7) . « Les filles du coin » est une recherche qui fait écho à l’enquête majeure sur la jeunesse rurale réalisée il y a 20 ans par Nicolas Renahy et intitulée « Les gars du coin ». Elle a pour objectif de rendre compte des trajectoires, conditions de vie et expériences juvéniles des jeunes femmes vivant en milieu rural et de poursuivre les travaux de sociologie sur les jeunesses rurales, en documentant les éventuelles spécificités rencontrées par les jeunes femmes résidant hors des grandes agglomérations en France hexagonale.
À partir de leurs récits, il s’agit de saisir comment des jeunes femmes âgées essentiellement de 15 à 26 ans vivent « leur jeunesse » en milieu rural, où elles ont pour la plupart grandi et où elles vivent toujours au moment de l’enquête. Pour décrire leur territoire, elles évoquent des problématiques soulignées dans les enquêtes antérieures sur les jeunes ruraux : absence d’offre et d’activités de loisirs et d’animation socioculturelle, forte interconnaissance, orientation scolaire par le bas, précarité du marché du travail, des conditions de travail et emplois sous-qualifiés… La question de la mobilité est transversale, se pose à tous les instants de la vie quotidienne et à tous les âges de la vie: l’inadaptation de l’offre de transports en commun est largement pointée du doigt par toutes les enquêtées, indépendamment de leur âge et du territoire où elles résident.
Cette enquête montre aussi comment elles se « débrouillent » et font face aux difficultés qui sont les leurs en cherchant à s’adapter, à « faire avec », à les contourner ou à s’en échapper. L’analyse de leurs pratiques quotidiennes permet d’appréhender les spécificités des sociabilités des jeunes femmes dans le monde rural et les rapports de genre qui sont à l’oeuvre. Pour ce faire, l’enquête s’est intéressée à l’orientation scolaire, à la formation, à l’insertion professionnelle, à la composition des groupes de pairs, aux sociabilités féminines ou encore aux pratiques de loisirs, révélant au passage comment les jeunes femmes se conforment à leur rôle de genre, mais parviennent aussi à investir des bastions masculins. Langues : Français ( fre)
Mots-clés : |
milieu rural fille filles femmes jeune jeunes jeunesse rurale sociabilité loisirs emploi emplois amitié loisir territoire charge mentale formation orientation scolaire stratégie stratégies parentale parentales:stigmatisation relation relations amoureuse amoureuses contrôle social foyer de jeunes foyer transport mobilité attachement |
Résumé : |
Des travaux récents sont venus éclairer les conditions de vie des jeunes ruraux, mais nombre d’entre eux ne concernent que les jeunes hommes et très peu se concentrent sur les femmes. La recherche menée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) et l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP – chaire jeunesse) a pour ambition de mieux comprendre les conditions de vie des jeunes filles et jeunes femmes dans le monde rural. Les auteurs Yaëlle Amsellem Mainguy, sociologue, chargée d’études et de recherche à l’INJEP et Sacha Voisin, sociologue, ingénieur de recherche à l’Ehesp / associé à l’Injep livrent les premiers résultats.
Aujourd’hui, près d’un jeune sur cinq vit en milieu rural, ce qui représente près de 4,5 millions de personnes (dont 3 millions ont moins de 18 ans). Des travaux récents sont venus éclairer les conditions de vie des jeunes ruraux, pour autant ils se concentrent avant tout sur les jeunes hommes, les jeunes femmes y apparaissent au second plan. Cette étude a pour ambition de mieux comprendre les conditions de vie des jeunes filles et jeunes femmes dans le monde rural. Qui sont-elles ? Qu’est ce qu’être une fille « du coin » ? Comment se jouent et se rejouent les réseaux d’amitié ? Quels sont les lieux de sociabilités sur les territoires ruraux ? Quels sont les rôles attendus et à quoi doivent-elles se conformer ? Existe t-il un « entre soi » féminin ? Quelles sont leurs place dans les sociabilités mixtes ? Plus largement, quelles places prennent les jeunes femmes et jeunes filles dans les activités de loisirs et dans l’animation de la vie locale ?
Autant de questions pour explorer les différentes facettes de l’expérience contemporaine de la ruralité, dans ses constantes comme dans ses variations locales, du point de vue des jeunes filles et jeunes femmes qui l’habitent.
Pour y répondre, 173 jeunes filles et jeunes femmes, âgées de 14 à 29 ans ont accepté de se prêter au jeu d’entretiens sociologiques de manière individuelle ou en petits groupes au cours de l’année 2018. Lorsque nous les rencontrons, elles habitent dans des hameaux, villages ou petites villes (<8000 hab), et se définissent comme vivant « loin » ou « hors » des grandes villes « dans la campagne », « en milieu rural » ou « dans un trou perdu » « au milieu de rien ». Plus précisément elles viennent de la pointe du Finistère, de la vallée de la Meuse, des Deux Sèvres ou encore entre l’Isère et la Savoie en cœur de Chartreuse.
« Être d’ici » : les filles et leurs familles
Être du coin, ce n’est pas qu’une question de lieu de naissance. Différentes dimensions participent à définir les filles comme pleinement « d’ici » ou au contraire à les tenir en marge, comme « cassos » ou « babos » : le milieu social, l’histoire familiale et surtout la participation des parents aux institutions de la sociabilité locale « traditionnelle » et populaire (club de foot, associations…) ou « néo-rurale » (cafés culturels…). C’est aussi la fréquentation d’un groupe de pairs visible et reconnu dans l’espace local comme formant la jeunesse locale. Or être considérée et se considérer comme pleinement du coin joue en retour sur les relations sociales des filles, sur leurs opportunités de loisirs comme sur leur accès aux stages, jobs et emplois.
Avoir des ami·e·s : constitution et reconstitution de groupes d’amitié
En milieu rural, l’orientation scolaire vient largement impacter la constitution des groupes d’ami·e·s (où les filles sont surreprésentées). Après les stratégies parentales sur le choix du collège (l’offre et l’éloignement faisant ressortir les arguments entre l’établissement public ou privé) c’est à l’arrivée au lycée que les groupes se recomposent surtout. Les groupes se font davantage par « affinités » (partager des choses en commun) que par « ancienneté » ou par lieu de résidence (venir du même village, du même hameau). Au delà à travers la constitution des groupes, on saisit la construction de l’altérité et le poids de la stigmatisation : s’il y a les jeunes avec qui l’on peut être, il y a surtout et avant tout un travail d’étiquetage des jeunes qu’il ne faut pas fréquenter (les indicateurs socioéconomiques sont alors mobilisés). Par ailleurs, dans un espace d’interaction où les récits sont marqués par le fait que « tout se sait » et « tout se voit » l’évolution de la constitution des groupes de pairs au fil des âges et du temps est largement commenté par les filles elles-mêmes. Les relations amoureuses sont alors un exemple parlant pour faire émerger le contrôle social et les rappels à l’ordre de genre entre filles mais également entre filles et garçons.
Les filles et leurs loisirs : « En grandissant, ça devient plus compliqué »
Ce n’est pas parce qu’on habite près de la mer qu’on fait du surf ou qu’on va se baigner, ni parce qu’on habite à la montagne qu’on fait du ski et de la randonnée. Les différences sociales dans les loisirs sont importantes et quand les filles de petites classes moyennes multiplient les activités (non sans s’y confronter à du sexisme), celles de milieux populaires privilégient le temps libre non encadré. Ces dernières pâtissent particulièrement de la rareté des lieux de sortie pour les jeunes (il n’y a presque plus de boîtes de nuits et il manque de foyers de jeunes) et du manque de transports publics. Or les filles sont plus contrôlées sur leurs sorties que les garçons et ont moins accès à des formes de transport autonome (scooters, stop) avant leurs 18 ans. Elles sont aussi soumises à plus de contrôle social dans l’espace public et se sentent ainsi rarement à l’aise dans les quelques cafés et bars locaux. A défaut de pouvoir aller en ville, elles retrouvent leurs ami·e·s dans les lieux de l’espace public où se rassemblent les adolescent·e·s (stade, skatepark, city….) ou passent le temps chez elles, seules, avec leurs proches, ou à s’occuper des plus jeunes.
« On fait avec, ici il faut s’adapter » : formation et insertion socioprofessionnelle sous tensions
Comme l’ont montré des travaux antérieurs, les jeunes filles et jeunes femmes rencontrées relatent les tensions dans les stratégies de construction de leur parcours de formation et d’activité professionnelle : l’offre locale est relativement faible et peu diversifiée (elles sont bien souvent dans les secteurs de la vente, des services et de l’aide à la personne), les emplois occupés sont précaires, marqués par des temps partiel subis et des horaires fractionnés. Rester sur le territoire et travailler implique parfois de revoir ses ambitions à la baisse, et de reconstruire ses projets d’indépendance au gré des postes disponibles. S’éloigner du domicile « pour trouver » une formation ou un emploi révèle le poids du coût économique, de la charge mentale qui pèse de manière très inégale sur les filles et les femmes (conséquences sur la vie familiale, relations avec la mère), ainsi que des représentations de la ville et du territoire. Sur deux des territoires enquêtés l’emploi saisonnier (car zone touristique) est cité comme moyen de pouvoir « gagner de l’argent » à condition d’avoir du réseau et de ne pas être trop regardante sur les conditions de travail.
Un attachement ambigu : les filles et l’image de leur territoire
Les filles sont très attachées à un territoire où elles ont grandi et où vivent leurs proches. Un attachement qui ne s’exprime toutefois pas avec la même évidence selon qu’elles habitent un territoire touristique valorisé ou un territoire en déclin. Un attachement qui se construit aussi dans l’opposition à la ville. Si la ville attire et fascine, elle est aussi associée à la solitude, au harcèlement et la violence. Les filles décrivent celles « de la ville » comme soit « bourges » et superficielles, soit « racailles » ou « cassos ». Les filles ne sont pas non plus tendres envers leur territoire et elles renvoient volontiers les autres jeunes du coin à l’image des « bouseux ». Toutefois si elles veulent partir – pour les loisirs, les études, le travail, ou tout simplement pour voir autres chose – c’est souvent pour revenir plus tard, ou garder une attache locale. Ou alors pour un entre-deux, un cadre qui aurait les avantages de la campagne (calme, naturel) mais qui, plus proche de la ville, des transports et des loisirs, n’en n’aurait pas les inconvénients.
En conclusion : Questions de mobilité
La question n’est pas tant de vouloir partir, rester ou revenir de/sur « son » territoire que d’en avoir la possibilité. Or la capacité à être mobile et à pouvoir envisager quitter son territoire se construit au croisement de l’âge, du milieu social, des ressources et de l’histoire familiales, du parcours scolaire et des dynamiques propres au territoire, en termes de transport public comme de représentations. D’autant plus que les distances ne se comptent pas en termes de kilomètres mais en temps de transport, et le proche peut être très lointain selon les modes de transports accessibles. Ces fortes contraintes de mobilité n’empêchent pourtant pas les filles de milieu rural de connaître paradoxalement une autonomie très jeune, quittant leurs parents vers 14, 15 ans (voir avant) pour l’internat. Une expérience pour elles banale mais qui reste exceptionnelle à l’échelle de leur génération. |
Note de contenu : |
SOMMAIRE :
INTRODUCTION ........................................................................................................................................... 7
Questionnements initiaux .............................................................................................................................................................. 9
I. PRESENTATION GENERALE DES DONNEES ET METHODOLOGIE................................... 13
1. Prendre en compte l’hétérogénéité des territoires ruraux................................................................................... 13
Présentation générale des quatre territoires d’enquête ................................................................................................................................ 14
Ruralité subjective et réalités sociales .........................................................................................................................................................................18
2. Présentation du corpus d’entretiens.................................................................................................................................19
Les matériaux...................................................................................................................................................................................................................................19
Présentation générale des jeunes femmes rencontrées.............................................................................................................................. 20
II. TERRITOIRE ET FAMILLES ................................................................................................................29
1. Construction subjective de la ruralité et de ses caractéristiques ....................................................................29
La « campagne », une acception variable................................................................................................................................................................ 30
Avoir des voisins ou pas : l’expression de l’isolement......................................................................................................................................32
Le bourg, le village et les petites villes : centralités et rivalités................................................................................................................35
« La cité à la campagne »...................................................................................................................................................................................................... 39
2. Construction du rapport à l’« ici » au gré des inscriptions familiales ........................................................... 40
« Je suis pure beurre » : familles « hyper locales » et interconnaissance .......................................................................................41
Venir d’une famille « pas vraiment d’ici » et pourtant…................................................................................................................................... 44
Familles mobiles et précaires .............................................................................................................................................................................................47
« Partir seule » et « se poser » en milieu rural...................................................................................................................................................... 49
3. « Être la fille de… » :
quand la notoriété des familles participe à l’intégration des jeunes femmes .............................................. 51
Les institutions « traditionnelles » de la sociabilité locale............................................................................................................................52
Sociabilités locales alternatives et entre soi : la place faite aux « nouveaux ».............................................................................57
III. COMPOSITION ET RECOMPOSITION DES GROUPES D’AMI·E·S
AU FIL DE L’ADOLESCENCE..................................................................................................................59
1. « Dans ma bande de copines il y a… » ..............................................................................................................................59
Les sociabilités masculines, un repère dans la définition du groupe de copines.....................................................................60
Décrire son groupe par opposition : « nous et les autres filles ».............................................................................................................61
Imaginaire de la « racaille » : « les autres jeunes » ...........................................................................................................................................63
2. Avoir une bande de copines « pilier »............................................................................................................................. 64
Mixité sexuée dans les groupes de pairs ..................................................................................................................................................................65
Des relations amicales « choisies », mais liées aux sociabilités familiales .....................................................................................66
Évolution de la composition du groupe d’ami·e·s au rythme du parcours scolaire .................................................................67
3. Quand les accidents de la route donnent à voir les réseaux d’amitié...........................................................72
Mila et Steeven, un couple local et populaire que la route est venue séparer............................................................................73
Laure et Mickaël, un couple « pas d’ici » peu populaire, et un accident « pas étonnant » ................................................74
4. « Moi, j’ai besoin de personne, je suis bien seule » ..................................................................................................76
« Si, si, je peux rester toute seule… avec mon copain ».................................................................................................................................. 76
« Qui n’invite pas, n’est pas invitée » : quand la pauvreté isole des autres jeunes.................................................................. 78
Des pratiques minoritaires qui marginalisent du groupe des jeunes femmes du coin.........................................................80
IV. PARCOURS SCOLAIRES, PREMIERS BOULOTS ET SOCIABILITES ................................81
1. Primaire et collège : une expérience commune et locale...................................................................................81
Dans les villages, des écoles petites, tournées vers le territoire et avec une forte interconnaissance....................81
Le collège du coin : première étape dans l’agrandissement du territoire « proche » ........................................................... 83
2. Le passage au lycée, l’orientation et la redéfinition de son territoire « proche » ...................................87
Partir du coin : « l’internat, une expérience à vivre » ........................................................................................................................................88
« En partant à l’internat… forcément, tu te demandes comment va faire ta mère » ................................................................89
L’internat : « un truc à vivre » qui peut devenir « l’horreur » ...................................................................................................................... 92
3. Orientation scolaire, offre locale :
« faire avec » les conseils des mères et le groupe de pairs ....................................................................................94
Des compétences acquises dans la famille à l’orientation vers des filières genrées ............................................................ 95
La mère, les potes et le petit ami : implication de l’entourage dans l’orientation .....................................................................99
« T’as déjà vu un poste “recrute philosophe” ? » : le pari des filières courtes .............................................................................101
Expérimenter l’université, la ville et la solitude ..................................................................................................................................................102
4. Marché du travail versus offre disponible................................................................................................................... 103
« Partir » pour trouver un emploi : injonction à la mobilité........................................................................................................................103
Des parcours d’insertion marqués par l’intérim, les contrats cours et des conditions de travail difficiles...........107
Une division genrée des emplois pourvus constatée par les jeunes femmes..........................................................................109
L’impossibilité à trouver dans sa branche : se « retourner » vers l’aide à la personne,
la grande distribution, l’animation et les métiers de la sécurité............................................................................................................. 111
Faire une pause dans la formation, enchaîner les petits boulots… entre choix et contrainte ..........................................114
Des premiers jobs liés au tourisme aux territoires sans touristes et « sinistrés » .....................................................................116
Être patronne de soi-même : un rêve épuisant...................................................................................................................................................117
La création comme débrouille dans l’espace domestique........................................................................................................................119
Ce que devient l’argent du travail..................................................................................................................................................................................121
V. OCCUPER SON « TEMPS LIBRE » EN MILIEU RURAL ........................................................123
1. « Ici, il n’y a rien à faire pour les jeunes » : des loisirs contraints par une faible mobilité.................123
La nature : un idéal pour l’enfance qui ne suffit plus dans la jeunesse ........................................................................................... 123
Le bourg et ses magasins qui « servent à rien » ............................................................................................................................................... 125
« Faire avec » : des ruses en attendant le permis de conduire ............................................................................................................. 126
Le permis, la voiture… une autonomie au service du groupe .................................................................................................................. 129
« Les deux-roues, c’est pas trop pour les filles » .............................................................................................................................................130
L’auto-stop, un interdit de genre et de classe .....................................................................................................................................................131
2. Être sportive en milieu rural : expérience des inégalités de genre...............................................................133
Équipements et entraîneur·se·s : implication des familles et ruptures dans les pratiques............................................... 134
3. Des activités populaires inscrites dans les sociabilités locales ..................................................................... 136
« Retourner » pour « faire vivre » le foyer des jeunes : participation à la vie locale .............................................................136
De la zumba au loto : l’entre-soi féminin hors des maisons .....................................................................................................................138
Investir des bastions « masculins » sur le temps des loisirs.................................................................................................................... 139
4. « Profiter » de son temps libre : des réalités contrastées....................................................................................... 140
Des pratiques numériques des jeunesses populaires ...................................................................................................................................141
Rester chez soi, aller chez l’autre : le domicile au cœur des pratiques juvéniles féminines .......................................... 142
Un espace domestique élargi : les domiciles des autres « pour faire la société » ................................................................. 143
Retrouver les ami·e·s « dehors » : l’espace public au village................................................................................................................... 145
5. Sorties en ville : (re)faire partie de la jeunesse ........................................................................................................ 146
Aller au bar quand on est une fille : stratégies dans les choix des lieux fréquentables.....................................................148
Les « bonnes boites de nuit » ..........................................................................................................................................................................................149
n n n 5
VI. RELATIONS AMOUREUSES, VIE SEXUELLE, ENTREE DANS LA VIE
CONJUGALE ET POIDS DE L’INTERCONNAISSANCE.............................................................151
1. « Être avec » : choix du partenaire et biais de l’interconnaissance...............................................................152
« Ici tout se sait » ........................................................................................................................................................................................................................ 152
« Celle qui aime les Noirs » : racisme et rappel à l’ordre de genre ....................................................................................................158
Ne pas être hétérosexuelle… les filles LBT en milieu rural .........................................................................................................................161
2. « Célibataire » ou « en couple » : force de la norme conjugale .................................................................... 164
Quand le célibat devient « gênant » ...........................................................................................................................................................................165
Mise en couple et installation : entrer dans la conjugalité.........................................................................................................................167
Habiter chez son copain, vivre dans sa « belle famille » ............................................................................................................................167
3. Aspiration à l’avenir : « Quand je vais me poser » .................................................................................................. 169
« Et toi, c’est pour quand ? » l’injonction à la maternité dans les parcours biographiques...............................................171
Quand le couple renferme les jeunes femmes à l’intérieur..................................................................................................................... 172
Violences conjugales : « tout le monde sait, personne ne parle jusqu’à ce que… » .............................................................. 173
CONCLUSION............................................................................................................................................177
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................. |
En ligne : |
http://injep.fr/analyser/les-filles-du-coin-premiers-resultats-de-lenquete-sur-l [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=213898 |
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