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Titre : Troubles dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée / SCD Type de document : document électronique Auteurs : Marie-Anne Dujarier (1966-...) , Auteur
Editeur : Paris : Presses universitaires de France, PUF Année de publication : 2021 Collection : Quadrige (Paris. 1981), ISSN 0291-0489 Importance : 352 p. Format : 15 x 21.3 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-13-080413-0 Prix : 19 € Note générale : Avec son nouvel essai Troubles dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée (Puf, 02.09.2021), Marie-Anne Dujarier nous invite à déplier la généalogie du terme "travail" afin d'en comprendre les troubles actuels.
On peut observer un flou qui s'entend dans les débats à la fois sociaux mais aussi subjectifs : entre nous et en nous sur ce qui est du "travail". Est-ce qu'un stagiaire travaille? Est-ce qu'un youtubeur travaille? Est-ce qu'une femme au foyer travaille? Est-ce qu'un animal travaille? Est-ce qu'un robot travaille? Toutes ces questions égrainent à la fois nos débats et nos doutes. Alors je me suis intéressée à la question de ce que nous appelons "travail" dans la société aujourd'hui. (Marie-Anne Dujarier)
Elle souligne notamment la polysémie du terme "travail" qui en avantage certains autant qu'elle en désavantage d'autres.
Parfois, la polysémie ce n'est pas un problème, mais une arme. (Marie-Anne Dujarier)
A l'heure du _capitalocène_, où hypocritement les bullshit jobs sont valorisés comme du "travail" tandis que le bénévolat écologique ou le care, lui, ne l'est pas, la sociologue se demande quel avenir est à envisager pour le travail.
Par exemple, Marie-Anne Dujarier cite l'exemple de l'autoproduction, utile du point de vu de l'urgence climatique mais qui n'est pas véritablement incluse dans la catégorie "travail".
Est-ce que lorsque vous autoproduisez, par exemple quand vous avez un jardin dont vous espérez pouvoir vivre, vous travaillez? On ne sait pas. Parce que ce n'est pas considéré comme du travail par les institutions, ce n'est pas compté comme une richesse ou dans les statistiques, ça ne fait pas partie des politiques publiques, vous ne bénéficiez pas du code du travail. (Marie-Anne Dujarier)
Finalement,
L'urgence climatique interroge directement une des dimensions du travail : qu'est-ce qu'il faut produire qui soit utile aujourd'hui? Je suis une de ces personnes qui s'étonne que la cause écologique croise si peu la question du travail. (Marie-Anne Dujarier)Langues : Français (fre) Mots-clés : Economie et entreprises / Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise SHS Systèmes d'organisation du travail Sociologie du travail ACTIVITE APPROCHE HISTORIQUE BENEVOLAT CAPITALISME DUREE DU TRAVAIL ECONOMIE EMPLOI EPISTEMOLOGIE PRODUCTION PROFESSION PROSTITUTION REVENU SALARIE SOCIOLOGIE DU TRAVAIL TRAVAIL VALEUR Résumé : Que faisons-nous au monde ? Au centre de cette interrogation anxieuse, aux dimensions écologiques, sociales et existentielles, trône "le travail". Pilier de notre société, il est dans toutes les bouches, que ce soit pour en vanter la valeur ou le conspuer, souhaiter son extension, sa transformation ou sa disparition. Dans ces débats passionnés, nous peinons cependant à nous accorder sur ce qu'il désigne. Par exemple, peut-on dire qu'une aidante familiale, un stagiaire, un youtubeur, une bénévole, un chien d'aveugle, un manager placardisé, un algorithme, un inconscient, une somme d'argent ou encore une vache laitière "travaillent" ? Ce livre offre de regarder "le travail" en tant que catégorie de la pensée et de la pratique, historiquement construite. En dix siècles, le mot a pris trois significations principales dans les usages ordinaires, scientifiques et institutionnels. Il a servi à désigner la peine que l'on se donne pour produire des choses utiles, dans le cadre d'un emploi dont on peut vivre. Or la société actuelle regorge de pratiques qui désarticulent l'activité, la production utile et l'emploi rémunéré. Le trouble est donc jeté sur la catégorie de pensée "travail", mettant en question la valeur qui lui est accolée et les institutions qui portent son nom.
Cet ouvrage documenté ébranle les évidences et pointe les juteuses équivoques sur le sens du mot « travail ». Il propose de le déplier afin d’équiper plus finement la pensée et l’action.Note de contenu : Sommaire :
Introduction. Une catégorie de la pensée et de la pratique
PREMIERE PARTIE : GENEALOGIE DE LA CATEGORIE DE PENSEE « TRAVAIL »
Chapitre 1. S’équiper pour faire une sociologie des catégories de pensée
Lunettes théoriques
Des mots incorporés, qui nous paraissent naturels
Les catégories sont socialement construites
Elles expriment un état de la société
Elles s’imposent à nous et outillent notre pensée
Des catégories de la pensée aux catégories de la pratique
La différence d’avec un concept
De la difficulté de dénaturaliser « le travail »
Comment penser le cadre en étant dans le cadre ?
Un geste subversif
Résistances des professionnels « du travail »
Un rapport subjectif au signifiant « travail »
Approche méthodologique
Attraper ce qui est ubiquitaire ?
Les dictionnaires de la langue courante
Repérer les usages institutionnels
Usages dans les textes savants
Circulation entre ces trois sphères
Chapitre 2. Lorsque le « travail » n’existait pas
Éviter les chausse-trappes
Dépasser le discours du XIXe siècle
Généralisations délicates et sources lacunaires
Catégories de pensée antiques
Ergon et ponos : l’acte et l’effort
Valorisation de l’activité et des savoir-faire depuis l’époque archaïque
Justification de l’ordre social esclavagiste à l’époque classique
L’invention du travail abstrait dans le droit romain
Les mots traduits par « travail » dans la Bible
Action, œuvre, métier
Modestie et pauvreté
Chapitre 3. Le labeur au Moyen Âge : une nécessité vertueuse
Débats sur l’étymologie
La torture ?
Poutre, catafalque et machine du maréchal-ferrant
Travail, obstacle à franchir
« L’idée de transformation acquise par l’effort »
Accepter le labeur : l’idéologie chrétienne du travail
Une société d’ordres
Un ordre divin
Chapitre 4. Le « travail » du capitalisme marchand et colonial (XIVe-XVIIIe siècle)
Mise en place de trois significations sociales du « travail »
« La peine que l’on se donne pour faire quelque chose »
Le « travail » comme résultat de l’activité, ouvrage
Source de revenus pour la subsistance
Valorisation morale de l’action lucrative
La percée de la bourgeoisie
Justifier les pratiques par une éthique
Le « travail » des institutions royales : criminaliser l’oisiveté
L’apparition du « travail » dans la pensée théorique
Un mot-clé dans l’économie politique naissante
Le travail enchanté des Lumières
Chapitre 5. Le « travail » du capitalisme industriel salarial (1789-1945)
L’institutionnalisation du « travail »
De la « liberté du travail » au « Code du travail »
L’emploi se désencastre (mais pas toute l’activité)
Les « travailleurs » et le « travail » vus de l’Église à la fin du XIXe siècle
L’organisation scientifique du travail (Taylor)
Pénétration sociale du « travail » comme catégorie polymorphe
Le travail au cœur des pensées disciplinaires
Ancrage confirmé dans la pensée économique
Le travail abstrait des sciences physiques
Les usages du « travail » par les philosophes allemands du XIXe siècle
Les catégories de « travail » dans l’œuvre de Marx
Les trois sens du mot chez Freud
Le travail comme objet sociologique
Les sciences « du travail » au début du XXe siècle
Le « travail », mot-clé et polysémique des sciences
Les usages sociaux du mot « travail »
Le « travail », objet important dans la littérature et le cinéma
L’activité : moins de peine, plus de soin
L’« ouvrage », encore
Un rapport social d’emploi
Travail dégradé et valorisé dans le capitalisme industriel
XIXe siècle : les employeurs louent le « travail »
Le travail comme devoir moral au XXe siècle
Valorisation du « travail » même dans les contre-pouvoirs
Critiques sociales « du travail » et de son culte
Chapitre 6. Le « travail » de la société de consommation fordiste (1946-1990)
Une société « du travail »
Fordisme et société de consommation
Séparation de la production et de la consommation
Division de la pensée et de l’action
Éloignement croissant de l’acte et de ses effets
Le « travail » dans les institutions : l’emploi
« Le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi »
La Sécurité sociale : « le travail » se charge d’ambivalences
La défense syndicale du « travail » au nom de la solidarité
Mouvements sociaux et « droit du travail »
Les nouvelles promesses des employeurs
Usages disciplinaires éclatés
Incertitudes, hésitations et contradictions sur le sens du mot
Objet, contexte, concept et spécialité professionnelle
Le travail comme « subsistance » et production utile
Travail prescrit, travail réel
Le travail comme emploi
Le « travail domestique » : usage critique de la catégorie dominante
Transformations des trois usages sociaux « du travail »
Ouvrage réalisé, et effort soutenu, finalisé, productif, utile et coordonné
Une occupation professionnelle rétribuée
L’imbrication des trois significations
Chapitre 7. Le capitalisme néolibéral depuis les années 1990
Le « travail » des institutions : menaces sur le salariat et promesses de bonheur
Stabilité de la norme salariale et de la « valeur travail »
L’avenir du « travail » serait la fin du salariat
Le « travail » vu des syndicats patronaux
Happy ! Le « travail » des employeurs
Usages ordinaires : l’utilité définit le « travail »
Une activité : un effort productif utile
Tâche, manière, ouvrage réalisé et production utile
Une activité rémunérée… ou pas
Stabilité des significations et multiplication des locutions
Critiques du « travail »
Les conceptions du « travail » dans les sciences humaines et sociales
Accord sur les désaccords
Le débat sur la « fin du travail »
Le « travail » des économistes orthodoxes
Théories du travail comme activité
Brouillage des frontières du « travail » et du salariat
Chapitre 8. Une catégorie de pensée problématique
Le rapport incertain entre les différentes significations
Trois champs de significations
Généralisation et restriction
Un cumul original, historique et local
Incertitudes
Quelle valeur ? D’après qui ?
Valeurs historiques du « travail »
Ce qui compte dans le « travail » : multiplicité des valeurs en jeu
La valeur de la valeur change selon le point de vue
« Ça dépend »
Quels rapports entre ces significations ?
L’activité change lorsqu’elle est employée
Utile à quoi ? À qui ? Quand ?
La norme de production et d’utilité actuelle
La subsistance : trois échelles, en rapport
Le besoin d’une triple indifférence
SECONDE PARTIE : TROUBLES DANS LE TRAVAIL
Chapitre 1. La question de la subsistance dans le capitalocène
Des emplois nocifs ou inutiles au cœur du salariat
Le syndrome des « bullshit jobs »
Même dans les services publics
« Eux, ils ne travaillent pas »
Voler : une activité professionnelle rémunératrice
Le capitalocène : produire contre notre subsistance
Conflits, résistances et sorties
L’hyperaction dans l’emploi comme esquive du travail psychique
« Plutôt faire n’importe quoi que de ne rien faire »
Utilisation des défenses par le management
La bonne conscience de « travailler beaucoup »
« Just do it » : faire sans penser
Changer la catégorie de pensée ou les institutions ?
Chapitre 2. Des pratiques utiles et vitales, hors emploi
Donner la vie, la maintenir et survivre
À l’origine du mot « travail » : faire des enfants
Les tâches parentales et domestiques
Le care : une activité pénible et utile
Valeureuses aidantes familiales
Femmes de…
Le « travail de subsistance »
Le care écologique
Le bénévolat
Produire pour soi : le cœur ou l’envers du « travail » ?
Quand l’emploi salarié a détrôné l’autoproduction
Complément
Compensation
Critique
L’enjeu de penser l’autoproduction comme « travail »
Produire du sens
Faire de la politique : une production utile qui demande de la peine
L’inestimable activité psychique
Quel emploi de l’activité des vivants non humains ?
Les divers emplois de la production d’autres vivants pour notre subsistance
Une activité…
… mais pas de Code de l’emploi
Hésitations et ambivalences
Chapitre 3. Des revenus sans rien faire
Revenus du capital dans le capitalisme financier
Revenus de la redistribution
Être employé à ne rien faire
Les « arrêts de travail » légaux, dans l’emploi
Les coulisses de l’activité
La placardisation
Les emplois fictifs
Être payé pour quitter son emploi
Esquiver les tâches domestiques grâce à son emploi
Chapitre 4. Guérilla autour du « temps de travail » dans le salariat
Les tâches « en plus »
Les heures supplémentaires non payées
Les transports exigés par l’emploi
Les tâches bureaucratiques en plus du « travail normal »
Ce qui ne (se) compte pas comme « travail » dans la tâche payée
L’oubli gestionnaire du réel
Et toi, tu fais comment ?
Parler du travail réel, est-ce du « temps de travail » ?
Tensions éthiques et morales
Simuler et dissimuler des émotions pour rendre service
Simuler le bonheur pour se maintenir en emploi
Renoncer à ce qu’on aimerait faire au monde
Rester employable
Chapitre 5. Faire face à l’hypocrisie de la norme salariale
Se constituer comme force de travail « employable »
Se former
L’activité productive des demandeurs d’emploi
Le marketing de soi et le self branding
Construire et entretenir un « réseau »
Précarisation : la tâche chronicisée de quête d’emploi
Produire bénévolement dans l’espoir de décrocher un emploi
Les stages : occuper bénévolement l’emploi que l’on convoite
« Hope labor » : produire bénévolement en vue d’être employé
Accepter des statuts utiles ou profitables dont on ne peut pas vivre
Les salariés pauvres
Pauvres entrepreneurs
L’emploi profitable et productif à prix cassé
Les politiques publiques de l’activation
Remplacer des professionnels rémunérés par des bénévoles amateurs
Des professionnels actifs non reconnus comme « travailleurs »
L’emploi non déclaré à l’État
La prostitution
L’accompagnement sexuel des handicapés
Chapitre 6. Nouveaux modèles économiques
La production bénévole réalisée par la foule
L’autoproduction dirigée des consommateurs
La marchandisation de l’attention et des données
La coproduction collaborative
Les biotechnologies et l’industrie du vivant
Les essais cliniques
La « bioéconomie »
Quel statut ?
Quel droit pour l’emploi du vivant ?
Les places de marché numérique : quel statut des prestations à la tâche ?
L’entrepreneuriat de soi
Des intermédiaires de marché
Retour de l’emploi à la tâche, hors salariat
Compétition, notation, dépendance économique
Peu payés, pas protégés
Les robots doivent-ils cotiser à la Sécurité sociale ?
Les machines remplaceraient le travail humain et animal
Un « travail » sans activité… qui ne relève pas du Code du travail
Chapitre 7. Les usages sociaux de la polysémie
Les situations bizarres expriment l’état de la société
Éclatement des significations
Tectonique des plaques
Le jeu de bonneteau avec les valeurs du « travail »
Au nom de l’emploi : faire quelque chose pour autre chose
L’(auto)exploitation de la valeur intrinsèque de l’activité
Au nom de la valeur d’utilité sociale
Une confusion bien utile (mais pas à tous et toutes)
Un outil de pensée obsolète ?
Que faire du « travail » ?
Arrêter de « travailler » ?
Lutter contre le « travail gratuit » ?
Sortir de l’institution du travail ?
Faut-il éliminer le mot « travail » dans les sciences ?
Faire une « révolution épistémologique » ?
Conclusion
Bibliographie /AnnexeEn ligne : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/travailler-pour-quo [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=271878 Troubles dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée / SCD [document électronique] / Marie-Anne Dujarier (1966-...), Auteur . - Paris : Presses universitaires de France, PUF, 2021 . - 352 p. ; 15 x 21.3 cm. - (Quadrige (Paris. 1981), ISSN 0291-0489) .
ISBN : 978-2-13-080413-0 : 19 €
Avec son nouvel essai Troubles dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée (Puf, 02.09.2021), Marie-Anne Dujarier nous invite à déplier la généalogie du terme "travail" afin d'en comprendre les troubles actuels.
On peut observer un flou qui s'entend dans les débats à la fois sociaux mais aussi subjectifs : entre nous et en nous sur ce qui est du "travail". Est-ce qu'un stagiaire travaille? Est-ce qu'un youtubeur travaille? Est-ce qu'une femme au foyer travaille? Est-ce qu'un animal travaille? Est-ce qu'un robot travaille? Toutes ces questions égrainent à la fois nos débats et nos doutes. Alors je me suis intéressée à la question de ce que nous appelons "travail" dans la société aujourd'hui. (Marie-Anne Dujarier)
Elle souligne notamment la polysémie du terme "travail" qui en avantage certains autant qu'elle en désavantage d'autres.
Parfois, la polysémie ce n'est pas un problème, mais une arme. (Marie-Anne Dujarier)
A l'heure du _capitalocène_, où hypocritement les bullshit jobs sont valorisés comme du "travail" tandis que le bénévolat écologique ou le care, lui, ne l'est pas, la sociologue se demande quel avenir est à envisager pour le travail.
Par exemple, Marie-Anne Dujarier cite l'exemple de l'autoproduction, utile du point de vu de l'urgence climatique mais qui n'est pas véritablement incluse dans la catégorie "travail".
Est-ce que lorsque vous autoproduisez, par exemple quand vous avez un jardin dont vous espérez pouvoir vivre, vous travaillez? On ne sait pas. Parce que ce n'est pas considéré comme du travail par les institutions, ce n'est pas compté comme une richesse ou dans les statistiques, ça ne fait pas partie des politiques publiques, vous ne bénéficiez pas du code du travail. (Marie-Anne Dujarier)
Finalement,
L'urgence climatique interroge directement une des dimensions du travail : qu'est-ce qu'il faut produire qui soit utile aujourd'hui? Je suis une de ces personnes qui s'étonne que la cause écologique croise si peu la question du travail. (Marie-Anne Dujarier)
Langues : Français (fre)
Mots-clés : Economie et entreprises / Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise SHS Systèmes d'organisation du travail Sociologie du travail ACTIVITE APPROCHE HISTORIQUE BENEVOLAT CAPITALISME DUREE DU TRAVAIL ECONOMIE EMPLOI EPISTEMOLOGIE PRODUCTION PROFESSION PROSTITUTION REVENU SALARIE SOCIOLOGIE DU TRAVAIL TRAVAIL VALEUR Résumé : Que faisons-nous au monde ? Au centre de cette interrogation anxieuse, aux dimensions écologiques, sociales et existentielles, trône "le travail". Pilier de notre société, il est dans toutes les bouches, que ce soit pour en vanter la valeur ou le conspuer, souhaiter son extension, sa transformation ou sa disparition. Dans ces débats passionnés, nous peinons cependant à nous accorder sur ce qu'il désigne. Par exemple, peut-on dire qu'une aidante familiale, un stagiaire, un youtubeur, une bénévole, un chien d'aveugle, un manager placardisé, un algorithme, un inconscient, une somme d'argent ou encore une vache laitière "travaillent" ? Ce livre offre de regarder "le travail" en tant que catégorie de la pensée et de la pratique, historiquement construite. En dix siècles, le mot a pris trois significations principales dans les usages ordinaires, scientifiques et institutionnels. Il a servi à désigner la peine que l'on se donne pour produire des choses utiles, dans le cadre d'un emploi dont on peut vivre. Or la société actuelle regorge de pratiques qui désarticulent l'activité, la production utile et l'emploi rémunéré. Le trouble est donc jeté sur la catégorie de pensée "travail", mettant en question la valeur qui lui est accolée et les institutions qui portent son nom.
Cet ouvrage documenté ébranle les évidences et pointe les juteuses équivoques sur le sens du mot « travail ». Il propose de le déplier afin d’équiper plus finement la pensée et l’action.Note de contenu : Sommaire :
Introduction. Une catégorie de la pensée et de la pratique
PREMIERE PARTIE : GENEALOGIE DE LA CATEGORIE DE PENSEE « TRAVAIL »
Chapitre 1. S’équiper pour faire une sociologie des catégories de pensée
Lunettes théoriques
Des mots incorporés, qui nous paraissent naturels
Les catégories sont socialement construites
Elles expriment un état de la société
Elles s’imposent à nous et outillent notre pensée
Des catégories de la pensée aux catégories de la pratique
La différence d’avec un concept
De la difficulté de dénaturaliser « le travail »
Comment penser le cadre en étant dans le cadre ?
Un geste subversif
Résistances des professionnels « du travail »
Un rapport subjectif au signifiant « travail »
Approche méthodologique
Attraper ce qui est ubiquitaire ?
Les dictionnaires de la langue courante
Repérer les usages institutionnels
Usages dans les textes savants
Circulation entre ces trois sphères
Chapitre 2. Lorsque le « travail » n’existait pas
Éviter les chausse-trappes
Dépasser le discours du XIXe siècle
Généralisations délicates et sources lacunaires
Catégories de pensée antiques
Ergon et ponos : l’acte et l’effort
Valorisation de l’activité et des savoir-faire depuis l’époque archaïque
Justification de l’ordre social esclavagiste à l’époque classique
L’invention du travail abstrait dans le droit romain
Les mots traduits par « travail » dans la Bible
Action, œuvre, métier
Modestie et pauvreté
Chapitre 3. Le labeur au Moyen Âge : une nécessité vertueuse
Débats sur l’étymologie
La torture ?
Poutre, catafalque et machine du maréchal-ferrant
Travail, obstacle à franchir
« L’idée de transformation acquise par l’effort »
Accepter le labeur : l’idéologie chrétienne du travail
Une société d’ordres
Un ordre divin
Chapitre 4. Le « travail » du capitalisme marchand et colonial (XIVe-XVIIIe siècle)
Mise en place de trois significations sociales du « travail »
« La peine que l’on se donne pour faire quelque chose »
Le « travail » comme résultat de l’activité, ouvrage
Source de revenus pour la subsistance
Valorisation morale de l’action lucrative
La percée de la bourgeoisie
Justifier les pratiques par une éthique
Le « travail » des institutions royales : criminaliser l’oisiveté
L’apparition du « travail » dans la pensée théorique
Un mot-clé dans l’économie politique naissante
Le travail enchanté des Lumières
Chapitre 5. Le « travail » du capitalisme industriel salarial (1789-1945)
L’institutionnalisation du « travail »
De la « liberté du travail » au « Code du travail »
L’emploi se désencastre (mais pas toute l’activité)
Les « travailleurs » et le « travail » vus de l’Église à la fin du XIXe siècle
L’organisation scientifique du travail (Taylor)
Pénétration sociale du « travail » comme catégorie polymorphe
Le travail au cœur des pensées disciplinaires
Ancrage confirmé dans la pensée économique
Le travail abstrait des sciences physiques
Les usages du « travail » par les philosophes allemands du XIXe siècle
Les catégories de « travail » dans l’œuvre de Marx
Les trois sens du mot chez Freud
Le travail comme objet sociologique
Les sciences « du travail » au début du XXe siècle
Le « travail », mot-clé et polysémique des sciences
Les usages sociaux du mot « travail »
Le « travail », objet important dans la littérature et le cinéma
L’activité : moins de peine, plus de soin
L’« ouvrage », encore
Un rapport social d’emploi
Travail dégradé et valorisé dans le capitalisme industriel
XIXe siècle : les employeurs louent le « travail »
Le travail comme devoir moral au XXe siècle
Valorisation du « travail » même dans les contre-pouvoirs
Critiques sociales « du travail » et de son culte
Chapitre 6. Le « travail » de la société de consommation fordiste (1946-1990)
Une société « du travail »
Fordisme et société de consommation
Séparation de la production et de la consommation
Division de la pensée et de l’action
Éloignement croissant de l’acte et de ses effets
Le « travail » dans les institutions : l’emploi
« Le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi »
La Sécurité sociale : « le travail » se charge d’ambivalences
La défense syndicale du « travail » au nom de la solidarité
Mouvements sociaux et « droit du travail »
Les nouvelles promesses des employeurs
Usages disciplinaires éclatés
Incertitudes, hésitations et contradictions sur le sens du mot
Objet, contexte, concept et spécialité professionnelle
Le travail comme « subsistance » et production utile
Travail prescrit, travail réel
Le travail comme emploi
Le « travail domestique » : usage critique de la catégorie dominante
Transformations des trois usages sociaux « du travail »
Ouvrage réalisé, et effort soutenu, finalisé, productif, utile et coordonné
Une occupation professionnelle rétribuée
L’imbrication des trois significations
Chapitre 7. Le capitalisme néolibéral depuis les années 1990
Le « travail » des institutions : menaces sur le salariat et promesses de bonheur
Stabilité de la norme salariale et de la « valeur travail »
L’avenir du « travail » serait la fin du salariat
Le « travail » vu des syndicats patronaux
Happy ! Le « travail » des employeurs
Usages ordinaires : l’utilité définit le « travail »
Une activité : un effort productif utile
Tâche, manière, ouvrage réalisé et production utile
Une activité rémunérée… ou pas
Stabilité des significations et multiplication des locutions
Critiques du « travail »
Les conceptions du « travail » dans les sciences humaines et sociales
Accord sur les désaccords
Le débat sur la « fin du travail »
Le « travail » des économistes orthodoxes
Théories du travail comme activité
Brouillage des frontières du « travail » et du salariat
Chapitre 8. Une catégorie de pensée problématique
Le rapport incertain entre les différentes significations
Trois champs de significations
Généralisation et restriction
Un cumul original, historique et local
Incertitudes
Quelle valeur ? D’après qui ?
Valeurs historiques du « travail »
Ce qui compte dans le « travail » : multiplicité des valeurs en jeu
La valeur de la valeur change selon le point de vue
« Ça dépend »
Quels rapports entre ces significations ?
L’activité change lorsqu’elle est employée
Utile à quoi ? À qui ? Quand ?
La norme de production et d’utilité actuelle
La subsistance : trois échelles, en rapport
Le besoin d’une triple indifférence
SECONDE PARTIE : TROUBLES DANS LE TRAVAIL
Chapitre 1. La question de la subsistance dans le capitalocène
Des emplois nocifs ou inutiles au cœur du salariat
Le syndrome des « bullshit jobs »
Même dans les services publics
« Eux, ils ne travaillent pas »
Voler : une activité professionnelle rémunératrice
Le capitalocène : produire contre notre subsistance
Conflits, résistances et sorties
L’hyperaction dans l’emploi comme esquive du travail psychique
« Plutôt faire n’importe quoi que de ne rien faire »
Utilisation des défenses par le management
La bonne conscience de « travailler beaucoup »
« Just do it » : faire sans penser
Changer la catégorie de pensée ou les institutions ?
Chapitre 2. Des pratiques utiles et vitales, hors emploi
Donner la vie, la maintenir et survivre
À l’origine du mot « travail » : faire des enfants
Les tâches parentales et domestiques
Le care : une activité pénible et utile
Valeureuses aidantes familiales
Femmes de…
Le « travail de subsistance »
Le care écologique
Le bénévolat
Produire pour soi : le cœur ou l’envers du « travail » ?
Quand l’emploi salarié a détrôné l’autoproduction
Complément
Compensation
Critique
L’enjeu de penser l’autoproduction comme « travail »
Produire du sens
Faire de la politique : une production utile qui demande de la peine
L’inestimable activité psychique
Quel emploi de l’activité des vivants non humains ?
Les divers emplois de la production d’autres vivants pour notre subsistance
Une activité…
… mais pas de Code de l’emploi
Hésitations et ambivalences
Chapitre 3. Des revenus sans rien faire
Revenus du capital dans le capitalisme financier
Revenus de la redistribution
Être employé à ne rien faire
Les « arrêts de travail » légaux, dans l’emploi
Les coulisses de l’activité
La placardisation
Les emplois fictifs
Être payé pour quitter son emploi
Esquiver les tâches domestiques grâce à son emploi
Chapitre 4. Guérilla autour du « temps de travail » dans le salariat
Les tâches « en plus »
Les heures supplémentaires non payées
Les transports exigés par l’emploi
Les tâches bureaucratiques en plus du « travail normal »
Ce qui ne (se) compte pas comme « travail » dans la tâche payée
L’oubli gestionnaire du réel
Et toi, tu fais comment ?
Parler du travail réel, est-ce du « temps de travail » ?
Tensions éthiques et morales
Simuler et dissimuler des émotions pour rendre service
Simuler le bonheur pour se maintenir en emploi
Renoncer à ce qu’on aimerait faire au monde
Rester employable
Chapitre 5. Faire face à l’hypocrisie de la norme salariale
Se constituer comme force de travail « employable »
Se former
L’activité productive des demandeurs d’emploi
Le marketing de soi et le self branding
Construire et entretenir un « réseau »
Précarisation : la tâche chronicisée de quête d’emploi
Produire bénévolement dans l’espoir de décrocher un emploi
Les stages : occuper bénévolement l’emploi que l’on convoite
« Hope labor » : produire bénévolement en vue d’être employé
Accepter des statuts utiles ou profitables dont on ne peut pas vivre
Les salariés pauvres
Pauvres entrepreneurs
L’emploi profitable et productif à prix cassé
Les politiques publiques de l’activation
Remplacer des professionnels rémunérés par des bénévoles amateurs
Des professionnels actifs non reconnus comme « travailleurs »
L’emploi non déclaré à l’État
La prostitution
L’accompagnement sexuel des handicapés
Chapitre 6. Nouveaux modèles économiques
La production bénévole réalisée par la foule
L’autoproduction dirigée des consommateurs
La marchandisation de l’attention et des données
La coproduction collaborative
Les biotechnologies et l’industrie du vivant
Les essais cliniques
La « bioéconomie »
Quel statut ?
Quel droit pour l’emploi du vivant ?
Les places de marché numérique : quel statut des prestations à la tâche ?
L’entrepreneuriat de soi
Des intermédiaires de marché
Retour de l’emploi à la tâche, hors salariat
Compétition, notation, dépendance économique
Peu payés, pas protégés
Les robots doivent-ils cotiser à la Sécurité sociale ?
Les machines remplaceraient le travail humain et animal
Un « travail » sans activité… qui ne relève pas du Code du travail
Chapitre 7. Les usages sociaux de la polysémie
Les situations bizarres expriment l’état de la société
Éclatement des significations
Tectonique des plaques
Le jeu de bonneteau avec les valeurs du « travail »
Au nom de l’emploi : faire quelque chose pour autre chose
L’(auto)exploitation de la valeur intrinsèque de l’activité
Au nom de la valeur d’utilité sociale
Une confusion bien utile (mais pas à tous et toutes)
Un outil de pensée obsolète ?
Que faire du « travail » ?
Arrêter de « travailler » ?
Lutter contre le « travail gratuit » ?
Sortir de l’institution du travail ?
Faut-il éliminer le mot « travail » dans les sciences ?
Faire une « révolution épistémologique » ?
Conclusion
Bibliographie /AnnexeEn ligne : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/travailler-pour-quo [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=271878 Exemplaires
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Le travail du genre : les sciences sociales du travail à l'épreuve des différences de sexe / Jacqueline Laufer
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Titre : Le travail du genre : les sciences sociales du travail à l'épreuve des différences de sexe Type de document : texte imprimé Auteurs : Jacqueline Laufer, Auteur ; Catherine Marry, Auteur ; Margaret Maruani (1954-...) , Auteur
Editeur : Paris : Éditions La Découverte Année de publication : 2003 Collection : Recherches Importance : 367 p. ISBN/ISSN/EAN : 978-2-7071-4111-8 Note générale : Alors que le terme « genre » (traduction du terme anglais gender) commence à se diffuser dans la presse de vulgarisation scientifique en lieu et place du trop biologique mot « sexe », le MAGE (Marché du travail et genre en Europe), laboratoire de recherche du CNRS, propose à différents spécialistes des sciences sociales de réfléchir à la place qu’occupe le genre dans les études sur le travail. Catégories : F POPULATIONS - ETUDES DE CAS Mots-clés : FEMME HOMME EMPLOI QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ECOLE ECONOMIE CITOYENNETE POLITIQUE INEGALITE DES SEXES SOCIETE Sociologie du travail Discrimination sexuelle dans l'emploi Femmes Travail Index. décimale : F-11 Femme Résumé : Peut-on, aujourd'hui, s'intéresser au travail, à l'emploi, au chômage, sans voir la différence des sexes ? La question est moins saugrenue qu'il n'y paraît. Longtemps, les sciences sociales du travail ont ignoré le genre, l'ont traité comme une variable secondaire, subalterne et facultative. Nous n'en sommes plus là aujourd'hui, et c'est heureux. Ce livre tente de décrire, discipline par discipline, l'émergence d'analyses sexuées du monde du travail. Il montre comment l'introduction du masculin/féminin renouvelle les approches, les problématiques et les concepts. Il explicite également les difficultés, les blocages et les embûches de l'exercice : le temps de la connaissance n'est pas toujours celui de la reconnaissance. Retracer le parcours de la question des différences de sexe dans les sciences sociales du travail : tel est l'objet de cet ouvrage collectif pluridisciplinaire et international. Organisé par le groupement de recherche MAGE (Marché du travail et genre en Europe), il rassemble vingt-deux contributions émanant de sociologues, d'historien(ne)s, d'économistes, de statisticien(ne)s, de juristes, de politologues, de philosophes et d'anthropologues venus de différents pays. Note de contenu : Références bibliogr. Notes bibliogr. Voir aussi la note de lecture; en hyperlien : "Parcourant le rayon sociologie d’une librairie new-yorkaise il y a quelques années, j’avais été surpris de la faible place réservée aux ouvrages de sociologie générale et surtout étonné de l’énorme rayon consacré aux gender studies. À cette époque, en France, les analyses comparatives hommes-femmes existaient mais on raisonnait encore en termes de différences de sexe – soulignant par là même l’aspect biologique des écarts – et non en terme de genre, véritable sexe social. Depuis quelques mois, les ouvrages français consacrés au genre se multiplient et celui-ci vient à point nommé pour mettre un peu d’ordre dans des publications qui sombrent souvent dans le simple militantisme. Les contributions ici proposées sont non seulement écrites par des spécialistes reconnus mais chacun(e) d’eux (elles) n’hésite pas à souligner les difficultés, voire les limites, de l’usage du genre pour comprendre le travail, l’emploi ou le chômage. Le problème majeur des recherches sur le genre est de ne pas faire des études sur les femmes par des femmes et pour des femmes. L’enjeu est bien d’étudier les spécificités du masculin par rapport au féminin. Or, les recherches récentes assimilent souvent le genre au seul féminin oubliant que la masculinité est aussi un construit social. Privilégier le genre dans les études sur le travail c’est aussi délaisser d’autres variables lourdes, telle la classe sociale, qui ont structuré la sociologie française d’après-guerre, avec la figure emblématique de l’ouvrier de la grande industrie. Choisir de faire de la recherche sur le genre, c’est enfin occuper une position marginale dans le champ de la recherche scientifique. Sur les trente-six auteurs de l’ouvrage, vingt-huit sont ainsi des auteures… Pourtant ces recherches sur le genre enrichissent toutes les sciences sociales. Ainsi, l’histoire des « grands hommes » doit être dépassée. De même, on ne peut plus aujourd’hui séparer le temps de travail du temps hors travail, la frontière entre la sphère privée et la sphère professionnelle étant devenue poreuse. On ne peut plus également considérer le salaire des femmes comme un simple salaire d’appoint, l’homme perdant son monopole de breadwinner. Annie Fouquet nous rappelle également que les catégories statistiques utilisées par l’Insee sont loin d’être neutres, la notion de chef de famille véhiculant une conception androcentrique du ménage. Au-delà du bilan des recherches, la partie la plus originale de l’ouvrage est sans doute la première (intitulée « Parcours ») où des spécialistes de chacune des sciences sociales ont dû répondre aux questions suivantes : « Quand et comment le thème de la différence des sexes (ou des femmes, ou du genre) est-il intervenu dans votre itinéraire intellectuel et personnel ? Dans votre discipline, comment voyez-vous son cheminement ? Quelle est, aujourd'hui, la légitimité d'une lecture sexuée du monde social ? […] Entre recherche et engagement, comment situez-vous votre travail ? »
Parmi ces témoignages, on retiendra en particulier celui de Maurice Godelier nous racontant l’étonnement de ses collègues du CNRS en 1981 lorsqu’il a proposé un programme d’études sur les femmes, ou celui de Christian Baudelot soulignant les difficultés concrètes d’une répartition équitable du travail domestique lorsqu’on sort des grands principes… et qu’on l’applique à son propre couple ! "En ligne : http://0-www.cairn.info.portail.scd.univ-tours.fr/le-travail-du-genre--978270714 [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=9992 Le travail du genre : les sciences sociales du travail à l'épreuve des différences de sexe [texte imprimé] / Jacqueline Laufer, Auteur ; Catherine Marry, Auteur ; Margaret Maruani (1954-...), Auteur . - [S.l.] : La Découverte, 2003, 2003 . - 367 p.. - (Recherches) .
ISBN : 978-2-7071-4111-8
Alors que le terme « genre » (traduction du terme anglais gender) commence à se diffuser dans la presse de vulgarisation scientifique en lieu et place du trop biologique mot « sexe », le MAGE (Marché du travail et genre en Europe), laboratoire de recherche du CNRS, propose à différents spécialistes des sciences sociales de réfléchir à la place qu’occupe le genre dans les études sur le travail.
Catégories : F POPULATIONS - ETUDES DE CAS Mots-clés : FEMME HOMME EMPLOI QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ECOLE ECONOMIE CITOYENNETE POLITIQUE INEGALITE DES SEXES SOCIETE Sociologie du travail Discrimination sexuelle dans l'emploi Femmes Travail Index. décimale : F-11 Femme Résumé : Peut-on, aujourd'hui, s'intéresser au travail, à l'emploi, au chômage, sans voir la différence des sexes ? La question est moins saugrenue qu'il n'y paraît. Longtemps, les sciences sociales du travail ont ignoré le genre, l'ont traité comme une variable secondaire, subalterne et facultative. Nous n'en sommes plus là aujourd'hui, et c'est heureux. Ce livre tente de décrire, discipline par discipline, l'émergence d'analyses sexuées du monde du travail. Il montre comment l'introduction du masculin/féminin renouvelle les approches, les problématiques et les concepts. Il explicite également les difficultés, les blocages et les embûches de l'exercice : le temps de la connaissance n'est pas toujours celui de la reconnaissance. Retracer le parcours de la question des différences de sexe dans les sciences sociales du travail : tel est l'objet de cet ouvrage collectif pluridisciplinaire et international. Organisé par le groupement de recherche MAGE (Marché du travail et genre en Europe), il rassemble vingt-deux contributions émanant de sociologues, d'historien(ne)s, d'économistes, de statisticien(ne)s, de juristes, de politologues, de philosophes et d'anthropologues venus de différents pays. Note de contenu : Références bibliogr. Notes bibliogr. Voir aussi la note de lecture; en hyperlien : "Parcourant le rayon sociologie d’une librairie new-yorkaise il y a quelques années, j’avais été surpris de la faible place réservée aux ouvrages de sociologie générale et surtout étonné de l’énorme rayon consacré aux gender studies. À cette époque, en France, les analyses comparatives hommes-femmes existaient mais on raisonnait encore en termes de différences de sexe – soulignant par là même l’aspect biologique des écarts – et non en terme de genre, véritable sexe social. Depuis quelques mois, les ouvrages français consacrés au genre se multiplient et celui-ci vient à point nommé pour mettre un peu d’ordre dans des publications qui sombrent souvent dans le simple militantisme. Les contributions ici proposées sont non seulement écrites par des spécialistes reconnus mais chacun(e) d’eux (elles) n’hésite pas à souligner les difficultés, voire les limites, de l’usage du genre pour comprendre le travail, l’emploi ou le chômage. Le problème majeur des recherches sur le genre est de ne pas faire des études sur les femmes par des femmes et pour des femmes. L’enjeu est bien d’étudier les spécificités du masculin par rapport au féminin. Or, les recherches récentes assimilent souvent le genre au seul féminin oubliant que la masculinité est aussi un construit social. Privilégier le genre dans les études sur le travail c’est aussi délaisser d’autres variables lourdes, telle la classe sociale, qui ont structuré la sociologie française d’après-guerre, avec la figure emblématique de l’ouvrier de la grande industrie. Choisir de faire de la recherche sur le genre, c’est enfin occuper une position marginale dans le champ de la recherche scientifique. Sur les trente-six auteurs de l’ouvrage, vingt-huit sont ainsi des auteures… Pourtant ces recherches sur le genre enrichissent toutes les sciences sociales. Ainsi, l’histoire des « grands hommes » doit être dépassée. De même, on ne peut plus aujourd’hui séparer le temps de travail du temps hors travail, la frontière entre la sphère privée et la sphère professionnelle étant devenue poreuse. On ne peut plus également considérer le salaire des femmes comme un simple salaire d’appoint, l’homme perdant son monopole de breadwinner. Annie Fouquet nous rappelle également que les catégories statistiques utilisées par l’Insee sont loin d’être neutres, la notion de chef de famille véhiculant une conception androcentrique du ménage. Au-delà du bilan des recherches, la partie la plus originale de l’ouvrage est sans doute la première (intitulée « Parcours ») où des spécialistes de chacune des sciences sociales ont dû répondre aux questions suivantes : « Quand et comment le thème de la différence des sexes (ou des femmes, ou du genre) est-il intervenu dans votre itinéraire intellectuel et personnel ? Dans votre discipline, comment voyez-vous son cheminement ? Quelle est, aujourd'hui, la légitimité d'une lecture sexuée du monde social ? […] Entre recherche et engagement, comment situez-vous votre travail ? »
Parmi ces témoignages, on retiendra en particulier celui de Maurice Godelier nous racontant l’étonnement de ses collègues du CNRS en 1981 lorsqu’il a proposé un programme d’études sur les femmes, ou celui de Christian Baudelot soulignant les difficultés concrètes d’une répartition équitable du travail domestique lorsqu’on sort des grands principes… et qu’on l’applique à son propre couple ! "En ligne : http://0-www.cairn.info.portail.scd.univ-tours.fr/le-travail-du-genre--978270714 [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=9992 Réservation
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Note de lecture "Le Travail du genre. Les sciences sociales du travail à l’épreuve des différences de sexe" / Jacqueline Laufer & Catherine MarryURL43 - 2020/1 - Sales boulots : dossier (Bulletin de Travail, genre et sociétés / Cairn.info) / Pauline Seiller
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[n° ou bulletin]
est un bulletin de Travail, genre et sociétés / Cairn.info / Centre national de la recherche scientifique. GR 1176 MAGE
Titre : 43 - 2020/1 - Sales boulots : dossier Type de document : texte imprimé Auteurs : Pauline Seiller, Editeur scientifique ; Rachel Silvera (1959-...), Editeur scientifique Année de publication : 2020 Importance : 252 p. Format : 24 x 16 cm Prix : 25 € Note générale : Le dossier de ce numéro est consacré aux conditions de travail et à la division genrée de métiers socialement défavorables et déconsidérés : les chiffonniers à Paris au XIXe siècle, les éboueurs et balayeurs du secteur public, les entreprises de tri de déchets et les métiers féminins jouant le rôle d'auxiliaire de professions prestigieuses.- Bibliogr. en fin d'article Langues : Français (fre) Mots-clés : inégalités de genre travail sociologie du travail saleté sales boulots salissure déchets fluides corporels mort travailleurs travailleuses Société / Acteurs de la vie sociale / Femmes SHS Professions et métiers des femmes Femmes -- Travail Chiffonniers -- France -- Paris (France) -- 19e siècle Travaux publics -- Personnel -- Conditions de travail
Déchets -- Collecte sélective -- France Discrimination sexuelle dans l'emploi Travail précaire Éboueurs -- Conditions de travail Balayeurs -- Conditions de travail Travail condition de travail, traitement des déchets, discrimination sexuelle, travail fémininRésumé : "Sale boulot, boulots sales : le concept de dirty work tel qu’il est décrit par Everett C. Hughes [1996 (1951)] désigne à la fois des activités professionnelles jugées dégradantes, dégoûtantes ou humiliantes, souvent en bas de l’échelle de la division du travail et certaines dimensions moins valorisantes présentes dans toutes les activités professionnelles, même les plus prestigieuses, et dont on essaie généralement de se débarrasser en les transférant au personnel subalterne.
Le cas des aides-soignantes à l’hôpital étudiées par Anne-Marie… et/ou aux salarié·e·s récemment arrivé·e·s ou moins intégré·e·s – précaires, sous-traitant·e·s, non titulaires (dans un processus de délégation du sale boulot). Dans ces deux usages, le sale boulot est au cœur de la division morale du travail [Hughes 1996 (1956) ; Lhuillier, 2005]. Il concerne des tâches « sales » « parce qu’elles sont physiquement dégoûtantes ou parce qu’elles symbolisent quelque chose de dégradant ou d’humiliant » mais renvoie aussi « à ce qui va à l’encontre de nos conceptions morales les plus héroïques » [Hughes, 1996 (1951), p. 81].
Ce dossier revient sur cette notion classique de sociologie du travail dans le cadre d’une réflexion sur les inégalités de genre en s’intéressant spécifiquement aux boulots sales dans lesquels les travailleurs et travailleuses sont directement en contact avec la salissure, les déchets, les fluides corporels ou la mort et qu’ils constituent des activités « dont on devrait avoir un peu honte » [Hughes, 1996], bien que ces tâches invisibilisées soient indispensables au fonctionnement de la société [Hughes, 1996 (1956) ; Molinier, Gaignard et Dujarier, 2010]. Dans les travaux d’Everett C. Hughes, la notion de dirty work n’est pas abordée directement à l’aune du genre et les recherches contemporaines sur des activités socialement considérées comme sales ne se saisissent pas toujours non plus de la question du genre au travail. Pourtant les tâches ménagères ou le traitement des matières corporelles sont bien souvent réservés aux femmes, dans les sphères privée et professionnelle, confirmant ce que l’on sait des rôles dévolus aux femmes dans la division sexuée du travail [Kergoat, 2000]. Ce dossier porte le regard sur des métiers bien souvent dévalorisés et invisibilisés dans l’espace social en posant comme principe que la prise en compte du genre est fondamentale dans l’étude de ces métiers"Note de contenu : La valeur vraie des boulots sales : Travail, genre et sociétés, n° 43.
La vocation de la revue Travail, genre et sociétés est d’étudier la place des femmes dans la société en confrontant les points de vue de chercheurs sur les inégalités entre femmes et hommes. Sa création remonte à 1999, sous l’égide du Groupement de recherche Marché du travail et genre en Europe (MAGE-CNRS). Semestrielle, pluridisciplinaire et européenne, elle est publiée par les éditions de La Découverte avec le concours de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, du CERLIS et de la Mairie de Paris. Dans son riche comité scientifique, on retrouve, par exemple, les noms de Christine Bard, Judith Butler, Éric Fassin, Geneviève Fraisse, François Héran, Janine Mossuz-Lavau, Michelle Perrot ou Irène Théry. La revue annonce en ouverture son opposition aux réformes en cours – au premier rang desquelles la loi LPPR et la loi sur les retraites. Bousculant son programme éditorial, elle a ainsi mis en ligne un ensemble d’articles contribuant au débat social. Scientifique et engagée, Travail, genre et sociétés est donc au cœur de l’actualité.
Ce quarante-troisième numéro est sorti des presses en plein confinement, lorsque les journaux télévisés s’intéressèrent soudain aux caissières, aux gardiennes d’immeuble, femmes de ménage, aux livreurs, aux coursiers, aux éboueurs, balayeurs. Tout à coup, des « invisibles » et des « petites mains » devenaient, avec les soignants, essentiels, glorieux, héroïques. Leur courage fut immense. On leur promit beaucoup. Et voyez déjà au bout de quelques semaines dans quel oubli médiatique les voici replongés…
La recherche en sciences humaines et sociales n’a pas attendu une pandémie mondiale pour leur donner une véritable attention, étudier leurs conditions de vie et de travail, défendre leur droit à la reconnaissance et à la dignité. Ainsi, ce numéro de Travail, genre et sociétés consacre un riche dossier aux « sales boulots », sous la coordination de Pauline Seiller et Rachel Silvera.
La notion de dirty works forgée par Everett C. Hugues en 1951 est une catégorie classique de sociologie du travail popularisée en France par les travaux d’Anne-Marie Arborio. Le dossier revient sur cet outil d’analyse, dans le cadre d’une réflexion sur l’inégalité de genre, en focalisant son attention sur les « boulots sales », ceux où les travailleurs et travailleuses sont directement « en contact avec la salissure, les déchets, les fluides corporels ou la mort ». Ces activités se retrouvent bien souvent invisibilisées et dévaluées bien qu’elles soient « indispensables au fonctionnement de la société ». Ce dossier montre clairement la valeur vraie des boulots sales.
Ces métiers sont bien souvent réservés aux femmes et la prise en compte du genre s’avère fondamentale pour étudier les multiples expériences de « sales boulots ». La question des déchets constitue un champ de recherche en soi, dans le sillage de « l’anthropologie de la souillure » de Mary Douglas. Sous l’influence de nouvelles perspectives ouvertes par l’économie circulaire, le glanage urbain et le freeganisme, le regard porté sur le déchet se transforme, comme le souligne Caroline Ibos. Trois articles sont consacrés aux personnes chargées de gérer les déchets. La politiste C. Ibos propose un éclairage historique sur la « masculinité des chiffonniers et la disqualification des chiffonnières » à Paris de 1830 à 1880. À partir d’une enquête menée au sein de la Direction de la propreté et de l’eau de la Ville de Paris, le sociologue Hugo Bret s’intéresse aux recompositions des masculinités chez les éboueurs et balayeurs du secteur public. Leïla Boudra, dans le prolongement de sa thèse, propose une analyse précise du travail réel effectué dans les centres de tri des déchets ménagers. Elle « interroge la division sexuée du travail dans ces espaces professionnels » et les formes possibles de revalorisation. Fruit d’une recherche-intervention menée auprès de cinq centres de tri des déchets ménagers en France entre 2012 et 2016, ce travail se fixe pour cap de « proposer des modalités d’action innovantes en prévention des risques professionnels dans ce secteur ». Christelle Avril et Irène Ramos Vacca reprennent la question des « métiers de femme » en s’intéressant aux rôles dans la division morale du travail. Là aussi, cet article est très solidement ancré dans le terrain puisqu’il se fonde sur les données issues de l’enquête ethnographique, sociohistorique et statistique menée par Christelle Avril sur les aides à domicile. L’article s’appuie aussi sur l’enquête en cours concernant les aides-soignantes et les infirmières en pédiatrie menée par Irène Ramos Vacca dans le cadre de sa recherche doctorale (observation participante de huit mois dans un service de pédiatrie d’un hôpital public de la région parisienne).
Le dossier donne ainsi à voir les plus actuels résultats de la recherche, croisant les questions du travail, du genre et du social – sans oublier les perspectives politiques.
Celles-ci sont particulièrement présentes dans la rubrique « Controverse » où une dizaine d’auteures débattent de la définition et de l’usage du terme de féminicide. Mise en perspective historique et juridique, analyses de la situation au Guatemala et au Mexique, réflexions divergentes de Catherine Marie et de Diane Roman : nombre d’éléments sur ce phénomène complexe sont rassemblés ici.
La revue Travail, genre et sociétés poursuit ainsi sa tâche, scientifique et engagée, en prise avec le terrain social et les luttes politiques.
François Bordes
Travail, genre et sociétés, n° 43, avril 2020.
Publié le 22 juin 2020En ligne : https://www-cairn-info.proxy.scd.univ-tours.fr/revue-travail-genre-et-societes-2 [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=55228 [n° ou bulletin]43 - 2020/1 - Sales boulots : dossier [texte imprimé] / Pauline Seiller, Editeur scientifique ; Rachel Silvera (1959-...), Editeur scientifique . - 2020 . - 252 p. ; 24 x 16 cm .
est un bulletin de Travail, genre et sociétés / Cairn.info / Centre national de la recherche scientifique. GR 1176 MAGE
25 €
Le dossier de ce numéro est consacré aux conditions de travail et à la division genrée de métiers socialement défavorables et déconsidérés : les chiffonniers à Paris au XIXe siècle, les éboueurs et balayeurs du secteur public, les entreprises de tri de déchets et les métiers féminins jouant le rôle d'auxiliaire de professions prestigieuses.- Bibliogr. en fin d'article
Langues : Français (fre)
Mots-clés : inégalités de genre travail sociologie du travail saleté sales boulots salissure déchets fluides corporels mort travailleurs travailleuses Société / Acteurs de la vie sociale / Femmes SHS Professions et métiers des femmes Femmes -- Travail Chiffonniers -- France -- Paris (France) -- 19e siècle Travaux publics -- Personnel -- Conditions de travail
Déchets -- Collecte sélective -- France Discrimination sexuelle dans l'emploi Travail précaire Éboueurs -- Conditions de travail Balayeurs -- Conditions de travail Travail condition de travail, traitement des déchets, discrimination sexuelle, travail fémininRésumé : "Sale boulot, boulots sales : le concept de dirty work tel qu’il est décrit par Everett C. Hughes [1996 (1951)] désigne à la fois des activités professionnelles jugées dégradantes, dégoûtantes ou humiliantes, souvent en bas de l’échelle de la division du travail et certaines dimensions moins valorisantes présentes dans toutes les activités professionnelles, même les plus prestigieuses, et dont on essaie généralement de se débarrasser en les transférant au personnel subalterne.
Le cas des aides-soignantes à l’hôpital étudiées par Anne-Marie… et/ou aux salarié·e·s récemment arrivé·e·s ou moins intégré·e·s – précaires, sous-traitant·e·s, non titulaires (dans un processus de délégation du sale boulot). Dans ces deux usages, le sale boulot est au cœur de la division morale du travail [Hughes 1996 (1956) ; Lhuillier, 2005]. Il concerne des tâches « sales » « parce qu’elles sont physiquement dégoûtantes ou parce qu’elles symbolisent quelque chose de dégradant ou d’humiliant » mais renvoie aussi « à ce qui va à l’encontre de nos conceptions morales les plus héroïques » [Hughes, 1996 (1951), p. 81].
Ce dossier revient sur cette notion classique de sociologie du travail dans le cadre d’une réflexion sur les inégalités de genre en s’intéressant spécifiquement aux boulots sales dans lesquels les travailleurs et travailleuses sont directement en contact avec la salissure, les déchets, les fluides corporels ou la mort et qu’ils constituent des activités « dont on devrait avoir un peu honte » [Hughes, 1996], bien que ces tâches invisibilisées soient indispensables au fonctionnement de la société [Hughes, 1996 (1956) ; Molinier, Gaignard et Dujarier, 2010]. Dans les travaux d’Everett C. Hughes, la notion de dirty work n’est pas abordée directement à l’aune du genre et les recherches contemporaines sur des activités socialement considérées comme sales ne se saisissent pas toujours non plus de la question du genre au travail. Pourtant les tâches ménagères ou le traitement des matières corporelles sont bien souvent réservés aux femmes, dans les sphères privée et professionnelle, confirmant ce que l’on sait des rôles dévolus aux femmes dans la division sexuée du travail [Kergoat, 2000]. Ce dossier porte le regard sur des métiers bien souvent dévalorisés et invisibilisés dans l’espace social en posant comme principe que la prise en compte du genre est fondamentale dans l’étude de ces métiers"Note de contenu : La valeur vraie des boulots sales : Travail, genre et sociétés, n° 43.
La vocation de la revue Travail, genre et sociétés est d’étudier la place des femmes dans la société en confrontant les points de vue de chercheurs sur les inégalités entre femmes et hommes. Sa création remonte à 1999, sous l’égide du Groupement de recherche Marché du travail et genre en Europe (MAGE-CNRS). Semestrielle, pluridisciplinaire et européenne, elle est publiée par les éditions de La Découverte avec le concours de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, du CERLIS et de la Mairie de Paris. Dans son riche comité scientifique, on retrouve, par exemple, les noms de Christine Bard, Judith Butler, Éric Fassin, Geneviève Fraisse, François Héran, Janine Mossuz-Lavau, Michelle Perrot ou Irène Théry. La revue annonce en ouverture son opposition aux réformes en cours – au premier rang desquelles la loi LPPR et la loi sur les retraites. Bousculant son programme éditorial, elle a ainsi mis en ligne un ensemble d’articles contribuant au débat social. Scientifique et engagée, Travail, genre et sociétés est donc au cœur de l’actualité.
Ce quarante-troisième numéro est sorti des presses en plein confinement, lorsque les journaux télévisés s’intéressèrent soudain aux caissières, aux gardiennes d’immeuble, femmes de ménage, aux livreurs, aux coursiers, aux éboueurs, balayeurs. Tout à coup, des « invisibles » et des « petites mains » devenaient, avec les soignants, essentiels, glorieux, héroïques. Leur courage fut immense. On leur promit beaucoup. Et voyez déjà au bout de quelques semaines dans quel oubli médiatique les voici replongés…
La recherche en sciences humaines et sociales n’a pas attendu une pandémie mondiale pour leur donner une véritable attention, étudier leurs conditions de vie et de travail, défendre leur droit à la reconnaissance et à la dignité. Ainsi, ce numéro de Travail, genre et sociétés consacre un riche dossier aux « sales boulots », sous la coordination de Pauline Seiller et Rachel Silvera.
La notion de dirty works forgée par Everett C. Hugues en 1951 est une catégorie classique de sociologie du travail popularisée en France par les travaux d’Anne-Marie Arborio. Le dossier revient sur cet outil d’analyse, dans le cadre d’une réflexion sur l’inégalité de genre, en focalisant son attention sur les « boulots sales », ceux où les travailleurs et travailleuses sont directement « en contact avec la salissure, les déchets, les fluides corporels ou la mort ». Ces activités se retrouvent bien souvent invisibilisées et dévaluées bien qu’elles soient « indispensables au fonctionnement de la société ». Ce dossier montre clairement la valeur vraie des boulots sales.
Ces métiers sont bien souvent réservés aux femmes et la prise en compte du genre s’avère fondamentale pour étudier les multiples expériences de « sales boulots ». La question des déchets constitue un champ de recherche en soi, dans le sillage de « l’anthropologie de la souillure » de Mary Douglas. Sous l’influence de nouvelles perspectives ouvertes par l’économie circulaire, le glanage urbain et le freeganisme, le regard porté sur le déchet se transforme, comme le souligne Caroline Ibos. Trois articles sont consacrés aux personnes chargées de gérer les déchets. La politiste C. Ibos propose un éclairage historique sur la « masculinité des chiffonniers et la disqualification des chiffonnières » à Paris de 1830 à 1880. À partir d’une enquête menée au sein de la Direction de la propreté et de l’eau de la Ville de Paris, le sociologue Hugo Bret s’intéresse aux recompositions des masculinités chez les éboueurs et balayeurs du secteur public. Leïla Boudra, dans le prolongement de sa thèse, propose une analyse précise du travail réel effectué dans les centres de tri des déchets ménagers. Elle « interroge la division sexuée du travail dans ces espaces professionnels » et les formes possibles de revalorisation. Fruit d’une recherche-intervention menée auprès de cinq centres de tri des déchets ménagers en France entre 2012 et 2016, ce travail se fixe pour cap de « proposer des modalités d’action innovantes en prévention des risques professionnels dans ce secteur ». Christelle Avril et Irène Ramos Vacca reprennent la question des « métiers de femme » en s’intéressant aux rôles dans la division morale du travail. Là aussi, cet article est très solidement ancré dans le terrain puisqu’il se fonde sur les données issues de l’enquête ethnographique, sociohistorique et statistique menée par Christelle Avril sur les aides à domicile. L’article s’appuie aussi sur l’enquête en cours concernant les aides-soignantes et les infirmières en pédiatrie menée par Irène Ramos Vacca dans le cadre de sa recherche doctorale (observation participante de huit mois dans un service de pédiatrie d’un hôpital public de la région parisienne).
Le dossier donne ainsi à voir les plus actuels résultats de la recherche, croisant les questions du travail, du genre et du social – sans oublier les perspectives politiques.
Celles-ci sont particulièrement présentes dans la rubrique « Controverse » où une dizaine d’auteures débattent de la définition et de l’usage du terme de féminicide. Mise en perspective historique et juridique, analyses de la situation au Guatemala et au Mexique, réflexions divergentes de Catherine Marie et de Diane Roman : nombre d’éléments sur ce phénomène complexe sont rassemblés ici.
La revue Travail, genre et sociétés poursuit ainsi sa tâche, scientifique et engagée, en prise avec le terrain social et les luttes politiques.
François Bordes
Travail, genre et sociétés, n° 43, avril 2020.
Publié le 22 juin 2020En ligne : https://www-cairn-info.proxy.scd.univ-tours.fr/revue-travail-genre-et-societes-2 [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=55228 ContientExemplaires
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Titre : Les enquêtes ouvrières dans l'Europe contemporaine / BU de Lettres et Cairn.info Type de document : document électronique Auteurs : Éric Geerkens, Directeur de la recherche ; Nicolas Hatzfeld (1951-...), Directeur de la recherche ; Isabelle Lespinet-Moret, Directeur de la recherche ; Xavier Vigna (1971-...), Directeur de la recherche Editeur : Paris : Éditions La Découverte Année de publication : 2019 Collection : Recherches (Paris. 1994), ISSN 1258-4002 Importance : 448 p. Format : 24 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-7071-9984-3 Prix : 28 € Mots-clés : Sociologie, sciences sociales CLASSE OUVRIERE ENQUETE ETUDE HISTORIQUE EUROPE ROYAUME UNI ITALIE HISTOIRE TYPOLOGIE METHODOLOGIE D'ENQUETE BELGIQUE SOCIOLOGIE DU TRAVAIL SOCIOLOGIE ETUDE DE CAS CONFLIT DU TRAVAIL CHOMEUR MEDECIN DU TRAVAIL COMPARAISON INTERNATIONALE INSPECTEUR DU TRAVAIL ENQUETE SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL AUTRICHE FRANCE OUVRIER CLASSE POPULAIRE Le Play Frédéric Weber Max Halbwachs Maurice BIT - BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL Classe ouvrière -- Enquêtes -- Europe -- 1800-... Travailleurs Résumé : S’il est un spectre qui hante l’Europe des XIXe et XXe siècles, c’est bien celui de la classe ouvrière. En témoignent les innombrables enquêtes qui lui sont consacrées : elles disent combien la « question sociale », telle qu’elle s’invente avec l’industrialisation, est d’abord une inquiétude sur la condition ouvrière et son évolution. Ces mondes ouvriers, si prompts aux soulèvements, constituent une énigme que de multiples enquêtes visent à résoudre, le plus souvent pour conjurer une menace.
Ce livre propose un voyage étonnant à ses lecteurs en les conduisant, par les yeux des enquêteurs, dans les taudis de Manchester, les cités minières du Borinage ou les usines Mirafiori de Turin. Il éclaire d’un jour nouveau des figures illustres des sciences sociales : Frédéric Le Play, Max Weber ou Maurice Halbwachs ; mais il les fait aussi voisiner avec des artistes (Zola et les écrivains naturalistes, les cinéastes autour de Chris Marker) et avec des collectifs soudés par un engagement – féministes, jocistes ou révolutionnaires.
En explorant ce qui mêla indissociablement pratiques scientifiques et passions politiques, l’ouvrage offre une contribution originale à une histoire transnationale de l’Europe contemporaine.Note de contenu : Sommaire :
P.5. Introduction. Observer, écouter, inspirer : deux siècles d’enquêtes ouvrières en Europe / Éric Geerkens, Nicolas Hatzfeld et Xavier Vigna
I. Les moments
P. 41. 1. Naissance de l’enquête : les hygiénistes, Villermé et les ouvriers autour de 1840 / François Jarrige et Thomas Le Roux
P. 53. 2. Engels et l’enquête sociale en Grande-Bretagne / Fabrice Bensimon
P. 67. 3. Les enquêtes ouvrières belges des années 1840 : un foisonnement sans lendemain / Éric Geerkens
P. 80. 4. Les enquêtes de la Société fabienne sur la vie ouvrière (Grande-Bretagne, 1884‑1914) / Yann Béliard
P. 98. 5. Les enquêtes ouvrières du Musée social, 1894‑1919 / Isabelle Lespinet-Moret et Xavier Vigna
P. 114. 6. Les études empiriques de Max Weber sur le travail agricole et industriel / Pierre Desmarez et Pierre Tripier
P. 125. 7. Aux origines d’une sociologie critique du travail : opéraïsme et enquête militante en Italie (années 1950‑1960) / Ferruccio Ricciardi
P. 138. 8. Des cinéastes militants en quête de sociabilité ouvrière. Prises de vues et prises de positions autour d’À bientôt j’espère. / Catherine Roudé
P. 151. 9. Les Cahiers de Mai : partager l’enquête pour donner la parole / Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba
II. Configurations d’enquête
P. 165. 10. Enquêtes féministes : collectifs et figures singulières à la Belle Époque et dans le moment 68 / Michelle Zancarini-Fournel
P. 177. 11. Les enquêtes de grèves / Xavier Vigna
P. 190. 12. « Au plus près des chômeurs »… Les enquêtes sur les sans-travail en Europe pendant la crise des années 1930 / Guy Vanthemsche
P. 206. 13. Les premiers sociologues urbains et la vie quotidienne des ouvriers dans la France des Trente Glorieuses / Jean-Claude Daumas
P. 221. 14. Des médecins enquêtent sur le travail ouvrier : terrains et pratiques en Belgique et en France, c. 1840 – c. 1914 / Éric Geerkens et Judith Rainhorn
P. 238. 15. Quand le roman se fait enquête (Goncourt, Zola, Huysmans) / Jean-Pierre Bertrand
P. 254. 16. En quête de légitimité : les « travaux originaux » des inspecteurs du travail (1893‑1914) / Valérie Burgos Blondelle et Vincent Viet
P. 268. 17. 1978 : la première enquête statistique sur les conditions de travail en France. Entretien avec ses concepteurs / Éric Geerkens et Nicolas Hatzfeld, entretien avec Serge Volkoff et Anne-Françoise Molinié
P. 282. 18. Observer l’enquête de Charles Booth sur le peuple de Londres (1886‑1903) / Christian Topalov
P. 301. 19. Réalités de terrain et terrain des réalités. Les enquêtes du Bureau international du travail entre 1920 et 1940 / Marine Dhermy-Mairal et Isabelle Lespinet-Moret
P. 318. 20. L’enquête sociale sur le Borinage de 1936. Préhistoire des études sociologiques sur les communautés minières / Nicolas Verschueren
III. Démarches d’enquête
P. 335. 21. Les enquêtes officielles sur le coût de la vie et l’alimentation ouvrière (1910‑1921) / Anne Lhuissier
P. 349. 22. La sociologie française et le travail ouvrier : pourquoi l’enquête, sur quoi l’enquête ? / Gwenaële Rot et François Vatin
P. 368. 23. Observer l’inobservable dans un budget de famille ouvrière. L’expérimentation de Frédéric Le Play auprès de Francisca à Vienne (Autriche), mai-juin 1853 / Stéphane Baciocchi et Alain Cottereau
P. 387. 24. Les frères Bonneff, explorateurs militants du monde du travail dans les années 1900 / Nicolas Hatzfeld
P. 400. 25. Worktown. Les enquêtes fondatrices du Mass-Observation à Bolton (1937‑1938) / Ariane Mak
P. 414. 26. L’enquête sociale dans le dispositif de formation à l’École sociale catholique féminine de Bruxelles (1920‑1940) / Guy Zelis
P. 426. 27. Les enquêtes jocistes en Belgique et en France, c. 1925 – c. 1940 / Éric Geerkens et Xavier Vigna
Bibliogr. en fin de contributions. Notes bibliogr.En ligne : https://www-cairn-info.proxy.scd.univ-tours.fr/les-enquetes-ouvrieres-dans-l-eur [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=235698 Les enquêtes ouvrières dans l'Europe contemporaine / BU de Lettres et Cairn.info [document électronique] / Éric Geerkens, Directeur de la recherche ; Nicolas Hatzfeld (1951-...), Directeur de la recherche ; Isabelle Lespinet-Moret, Directeur de la recherche ; Xavier Vigna (1971-...), Directeur de la recherche . - Paris : Éditions La Découverte, 2019 . - 448 p. ; 24 cm. - (Recherches (Paris. 1994), ISSN 1258-4002) .
ISBN : 978-2-7071-9984-3 : 28 €
Mots-clés : Sociologie, sciences sociales CLASSE OUVRIERE ENQUETE ETUDE HISTORIQUE EUROPE ROYAUME UNI ITALIE HISTOIRE TYPOLOGIE METHODOLOGIE D'ENQUETE BELGIQUE SOCIOLOGIE DU TRAVAIL SOCIOLOGIE ETUDE DE CAS CONFLIT DU TRAVAIL CHOMEUR MEDECIN DU TRAVAIL COMPARAISON INTERNATIONALE INSPECTEUR DU TRAVAIL ENQUETE SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL AUTRICHE FRANCE OUVRIER CLASSE POPULAIRE Le Play Frédéric Weber Max Halbwachs Maurice BIT - BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL Classe ouvrière -- Enquêtes -- Europe -- 1800-... Travailleurs Résumé : S’il est un spectre qui hante l’Europe des XIXe et XXe siècles, c’est bien celui de la classe ouvrière. En témoignent les innombrables enquêtes qui lui sont consacrées : elles disent combien la « question sociale », telle qu’elle s’invente avec l’industrialisation, est d’abord une inquiétude sur la condition ouvrière et son évolution. Ces mondes ouvriers, si prompts aux soulèvements, constituent une énigme que de multiples enquêtes visent à résoudre, le plus souvent pour conjurer une menace.
Ce livre propose un voyage étonnant à ses lecteurs en les conduisant, par les yeux des enquêteurs, dans les taudis de Manchester, les cités minières du Borinage ou les usines Mirafiori de Turin. Il éclaire d’un jour nouveau des figures illustres des sciences sociales : Frédéric Le Play, Max Weber ou Maurice Halbwachs ; mais il les fait aussi voisiner avec des artistes (Zola et les écrivains naturalistes, les cinéastes autour de Chris Marker) et avec des collectifs soudés par un engagement – féministes, jocistes ou révolutionnaires.
En explorant ce qui mêla indissociablement pratiques scientifiques et passions politiques, l’ouvrage offre une contribution originale à une histoire transnationale de l’Europe contemporaine.Note de contenu : Sommaire :
P.5. Introduction. Observer, écouter, inspirer : deux siècles d’enquêtes ouvrières en Europe / Éric Geerkens, Nicolas Hatzfeld et Xavier Vigna
I. Les moments
P. 41. 1. Naissance de l’enquête : les hygiénistes, Villermé et les ouvriers autour de 1840 / François Jarrige et Thomas Le Roux
P. 53. 2. Engels et l’enquête sociale en Grande-Bretagne / Fabrice Bensimon
P. 67. 3. Les enquêtes ouvrières belges des années 1840 : un foisonnement sans lendemain / Éric Geerkens
P. 80. 4. Les enquêtes de la Société fabienne sur la vie ouvrière (Grande-Bretagne, 1884‑1914) / Yann Béliard
P. 98. 5. Les enquêtes ouvrières du Musée social, 1894‑1919 / Isabelle Lespinet-Moret et Xavier Vigna
P. 114. 6. Les études empiriques de Max Weber sur le travail agricole et industriel / Pierre Desmarez et Pierre Tripier
P. 125. 7. Aux origines d’une sociologie critique du travail : opéraïsme et enquête militante en Italie (années 1950‑1960) / Ferruccio Ricciardi
P. 138. 8. Des cinéastes militants en quête de sociabilité ouvrière. Prises de vues et prises de positions autour d’À bientôt j’espère. / Catherine Roudé
P. 151. 9. Les Cahiers de Mai : partager l’enquête pour donner la parole / Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba
II. Configurations d’enquête
P. 165. 10. Enquêtes féministes : collectifs et figures singulières à la Belle Époque et dans le moment 68 / Michelle Zancarini-Fournel
P. 177. 11. Les enquêtes de grèves / Xavier Vigna
P. 190. 12. « Au plus près des chômeurs »… Les enquêtes sur les sans-travail en Europe pendant la crise des années 1930 / Guy Vanthemsche
P. 206. 13. Les premiers sociologues urbains et la vie quotidienne des ouvriers dans la France des Trente Glorieuses / Jean-Claude Daumas
P. 221. 14. Des médecins enquêtent sur le travail ouvrier : terrains et pratiques en Belgique et en France, c. 1840 – c. 1914 / Éric Geerkens et Judith Rainhorn
P. 238. 15. Quand le roman se fait enquête (Goncourt, Zola, Huysmans) / Jean-Pierre Bertrand
P. 254. 16. En quête de légitimité : les « travaux originaux » des inspecteurs du travail (1893‑1914) / Valérie Burgos Blondelle et Vincent Viet
P. 268. 17. 1978 : la première enquête statistique sur les conditions de travail en France. Entretien avec ses concepteurs / Éric Geerkens et Nicolas Hatzfeld, entretien avec Serge Volkoff et Anne-Françoise Molinié
P. 282. 18. Observer l’enquête de Charles Booth sur le peuple de Londres (1886‑1903) / Christian Topalov
P. 301. 19. Réalités de terrain et terrain des réalités. Les enquêtes du Bureau international du travail entre 1920 et 1940 / Marine Dhermy-Mairal et Isabelle Lespinet-Moret
P. 318. 20. L’enquête sociale sur le Borinage de 1936. Préhistoire des études sociologiques sur les communautés minières / Nicolas Verschueren
III. Démarches d’enquête
P. 335. 21. Les enquêtes officielles sur le coût de la vie et l’alimentation ouvrière (1910‑1921) / Anne Lhuissier
P. 349. 22. La sociologie française et le travail ouvrier : pourquoi l’enquête, sur quoi l’enquête ? / Gwenaële Rot et François Vatin
P. 368. 23. Observer l’inobservable dans un budget de famille ouvrière. L’expérimentation de Frédéric Le Play auprès de Francisca à Vienne (Autriche), mai-juin 1853 / Stéphane Baciocchi et Alain Cottereau
P. 387. 24. Les frères Bonneff, explorateurs militants du monde du travail dans les années 1900 / Nicolas Hatzfeld
P. 400. 25. Worktown. Les enquêtes fondatrices du Mass-Observation à Bolton (1937‑1938) / Ariane Mak
P. 414. 26. L’enquête sociale dans le dispositif de formation à l’École sociale catholique féminine de Bruxelles (1920‑1940) / Guy Zelis
P. 426. 27. Les enquêtes jocistes en Belgique et en France, c. 1925 – c. 1940 / Éric Geerkens et Xavier Vigna
Bibliogr. en fin de contributions. Notes bibliogr.En ligne : https://www-cairn-info.proxy.scd.univ-tours.fr/les-enquetes-ouvrieres-dans-l-eur [...] Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=235698 Exemplaires
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46 - octobre 2011 - Apprendre le travail (Bulletin de Agone : Histoire, Politique & Sociologie / Cairn.info) / Sylvain Laurens
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[n° ou bulletin]
Titre : 46 - octobre 2011 - Apprendre le travail Type de document : texte imprimé Auteurs : Sylvain Laurens , Editeur scientifique ; Julian Mischi (1974-...)
, Editeur scientifique
Année de publication : 2011 Note générale : Résumés en anglais. Voir aussi, en hyperlien, "Les (futurs) ouvriers contre l’école..." / Sylvain Laurens et Julian Mischi, directeurs de la collection « L’ordre des choses », Éditions Agone Langues : Français (fre) Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Mots-clés : Economie entreprises Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise Systèmes d'organisation du travail Structure sociale Changement social Sociologie du travail classe sociale structure sociale Index. décimale : C-50 Travail Résumé : A l'occasion de la parution du livre de P. Willis, "L'école des ouvriers : comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers", ce dossier analyse le rôle de l'école dans la reproduction de l'ordre social ainsi que le rôle de la culture anti-école des élèves issus des classes populaires. La question des rapports dits de domination est également observée. Note de contenu : Table des matières : Éditorial : L'école & la clôture des destins sociaux
Sylvain Laurens et Julian Mischi 9
L'ensemble de l'expérience scolaire mérite d'être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d'insubordination qui s'y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s'exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d'autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l'autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L'ordre technique et l'ordre des choses, Claude Grignon 15
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l'opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l'homme cultivé, l'homme « véritablement homme », c'est qu'il est censé ne jamais agir - et ne jamais subir - à la manière d'un animal ou d'une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c'est mettre en oeuvre ce qui est censé appartenir en propre à l'homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d'agir et de penser reflètent nécessairement leur type d'activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l'exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975-1981)
Sylvain Laurens & Julian Mischi 33
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! » C'est sous ce slogan qu'une politique gouvernementale s'engage en janvier 1976 sous l'impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d'Estaing secrétaire d'État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au coeur d'une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l'occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d'un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d'opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciens ; mais ils semblent toutefois subitement (re)devenir d'actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel/manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, entretien avec Paul Willis
Sylvain Laurens & Julian Mischi 65
Je n'en appelle pas à porter attention aux « frémissements d'en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l'espoir de répondre à la question de Howard Becker : « De quel côté sommes-nous ? » J'en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d'une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d'une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n'avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l'étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu'à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C'est à ce prix que l'on comprendra que ce qui s'apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d'origine populaire dans l'école massifiée, Ugo Palheta 87
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd'hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L'argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d'origine populaire d'accéder à l'enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d'une mobilité sociale par l'école, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n'est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d'une étude sur l'enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d'enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l'oeuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette 113
Ce que les membres de l'institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s'éclaire de manière différente à l'aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anticonformistes » non réductibles à la notion d'« échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l'école ouvrière, la « culture anti-école » aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles ». La mise en équivalence entre arrêt d'études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l'institution scolaire, de même que « l'orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion même d'échec nécessite dès lors d'être déconstruite (voire refusée) parce qu'elle impose l'idée que les jeunes concernées seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l'institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l'accès et la valorisation de l'indépendance.
Les enjeux de l'apprentissage du métier d'agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon 137
À la famille et l'école, s'ajoute un troisième acteur placé en situation d'intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l'enseignement agricole et plus largement dans l'enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d'établissement. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d'agriculture, interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d'information qu'ils proposent. On le pressent : le métier d'agriculteur tel qu'il est transmis dans les familles, les centres de formation et les stages pratiques n'est peut-être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d'appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L'ajustement progressif au travail d'ouvrier qualifié, Séverine Misset 159
Si, dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l'enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l'apparition de discours positifs sur l'école ainsi que par l'affirmation récurrente d'une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d'« élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu'au sein de l'atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d'analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d'entre eux le rapport positif à l'enseignement professionnel, en montrant comment s'opère un ajustement progressif à la condition d'ouvrier qualifié.
Résumés en anglais - Summaries 187
Histoire radicale
Vittorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution
Claudio Albertani 193
Traduit de l'espagnol par Miguel Chueca et présenté par Charles Jacquier
La Leçon des choses
Dossier « Actualité de Perry Anderson. Portrait d'un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique
Philippe Olivera 221
Sur la réaction en chaîne dans le monde arabe, Perry Anderson 229
Traduit de l'anglais par Étienne DobenesqueEn ligne : http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Les-futurs-ouvriers-contre-l-ecole,1175 Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=39279 [n° ou bulletin] 46 - octobre 2011 - Apprendre le travail [texte imprimé] / Sylvain Laurens, Editeur scientifique ; Julian Mischi (1974-...)
, Editeur scientifique . - 2011.
Résumés en anglais. Voir aussi, en hyperlien, "Les (futurs) ouvriers contre l’école..." / Sylvain Laurens et Julian Mischi, directeurs de la collection « L’ordre des choses », Éditions Agone
Langues : Français (fre)
Catégories : C ECONOMIE - ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Mots-clés : Economie entreprises Sociologie des milieux économiques et de l'entreprise Systèmes d'organisation du travail Structure sociale Changement social Sociologie du travail classe sociale structure sociale Index. décimale : C-50 Travail Résumé : A l'occasion de la parution du livre de P. Willis, "L'école des ouvriers : comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers", ce dossier analyse le rôle de l'école dans la reproduction de l'ordre social ainsi que le rôle de la culture anti-école des élèves issus des classes populaires. La question des rapports dits de domination est également observée. Note de contenu : Table des matières : Éditorial : L'école & la clôture des destins sociaux
Sylvain Laurens et Julian Mischi 9
L'ensemble de l'expérience scolaire mérite d'être analysée en prêtant attention non seulement aux savoirs pédagogiques mais aussi aux comportements des élèves, en dévoilant les rapports de domination mais aussi d'insubordination qui s'y expriment. Quelles sont les inclinations personnelles incorporées au fil des ans à travers la répétition métronomée des séquences, les injonctions à « tenir en place », rester assis pendant des heures, obéir à des ordres, « rendre un travail dans les temps », « s'exprimer dans un niveau de langage adéquat », etc. ? En quoi ces dispositions peuvent-elles faciliter des orientations scolaires et professionnelles et être transposées dans d'autres univers sociaux ? Quelles sont les formes de sociabilité tissées entre élèves face à l'autorité pédagogique ? Quels rapports aux ordres, aux injonctions professorales, aux valeurs et savoirs des classes dominantes sont intériorisés au fil des cursus ?
L'ordre technique et l'ordre des choses, Claude Grignon 15
Les oppositions « manuel »/« intellectuel », « concret »/« abstrait » constituent pour ainsi dire la monnaie de l'opposition générale entre « naturel » et « homme cultivé », entre « nature » et « culture ». Ce qui définit en propre l'homme cultivé, l'homme « véritablement homme », c'est qu'il est censé ne jamais agir - et ne jamais subir - à la manière d'un animal ou d'une chose : exercer une fonction de commandement, ou « de conception », c'est mettre en oeuvre ce qui est censé appartenir en propre à l'homme, le langage et la pensée. Inversement, parce que leur mode de vie, leurs manières de sentir, d'agir et de penser reflètent nécessairement leur type d'activité professionnelle, ceux qui sont réputés se servir plutôt de leur corps que de leur esprit dans l'exercice de leur métier ne peuvent jamais être considérés comme des hommes tout à fait « accomplis ».
Les politiques de « revalorisation du travail manuel » (1975-1981)
Sylvain Laurens & Julian Mischi 33
« Maintenant la priorité est aux travailleurs manuels ! » C'est sous ce slogan qu'une politique gouvernementale s'engage en janvier 1976 sous l'impulsion de Lionel Stoléru, nommé par Valéry Giscard d'Estaing secrétaire d'État à la Condition des travailleurs manuels. Il se retrouve ainsi au coeur d'une vaste campagne de valorisation médiatique en direction de « ceux qui travaillent avec leurs mains » : il évoque leur sort dans les journaux ou lors de débats télévisés, mais aussi à l'occasion de rencontres organisées avec des ouvriers dans le cadre d'un tour de France des usines ou lors de la remise de la médaille du meilleur ouvrier de France. Les discours publics sur les formes d'opposition entre travail « intellectuel » et « manuel » sont bien sûr bien plus anciens ; mais ils semblent toutefois subitement (re)devenir d'actualité dans une conjoncture marquée par les débats publics autour de la « crise » et par les différentes stratégies gouvernementales et patronales de réponse aux conflits sociaux qui éclatent dans le sillage de mai-juin 68.
La division « intellectuel/manuel » ou le recto-verso des rapports de domination, entretien avec Paul Willis
Sylvain Laurens & Julian Mischi 65
Je n'en appelle pas à porter attention aux « frémissements d'en bas » avec une sorte de romance, de nostalgie ou même dans l'espoir de répondre à la question de Howard Becker : « De quel côté sommes-nous ? » J'en appelle à une compréhension des rapports sociaux proprement scientifique. Nous avons besoin d'une nouvelle façon de penser les classes, laissant derrière nous cette vision d'une opposition entre des blocs homogènes qui se font face comme des armées. Maintenant que nous n'avons plus les garanties offertes par ces structures immuables proposées par le marxisme, l'étude des sentiments de classe et de la production de sens doit être construite empiriquement depuis le bas afin de comprendre comment il est possible pour des individus de faire face de façon imaginative au fait de ne devoir qu'à leur force de travail de ne pas tomber dans une forme de déchéance. C'est à ce prix que l'on comprendra que ce qui s'apparente à une solution dans un lieu social peut être un problème dans un autre.
Retour sur le paradoxe de Willis : les destins scolaires des jeunes d'origine populaire dans l'école massifiée, Ugo Palheta 87
Même si ce qui interpelle Willis tient non dans la mesure des inégalités de destin scolaire et social, mais dans les modalités concrètes de la reproduction sociale, il nous semble nécessaire de revenir sur ce soubassement dans la mesure où celui-ci est aujourd'hui contesté (et pas seulement par les idéologues libéraux de la méritocratie scolaire). L'argument mobilisé consiste à affirmer que les vagues de « démocratisation scolaire », même limitées quant à leurs effets égalisateurs, auraient permis à une fraction significative des jeunes d'origine populaire d'accéder à l'enseignement supérieur, et auraient ainsi rendu crédible pour les familles populaires la perspective d'une mobilité sociale par l'école, à tel point que ces dernières se seraient « converties » au modèle des études longues. Il n'est pas possible de réfuter en un court article cet argument mais, en mobilisant quelques résultats issus d'une étude sur l'enseignement professionnel et son public, on voudrait montrer que la thèse de Willis demeure pertinente pour analyser le système d'enseignement français contemporain.
Entre lycée professionnel et travail ouvrier : la « culture anti-école » à l'oeuvre ou la formation des destins sociaux, Audrey Mariette 113
Ce que les membres de l'institution scolaire interprètent comme des « démotivations » qui seraient elles-mêmes liées à des « orientations par défaut » dans la voie professionnelle et qui expliqueraient les « décrochages scolaires » et les « déscolarisations » s'éclaire de manière différente à l'aune de la culture propre aux jeunes enquêtés, comme des attitudes « anticonformistes » non réductibles à la notion d'« échec scolaire ». En effet, « en pénétrant les contradictions qui forment le noyau de l'école ouvrière, la « culture anti-école » aide à libérer ses membres du poids du conformisme et des réussites conventionnelles ». La mise en équivalence entre arrêt d'études et « échec scolaire » est ainsi le fait de l'institution scolaire, de même que « l'orientation par défaut », la « démotivation » ou encore le « décrochage » sont des catégories de pensée relevant du langage institutionnel. La notion même d'échec nécessite dès lors d'être déconstruite (voire refusée) parce qu'elle impose l'idée que les jeunes concernées seraient du côté des « vaincus » alors que ce qui est considéré par l'institution comme un « échec » peut être vécu comme un « succès », une « réussite » par ces mêmes jeunes, à travers l'accès et la valorisation de l'indépendance.
Les enjeux de l'apprentissage du métier d'agriculteur pour la reproduction sociale du groupe, Lucie Alarcon 137
À la famille et l'école, s'ajoute un troisième acteur placé en situation d'intermédiaire dans la formation des agriculteurs : la profession, à travers entre autres le rôle joué par les maîtres de stage. En effet, dans l'enseignement agricole et plus largement dans l'enseignement professionnel, les élèves effectuent des stages en entreprise, de durée variable en fonction du type d'établissement. Les organismes agricoles, comme les syndicats, les coopératives, les centres de gestion ou les chambres d'agriculture, interviennent ainsi à travers les formations continues et réunions d'information qu'ils proposent. On le pressent : le métier d'agriculteur tel qu'il est transmis dans les familles, les centres de formation et les stages pratiques n'est peut-être pas toujours exactement le même. Entre transmission familiale, scolaire et « experte » du métier, les jeunes agriculteurs sont soumis à des injonctions contradictoires et des façons différentes d'appréhender le métier.
Se trouver à sa place comme ouvrier ? L'ajustement progressif au travail d'ouvrier qualifié, Séverine Misset 159
Si, dans le cas des ouvriers non qualifiés, on constate un rejet massif du destin ouvrier associé à une dévalorisation de l'enseignement professionnel, au sein de la population des ouvriers professionnels, on est au contraire frappés par l'apparition de discours positifs sur l'école ainsi que par l'affirmation récurrente d'une « fierté » relative au travail exercé. Au cours des entretiens, ces ouvriers professionnels semblent mettre en avant leur appartenance à une forme d'« élite ouvrière » tant au sein du lycée professionnel qu'au sein de l'atelier de fabrication. Cet article se fixe alors pour objectif d'analyser ce rapport positif au travail exprimé par la plupart de ces ouvriers qualifiés, et pour une partie d'entre eux le rapport positif à l'enseignement professionnel, en montrant comment s'opère un ajustement progressif à la condition d'ouvrier qualifié.
Résumés en anglais - Summaries 187
Histoire radicale
Vittorio Vidali, Tina Modotti, le stalinisme et la révolution
Claudio Albertani 193
Traduit de l'espagnol par Miguel Chueca et présenté par Charles Jacquier
La Leçon des choses
Dossier « Actualité de Perry Anderson. Portrait d'un intellectuel marxiste britannique »
Perry Anderson et les « nouvelles gauches » française et britannique
Philippe Olivera 221
Sur la réaction en chaîne dans le monde arabe, Perry Anderson 229
Traduit de l'anglais par Étienne DobenesqueEn ligne : http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Les-futurs-ouvriers-contre-l-ecole,1175 Permalink : https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=39279 ContientRéservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 6651 C-50 LAU Périodiques Centre de Documentation Carrières Sociales Economie - Economie Sociale et Solidaire Disponible PermalinkPermalinkPermalinkPermalinkPermalinkPermalinkPermalinkPermalinkLa part langagière du travail : bilan et évolution. / Josiane Boutet in Langage & société / Cairn.info, 98 (décembre 2001)
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PermalinkUne topogenèse des dispositions. La socialisation par l’espace de travail des employés d’un hôtel de luxe / Amélie Beaumont in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info, n° 115 (2019/3)
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PermalinkTravailleurs handicapés : reconnaître leur expérience : vingt-quatre établissements et services d'aide par le travail coopèrent pour valoriser les compétences acquises / Patrice Leguy
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