[article]
Titre : |
« Si je travaille, c'est pas pour acheter du premier prix ! ». Modes de consommation des classes populaires depuis leurs ménages stabilisés |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Thomas Amossé, Auteur ; Marie Cartier, Auteur |
Année de publication : |
2019 |
Article en page(s) : |
pp. 89-122 |
Note générale : |
"Quelles sont les évolutions des pratiques de consommation des classes sociales ? À l’aide de statistiques et d’entretiens, les sociologues Thomas Amossé et Marie Cartier ont ausculté le budget des ménages les plus stables des classes populaires. La plupart du temps propriétaires, formés autour d’un couple biactif, vivant dans les territoires ruraux ou périurbains, ce sont eux qui ont opposé « la fin du mois » à la « fin du monde », lors du mouvement des Gilets jaunes.
La structure des dépenses est différente entre classes populaires et classes supérieures. Côté populaire, on dépense proportionnellement plus pour l’alimentation, le logement et la protection sociale ; du côté des cadres, les dépenses d’impôts, de remboursement de prêts et d’épargne, de restauration et de culture sont plus importantes. Ces divergences étaient déjà connues.
En revanche, la principale découverte de cette enquête est le rapprochement des goûts et des aspirations populaires de ceux des classes supérieures. Les ménages enquêtés déclarent ainsi aspirer à consommer « comme tout le monde » et rejeter les achats stigmatisants : « Si je travaille, c’est pas pour acheter du premier prix », explique l’un. Cette recherche de conformité sociale s’illustre par deux postes de dépenses privilégiés : la voiture et les services numériques ; mais aussi par la constitution d’une épargne dédiée à des achats exceptionnels et hédonistes (vêtements de marque, décoration, drones…). Cette profonde mutation de la consommation populaire a été rendue possible par l’effet conjugué de la féminisation de l’emploi depuis quarante ans (générant ainsi un surplus de revenus) et du développement des institutions de la consommation de masse, notamment les prêts à la consommation. Voilà qui nuance la thèse classique de la particularité des goûts des classes populaires déterminés par la nécessité." Thomas Le Guennic, SH 325,
mai 2020, en hyperlien |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
consommation classes populaires ménage précarité niveau de vie voiture numérique comportements économiques |
Résumé : |
Le développement de la précarité dans l’ensemble des ménages populaires, et non seulement pour les plus pauvres, est susceptible d’avoir modifié leur rapport à la consommation. En centrant l’analyse sur ceux qui ont acquis (même temporairement) une forme de stabilité, et à partir d’un double matériau quantitatif et qualitatif, nous rendons compte à la fois des aspirations qu’ils partagent avec les ménages situés plus haut socialement et des comportements ou stratégies économiques qu’ils doivent déployer pour les réaliser. Leurs dépenses sont particulièrement marquées par les « nouveaux » besoins sociaux que sont la voiture et le numérique, mais comprennent également des biens d’agrément et services coûteux (vêtements de marques, équipements technologiques, restaurants, vacances à l’étranger) qui en étaient pratiquement exclus auparavant. Le niveau de vie de ces ménages restant limité, et surtout fluctuant, ces dépenses ne peuvent souvent être réalisées que grâce au salaire des femmes (une condition pour se faire plaisir), à une organisation rigoureuse dans la manière de faire les courses ou dans la constitution d’une épargne pour consommer. C’est à ce prix seulement que ces ménages ouvriers et employés peuvent consommer « comme tout le monde ». |
Note de contenu : |
Plan :
Des budgets toujours différents, mais des aspirations partagées avec les classes moyennes et supérieures
La fraction médiane des classes populaires : une entrée pertinente pour analyser les différences sociales des budgets
La voiture et le numérique : deux besoins sociaux communs qui pèsent particulièrement dans les budgets populaires
Un peu de rêve : des services et des biens d'agrément onéreux
Un niveau de vie limité, et surtout fluctuant
De l'aisance à la pauvreté, ou à son anticipation
De la pauvreté à l'aisance, ou la difficulté de remonter la pente
Consommer malgré tout « comme tout le monde »
Le salaire féminin, souvent une condition pour « se faire plaisir »
Faire les courses : une activité organisée et cantonnée dans le temps et l'espace
Épargner... pour « se faire plaisir » |
En ligne : |
https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2019-2-page-89.htm |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=242097 |
in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info > n° 114 (2019/1) . - pp. 89-122
[article] « Si je travaille, c'est pas pour acheter du premier prix ! ». Modes de consommation des classes populaires depuis leurs ménages stabilisés [texte imprimé] / Thomas Amossé, Auteur ; Marie Cartier, Auteur . - 2019 . - pp. 89-122. "Quelles sont les évolutions des pratiques de consommation des classes sociales ? À l’aide de statistiques et d’entretiens, les sociologues Thomas Amossé et Marie Cartier ont ausculté le budget des ménages les plus stables des classes populaires. La plupart du temps propriétaires, formés autour d’un couple biactif, vivant dans les territoires ruraux ou périurbains, ce sont eux qui ont opposé « la fin du mois » à la « fin du monde », lors du mouvement des Gilets jaunes.
La structure des dépenses est différente entre classes populaires et classes supérieures. Côté populaire, on dépense proportionnellement plus pour l’alimentation, le logement et la protection sociale ; du côté des cadres, les dépenses d’impôts, de remboursement de prêts et d’épargne, de restauration et de culture sont plus importantes. Ces divergences étaient déjà connues.
En revanche, la principale découverte de cette enquête est le rapprochement des goûts et des aspirations populaires de ceux des classes supérieures. Les ménages enquêtés déclarent ainsi aspirer à consommer « comme tout le monde » et rejeter les achats stigmatisants : « Si je travaille, c’est pas pour acheter du premier prix », explique l’un. Cette recherche de conformité sociale s’illustre par deux postes de dépenses privilégiés : la voiture et les services numériques ; mais aussi par la constitution d’une épargne dédiée à des achats exceptionnels et hédonistes (vêtements de marque, décoration, drones…). Cette profonde mutation de la consommation populaire a été rendue possible par l’effet conjugué de la féminisation de l’emploi depuis quarante ans (générant ainsi un surplus de revenus) et du développement des institutions de la consommation de masse, notamment les prêts à la consommation. Voilà qui nuance la thèse classique de la particularité des goûts des classes populaires déterminés par la nécessité." Thomas Le Guennic, SH 325,
mai 2020, en hyperlien Langues : Français ( fre) in Sociétés contemporaines : revue de sciences sociales pluridisciplinaire / Cairn.info > n° 114 (2019/1) . - pp. 89-122
Mots-clés : |
consommation classes populaires ménage précarité niveau de vie voiture numérique comportements économiques |
Résumé : |
Le développement de la précarité dans l’ensemble des ménages populaires, et non seulement pour les plus pauvres, est susceptible d’avoir modifié leur rapport à la consommation. En centrant l’analyse sur ceux qui ont acquis (même temporairement) une forme de stabilité, et à partir d’un double matériau quantitatif et qualitatif, nous rendons compte à la fois des aspirations qu’ils partagent avec les ménages situés plus haut socialement et des comportements ou stratégies économiques qu’ils doivent déployer pour les réaliser. Leurs dépenses sont particulièrement marquées par les « nouveaux » besoins sociaux que sont la voiture et le numérique, mais comprennent également des biens d’agrément et services coûteux (vêtements de marques, équipements technologiques, restaurants, vacances à l’étranger) qui en étaient pratiquement exclus auparavant. Le niveau de vie de ces ménages restant limité, et surtout fluctuant, ces dépenses ne peuvent souvent être réalisées que grâce au salaire des femmes (une condition pour se faire plaisir), à une organisation rigoureuse dans la manière de faire les courses ou dans la constitution d’une épargne pour consommer. C’est à ce prix seulement que ces ménages ouvriers et employés peuvent consommer « comme tout le monde ». |
Note de contenu : |
Plan :
Des budgets toujours différents, mais des aspirations partagées avec les classes moyennes et supérieures
La fraction médiane des classes populaires : une entrée pertinente pour analyser les différences sociales des budgets
La voiture et le numérique : deux besoins sociaux communs qui pèsent particulièrement dans les budgets populaires
Un peu de rêve : des services et des biens d'agrément onéreux
Un niveau de vie limité, et surtout fluctuant
De l'aisance à la pauvreté, ou à son anticipation
De la pauvreté à l'aisance, ou la difficulté de remonter la pente
Consommer malgré tout « comme tout le monde »
Le salaire féminin, souvent une condition pour « se faire plaisir »
Faire les courses : une activité organisée et cantonnée dans le temps et l'espace
Épargner... pour « se faire plaisir » |
En ligne : |
https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2019-2-page-89.htm |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=242097 |
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