



Médias : le peuple n'est pas condamné à TF1 ! / SUDOC [document électronique] / Vincent Goulet (1968-....), Auteur . - Paris : Éditions Textuel, 2015 . - 142 p. ; 19 cm. - (Petite encyclopédie critique, ISSN 2105-9195) . ISBN : 978-2-84597-508-8 : 13,90 € "les médias d’information n’ont pas pour seul rôle d’apporter des éléments, si possible vérifiés et « objectifs », à la construction des opinions personnelles. Leurs usages quotidiens sont bien plus larges. Ils sont distinctifs, au sens de Pierre Bourdieu, car en choisissant et en affichant sa préférence pour un journal ou une chaîne de télévision, on se classe socialement. Ils sont aussi expressifs et normatifs : à travers ses commentaires du spectacle du monde, acquiescements ou indignations, chacun peut réaffirmer et transmettre à ses proches (famille, amis ou collègues) ses valeurs et sa vision de la vie en société. Ils sont « identitaires », dans la mesure où le positionnement par rapport aux informations médiatiques est une forme de réassurance sur soi-même, de sa place dans l’ordre du monde, qui permet la « persévérance dans l’être ». Ils sont aussi d’ordre cathartique, dans le sens où le récit médiatique des infractions à l’ordre du monde (accidents, crimes, catastrophes naturelles, etc.) permet de mettre à distance, de gérer psychiquement la perspective indépassable de la perte de ses proches et celle de son propre trépas. Ainsi, à travers les médias, ceux qui sont « au bas de l’échelle sociale » parviennent à alléger au moins symboliquement les effets de la domination qu’ils subissent au quotidien, en exprimant par exemple leur indignation face aux injustices, par des « coups des gueules » envers les « gros » et les « élites », ou encore en composant avec les aléas d’une existence soumise à la précarité à travers les faits divers [1]. Il faut reconnaître que ces usages sociaux (on pourrait dire ces fonctions sociales, si l’on reconnaît aux médias la capacité de répondre de manière systémique à des besoins sociaux) sont beaucoup mieux pris en charge par les médias commerciaux que par les médias de gauche à visée émancipatrice. Ces derniers, préoccupés par l’ambition d’offrir une analyse critique et argumentée de la société, de dévoiler les mécanismes souvent complexes de domination, privilégient la démonstration rationnelle et en oublient les autres dimensions du discours médiatique, sans doute plus triviales mais chères aux classes populaires. Un « effet de champ » oriente les journalistes les plus à gauche vers un microcosme où se croisent d’autres rédacteurs de médias critiques mais aussi des universitaires, des essayistes, des responsables d’organisations citoyennes ou politiques, autant d’agents auprès desquels ils doivent tenir leur rang pour continuer d’exister selon la logique intellectuelle et scientifique propre à cet espace." Langues : Français (fre)
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