



La grammaire du français / MEN [document électronique] / DGESCO, Collectivité éditrice . - Paris : Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse, 2020 . - 213 p. En hyperlien : Pierre Sève : Une « Grammaire du français » trop peu rigoureuse Malgré quelques avancées, « cet ouvrage qui prétend s’imposer à l’ensemble du système scolaire français ne présente ni la rigueur ni la prudence qui seraient nécessaires pour soutenir cette prétention ». Pierre Sève, maitre de conférences en didactique du français, Université de Clermont, analyse la « Grammaire du français » que le ministère vient de publier sous l’autorité de la Dgesco : " [...] Cet ouvrage n’est pas exempt de zones obscures - Il faut être assez averti du problème pour suivre l’utilisation du test de la négation dans le passage de la page 93 déjà évoqué. - Pourquoi la relative épithète n’est-elle pas présentée comme une expansion du GN ? Pourquoi cela est-il relégué à la présentation de la fonction « épithète » (page 59) ? - Pourquoi dans « Avant de partir le facteur distribue le courrier » le groupe « avant de partir » est considéré comme un « groupe infinitif prépositionnel »(p. 195) alors que dans « Elle parle de réussir » le groupe « de réussir » est considéré comme un « infinitif » et non comme un « groupe infinitif prépositionnel » (p. 198) ? Si l’on considère que la notion de préposition ne s’applique qu’aux termes qui introduisent un complément circonstanciel (il y aurait des arguments pour cela), que les prépositions qui sont liées à un verbe n’en sont pas vraiment, il faudrait au moins le dire. Mais il est douteux que telle ait été l’intention, puisque « de mon facteur » dans « Elle parle de mon facteur » est bel et bien présenté sous la vedette « groupe nominal prépositionnel » (p. 194). - dans la présentation des subordonnées (p. 53), on ne voit pas très bien la raison des critères hétérogènes qui conduisent à la liste : « propositions subordonnées complétives ; propositions subordonnées circonstancielles ; propositions subordonnées relatives ; propositions subordonnées sans conjonction de subordination ». On constate un critère lié à la fonction : complétive / relative (épithète) / circonstancielles. On constate un critère morphologique : avec une conjonction de subordination / sans conjonction de subordination. Mais l’ensemble ne se combine pas aisément. À lire la liste telle qu’elle est présentée, on pourrait croire que les propositions relatives sont introduites par une conjonction de subordination (puisqu’elles ne font pas partie des « subordonnées sans conjonction de subordination » ; on pourrait croire aussi que les infinitives ne sont pas des complétives… Faut-il voir là une maladresse ? Un travail trop hâtif ? Le refus d’entrer dans une certaine complexité (refus démenti par beaucoup d’autres aspects de cet ouvrage) ? Avec de l’indulgence, on dira que les auteurs ont voulu simplifier une présentation complexe, mais on regrettera qu’ils n’aient pas indiqués les principes de cette simplification. On peut aussi se demander pourquoi les interrogatives partielles indirectes ne sont pas rapprochées des relatives, puisqu’elles en sont proches morphologiquement (introduites par un pronom) et sémantiquement (portant sur une qualification ou une détermination d’un référent – inconnu dans le cas de l’interrogation, exprimé par l’antécédent dans le cas de la relative). Il faut attendre la « leçon de latin » de la page 113 pour que le rapprochement soit suggéré pour être immédiatement repoussé. - L’exposé de la connotation présente en fait des différences de registres de langue, et non pas réellement des connotations (il est vrai que l’aveu en est fait : « la connotation introduit des nuances en matière de registre de langue, d’affectivité ou de références culturelles partagées ». Julia Kristeva appréciera ! Vu le désintérêt marqué de cet ouvrage pour les dimensions discursives, on se demande d’ailleurs pourquoi la notion y figure. Il s’agit sans doute d’une concession aux enseignants du secondaire qui en font grand cas dans l’étude des textes littéraires. Cet ouvrage prend des partis qui ne sont pas discutés [...]"
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