Le foyer-notre-dame des sans-abri à lyon depuis 1950 : des sans-logis aux sans domicile [document électronique] /
Axelle Brodiez-Dolino (1976-...) 
, Auteur . -
Saint-Etienne : Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2020 . - 272 p. ; 24 x 16 cm. - (
Matières à penser. Sociologie) .
ISBN : 978-2-86272-735-6 : 20 €
Editorial, en hyperlien :
"L’IMPASSE OU LA RUE?
Le débat cornélien du FOYER
Lors de notre Assemblée Générale, Madame Axelle BRODIEZ-DOLINO nous a
finement interpellés en conclusion de son intervention, en nous questionnant sur
l’hébergement d’urgence.
Ce sujet, déjà évoqué dans notre Lettre ouverte a nos décideurs*, fait écho à la
pensée de l’abbé Pierre citée par notre conférencière, qui inspirait également
Gabriel ROSSET : « Devant toute humaine souffrance, selon que tu le peux,
emploie-toi non seulement à en détruire les causes, mais à la soulager sans retard ;
emploie-toi non seulement à la soulager sans retard, mais à en détruire les causes ».
Nous sommes, dans les faits, confrontés à un choix humainement très difficile dans
le contexte économique et politique de notre pays qui a imprudemment inscrit le
principe de précaution dans sa constitution, oubliant que le risque est inhérent à
la condition humaine et qu’il ne peut y avoir de progression sans prise de risque
assumée.
Faut-il privilégier une « justice de turn-over », par laquelle on offre une possibilité d’hébergement à un maximum de personnes, en ayant le souci de ne pas
laisser les plus fragiles sombrer faute de pouvoir les accueillir immédiatement et
inconditionnellement ? Par contre cette option nécessite d’accepter une prise en
charge temporaire pour ceux qui peuvent supporter cette précarité. Il s’agit de
réintroduire la notion de discontinuité de l’hébergement, liée au respect d’un contrat
et au devoir que génère tout droit.
Ou bien faut-il une « justice de continuité et de stabilisation » qui privilégie une
minorité de personnes au détriment d’un grand nombre abandonné à son sort ?
Il nous faudra alors détourner pudiquement les yeux, rassurés par la qualité des
moyens d’accueil que nous réservons à ceux qui ont été élus. Mais, sur la base de
quels critères administratifs pourrons-nous choisir ces élus ? Dans cette optique, que
devient « l’inconditionnalité de l’accueil » portée aux nues de façon aussi irréaliste
que dogmatique par ceux qui nous gouvernent ?
L’amendement des textes législatifs votés dans la précipitation est plus que jamais
nécessaire, compte tenu du manque dramatique de logements sociaux, de places
d’accueil d’urgence, de places d’hébergement et de places d’accueil destinées
aux demandeurs d’asile. Nous devons admettre que le temps que prendra le
comblement de notre retard en matière de lutte contre l’exclusion se compte en
années. Celles et ceux qui sont dans la rue ne peuvent attendre que nos rêves
idéalistes prennent corps par miracle !
Il ne s’agit même plus de savoir à qui revient la faute, mais d’agir sans état d’âme
et de travailler à un compromis rendu nécessaire par la faiblesse des moyens
consacrés à ce combat pour venir en aide aux plus démunis, sans céder à des
pressions médiatiques dont les finalités ne sont pas toujours en adéquation avec
le bien-être des plus fragiles.
Nous avons besoin de votre sentiment: selon vous, quelle justice vous paraît la
plus en phase avec les valeurs et les racines chrétiennes de notre association ?
La question vous est posée. Ce débat alimentera notre réflexion sur le devenir de
l’Hébergement d’Urgence au FOYER pour les années à venir."
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