Titre : |
L'heure des sorcières : [exposition, Quimper, le Quartier, 1er février-18 mai 2014] |
Titre original : |
= The witching hour [Exposition. Quimper. Le Quartier. 2014-02-01] |
Type de document : |
document électronique |
Auteurs : |
Anna Colin, Editeur scientifique ; Le Quartier, Editeur scientifique |
Mention d'édition : |
Jean-Luc Blanc, Lindsey Bull, Georges Devy & L. Dalliance... [et al.] |
Editeur : |
Paris : Éditions B42 |
Année de publication : |
2014 |
Autre Editeur : |
Quimper : le Quartier, centre d'art contemporain de Quimper |
Importance : |
87 p. |
Présentation : |
ill. en noir et en coul. |
Format : |
30 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-917855-53-9 |
Prix : |
16 € |
Note générale : |
Jean-Luc Blanc, Lindsey Bull, Georges Devy & L. Dalliance... [et al.]
Texte bilingue en français et en anglais
Notes bibliogr. |
Langues : |
Français (fre) Anglais (eng) |
Mots-clés : |
Art -- 1990-... -- SOCIOLOGIE (Sciences Humaines-Sociologie,Économie, Anthropologie) ALLEN, Max BLANC, Jean-Luc (1965-....) BULL, Lindsey DALLIANCE, L. DEVY, Georges DOLÉAC, Florence DUCELLIER, Camille EDELSON, Mary Beth EXPOSITION FEMINISME FERRARI, Leon JARMAN, Derek JONES, Richard John LAÂBISSI, Latifa LACEY, Bruce LALAUZE, Adolphe LUMINAIS, Evariste-Vital (1822-1896) MENDIETA, Ana (1948-1985) MOLINERO, Anita (1953-....) PLENDER, Olivia (1977-....) PRESTON, Marie (1980-....) QUEER CULTURE SCHNEEMANN, Carolee (1939-....) SMITH, Kiki (1954-....) SOCIOLOGIE SORCIERE SPERO, Nancy STAFF, Patrick VESNA, Victoria:Sorcières -- Dans l'art -- Mythologie -- Catalogues d'exposition |
Note de contenu : |
L’Heure des sorcières est une exposition collective qui porte sur la figure de la sorcière comme métaphore de l’altérité et symbole de résistance à la norme, qu’elle soit culturelle ou économique. Le terme « sorcière » est ici envisagé comme construction sociale : plus qu’à la praticienne de la sorcellerie, l’exposition s’intéresse à celle qui a été qualifiée de sorcière (par le judiciaire, les institutions religieuses ou l’opinion publique) et celle qui s’autoproclame sorcière sans pour autant pratiquer la sorcellerie. À travers les siècles et les contextes géographiques, l’expression « sorcière » a été appliquée par les détenteurs du pouvoir à des femmes considérées comme dangereuses ou importunes. Cette dénomination, qui invoque un potentiel de renversement de ce même pouvoir, a été directement appropriée par des artistes, militantes et autres agitatrices, de la chorégraphe Mary Wigman dès les années 1910 à la militante et écrivaine contemporaine Starhawk. Dans les années 1970, la figure de la sorcière deviendra un symbole prégnant des luttes féministes et homosexuelles en Europe et aux États-Unis, amenant nombre de militant(e)s à investiguer et réécrire l’histoire occultée des chasses aux sorcières qui se sont déroulées en Europe et dans ses colonies du XVème au XVIIIème siècle.
L’installation de l’artiste américaine Mary Beth Edelson, intitulée Propositions pour des mémoriaux aux 9 000 000 de femmes brûlées comme sorcières pendant l’ère chrétienne, est caractéristique de cette tendance. Originellement conçue pour A.I.R. Gallery à New York, une galerie coopérative pour femmes, cette œuvre participative de 1977 est reconstruite spécialement pour l’exposition au Quartier. Comprenant une table ronde, une échelle enflammée, des dessins, des documents et des fiches vierges, Propositions pour des mémoriaux… invite les visiteurs à s’exprimer sur les chasses aux sorcières par la conversation, l’écriture et le rituel.
L’Heure des sorcières inclut d’autres pionnières du mouvement artistique féministe aux États-Unis dont Nancy Spero, représentée par un diptyque dédié à la déesse égyptienne Nut, mère de tous les astres ; Ana Mendieta avec la série de photographies et de vidéos Siluetas dans laquelle son corps rentre en communion rituelle avec la nature ; ou encore Carolee Schneemann, à travers une vidéo réalisée en collaboration avec Victoria Vesna sur le tabou sexuel et les rapports chat-femme, notamment à l’époque des procès en sorcellerie. Les positions artistiques, politiques et spirituelles de ces artistes côtoient celles de praticien(ne)s de la plus jeune génération pour qui la figure de la sorcière continue d’être une alliée politique et idéologique.
Utilisant des outils documentaires aussi bien qu’expérimentaux, le film de Camille Ducellier intitulé Sorcières, mes sœurs, 2010 propose cinq portraits de femmes et/ou féministes de différentes générations qui s’autoproclament sorcières. L’artiste y examine le potentiel subversif de cette figure, ainsi que les leçons sociales et humaines qu’elle nous a léguées. Dans d’autres œuvres, la figure de la sorcière est abordée de biais, c’est-à-dire au travers de sujets et pratiques auxquels elle est plus librement associée. Les contre-cultures, les communautés intentionnelles, les pratiques rituelles, le retour à la nature et le culte de la déesse Mère (représentative de la terre, de la fécondité et de la fertilité), en sont quelques-uns. Orchestré par Olivia Plender et Patrick Staff, le film participatif Life in the Woods, 2011 retrace une expérience de vie commune dans une forêt du Leicestershire. Les participants incluent des folkloristes, des sorcières auto-revendiquées, des naturalistes et des artistes d’horizons variés qui ont de commun leur engagement pour un monde autre où le corps, la voix et le rapport à la nature seraient reconsidérés et primés. Produite spécialement pour l’exposition et réalisée en collaboration avec le couturier Max Allen, la pièce de Richard John Jones, Develop Your Legitimate Strangeness, est une série de costumes inspirée par l’esthétique de Radical Faerie Fabrications. Cet atelier artisanal, actif à la fin des années 1980, était rattaché aux Radical Faeries, un groupe international et contre-culturel fondé dans les années 1970 en Californie aspirant à redéfinir la conscience queer à travers la spiritualité.
Le retour de la sorcière comme incarnation radicale dans l’imaginaire militant occidental doit avant tout beaucoup au mythe. L’exposition se propose d’explorer comment la figure de la sorcière, ses supposées pratiques et ses complices chimériques ont été inventés, représentés et colportés au fil des siècles. L’œuvre de León Ferrari, L’Osservatore Romano (2001-07), dans laquelle il associe les titres du journal du Vatican à des images d’hérésie et de damnation par des artistes tels que Francisco Goya et Gustave Doré, invoque la violence et la psychose exercées par l’Église durant le Moyen Âge et au-delà. L’artiste Marie Preston interroge elle aussi l’iconographie du mythe et de sa colportation à travers une nouvelle œuvre qui s’intéresse aux activités nocturnes de la goémonière, telles que représentées dans le folklore finistérien.
L’Heure des sorcières aborde enfin le caractère impalpable, à la fois effrayant et fascinant, qu’évoque cette figure. D’apparence spectrale, deux portraits de femmes réalisés par Jean-Luc Blanc semblent témoigner, dans une complainte silencieuse et inerte, de la torture qui leur a été infligée, voire qu’elles se seraient infligées elles-mêmes. Ces peintures partagent notamment l’espace avec trois sculptures d’Anita Molinero qui révèlent différentes interventions sur la matière. L’une d’elles présente un assemblage de pots d’échappements sur lesquels des fragments de plastique fondu pendent, évoquant l’univers libidineux et chaotique de la prostituée et recluse du village autrement nommée « la fiancée du pirate » dans le film éponyme de Nelly Kaplan. Le Salon d’Emmeline Avery, signé Florence Doléac, pourrait être celui des personnages fictionnels de Blanc et Molinero. Donnant une dimension domestique et farfelue à l’espace, le salon composé d’une table basse, de chaises couvertes de plaids de tartan, d’un caoutchouc Botanicus modifié et d’une lampe suspendue à une potence, permet la consultation d’ouvrages et de documents prolongeant les réflexions initiées par l’exposition.
L’Heure des sorcières sera accompagnée d’une édition qui explorera les récits et recherches véhiculés dans les œuvres exposées au Quartier. Co-publiée par Éditions B42 et Le Quartier, son lancement est prévu pour avril 2014.
L’exposition L’Heure des sorcières fait suite à la résidence d’Anna Colin à la Maison populaire de Montreuil, où sa recherche a pris la forme d’un cycle de trois expositions et d’une anthologie de textes : Sorcières, pourchassées, assumées, puissantes, queer (coédition B42 et Maison populaire, Montreuil, 2013). (Le Quartier) |
En ligne : |
http://www.le-quartier.net/ |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=231857 |
L'heure des sorcières : [exposition, Quimper, le Quartier, 1er février-18 mai 2014] = = The witching hour [Exposition. Quimper. Le Quartier. 2014-02-01] [document électronique] / Anna Colin, Editeur scientifique ; Le Quartier, Editeur scientifique . - Jean-Luc Blanc, Lindsey Bull, Georges Devy & L. Dalliance... [et al.] . - Paris : Éditions B42 : Quimper : le Quartier, centre d'art contemporain de Quimper, 2014 . - 87 p. : ill. en noir et en coul. ; 30 cm. ISBN : 978-2-917855-53-9 : 16 € Jean-Luc Blanc, Lindsey Bull, Georges Devy & L. Dalliance... [et al.]
Texte bilingue en français et en anglais
Notes bibliogr. Langues : Français ( fre) Anglais ( eng)
Mots-clés : |
Art -- 1990-... -- SOCIOLOGIE (Sciences Humaines-Sociologie,Économie, Anthropologie) ALLEN, Max BLANC, Jean-Luc (1965-....) BULL, Lindsey DALLIANCE, L. DEVY, Georges DOLÉAC, Florence DUCELLIER, Camille EDELSON, Mary Beth EXPOSITION FEMINISME FERRARI, Leon JARMAN, Derek JONES, Richard John LAÂBISSI, Latifa LACEY, Bruce LALAUZE, Adolphe LUMINAIS, Evariste-Vital (1822-1896) MENDIETA, Ana (1948-1985) MOLINERO, Anita (1953-....) PLENDER, Olivia (1977-....) PRESTON, Marie (1980-....) QUEER CULTURE SCHNEEMANN, Carolee (1939-....) SMITH, Kiki (1954-....) SOCIOLOGIE SORCIERE SPERO, Nancy STAFF, Patrick VESNA, Victoria:Sorcières -- Dans l'art -- Mythologie -- Catalogues d'exposition |
Note de contenu : |
L’Heure des sorcières est une exposition collective qui porte sur la figure de la sorcière comme métaphore de l’altérité et symbole de résistance à la norme, qu’elle soit culturelle ou économique. Le terme « sorcière » est ici envisagé comme construction sociale : plus qu’à la praticienne de la sorcellerie, l’exposition s’intéresse à celle qui a été qualifiée de sorcière (par le judiciaire, les institutions religieuses ou l’opinion publique) et celle qui s’autoproclame sorcière sans pour autant pratiquer la sorcellerie. À travers les siècles et les contextes géographiques, l’expression « sorcière » a été appliquée par les détenteurs du pouvoir à des femmes considérées comme dangereuses ou importunes. Cette dénomination, qui invoque un potentiel de renversement de ce même pouvoir, a été directement appropriée par des artistes, militantes et autres agitatrices, de la chorégraphe Mary Wigman dès les années 1910 à la militante et écrivaine contemporaine Starhawk. Dans les années 1970, la figure de la sorcière deviendra un symbole prégnant des luttes féministes et homosexuelles en Europe et aux États-Unis, amenant nombre de militant(e)s à investiguer et réécrire l’histoire occultée des chasses aux sorcières qui se sont déroulées en Europe et dans ses colonies du XVème au XVIIIème siècle.
L’installation de l’artiste américaine Mary Beth Edelson, intitulée Propositions pour des mémoriaux aux 9 000 000 de femmes brûlées comme sorcières pendant l’ère chrétienne, est caractéristique de cette tendance. Originellement conçue pour A.I.R. Gallery à New York, une galerie coopérative pour femmes, cette œuvre participative de 1977 est reconstruite spécialement pour l’exposition au Quartier. Comprenant une table ronde, une échelle enflammée, des dessins, des documents et des fiches vierges, Propositions pour des mémoriaux… invite les visiteurs à s’exprimer sur les chasses aux sorcières par la conversation, l’écriture et le rituel.
L’Heure des sorcières inclut d’autres pionnières du mouvement artistique féministe aux États-Unis dont Nancy Spero, représentée par un diptyque dédié à la déesse égyptienne Nut, mère de tous les astres ; Ana Mendieta avec la série de photographies et de vidéos Siluetas dans laquelle son corps rentre en communion rituelle avec la nature ; ou encore Carolee Schneemann, à travers une vidéo réalisée en collaboration avec Victoria Vesna sur le tabou sexuel et les rapports chat-femme, notamment à l’époque des procès en sorcellerie. Les positions artistiques, politiques et spirituelles de ces artistes côtoient celles de praticien(ne)s de la plus jeune génération pour qui la figure de la sorcière continue d’être une alliée politique et idéologique.
Utilisant des outils documentaires aussi bien qu’expérimentaux, le film de Camille Ducellier intitulé Sorcières, mes sœurs, 2010 propose cinq portraits de femmes et/ou féministes de différentes générations qui s’autoproclament sorcières. L’artiste y examine le potentiel subversif de cette figure, ainsi que les leçons sociales et humaines qu’elle nous a léguées. Dans d’autres œuvres, la figure de la sorcière est abordée de biais, c’est-à-dire au travers de sujets et pratiques auxquels elle est plus librement associée. Les contre-cultures, les communautés intentionnelles, les pratiques rituelles, le retour à la nature et le culte de la déesse Mère (représentative de la terre, de la fécondité et de la fertilité), en sont quelques-uns. Orchestré par Olivia Plender et Patrick Staff, le film participatif Life in the Woods, 2011 retrace une expérience de vie commune dans une forêt du Leicestershire. Les participants incluent des folkloristes, des sorcières auto-revendiquées, des naturalistes et des artistes d’horizons variés qui ont de commun leur engagement pour un monde autre où le corps, la voix et le rapport à la nature seraient reconsidérés et primés. Produite spécialement pour l’exposition et réalisée en collaboration avec le couturier Max Allen, la pièce de Richard John Jones, Develop Your Legitimate Strangeness, est une série de costumes inspirée par l’esthétique de Radical Faerie Fabrications. Cet atelier artisanal, actif à la fin des années 1980, était rattaché aux Radical Faeries, un groupe international et contre-culturel fondé dans les années 1970 en Californie aspirant à redéfinir la conscience queer à travers la spiritualité.
Le retour de la sorcière comme incarnation radicale dans l’imaginaire militant occidental doit avant tout beaucoup au mythe. L’exposition se propose d’explorer comment la figure de la sorcière, ses supposées pratiques et ses complices chimériques ont été inventés, représentés et colportés au fil des siècles. L’œuvre de León Ferrari, L’Osservatore Romano (2001-07), dans laquelle il associe les titres du journal du Vatican à des images d’hérésie et de damnation par des artistes tels que Francisco Goya et Gustave Doré, invoque la violence et la psychose exercées par l’Église durant le Moyen Âge et au-delà. L’artiste Marie Preston interroge elle aussi l’iconographie du mythe et de sa colportation à travers une nouvelle œuvre qui s’intéresse aux activités nocturnes de la goémonière, telles que représentées dans le folklore finistérien.
L’Heure des sorcières aborde enfin le caractère impalpable, à la fois effrayant et fascinant, qu’évoque cette figure. D’apparence spectrale, deux portraits de femmes réalisés par Jean-Luc Blanc semblent témoigner, dans une complainte silencieuse et inerte, de la torture qui leur a été infligée, voire qu’elles se seraient infligées elles-mêmes. Ces peintures partagent notamment l’espace avec trois sculptures d’Anita Molinero qui révèlent différentes interventions sur la matière. L’une d’elles présente un assemblage de pots d’échappements sur lesquels des fragments de plastique fondu pendent, évoquant l’univers libidineux et chaotique de la prostituée et recluse du village autrement nommée « la fiancée du pirate » dans le film éponyme de Nelly Kaplan. Le Salon d’Emmeline Avery, signé Florence Doléac, pourrait être celui des personnages fictionnels de Blanc et Molinero. Donnant une dimension domestique et farfelue à l’espace, le salon composé d’une table basse, de chaises couvertes de plaids de tartan, d’un caoutchouc Botanicus modifié et d’une lampe suspendue à une potence, permet la consultation d’ouvrages et de documents prolongeant les réflexions initiées par l’exposition.
L’Heure des sorcières sera accompagnée d’une édition qui explorera les récits et recherches véhiculés dans les œuvres exposées au Quartier. Co-publiée par Éditions B42 et Le Quartier, son lancement est prévu pour avril 2014.
L’exposition L’Heure des sorcières fait suite à la résidence d’Anna Colin à la Maison populaire de Montreuil, où sa recherche a pris la forme d’un cycle de trois expositions et d’une anthologie de textes : Sorcières, pourchassées, assumées, puissantes, queer (coédition B42 et Maison populaire, Montreuil, 2013). (Le Quartier) |
En ligne : |
http://www.le-quartier.net/ |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=231857 |
| ![L'heure des sorcières : [exposition, Quimper, le Quartier, 1er février-18 mai 2014] vignette](https://cs.iut.univ-tours.fr/images/vide.png) |