Titre : |
Demandeurs d'asile Football Club : l'asile en france sur le banc de touche [webdocumentaire] |
Type de document : |
document électronique |
Editeur : |
RFI |
Année de publication : |
2015 |
Autre Editeur : |
Le Secours Catholique – Caritas France |
Note générale : |
Après la guerre en Côte d’Ivoire et la “folie” aux Pays-Bas, Paul est arrivé à Lyon. Dans l’attente du traitement de sa demande d’asile, il devient entraîneur de l’équipe créée au sein de l’atelier foot du Secours Catholique de Lyon. Découvrez le premier portrait du Webdoc "Demandeurs d’asile Football Club" réalisé par le Secours Catholique en partenariat avec RFI. Rendez-vous en bas d’article pour retrouver l’intégralité du Webdocumentaire. « Pour combattre le stress, Paul se démultiplie : un jour entraîneur, un jour bénévole au Secours Catholique ou à la Croix-Rouge » Il ne détache pas ses yeux du terrain. Son regard accompagne les passements de jambes, les grandes envolées de ballon et les tacles glissés. Le long de la ligne de touche, il vibre, frémit, fulmine à chaque contact, à chaque prise de balle de ses joueurs. Sans même parler leur langue, “le coach” les connaît tous. Chacun avec son surnom, son poste, sa technique. Une fois par semaine, la veille de l’entraînement, il prend son petit carnet noir, son téléphone, compose les numéros et envoie un SMS : « Salut, comment tu vas ? Garde espoir, ne baisse pas les bras tant que tu as un souffle de vie. Que Dieu nous aide. Entraînement demain à 14h30. »
En 2011, en pleine guerre civile, Paul a fui seul la Côte d’Ivoire, laissant sa femme et ses deux enfants. Mécanicien, il militait pour la réélection du président Gbagbo. « En tant que garagiste, j’avais une voiture personnelle, une BMW. Pendant les élections, je la mettais à disposition pour faire la campagne. » En décembre 2010, la victoire d’Alassane Ouattara déclenche de violents affrontements. Paul craint pour sa vie et, en mars 2011, s’envole pour les Pays-Bas.
Une arrivée brutale
L’arrivée est brutale. Paul ne parle pas la langue et souffre d’une maladie pulmonaire. Il doit suivre un traitement, sa procédure d’asile est prolongée. Après cinq mois, il est transféré dans un centre fermé au nord du pays. Il endure le climat, l’attente. « La vie n’était pas facile. On n’avait pas d’activités. Pas de travail. Rien à faire. Je ne supportais plus la situation. » Paul s’isole, croit devenir fou. On l’interne au centre psychiatrique de Winschoten. Pendant près de deux mois, trois repas à heure fixe, une extinction des feux à 22 h et un tour de garde devant sa porte sont le menu quotidien. Paul ne résiste pas, il s’évade. « Un dimanche, j’ai profité du fait que la garde de jour n’était pas encore prête après le départ de celle de nuit. J’ai quitté le centre et pris des TGV jusqu’en France. » Jean-Claude Métraux est psychiatre à Lausanne (Suisse). Pour ce spécialiste des phénomènes de migration, l’apparition de troubles mentaux chez les demandeurs d’asile est « extrêmement fréquente ». « La plupart des demandeurs d’asile souffrent de troubles que l’on peut qualifier de “réactions normales à une situation anormale”. Cela peut se traduire par des troubles dépressifs, des troubles de la personnalité, des actes agressifs. » « Ce qui est hors du commun chez Paul, c’est qu’il peut donner du sens à son temps d’attente », analyse le psychiatre. « C’est exceptionnel et les “lois du psychisme”, habituellement, interdisent une telle issue créatrice. Cela dit, voir que cela est possible démontre aussi que certaines personnes en attente d’asile possèdent des ressources remarquables. » Paul se démultiplie À son arrivée à Lyon en 2013, Paul comprend rapidement qu’il n’a pas fini d’attendre. Le règlement Dublin II, qui détermine les procédures d’asile en Europe, rend le pays d’arrivée responsable du requérant. “Dubliné”, dépendant des Pays-Bas, Paul devra patienter dix-huit mois pour demander l’asile en France. Puis, une fois la procédure enclenchée, attendre de longs mois avant d’obtenir un entretien à l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), qui accorde le statut de réfugié en France. En comptant l’appel éventuel devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), le délai moyen d’attente était de 473 jours en 2013. Soit 16 mois d’expectative. Alors, pour combattre le stress, Paul se démultiplie : un jour entraîneur, un jour bénévole au Secours Catholique ou à la Croix-Rouge. Depuis plusieurs mois, il répare même des véhicules pour “Free Syria Lyon”, que l’ONG envoie à la Syrie remplis de vivres, de vêtements et de médicaments. Face à l’attente, l’équipe de football est devenue sa thérapie de groupe. La deuxième famille de Paul, lui-même ancien numéro 5 des Satellites d’Abidjan – club de D2 ivoirien –, et de ses “frères” blancs ou noirs, catholiques ou musulmans, kosovars ou congolais. Avec un sourire, la voix posée, il confie son rêve : organiser un “tournoi de l’espoir” au printemps prochain entre différents centres pour demandeurs d’asile. « S’il y a un tournoi, les gens auront un but pour jouer, pour venir à l’entraînement. Ça peut aussi servir pour d’autres défis. C’est un autre regard sur les demandeurs d’asile. » |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
asile France football demandeurs d’asile équipe de football Secours catholique bénévole bénévolat |
Résumé : |
Les conflits, la violence et la peur les ont poussés à l’exil. Ils se sont retrouvés sur un terrain de football. Découvrez les parcours de cinq hommes originaires d’Afrique et d’Europe de l’Est qui espèrent obtenir l’asile en France. Épris de liberté, ils ont enduré un chemin harassant. Mais l’attente en France est une nouvelle épreuve : une vie d’interminables procédures, sans pouvoir travailler, pour certains sans savoir où dormir le soir. Au menu : Chicky, Entre les mailles du filet, Coach, Contre toute attente, Ali, Le soir, c'est galère |
Note de contenu : |
C’est l’histoire d’un collectif. Une équipe bâtie avec des hommes qui ne se connaissaient pas. Leur seul point commun : avoir quitté leur pays pour demander la protection de la France. À Lyon, ces « isolés », arrivés sans femme ni enfant, ont été accueillis par le Secours catholique, membre de la plate-forme pour le droit d’asile. L’ONG, dont la vocation est de « s’associer » avec les personnes qu’elles accompagnent, a créé l’activité football au début de l’été 2013. Un peu improvisées, les premières rencontres sont simplement l’occasion pour les demandeurs d’asile de se détendre, de retrouver le contact du ballon que tous affectionnent. Puis tout change. Lucile Froitier, ancienne bénévole au Secours catholique, se souvient très bien de cette journée de la fin du mois d’août 2013. « C’était notre premier match contre une équipe associative. Sur le terrain, de notre côté, nous étions 56… Personne n’avait de maillot, tous n’avaient pas de chaussures. On frappait sur les bacs à glaces comme sur des tambours. À chaque action, ils étaient prêts à envahir le terrain… On sentait que quelque chose dépassait tout le monde ! » Ce quelque chose, c’était la naissance de l’équipe. Congolais, Albanais, Ivoiriens… Ils commencent à prendre l’aventure à cœur. Farès, le premier coach algérien, donne le la. Pour lui, le foot n’est pas qu’un jeu. Ou plutôt, il s’agit d’un jeu, mais d’un jeu sérieux. Les entraînements, puis les matchs sur les terrains de la ville deviennent réguliers. On trouve des équipements. Les bénévoles réquisitionnent toutes les chaussures taille 45 de leur entourage. Au sein de cette équipe où l’on cultive le beau jeu comme la bienveillance, des liens se tissent sur le terrain et en-dehors. À présent, ils rêvent d’organiser ce tournoi inter-associatif dont ils parlent depuis des mois. Ils le doivent bien au coach Farès, qui est retourné en Algérie, n’en pouvant plus d’attendre en vain une réponse à sa demande d’asile. Paul, qui a repris le flambeau, a perpétué leur ambition commune. « L’esprit de compétition a créé une envie. Je ne m’attendais pas à ce que cela devienne aussi festif, admet Lucile. J’ai vu des hommes s’ouvrir, ils ont retrouvé le sens d’être quelqu’un pour les autres, d’être attendu. » |
En ligne : |
http://webdoc.rfi.fr/demandeurs-asile-football-france/?ns_campaign=reseaux_socia [...] |
Permalink : |
https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=133973 |
Demandeurs d'asile Football Club : l'asile en france sur le banc de touche [webdocumentaire] [document électronique] . - [S.l.] : RFI : [S.l.] : Le Secours Catholique – Caritas France, 2015. Après la guerre en Côte d’Ivoire et la “folie” aux Pays-Bas, Paul est arrivé à Lyon. Dans l’attente du traitement de sa demande d’asile, il devient entraîneur de l’équipe créée au sein de l’atelier foot du Secours Catholique de Lyon. Découvrez le premier portrait du Webdoc "Demandeurs d’asile Football Club" réalisé par le Secours Catholique en partenariat avec RFI. Rendez-vous en bas d’article pour retrouver l’intégralité du Webdocumentaire. « Pour combattre le stress, Paul se démultiplie : un jour entraîneur, un jour bénévole au Secours Catholique ou à la Croix-Rouge » Il ne détache pas ses yeux du terrain. Son regard accompagne les passements de jambes, les grandes envolées de ballon et les tacles glissés. Le long de la ligne de touche, il vibre, frémit, fulmine à chaque contact, à chaque prise de balle de ses joueurs. Sans même parler leur langue, “le coach” les connaît tous. Chacun avec son surnom, son poste, sa technique. Une fois par semaine, la veille de l’entraînement, il prend son petit carnet noir, son téléphone, compose les numéros et envoie un SMS : « Salut, comment tu vas ? Garde espoir, ne baisse pas les bras tant que tu as un souffle de vie. Que Dieu nous aide. Entraînement demain à 14h30. »
En 2011, en pleine guerre civile, Paul a fui seul la Côte d’Ivoire, laissant sa femme et ses deux enfants. Mécanicien, il militait pour la réélection du président Gbagbo. « En tant que garagiste, j’avais une voiture personnelle, une BMW. Pendant les élections, je la mettais à disposition pour faire la campagne. » En décembre 2010, la victoire d’Alassane Ouattara déclenche de violents affrontements. Paul craint pour sa vie et, en mars 2011, s’envole pour les Pays-Bas.
Une arrivée brutale
L’arrivée est brutale. Paul ne parle pas la langue et souffre d’une maladie pulmonaire. Il doit suivre un traitement, sa procédure d’asile est prolongée. Après cinq mois, il est transféré dans un centre fermé au nord du pays. Il endure le climat, l’attente. « La vie n’était pas facile. On n’avait pas d’activités. Pas de travail. Rien à faire. Je ne supportais plus la situation. » Paul s’isole, croit devenir fou. On l’interne au centre psychiatrique de Winschoten. Pendant près de deux mois, trois repas à heure fixe, une extinction des feux à 22 h et un tour de garde devant sa porte sont le menu quotidien. Paul ne résiste pas, il s’évade. « Un dimanche, j’ai profité du fait que la garde de jour n’était pas encore prête après le départ de celle de nuit. J’ai quitté le centre et pris des TGV jusqu’en France. » Jean-Claude Métraux est psychiatre à Lausanne (Suisse). Pour ce spécialiste des phénomènes de migration, l’apparition de troubles mentaux chez les demandeurs d’asile est « extrêmement fréquente ». « La plupart des demandeurs d’asile souffrent de troubles que l’on peut qualifier de “réactions normales à une situation anormale”. Cela peut se traduire par des troubles dépressifs, des troubles de la personnalité, des actes agressifs. » « Ce qui est hors du commun chez Paul, c’est qu’il peut donner du sens à son temps d’attente », analyse le psychiatre. « C’est exceptionnel et les “lois du psychisme”, habituellement, interdisent une telle issue créatrice. Cela dit, voir que cela est possible démontre aussi que certaines personnes en attente d’asile possèdent des ressources remarquables. » Paul se démultiplie À son arrivée à Lyon en 2013, Paul comprend rapidement qu’il n’a pas fini d’attendre. Le règlement Dublin II, qui détermine les procédures d’asile en Europe, rend le pays d’arrivée responsable du requérant. “Dubliné”, dépendant des Pays-Bas, Paul devra patienter dix-huit mois pour demander l’asile en France. Puis, une fois la procédure enclenchée, attendre de longs mois avant d’obtenir un entretien à l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), qui accorde le statut de réfugié en France. En comptant l’appel éventuel devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), le délai moyen d’attente était de 473 jours en 2013. Soit 16 mois d’expectative. Alors, pour combattre le stress, Paul se démultiplie : un jour entraîneur, un jour bénévole au Secours Catholique ou à la Croix-Rouge. Depuis plusieurs mois, il répare même des véhicules pour “Free Syria Lyon”, que l’ONG envoie à la Syrie remplis de vivres, de vêtements et de médicaments. Face à l’attente, l’équipe de football est devenue sa thérapie de groupe. La deuxième famille de Paul, lui-même ancien numéro 5 des Satellites d’Abidjan – club de D2 ivoirien –, et de ses “frères” blancs ou noirs, catholiques ou musulmans, kosovars ou congolais. Avec un sourire, la voix posée, il confie son rêve : organiser un “tournoi de l’espoir” au printemps prochain entre différents centres pour demandeurs d’asile. « S’il y a un tournoi, les gens auront un but pour jouer, pour venir à l’entraînement. Ça peut aussi servir pour d’autres défis. C’est un autre regard sur les demandeurs d’asile. » Langues : Français ( fre)
Mots-clés : |
asile France football demandeurs d’asile équipe de football Secours catholique bénévole bénévolat |
Résumé : |
Les conflits, la violence et la peur les ont poussés à l’exil. Ils se sont retrouvés sur un terrain de football. Découvrez les parcours de cinq hommes originaires d’Afrique et d’Europe de l’Est qui espèrent obtenir l’asile en France. Épris de liberté, ils ont enduré un chemin harassant. Mais l’attente en France est une nouvelle épreuve : une vie d’interminables procédures, sans pouvoir travailler, pour certains sans savoir où dormir le soir. Au menu : Chicky, Entre les mailles du filet, Coach, Contre toute attente, Ali, Le soir, c'est galère |
Note de contenu : |
C’est l’histoire d’un collectif. Une équipe bâtie avec des hommes qui ne se connaissaient pas. Leur seul point commun : avoir quitté leur pays pour demander la protection de la France. À Lyon, ces « isolés », arrivés sans femme ni enfant, ont été accueillis par le Secours catholique, membre de la plate-forme pour le droit d’asile. L’ONG, dont la vocation est de « s’associer » avec les personnes qu’elles accompagnent, a créé l’activité football au début de l’été 2013. Un peu improvisées, les premières rencontres sont simplement l’occasion pour les demandeurs d’asile de se détendre, de retrouver le contact du ballon que tous affectionnent. Puis tout change. Lucile Froitier, ancienne bénévole au Secours catholique, se souvient très bien de cette journée de la fin du mois d’août 2013. « C’était notre premier match contre une équipe associative. Sur le terrain, de notre côté, nous étions 56… Personne n’avait de maillot, tous n’avaient pas de chaussures. On frappait sur les bacs à glaces comme sur des tambours. À chaque action, ils étaient prêts à envahir le terrain… On sentait que quelque chose dépassait tout le monde ! » Ce quelque chose, c’était la naissance de l’équipe. Congolais, Albanais, Ivoiriens… Ils commencent à prendre l’aventure à cœur. Farès, le premier coach algérien, donne le la. Pour lui, le foot n’est pas qu’un jeu. Ou plutôt, il s’agit d’un jeu, mais d’un jeu sérieux. Les entraînements, puis les matchs sur les terrains de la ville deviennent réguliers. On trouve des équipements. Les bénévoles réquisitionnent toutes les chaussures taille 45 de leur entourage. Au sein de cette équipe où l’on cultive le beau jeu comme la bienveillance, des liens se tissent sur le terrain et en-dehors. À présent, ils rêvent d’organiser ce tournoi inter-associatif dont ils parlent depuis des mois. Ils le doivent bien au coach Farès, qui est retourné en Algérie, n’en pouvant plus d’attendre en vain une réponse à sa demande d’asile. Paul, qui a repris le flambeau, a perpétué leur ambition commune. « L’esprit de compétition a créé une envie. Je ne m’attendais pas à ce que cela devienne aussi festif, admet Lucile. J’ai vu des hommes s’ouvrir, ils ont retrouvé le sens d’être quelqu’un pour les autres, d’être attendu. » |
En ligne : |
http://webdoc.rfi.fr/demandeurs-asile-football-france/?ns_campaign=reseaux_socia [...] |
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https://cs.iut.univ-tours.fr/index.php?lvl=notice_display&id=133973 |
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